Billet invité.
Tout va très bien, mais on déplore de tous petits riens ! La zone euro est sortie de la récession dans laquelle elle était plongée depuis six trimestres consécutifs et a progressé durant le second semestre 2013 d’un magnifique 0,3% ; mais l’inflation a fortement ralenti en septembre, à 1,1% sur un an contre 1,3% en août dernier (elle était de 2,6% en août 2012). Elle est même tombée à 0,9% en Italie et 0,5% en Espagne. La tendance est toujours récessionniste et s’affirme davantage déflationniste en Europe; il faut (dans le meilleur des cas) la foi du charbonnier pour pronostiquer, comme le 13 octobre dernier Pierre Moscovici, le ministre français des finances, que « la reprise est là, la confiance va suivre ».
Facteur subsidiaire, les quatre principaux instituts économiques allemands ont divisé de moitié leur prévision de croissance 2013 du pays, désormais prévue de 0,4% cette année (mais qui doit immanquablement rebondir l’année prochaine, bien que moins que prévu). Si l’Allemagne, qui devait tirer la zone euro ne remplit plus la mission qui lui était assignée, qu’en est-il de la Chine, qui devait le faire pour le compte du monde entier ? Elle évite un atterrissage brutal qui était redouté et se trouve créditée pour cette année d’une croissance de 7,8%, au lieu des 7,5% prévus, sans que les commentateurs ne lèvent les sourcils à l’énoncé de cette prévision, oubliant pour la circonstance le caractère politique des statistiques chinoises et leur absence de fiabilité avérée. Il faut des bonnes nouvelles pour se conforter !
Une excellente nouvelle est entre-temps intervenue, mais est-elle si rassurante ? Barack Obama a signé le 16 octobre la loi de compromis déplafonnant la dette américaine, à contre-courant des objectifs poursuivis en Europe. Vérité en-deçà de l’Atlantique, erreur au-delà ! La dette américaine a immédiatement fait un saut, passant de son plafond de 16.700 milliards de dollars mercredi dernier à 17.027 milliards le jeudi qui a suivi. Plus grande sera la dette, plus haute sera la chute…
Ce samedi aura été marqué par des manifestations d’envergure contre mesures d’austérité, cette fois-ci en Italie et au Portugal. Manifestant symboliquement au pied du pont du 25 avril qui enjambe le Tage à Lisbonne, de nombreux retraités avaient déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Face aux injustices, la révolution est une obligation ! ». A Rome, une occupation de la place de la basilique Saint-Jean-de-Latran (dite du Saint-Sauveur) est entamée. Mais les démonstrations massives se succèdent sans qu’il en soit tenu compte, comme en Grèce et en Espagne. Que la démocratie s’exerce dans les urnes, et non pas dans la rue, risque d’être une piètre consolation dont les gouvernements ne pourront pas reporter sur les autres la responsabilité du résultat : ils ignorent le désarroi qui cherche un moyen pour se faire entendre, pour s’aventurer en France sur des terrains honteux afin de tenter de limiter les dégâts.