Billet invité
Le sauvetage de l’Europe coûterait encore 1.500 milliards d’euros, selon un calcul du FMI dont le Frankfurter Allgemeine Zeitung rend compte ce matin. Un chiffre qui se décomposerait en 1.200 milliards d’euros pour les banques et 277 milliards pour les États. Afin de financer ce solde de tout compte présumé, le fonds ne voit comme solution qu’une redistribution fiscale par ailleurs bien mal partie.
Cette perspective éclaire la prochaine opération de prêts massifs aux banques de la BCE que Mario Draghi a laissé entrevoir. Deux objectifs pourraient être poursuivis : exercer une pression sur les taux destinée à contrebalancer les effets de la décision de la Fed de lever le pied de ses achats obligataires, et rouler la dette des banques n’étant pas en mesure de rembourser le précédent LTRO. Sans oublier le financement des achats de titres de la dette publique par les banques, en se souvenant que le précédent LTRO y avait fortement contribué.
L’accalmie sur le front obligataire pourrait ainsi se poursuivre, à condition de régler une par une des situations délicates. Des financements devront être d’une manière ou d’une autre trouvés pour la Grèce et le Portugal, tandis que la situation des banques autrichiennes suscite de fortes inquiétudes, et que l’Italie est toujours à la merci d’un dérapage, au fil des épisodes de la tragi-comédie berlusconienne.
Dans un contexte de renforcement des liens liants dette publique et dette privée dans chaque pays – les finances des États et des banques – tournant résolument le dos à ce qui avait été affirmé, une nouvelle intervention de la BCE est inévitable afin de consolider l’édifice, car il s’est encore fragilisé. Les liens systémiques ont été certes détendus au sein de la zone euro, les capitaux transfrontaliers revenant à la maison, mais le risque d’effondrement des pays les plus faibles s’est accru, créant d’autres contagions. Autant dire que la prochaine revue des actifs bancaires de la BCE s’annonce sous le signe de la plus grande prudence !