Billet invité.
Les régulateurs ne jurent plus que par le ratio exprimant l’effet levier d’une banque, trouvant dans sa simplicité un gage d’efficacité. S’il ne s’agit plus que de mesurer le rapport entre le volume des actifs et celui des fonds propres, tout est loin d’être réglé, mais ils y voient quand même plus clair. Reste un détail à régler : à quel niveau de ratio faut-il s’arrêter pour que les banques soient en mesure de résister à leurs pertes futures ? Cela ne fait pas l’unanimité : le Comité de Bâle a choisi 3 %, la Fed penche pour 6 % et l’autorité de régulation prudentielle britannique (PRA) a tranché pour 10 % sur la base de la recommandation de la commission Vickers, qui a également élaboré un projet de séparation des activités bancaires, encore en chantier. Pour mieux l’apprécier, ce pourcentage exprime la dépréciation moyenne maximale de la totalité de ses actifs qu’une banque pourra encaisser sans s’écrouler.
Prenant par surprise la chronique de la presse spécialisée, Sir John Vickers, présentement à la tête du très prestigieux All Souls College de l’Université d’Oxford, est revenu sur les conclusions de la commission qu’il a présidée pour finalement préconiser le chiffre de 20 % qui fait trembler plus d’une banque, si ce n’est toutes. L’effet de levier, qui a pu atteindre jusqu’à 50 dans les grandes heures de la démesure bancaire, serait si on l’écoutait ramené à un ridicule facteur 5… À l’occasion de sa conférence prononcée lundi dernier devant le Regulatory Policy Institute, le professeur a heureusement précisé qu’il était préférable d’attendre que le ciel soit devenu bleu avant d’en décider ainsi !
En exprimant le fond de sa pensée, Sir John vient d’accéder à un club encore très fermé, celui des iconoclastes dont cette chronique tente de tenir la liste de ses membres à jour. Pour leur part, les banques ne sont pas nécessairement ravies de se voir octroyer le statut d’ultime rempart devant les turpitudes du monde financier, étant donné les conséquences réglementaires qui en sont tirées.