Billet invité.
Bienfaits conjugués des effets de notre mondialisation et de notre crise financière, les inégalités s’accroissent en Chine et les classes moyennes sont menacées aux États-Unis. En faut-il une
démonstration ?
Depuis plus de dix ans, le coefficient « Gini » qui mesure les inégalités n’avait pas été publié en Chine, en raison de ses résultats peu flatteurs. Le Centre de recherche et d’enquête sur l’économie familiale de la Banque centrale vient de s’y résoudre en décembre dernier, et les chiffres donnés sont désastreux : avec un coefficient de 0,61 (*), la deuxième économie mondiale se révèle un pays des plus inégalitaires du monde. Le gouvernement chinois a cherché à faire bonne figure devant la montée du ressentiment croissant contre la corruption et les privilégiés en appelant les riches à faire preuve de… frugalité, un grand classique de la propagande.
Protestant contre les dégâts d’une industrialisation à marche forcée, la Chine s’éveille à nouveau, mais rien n’est prévu pour combattre l’accroissement des inégalités si ce n’est adoucir le sort des travailleurs-migrants, ces citoyens de seconde zone. Une distribution plus équitable des revenus demanderait une nouvelle révolution à l’échelle du pays que le Parti-État ne peut mener sans se mettre en cause.
Janet Yellen, la vice-président de la Fed, n’a pas délivré une vision plus optimiste de la société américaine, en prédisant que « la route sera longue avant de renouer avec un marché de l’emploi en bonne santé ». « Les tendances sur le long terme, telles que la mondialisation et les changements technologiques, continueront de constituer des défis pour les salariés dans de nombreux secteurs », a-t-elle prévu, en concluant que le chômage était destiné à demeurer à un niveau « bien plus élevé » qu’avant la crise.
Il n’a plus resté à Barack Obama qu’à faire valoir « la nécessité de faire en sorte que l’économie soit au service de la classe moyenne, car la classe moyenne est le moteur de ce pays », comme l’a annoncé son porte-parole, Jay Carney, avant même qu’il ne prononce son dernier discours. Dans cette logique, Barack Obama a dévoilé une augmentation du salaire horaire minimum, des incitations à embaucher les chômeurs de longue durée et un programme de réparations des 70.000 ponts américains destiné à créer des emplois provisoires. Ainsi que la relance des négociations en vue de constituer une zone de libre-échange avec l’Europe.
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(*) Sur cette échelle, la valeur zéro représente une égalité totale de revenus et le chiffre un leur concentration dans les mains d’une seule personne.