Billet invité.
Au grand concours du meilleur communiqué final, celui du dernier G20 finances de Moscou a pris une sérieuse option pour la victoire. Sur le très chaud sujet du moment de la « guerre des monnaies » et des dévaluations compétitives, il parvient à dire tout et son contraire en noyant le poisson : la politique monétaire doit « continuer à soutenir la reprise économique », mais ne pas doper la compétitivité des États.
Reconnaissant qu’il y a anguille sous roche, les participants au G20 – qui ne se réunissaient pourtant pas au bord de la mer – réaffirment l’engagement « d’aller rapidement vers des systèmes de taux de change davantage déterminés par le marché », et de se défendre de fixer des « cibles de taux de change à des fins de compétitivité »… Se gardant bien de revenir sur les objectifs de réduction des déficits définis il y a trois ans à Toronto – loin d’être atteints – ils préfèrent sagement cette fois-ci ne plus en définir de chiffrés et parler de « stratégies crédibles à moyen terme », une inflexion en rapport avec la faiblesse reconnue de l’économie mondiale, qui est à souligner.
Cette réunion est à mettre en perspective avec les épisodes précédents aux États-Unis, au Japon et au Royaume-Uni. Ils portaient sur la réévaluation des cibles d’inflation des banques centrales, ainsi que sur l’élargissement de leurs mandats. De fait, celles-ci monétisent par malles entières la dette publique, la BCE restant crispée dans son splendide isolement mais n’en agissant pas moins à sa manière avec des mesures de quasi création monétaire destinées aux banques (le LTRO) et potentiellement aux États (l’OMT). Sans parler du peu orthodoxe épisode irlandais de conversion en obligations de l’aide de l’Emergency Liquidity Assistance et de la prochaine restructuration de la dette grecque, qui lui pend cette fois-ci au bout du nez.
Faute de savoir quoi faire, les dirigeants occidentaux continuent donc de s’en remettre aux banques centrales et à leurs instruments, insouciants du danger à propos duquel Wolfgang Schäuble met en garde. Celui-ci a averti que « nous ne serons pas capables d’éviter une autre crise ‘à la 2008’ si une proportion croissante d’argent est injectée dans l’économie », mais a prêché dans le vide. Il y a urgence, on verra après ! (quand il sera trop tard).