L'actualité de demain : GRANDE LESSIVE POUR LE BEAU LINGE, par François Leclerc

Billet invité

Le monde financier continue d’être secoué par la révélation de malversations ou l’annonce d’enquêtes destinées à les établir. La mégabanque HSBC a accédé à son tour au palmarès déja bien fourni des banques suspectées de manipulations du marché des changes (le Forex). Le hedge fund géant SAC Capital a accepté de payer une amende de 1,8 milliards de dollars en raison de la mise en œuvre systématique de délits d’initiés tout au long d’une période de dix ans qui lui garantissaient des rendements pouvant atteindre 30 %. L’affaire se poursuit au civil et au pénal. Le parquet de Munich enquête à propos de soupçons de faux témoignage de l’un des dirigeants de Deutsche Bank, dans le cadre des démêlés judiciaires qui ont opposé les héritiers du magnat Leo Kirch et la banque, qui se sont finalement soldés par sa défaite.

Mais c’est une nouvelle enquête dont JP Morgan Chase fait l’objet qui retient particulièrement l’attention, menée par le ministère de la justice américain et la SEC. Après avoir été épinglée en raison de recrutements d’enfants de dirigeants politiques chinois, afin d’obtenir des contrats, l’élargissement de ces mêmes pratiques à d’autres pays asiatiques – l’Inde, Singapour et la Corée du Sud – est dans le colimateur. Selon le New York Times, un programme intitulé « Fils et filles » aurait été lancé par la banque en 2006, illustrant qu’il ne s’agit pas de cas isolés mais d’une politique générale et délibérée d’embauches. La bonne gestion des relations d’affaires ne se limiterait plus à l’utilisation de la panoplie classique des instruments de la corruption mais renouerait avec la valeur éternelle du népotisme.

Il avait déjà été mis en évidence le caractère oligarchique du pouvoir, certains n’hésitant pas à parler de ploutocratie (le pouvoir aux mains des riches). Comment alors s’étonner du retour du népotisme qui n’est pas réservé aux pays émergents lorsqu’il se manifeste sous ses formes les plus sommaires, mais qui emprunte des canaux plus élaborés dans les sociétés avancées, avec le même résultat ?