Billet invité
Après l’Irlande et l’Espagne, le tour de l’Italie serait venu. La banque Intesa Sanpaolo envisagerait à son tour de créer une bad bank, soutenue d’une manière ou d’une autre par l’État, afin de réduire son bilan en en sortant un paquet de 55 milliards d’euros actifs douteux. Parallèlement, des discussions à propos de la recapitalisation de la banque sont engagées, ainsi que la vente de participations minoritaires.
Les préparatifs s’intensifient en vue d’affronter les tests de résistance des banques de mai prochain par l’Autorité bancaire européenne (EBA) – qui concernent les 28 pays de l’Union européenne – et ceux de la BCE au sein de la zone euro de mars prochain. Si Unicredit et Intesa Sanpaolo, les deux principales banques italiennes, peuvent présenter des ratios avantageux et sont présentées comme bien capitalisées, la situation du reste du système bancaire italien est moins claire. Selon l’association italienne des banques, le montant des « prêts non performants » atteindrait en novembre dernier un montant total de 150 milliards d’euros, en rapide progression. La comparaison avec le système bancaire espagnol s’impose, au sein duquel les deux plus grandes banques, Santander et BBVA, tirent leur épingle du jeu en raison de leurs activités à l’international, plus particulièrement en Amérique latine.
Si ces préparatifs n’ont pour but que de permettre aux banques de passer les examens à venir, cela reviendra à ignorer les leçons du Japon, où il aurait été impératif au tout début de nettoyer les bilans bancaires afin de ne pas subir une déflation prolongée, ce qui n’a pas été fait. La même histoire recommence, de ce point de vue. La présentation fallacieuse des banques espagnoles, présentées comme ayant surmonté leurs épreuves alors qu’elles sont sous la menace croissante de leurs impayés, accrédite la persistance d’une dangereuse cécité. Quand les banques ne continuent pas à dissimuler les traces de leurs errements financiers passés, elles subissent les effets de la crise économique actuelle. En attendant, Eurostat fait état d’une inflation sous-jacente (qui ne prend pas en compte les prix de l’énergie et des produits alimentaires) de 0,8 %, montrant que la désinflation se poursuit dans la zone euro, aux portes de la déflation.
Témoignant à la fois du caractère primordial de l’état réel des banques et de la légèreté avec laquelle cette question est traitée, les épisodes des feuilletons de l’Union bancaire et du projet de séparation des activités des banques se succèdent. Sous l’impulsion de son Président, le Parlement européen continue de manifester son opposition aux dispositions retenues par les ministres des finances pour l’Union bancaire (mais le blocage en résultant ne change rien à l’affaire, étant donné la pusillanimité de celle-ci, qui en fait d’union laisse chaque pays face à ses problèmes bancaires). Pierre Moscovici, le ministre français des finances, rejette de son côté le projet de séparation des activités des banques en niant qu’il soit plus sévère que la loi adoptée en France pour le présenter tel un repoussoir comme… « plutôt favorable à un modèle anglo-saxon » ! La confusion entretenue bat son plein.