Billet invité. Paul Jorion : je découvre le billet de François tardivement, je dois néanmoins signaler que mon analyse de la situation en Ukraine est différente (y compris sur la Syrie dont le cas est rapproché de celui de l’Ukraine). J’exprimerai ma propre position quand l’occasion s’en présentera.
La tragédie ukrainienne que nous pouvons suivre au jour le jour mériterait tout autre chose que des mots, tant ses appels ne rencontrent que le silence, ou des propos ampoulés de circonstance des autorités européennes. Quoi ? cette Europe comparée aux pays émergents et tant décriée en raison du chemin qu’elle emprunte représenterait pour les indomptables manifestants du Maïdan – la place centrale de Kiev dont ils bravent la froidure et les canons à eaux – un espoir qui leur est refusé ? Le rideau de fer que l’on croyait relevé est-il toujours fermé ?
La trahison en cours vaut renouveau de celle de Munich, toutes proportions gardées, cette comparaison que l’on emploie quand les mots vous manquent, de colère. Afin de ne pas écorner leur image, les dirigeants européens ne se rendent pas aux Jeux de Sotchi, mais par leur silence ils avalisent les nouvelles frontières d’influence de la Russie défendues par Vladimir Poutine, cette âme damnée du KGB qui assure la continuité, de celle des Popes et des Tsars à celle d’aujourdhui, en passant par Joseph Vissarionovitch Djougachvili dit Staline, tout un programme !
Syrie, Ukraine… les désastres se poursuivent aux portes d’un vieux continent – comme le disait avec dédain Ronald Rumsfeld – qui aime se décrire comme porteur de valeurs éternelles dont il aurait été le créateur et qu’il se révèle incapable d’assumer. Au désarroi de ceux qui y sont plongés sans recours correspond l’humiliation de ceux dont les représentants ne font rien qui porte, au nom de leurs petits calculs qui ne tombent jamais juste et sonnent toujours faux.