Billet invité.
Est-il acceptable d’en être réduit à choisir le moindre mal en matière de pollution radioactive ? L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), connue pour sa proximité avec l’industrie électronucléaire, ne se pose pas le problème et n’hésite pas à franchir le pas.
À la suite d’une mission effectuée sur le site de la centrale en novembre et décembre dernier, celle-ci a rendu public jeudi dernier son rapport. Il préconise le « rejet contrôlé » d’une partie de l’eau contaminée accumulée dans les sous-sols des réacteurs et stockée dans plus d’un millier de réservoirs après pompage, dont certains ont connu des fuites aboutissant à de probables déversements dans la mer. Faute d’alternative, Tepco – l’opérateur de la centrale – a pour objectif d’accroitre la capacité actuelle de stockage, actuellement de 350.000 mètres cubes d’eau contaminée, à 800.000 mètres cubes d’ici à 2016.
Aucune solution n’a donc été trouvée à ce problème qui enfle sans fin, les installations de décontamination mises en service étant souvent à l’arrêt et ne sachant pas filtrer le tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène. Au rythme où la décontamination se poursuit, il faut trouver une autre solution, car le refroidissement ininterrompu de la centrale contamine d’énormes quantités d’eau. Faute de mieux, l’AIEA préconise d’étudier le rejet de l’eau contaminée dans la mer, sans préciser en quoi consisterait son « contrôle », la moins pire des solutions si l’on comprend bien. « Il est évident que la décision finale reviendrait à toutes les parties prenantes dont (…) le gouvernement, les autorités de Fukushima et les communautés locales », croit-elle devoir préciser, sa conviction faite.
Dans son rapport, l’AIEA point le doigt sur un autre problème, qui s’annonce de même ampleur, en préconisant de planifier dès maintenant le stockage de tous les déchets radioactifs issus des opérations de démantèlement, prenant pour acquis que celles-ci pourront être menées à leur terme. Chaque vérité doit être reconnue en son temps !
De ce point de vue, la fiction d’une contamination des sous-sols de la centrale sans effets sur l’océan pourra-t-elle être tenue longtemps ? Tepco vient d’annoncer qu’une contamination très élevée au Césium 134 et 137 venait d’être mesurée à seize mètres de profondeur dans un puits proche de la mer. Si la pollution radioactive de l’atmosphère est désormais limitée, il n’en est pas de même de celle des sous-sols, ce qui donne toute sa dimension au démantèlement de la centrale, qui ne se limite pas au seul cas déjà identifié des coriums.