Billet invité
Évoquant la perspective d’une sortie de l’euro par l’un de ses pays membres, Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, déclare aujourd’hui dans le magazine allemand Capital : « Cela m’agace qu’on puisse jouer avec autant de légèreté avec de telles idées ». Une telle éventualité aurait selon lui « d’importantes conséquences pour nos banques et nos entreprises ». Il aurait pu ajouter pour les finances publiques, car la Grèce et le Portugal, puisque c’est d’eux dont il s’agit, ont désormais pour principaux créanciers les États et le FMI.
Sans attendre la fin de la trêve estivale et la tenue des élections allemandes du 22 septembre prochain, le dossier de la Grèce s’est réinvité dans l’actualité et les cafouillages ont immédiatement commencé. Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques, a indiqué mercredi qu’il envisageait une nouvelle aide à la Grèce sous forme d’allongement de la durée de remboursement de ses emprunts. Tout doit en effet être fait pour éviter un abandon de créance en contradiction avec le principe que chaque pays doit trouver en lui-même les ressources pour se désendetter.
Reste à trouver l’habillage qui permettra de justifier un réaménagement du calendrier de remboursement des aides versées, permettant de repousser à plus tard le problème de l’insolvabilité du pays. Un excédent primaire, qualifié de « structurel » pour les besoins de la cause, fera si nécessaire l’affaire. Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, a pris à contre-pied Angela Merkel en affirmant dès maintenant la nécessité « d’un autre programme », la position officielle s’en tenant à admettre la nécessité d’un examen de la situation en 2014, ce qu’a rappelé sans attendre la chancelière. Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE, l’a immédiatement soutenue en faisant état du préalable du respect des engagements grecs avant tout examen de « mesures et d’une assistance supplémentaire ». Fin juillet, le FMI avait pris les devants et appelé l’Union européenne à prendre en considération la viabilité de la dette grecque, estimant le trou d’ici la fin en 2016 du programme d’assistance en cours à 11 milliards d’euros.
Le décor est planté, la comédie peut commencer. Les dirigeants européens se retrouvent avec deux grands malades sur les bras, les États qu’ils soutiennent (comme la corde soutient le pendu) et leurs banques en mal de renforcement. Il est laissé à la BCE la lourde responsabilité de battre la mesure sur cette dernière question en évaluant leurs besoins, sans qu’il soit possible à cette dernière de faire autre chose que de poursuivre ses injections de liquidité, comme d’ailleurs annoncé. Une autre manière de repousser les problèmes d’insolvabilité qui vont se présenter, en gagnant du temps.
Ce n’est pas si vite Noël, mais deux miracles sont espérés. Un retour de la croissance descendue du ciel pour soulager les finances publiques et la souscription massive par les investisseurs privés des obligations contingentes convertibles (CoCos) que les banques vont émettre pour se renforcer en émettant de la dette.
Réflexion faite, c’est une tragi-comédie qui va reprendre.