Ukraine : L'INCONNUE RUSSE N'EST PAS LEVÉE… par François Leclerc

Billet invité.

A Kiev, le Parlement s’apprête à nommer un nouveau gouvernement et un premier ministre, alors que les incertitudes sur les intentions des dirigeants russes demeurent et que Catherine Ashton, la représentante de la diplomatie européenne, se rend sur place. L’ambassadeur russe a été rappelé à Moscou pour consultation et les déclarations des officiels en Crimée – où se trouve la base navale russe de Sébastopol – ne laissent pas présager de la volonté de faire scission. Il résulte d’une conversation téléphonique d’Angela Merkel avec Vladimir Poutine que l’ « intégralité territoriale doit être respectée ».

Olexandre Tourtchinov, le nouveau chef de l’État, a reconnu que l’Ukraine « est en train de glisser dans le précipice, elle est au bord d’un défaut de paiement » et Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des affaires étrangères, a fait un appel du pied en estimant qu’« elle serait un poids trop important aussi bien pour son grand voisin de l’est que pour l’Union européenne ». George Osborne, le ministre britannique des finances, a de son côté déclaré que « nous devons être prêts à apporter une aide financière via des organisations comme le Fonds monétaire international » (qui ne s’est pas exprimé).

La question avait été évoquée dans les couloirs du G20 de Sydney, où le Commissaire européen Olli Rehn aurait évoqué l’ampleur de l’aide nécessaire, qui s’exprime en milliards d’euros mais où il aurait été convenu que toute aide serait soumise à un programme de réformes. Le fantôme de Chypre était dans toutes les têtes. La dette publique ukrainienne est de 73 milliards de dollars, dont 12 milliards viennent à échéance cette année, selon un pointage du Financial Times. Iouri Kolobov, le ministre des finances ukrainien par intérim, a évoqué le chiffre de 35 milliards de dollars d’aide nécessaire pour les deux ans à venir et appelé à la tenue d’une conférence internationale de donateurs.

Reste l’inconnue russe, car il n’y a pas de bonne solution pour les dirigeants dans l’immédiat. L’exemple donné par l’Ukraine est cependant un gros souci, au sein des restes de l’Empire soviétique et en Russie même : le pouvoir y reste d’une certaine manière partagé, or il est brutalement tombé à Kiev, ceci pouvant susciter des espoirs dans d’autres parties de l’ancien Empire.