Billet invité.
Réalisé en douce, le sauvetage du sauvetage de l’Irlande a nécessité une restructuration de la dette de l’État Irlandais envers sa banque centrale nationale ayant toute les apparences d’une monétisation qui ne dit pas son nom, la BCE en prenant note distraitement comme si elle avait regardé ailleurs.
Le plan qui va devoir être adopté d’ici la fin mars pour tirer d’affaire Chypre va bousculer d’autres tabous. Car Jörg Asmussen, l’un des membres du directoire de la BCE, vient de l’affirmer : il est hors de question d’attendre que le cap du 22 septembre des prochaines élections allemandes soit passé, car cela reviendrait à mettre en question « les progrès accomplis l’année passée pour surmonter la crise de l’euro ».
Les ministres des finances de l’eurozone vont devoir plancher sur plusieurs scénarios qui leur sont proposés, selon le Financial Times qui en donne tous les détails. Ils ne prévoient que de véritables horreurs : suivant les options, une nouvelle restructuration de la dette souveraine grecque, la participation des créanciers des banques dans le cadre d’un bail-in (une recapitalisation sans injection de capitaux), et même une ponction sur les dépôts. Une mesure susceptible de déclencher leur retrait précipité, puisqu’elle est désormais connue comme étant envisagée, aggravant encore la situation des banques chypriotes.
C’est dire que les dirigeants européens en sont réduits aux dernières extrémités pour ne pas avoir à actionner le Mécanisme européen de stabilité (MES) et ne pas apparaître au passage comme sauvant les oligarques russes qui se sont servis de Chypre comme d’un paradis fiscal… L’heure est grave si l’on remet en cause ceux-ci, si les créanciers des banques doivent renflouer les banques et leurs clients accepter de perdre dans la bataille une partie de leurs dépôts.
Entre l’Irlande et Chypre, rien ne va plus. Sortant de leur épure, les dirigeants européens s’aventurent en catimini de plus en plus loin hors des sentiers battus et pratiquent l’art de la restructuration de la dette ou de sa monétisation. Les principes les plus intangibles sont bafoués. Où vont-ils ? Où allons-nous ?