Billet invité.
Des questions essentielles loin d’être réglées conduisent à abandonner de premiers tabous. Comment favoriser la relance pour contribuer au désendettement des États ? Dans quelles conditions et comment restructurer la dette ? Où faut-il placer le curseur de la régulation financière pour ne pas faire obstacle au retour de la croissance ? Comment remédier au déséquilibre structurel du commerce international et aux conséquences déstabilisatrices sur les autres monnaies d’un dollar faible ?
Un retour de la croissance serait salvateur, mais il est nécessaire de forcer la chance et le destin pour l’obtenir. Cela conduit les banques centrales américaine et japonaise à s’engager dans des politiques inflationnistes soutenues de création monétaire : le danger de l’inflation s’est effacé devant celui de la déflation. Mais la cause demande à être confirmée au Royaume-Uni et à être entendue en zone euro. Les uns prétendent pouvoir contenir l’inflation dans des marges raisonnables, les autres prédisent un dérapage inévitable. D’autres enfin craignent un phénomène de stagflation, mélange d’inflation et de stagnation. Bref, on tâtonne en cela comme en d’autres domaines dans ces circonstances exceptionnelles où tout est déréglé.
De deux maux, il faut choisir le moindre, est un précepte qui s’est appliqué à un autre tabou, celui de la restructuration de la dette. Sous les auspices des grandes banques mondiales, qui avaient en la matière une autorité faisant défaut aux États, une première restructuration a été mise en œuvre au sein de la zone euro. D’autres sont dans les tuyaux et le G20 devrait procéder l’an prochain à un premier examen de « la modernisation des systèmes d’endettement public et de gestion de la dette souveraine ».
Piliers de la régulation financière, la séparation des activités de dépôt et de marché des banques, ainsi que le renforcement de leurs fonds propres et de leurs normes de liquidité, ont tous deux adopté un pas de sénateur des deux côtés de l’Atlantique et de la Manche. Aux États-Unis, c’est tout juste si la Fed envisage de renforcer les normes de liquidité après réalisation de stress tests à ce sujet, une intention vivement combattue par les banques et les fonds détenteurs de valeurs bancaires qui craignent la baisse de rentabilité des banques qui en découlerait. La compensation des produits dérivés est un maquis où les exemptions et les failles se multiplient. Le bilan est singulièrement mince et la régulation marche à reculons, au prétexte qu’il ne faut pas charger la barque des banques lorsque l’on cherche à relancer la croissance.
Sur le front monétaire, encore un tabou vient de tomber. Le FMI vient de reconnaître la pertinence de mesures défensives provisoires d’opposition au carry-trade alimenté par les masses de dollars à taux zéro distribuées par la Fed. Ce mécanisme génère l’inflation des actifs dans les pays cibles et la hausse de leur monnaie, faisant obstacle à leurs exportations. Mais le grand déséquilibre provenant de la sous-évaluation du yuan chinois n’est toujours pas résorbé, car le système monétaire international est devenu sous les auspices américaines une créature ayant tout du zombie.
Plus souterrainement encore, d’autres phénomènes minent le système financier et suscitent en retour de nouvelles acrobaties. L’édifice des dettes entrecroisées repose sur du collatéral, des actifs de qualité apportés en garantie. Mais ceux-ci ne sont plus disponibles en quantité suffisante, face à une demande qui grossit et une qualité qui faiblit, notamment pour sécuriser les transactions sur les dérivés. Qu’à cela ne tienne, des techniques d’optimisation du collatéral font leur apparition, à l’initiative des chambres de compensation naissantes qui se battent pour engranger des parts du marché des produits dérivés standards. Certaines techniques de marges croisées (cross margining) permettant d’en minorer le besoin étant maintenant moins accessibles car plus réglementées, on en vient à créer un marché de prêt du collatéral, ainsi qu’à organiser la compensation réciproque de créances et d’engagements (netting). Des facteurs de fragilité sont à cette occasion introduits au sein de dispositifs destinés à solidifier l’édifice !
A défaut de remise en cause à la hauteur des événements, l’usage du compromis politique prévaut, quand ce n’est pas la fuite en avant. Avec comme seule hardiesse inconsciente de mettre en œuvre des recettes à l’origine même de la crise…
Comme toujours, incapacité à sortir du cadre, peur de l’inconnu, manque d’imagination, vénalité…
Business as usual mais…
« Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. »
Ceci dit:
Bonnes Fêtes de Noël à toutes et tous !
Il est vain, voire inconscient d’attendre que ceux-là même à l’origine de la crise, mettent en oeuvre un jour les mesures nécessaires !
Bien au contraire, ils vident le contenu de la cruche avant qu’elle ne se fracasse ! Ils balancent par-dessus bord les 99 % de l’humanité et l’abandonne à ses débats devenus stériles, ses cris, ses douleurs, manifestations, sa misère, quoi !
Tout simplement, parce que les esprits sont tellement contaminés par l’esprit de lucre du capitalisme, ses valeurs nauséabondes à l’antipode même de ce que le règne animal même dans sa plus grande cruauté, ne pourrait faire !
Seuls quelques enfants, fous, sages, handicapés, autistes, parias sont encore protégés !
Le piège se referme sur notre espèce à l’agonie.
Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle colonisation ?
Mais c’est bien sûr !
Rendez-vous à Bugarach en 2040 : bon, moi je serai plus là….
Mais par quels moyens et avec quelles méthodes « l’esprit de lucre du capitalisme » a-t-il réussi dans son entreprise ?
Marlowe ! Devinez un peu ? La séduction, pardi ! L’illusion du paradis par l’inversion des valeurs : le règne de la quantité, les chiffres reien que les chiffres !
Par la magie noire, la seule magie noire !
Tiens, voilà que nos Lombrics s’essayent à la danse de Ponzi. Disponible sur Youtube dès ce soir.
Bonnes Fêtes à tous.
Mes copines vont rigoler. Chez nous, le « netting » c’est du tricot de perles en maillage vertical ou circulaire… -achement sympa 😉
Joyeux solstice d’hiver
Y’a mieux, plus kitsch encore, que le netting, les marges croisées ou cross margining, les marges à ovales croisées…
Même si par miracle cela marchait, il resterait beaucoup d’autres dettes menaçantes, comme la dette climatique, les ravages dans la biodiversité, l’épuisement des ressources minérales fossiles: un « coup »d’inflation serait problablement très grave dans le domaine environnemental.
Nous sommes à une croisée de chemin: fuite en avant financière et productiviste ou choix démocratique de formes de décroissance matérielle pour une planète plus fraternelle.Pour l’instant le système nous impose une décroissance sociale au bénéfice des oligarchies.
Un bon article sur l’offensive en cours du capital, contre le travail, plus particulièrement en Europe.
Ou plus crûment, on peut dire que le « Père Noël » capitaliste est une ordure…
Comment peut-on confondre les « droits sociaux » et le travail ?
La baisse des salaires vise à réduire la capacité de résistance des travailleurs des pays concernés, augmenter le taux de profit du Capital et pousser plus loin le démantèlement de ce qui reste du welfare state construit au cours des 35 années qui ont suivi la seconde guerre mondiale (période qui a été suivie par le tournant néolibéral de la fin des années 1970-début des années 1980).
DE MORGEN rapportait il y a quelques jours cette information passee sous les radars, en
provenance d’ un rapport juste publie par la Commission Europeenne, les banques faisant partie de pays membres de l’ Union Europeenne ont recu un total de 1600 milliards d’ euros d’ argent public sur les trois ans de la periode 2008-2001, la majorite sous la forme de garanties bancaires delivrees par les gouvernements..
http://www.demorgen.be/dm/nl/996/Economie/article/detail/1552437/2012/12/21/Banken-kregen-in-3-jaar-1-600-miljard-staatssteun-in-Europa.dhtml
Comment favoriser la relance pour contribuer au désendettement des États ?
Nous pourrions en premier lieu nous demander en quoi est-il nécessaire d’emprunter de l’argent auprès de créanciers pour financer des activités.
Et surtout savoir vers où voulons-nous nous relancer.
Dans quelles conditions et comment restructurer la dette ?
Il est à craindre que ce règlement de comptes ne se fasse pas sans douleurs pour certains des créanciers. Car nous parlons bien d’effacer l’ardoise, faute de la leur jeter au visage.
Où faut-il placer le curseur de la régulation financière pour ne pas faire obstacle au retour de la croissance ?
Question bien maladroite, quoique bien à droite, et qui tente désespérément de lier finance et croissance…
N’oublions pas: les entreprises non financières qui se financent auprès des marchés
sont ultra-minoritaires. Plus de 90% des entreprises recourent à l’autofinancement et aux emprunts classiques.
La finance -même parfaitement régulée- n’a pas, ne garantie pas et ne garantira probablement pas la croissance (croissance de quoi d’ailleurs?).
La finance que nous connaissons aujourd’hui n’a rien à voir avec un moteur pour l’économie: elle est avant tout parasitaire, une tique qui enfle et qui se reproduit en une myriade de rapports sociaux d’endettement.
C’est aux structures primaires de la finance qu’il faut s’attaquer!
Les décisions de financement, donc d’attribution des moyens de productions de l’activité économique, doivent appartenir aux conseils de producteurs et de consommateurs. Ces derniers remplaceraient avantageusement les (marchés) créanciers internationaux, et même l’ancien système de financement via les banques centrales nationales.
Comment remédier au déséquilibre structurel du commerce international et aux conséquences déstabilisatrices sur les autres monnaies d’un dollar faible ?
C’est à l’hérésie concurrentielle qu’il faut s’attaquer!
Les possibilités sont multiples, taxes douanières, relocalisation des activités et développement du marché intérieur; et création d’une monnaie mondiale et d’un système de commerce mondial basé sur la coopération.
Dexia, on parlera aimablement de sauvetage , en tout cas il semble
que désormais le cas Dexia soit définitivement réglé, créant ainsi la plus belle bad bank européenne.
L’ue valide au nom des principes de la concurrence libre et non faussée le plan.
On peut s’étonner que les pratiques massivement anti-concurrentielles de l’établissement n’aient pas été détectées du temps de son vivant.
Doit on espérer que le roi jean caisse et ses sbires aient effectivement des comptes à rendre à la justice européenne, à moins qu’ils ne doivent simplement envoyer une lettre d’excuse pour avoir utilisé un mauvais business-model.
Que risque-t-on dans les iles du nord ? 3 mois ferme de jacuzzi A suivre donc dans cinq ou six ans…
Le retour de la croissance semble être la solution de F. Leclerc pour résoudre la crise et donner du travail à tout le monde, ce n’est guère origina!
Ne faut-il pas s’interroger sur le comment produire en préservant la nature et l’emploi ? Nouvelle répartition des richesses et diminution du temps de travail ne seraient-elles pas déjà une perspective plus réaliste que d’invoquer de façon incantatoire le retour de la croissance capitaliste?