Billet invité
Les dirigeants politiques européens ne se précipitent pas ce matin pour commenter le résultat des élections italiennes, et pour cause. Ils avaient un petit caillou dans la chaussure – Chypre – ils ont désormais une grosse pierre, l’Italie. Du côté des marchés, les bourses sont à la baisse et les taux obligataires espagnols et italiens à la hausse, rien de spécialement étonnant après la fausse alerte d’hier qui leur avait fait croire en la victoire du Parti démocrate. Mais même une alliance avec Mario Monti ne la permet pas.
Le ministre des affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, a souhaité que le pays « se dote vite d’un gouvernement stable et opérationnel », avant d’être tardivement relayé par Pierre Moscovici, mais comment ? A priori, seules deux options sont disponibles : de nouvelles élections ou un gouvernement de large coalition laissant le Mouvement 5 étoiles dans l’opposition. Mais elles sont aussi scabreuses l’une que l’autre. Convoquer à nouveau les électeurs c’est prendre le risque que cette fois-ci Silvio Berlusconi l’emporte, étant donné la faible marge avec laquelle le Parti démocrate l’a cette fois-ci devancé. Constituer une coalition allant de Bersani à Monti et Berlusconi apparait comme une vue de l’esprit. Car ce qui est aujourd’hui déterminant n’est pas de rassembler des forces hétéroclites mais de choisir une politique, aussi comment pourraient-ils se mettre d’accord ? Et la formule du gouvernement de technocrates a déjà été utilisée, et usée.
La situation politique italienne vient à point nommé pour illustrer l’impasse de la stratégie de désendettement qui est poursuivie, on ne peut plus clairement rejetée dans les urnes après l’avoir été dans les rues grecques, portugaises et espagnoles. Encore toute théorique, la question reste de savoir si une inflexion de celle-ci – un plan A’ – est possible, et de quoi pourrait-elle être faite, dans un contexte verrouillé par ceux-là mêmes qui se trouvent aujourd’hui dépourvus de marges de manœuvre.
Le discours sur la confiance des marchés – qu’il faut mériter – est usé, mais par quoi le remplacer ? Les mesures accommodantes des banques centrales ne règlent rien, comme elles ne cessent de le dire elles-mêmes. Pris par surprise et sans solution de rechange, les dirigeants politiques européens sont sous le choc, comme l’était hier soir Pier Luigi Bersani, incapable de s’exprimer. Il lui est aujourd’hui demandé de sortir un lapin de son chapeau.