Billet invité.
L’usage de la parole est lentement revenu aux dirigeants européens… qu’ils ont utilisée pour exhorter l’Italie à remplir ses engagements. En Italie, le Parti démocrate flirte avec certaines revendications du Mouvement 5 étoiles tandis que Beppe Grillo, qui exclut toute alliance, envisage de soutenir au cas par cas des réformes si elles sont conformes à son programme. Pour Pier Luigi Bersani, la voie est très étroite, et l’on parle aussi d’une révision de la loi électorale – pour laquelle il faudra trouver une majorité – comme préalable à de nouvelles élections.
Côté financier, il y a un gros malaise à nouveau. Les valeurs bancaires chutent sur les bourses européennes qui connaissent une nouvelle journée noire. L’instabilité politique italienne mettant en cause la crédibilité financière du pays, les banques européennes sont vulnérables car grosses détentrices de sa dette. Du côté du marché obligataire, qui s’est sérieusement tendu, un test est attendu mercredi avec l’émission de titres à 5 et 10 ans.
Mais c’est finalement peu de choses encore, car en toile de fond des financiers s’inquiètent au-delà du cas italien. Mervyn King, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, ironise depuis Tokyo que « les hommes politiques sont très forts pour nous dire ce que la politique monétaire peut faire », et met en garde contre « les effets secondaires dus à l’utilisation prolongée d’incitations monétaires ». Philippe Wahl, le président du directoire de la Banque Postale française, déclare lors d’une conférence organisée par The Economist : « il y aura une nouvelle crise bancaire, nous le savons », voyant son origine au sein d’un « système bancaire parallèle » qu’il qualifie de « terra incognita ».
Heureusement, les régulateurs sont là et veillent ! Se voulant rassurant, Michel Barnier, le commissaire européen aux services financiers, a rappelé au cours de la même conférence que la régulation de ce secteur – qui gère 50.000 milliards de dollars d’actifs, selon le Conseil de stabilité financière, a-t-il souligné – est tout simplement « essentielle ». Nul doute que cette question va être étudiée avec toute la célérité requise, si l’on prend l’exemple donné par la tenue, le 20 février dernier, d’une première réunion d’un groupe de travail portant sur les défaillances bancaires et l’assurance des dépôts et réunissant les représentants de la Commission européenne et de la FDIC américaine : la seconde est prévue en juin prochain, à une date qui devra encore être fixée.
En attendant, l’Italie reste avec sa montagne de dettes de 2.000 milliards d’euros détenue par le système bancaire européen une sorte de bombe à retardement au sein de la zone euro. Affectant la sérénité, Angela Merkel fait savoir que « l’Italie trouvera sa voie », tandis que François Hollande ne dit rien.