L'actualité de demain : DEUX OU TROIS CHOSES QUE JE SAIS D’ELLE (*), par François Leclerc

Billet invité.

Toutes les vérités sont bonnes à dire, surtout quand elles éclairent un monde inaccessible, compliqué à l’extrême, et pour tout dire incompréhensible. Trois suffisent pour faire le tour de la question.

1. Tant que les rendements financiers seront supérieurs à ceux de l’économie, les écarts de répartition de la richesse continueront de s’accroître en faisant fructifier le capital, à moins d’une correction fiscale suivie de l’interdiction de la spéculation.

2. Stopper la progression de l’endettement est hors de portée avec les faibles taux de croissance du PIB enregistrés, si l’inflation ne vient pas faire l’éroder ou si elle n’est pas restructurée, tandis que réduire le déficit alimente une crise sociale et politique. La stratégie européenne ne fonctionne pas, et ni les États-Unis ni le Japon n’en prennent pas le chemin.

3. Le niveau de chômage et le taux de croissance sont pris dans un effet de boucle, l’un alimentant l’autre via le moteur de la consommation, condamnant le premier a rester élevé et le second très faible.

Un panorama devenu familier se dégage de l’ensemble, dont l’actualité foisonne d’illustrations :

• A l’exception de l’Allemagne et du Luxembourg, l’endettement progresse dans tous les pays membres de l’OCDE, y compris dans les pays européens où est appliqué la réduction à marche forcée des déficits.

• L’OCDE a révélé en mai dernier que les inégalités se sont développées plus rapidement entre 2008 et 2010 que durant les 12 années précédentes parmi ses pays membres.

• Un frémissement de l’inflation est enregistré au Japon, mais il résulte de l’augmentation du coût de l’énergie, conséquence de l’arrêt du parc nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima.

• Réévaluée à la hausse, la croissance britannique atteint 0,8%, mais elle est soutenue par l’essor du crédit et aux facilités monétaires de la Banque d’Angleterre, faisant craindre l’apparition d’une bulle immobilière.

• Le PIB espagnol progresse d’un minuscule 0,1% et le pays sort formellement de la récession, mais l’emploi ne repart pas et le taux de chômage atteint 25,98% (tous deux au troisième trimestre).

Le spectacle du monde a radicalement changé et les leçons n’en sont pas tirées, tout au contraire. La City relève la tête, Wall Street étant sous le coup d’enquêtes, de poursuites et d’amendes dont le champ pourrait s’élargir à de nouveaux accusés, une fois le cas JP Morgan réglé, selon le procureur général des États-Unis. Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, délivre à ses ouailles « un message d’espoir » (et l’accompagne de petits cadeaux) à l’occasion du 125ème anniversaire du Financial Times, symbole de la prééminence de la City traversant le temps ; George Osborne, le chancelier de l’échiquier, va négocier à Pékin une coopération financière avec la Chine ; David Cameron, le premier ministre, profite du sommet de Bruxelles de fin de semaine pour réunir sept de ses homologues européens en vue d’obtenir que soient retaillées les normes environnementales et sociales en vigueur au nom de l’amélioration de la compétitivité des entreprises.

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(*) N’oublions pas Jean-Luc Godard ! [P.J. : Ni non plus Marina Vlady ou Anny Duperey !]