Billet invité.
Ouvert à propos de la parité de l’euro, le débat sur une intervention de la BCE est fermé par Mario Draghi, tandis qu’au Japon le premier ministre tance à nouveau la Banque du Japon pour ne pas intervenir avec assez de vigueur afin de faire monter l’inflation (et baisser le yen). Shinzo Abe renouvelle ses menaces de réformer son statut et de lui faire perdre son indépendance, appelant à une création monétaire massive qui ne vient pas, dernier espoir de briser le sortilège de la déflation. Plus le temps passe et le déficit de l’ État japonais augmente, plus la question devient insoluble.
Le blocage continue de primer en Europe, la BCE splendide dans l’adversité. Suggérant de ne pas escompter une baisse de son taux, Mario Draghi a au contraire souligné hier lundi les dangers de son bas niveau (il est rivé à 0,75%). L’abondance de liquidités à de tels faibles coûts encourage selon lui la formation de bulles spéculatives et la prise de risque des banques, et les rendements des investisseurs sont par ailleurs affectés, ce qui est la stricte vérité ! En prélude au G20 finances, où la politique des banques centrales américaine et japonaise était sur la sellette en raison des dévaluations compétitives qu’elles favorisent, Jens Weidmann avait mis en en garde contre la tentation d’une baisse des taux de la BCE afin d’alléger la pression à la hausse sur l’euro, niant que celui-ci soit « nettement surévalué ».
Ce qui a conduit un chroniqueur de Reuters, Harry Dixon, à titrer : « La Bundesbank n’est pas folle ! ». Relevant simplement qu’elle est le bastion de l’orthodoxie dans un monde où se multiplient les appels à une création monétaire débridée, tandis que la BCE flirte avec de discrètes variétés de celle-ci. Et ce n’est probablement pas fini si l’on considère le dossier bancaire, remarque Harry Dixon, le rôle futur de supervision des banques que va assumer la BCE place celle-ci en première ligne pour de nouvelles interventions très « bord cadre ». Il aurait pu également ajouter comme allant dans ce sens la limitation d’éventuelles interventions directes en faveur des banques du Mécanisme européen de stabilité (MES) – en faisant supporter le poids restant par chaque État – semble-t-il obtenue par le gouvernement allemand. Ou évoquer la future nouvelle restructuration de la dette grecque.
Le bal des hypocrites a été ouvert la semaine dernière par le G20, dont le communiqué final affirme « nous nous abstiendrons de procéder à des dévaluations compétitives. Nous ne fixerons pas de taux de change à des fins de compétitivité », Mario Draghi cherche à calmer le jeu en affirmant à propos des taux de change : « j’invite tout le monde à adopter une stricte discipline verbale. Moins on en parle, mieux ce sera ». Car c’est tout ce qu’il a visiblement à offrir.
Sous un prétexte ou sous un autre, à la faveur d’un ajustement de la cible de telle ou telle banque centrale ou de la poursuite d’un programme déjà lancé, la glissade se poursuit cependant. S’efforçant de réguler le désendettement, dont les conséquences sociales se dévoilent progressivement, les banques centrales posent un pansement ici mais favorisent l’apparition d’un anévrisme là.
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