Billet invité.
Développement du risque systémique et persistance de l’aléa moral… y aurait-il du nouveau dans ces domaines déjà largement explorés ? Oui, car il s’agit de la Chine et non plus des travers financiers connus d’un pays occidental !
Un tout de passe-passe, dans les usages des autorités chinoises, a finalement permis de renflouer les investisseurs attiré par la promesse d’un fort rendement, qui s’étaient fourvoyés dans l’achat d’un produit financier correspondant au prêt à un débiteur ayant fait défaut. Saura-t-on jamais l’identité du généreux bienfaiteur ? on peut en douter ! Il aura en tout cas permis de couper court aux inquiétudes manifestées à propos des effets systémiques redoutés de l’affaire. Le produit en question, crée par un « trust » emblématique du shadow banking, China Credit, était commercialisé par Industrial and Commercial Bank of China, un fleuron du système bancaire officiel. Entre les deux secteurs, la cloison est poreuse.
Certes, la banque a les reins assez solides pour faire face sans difficulté à une perte de 360 millions d’euros, mais elle s’y refusait, n’ayant eu qu’un rôle de commercialisation. Le signal qui aurait été donné en laissant sans réagir les choses suivre leur cours était susceptible de créer un affolement dans un système financier non régulé qui a beaucoup prêté, sans nécessairement faire preuve de discernement ! Avec comme raison un incontestable aléa moral, autrement dit la conviction que les autorités épongeront les pertes, ce qui s’est effectivement produit.
Les autorités ont récolté ce qu’elles ont semé. Elles ont laissé se développer rapidement le shadow banking, y voyant un moyen de financer les secteurs les plus dynamiques de l’économie en dehors des circuits bancaires établis, qui réservent en priorité leurs intentions au secteur économique traditionnel. En quelque sorte, une tentative de contournement des obstacles rencontrés à la réorientation de l’économie chinoise vers le marché intérieur.
Mais était-il nécessaire de procéder à cet escamotage qui va renforcer encore l’aléa moral dans un secteur financier opaque et offrant peu de prise ? N’aurait-il pas mieux valu créer un choc salutaire afin de porter un coup d’arrêt aux pratiques dangereuses ? Il a été décidé de ne pas prendre de risque dans l’immédiat, ce qui revient à le reporter à plus tard et dans une situation ayant empiré, car d’autres défauts sont inévitables. Selon l’hebdomadaire The Economist, les « trusts » géreraient désormais 1.700 milliards de dollars d’actifs, qui certes ne se révéleront pas tous toxiques. En attendant, encouragé, le système financier chinois va continuer à n’en faire qu’à sa tête, ce qui nous rappelle aussi quelque chose.
En raison de la non convertibilité de sa monnaie, la Chine pouvait paraître solide dans un monde secoué par une crise monétaire. Mais un ver est dans le fruit.