Billet invité.
Les coupes automatiques dans le budget de l’État fédéral sont entrées en vigueur vendredi, et Wall Street a terminé au plus haut depuis 2007 comme si de rien n’était. Au chapitre des bonnes nouvelles que les courtiers ont seules voulu voir figure une légère amélioration de la consommation en dépit d’une baisse des revenus sur la même période, reproduisant un schéma déjà connu.
Standard & Poor’s a de son côté estimé que les coupes automatiques n’auraient qu’en effet limité sur l’économie, « à condition qu’elles ne s’étendent pas dans le temps ». Précisant ainsi sa pensée : « les coupes seront temporaires, et céderont la place au deuxième trimestre à un plan à long terme incluant des baisses de dépenses et des hausses des ressources, c’est-à-dire des hausses d’impôts ». En d’autre terme, un accord politique sera trouvé face à l’échéance du plafonnement de la dette qui suit à la fin du mois.
Cette vision optimiste n’est pas partagée par Ben Bernanke, le président de la Fed, qui a insisté sur les risques qui découleraient d’un resserrement de la politique monétaire et la difficulté de trouver un équilibre entre deux impératifs contradictoires : « Vu la lenteur de la reprise et la persistance d’un niveau élevé de non-utilisation des capacités de production, la reprise d’une partie du concours financier fourni par la banque centrale dans le but de dissuader une prise de risques excessive dans certains secteurs s’accompagnerait de risques propres pour la croissance, la stabilité des prix, et, finalement la stabilité financière ». Il ne voit de solution que dans une meilleure « surveillance et réglementation » du secteur financier, l’une des missions de la Fed dont la mise en vigueur traîne en longueur.
Le désendettement européen ne fonctionne pas et celui des États-Unis (dont la dette est de 16.000 milliards de dollars) adopte un train de sénateur. L’inquiétude grandit à propos de la possibilité de la Fed de stopper son programme d’achat de la dette, aboutissant à ce qui est appelé « un assouplissement monétaire perpétuel », par analogie avec la dette perpétuelle sans doute. Dans les dernières quatre années, la Fed a acheté 2.500 milliards de dollars d’obligations d’État et de titres hypothécaires et devrait en 2013 absorber la quasi totalité des émissions nettes de la dette… Faute d’une réduction d’ampleur du déficit américain, la Fed est condamnée à poursuivre sa politique et à créer les conditions favorisant l’apparition d’une nouvelle bulle financière. La prise de risque augmentant afin de trouver du rendement, le chemin est tout tracé qui mène à une nouvelle crise financière. Pour reprendre l’expression du journaliste Paul Mallon, souvent attribuée à tort à Milton Friedman (que l’on m’excusera de mentionner ici) : « il n’y a pas de déjeuner gratuit », quelqu’un doit toujours payer. Qui ce sera la prochaine fois ?