Billet invité.
A Nicosie, l’os est dur à avaler. Il est impératif de faire adopter par le parlement le plan de sauvetage européen avant la réouverture des banques mardi prochain, lundi étant férié à Chypre. Encore faut-il trouver une majorité, car le parti du nouveau président de droite, Nicos Anastasadies, ne dispose que de 20 des 56 sièges et les partenaires de la coalition gouvernementale ont émis de sérieuses réserves. La session d’urgence programmée pour dimanche a déjà été repoussée à lundi et si une majorité n’est pas réunie, il ne restera plus comme solution que de fermer les banques mardi, afin d’éviter des retraits massifs des dépôts précipitant la chute du système bancaire et rendant caduc le plan de sauvetage.
On a depuis appris que c’est la BCE qui avait emporté l’assentiment du gouvernement chypriote, ne lui laissant pas le choix, en menaçant de retirer de la Bank of Cyprus et de Laiki – les deux principales banques du pays – les fonds accordés au titre de l’ELA (Emergency liquidity assistance). Les distributeurs de billets ont été vidés dès samedi et les virements en ligne bloqués. Des centaines de chypriotes se sont dirigées vers les portes closes des banques pour retirer leur argent, car si elles sont habituellement ouvertes le samedi, celui-ci était férié comme le sera lundi. Nous saurons vite si cela a été bien joué.
Les répercussions ne sont pas uniquement nationales, le gouvernement britannique venant d’annoncer que les 3.000 militaires et les fonctionnaires britanniques résidents à Chypre (où il y a une importante base militaire) bénéficieront d’une compensation. Il est estimé que la moitié des 68 milliards de dépôts dans les banques chypriotes ont des Russes et des Britanniques comme détenteurs.