Billet invité.
A peine prononcées, les rodomontades du G8 sur l’échange automatique des données se sont dégonflées ! Avec ce témoignage, nous pénétrons un peu plus dans les mécanismes de la finance de l’ombre et de son interfaçage avec le système financier officiel.
A son écoute, la première réaction est d’étonnement, si c’est encore possible. Comment les mécanismes de base de cette évasion fiscale, semble-t-il systématiques, impliquant de nombreux acteurs, peuvent-ils être restés si méconnus ? La réponse est bien entendu que ce monde de la gestion de fortune et des family office est très fermé, soudé dans une même communauté d’intérêts. La seconde réaction est naturellement de curiosité éveillée et confirme que les mesures en discussion à propos de l’évasion fiscale sont de la poudre aux yeux. La troisième, enfin, que la période est décidément aux lanceurs d’alerte, dont le dernier en date dénonce les pratiques de la NSA américaine qui, comme l’explique également l’associé-gérant de Reyl, se réveillent en tant que citoyen. Conduisant à croire, après avoir également entendu et lu des iconoclastes parmi les économistes et les régulateurs financiers, que la série va se poursuivre et que nous n’en avons pas fini avec cette véritable leçon de chose, comme on disait dans l’enseignement primaire, qui nous est administrée.
Que notre science est limitée et notre imagination pauvre, qui est souvent encore dans l’incapacité de déceler ou de décrire dans toute leur ampleur ce qui est non pas le dysfonctionnement mais le fonctionnement de notre système financier ! On peut être assuré que nous n’avons pas fini d’apprendre à ce sujet et se demander quel sera le prochain épisode. Que faut-il, par exemple, attendre des enquêtes en cours sur la manipulation d’autres indices financiers que le Libor ? Seront-elles ou non étouffées ? Quelles suites vont être données à celles sur le Libor qui se poursuivent ? Cette crise est décidément l’occasion de révélations qui se succèdent à un rythme rapide; elle permet également d’analyser les contre-feux qui sont allumés les uns après les autres comme autant de tentatives de noyer le poisson.
S’expriment à cette occasion des connivences à propos de scandales qui illustrent non pas ce qui n’est pas de l’ordre du cas particulier mais du général. Ce n’est plus un livre de charmantes images qui nous est donné à feuilleter, accompagnées de belles histoires, mais un catalogue de comportements déviants par rapport à la morale, quand ce n’est pas vis-à-vis de la loi, que nous n’avons pas fini d’inventorier. Car comme on l’a constaté avec l’optimisation fiscale des entreprises nationales, la loi n’est pas toujours violée, sans pour autant être efficacement modifiée… La poursuite de la crise, peut-on espérer, va susciter de nouvelles vocations contribuant à parfaire des connaissances encore incomplètes et à élaborer de véritables contre-mesures. Seules les plus radicales qui seront prises en amont pourront prétendre à l’efficacité.