L'actualité de la crise : DU BOUT DES DOIGTS ! par François Leclerc

Billet invité.

Les banques européennes sont sauvées, la Grèce ne va pas totalement sombrer ! Il aura fallu treize heures de réunions, la troisième du genre sans compter les à-côtés, pour finalement parvenir dans la nuit à un accord financier fait de bric et de broc.

Tout faisait désaccord entre les dirigeants européens, et plus important encore, entre ceux-ci et le FMI, qui voulait une solution définitive. Une situation ingérable, alors que le gouvernement grec était venu à Canossa. Sur quoi portait ce dernier désaccord ? Sur la soutenabilité de la dette grecque qu’il fallait réduire pour la garantir et ne plus avoir à y revenir. Comment la mesurer ? En diminuant son pourcentage par rapport à son PIB dans les projections financières. De quelles projections financières s’agissait-il ? De celles qui se sont en chaque occasion révélées fausses ! Les nouvelles se révéleront-elles justes… ?

Il sera plus tard temps d’analyser dans le détail le cocktail des mesures, ou de décrire l’affectation des fonds qui vont être débloqués, dont une majeure partie va servir à rembourser les créanciers du pays et à renflouer les banques grecques. Des mystères sont encore à éclaircir, car les détails font parfois défaut dans l’énoncé des mesures qui ont été décidées. Le plus important serait de connaître le mécanisme qui va permettre d’atteindre les objectifs de ratio du déficit affichés pour répondre (presque) aux exigences du FMI. Il est supposé qu’une restructuration ultérieure de la dette a été décidée, à une date incertaine, qui ne doit pas être dès à présent annoncée…

Une démonstration par l’absurde exemplaire vient d’être accomplie : tout devait être fait pour ne pas laisser transparaître une restructuration frontale de la dette grecque, ce dangereux précédent. Il a donc fallu prendre des voies détournées qui évitent de la reconnaître tout en pratiquement l’effectuant…

49 réponses sur “L'actualité de la crise : DU BOUT DES DOIGTS ! par François Leclerc”

  1. je commence à comprendre, c’est de la physique quantique cette affaire de dette grecque et de PIB. Il y a des phénomènes de désintégration ou de transposition. Il nous faudrait des neutrinos en grand nombre.

    1. La Grèce est en faillite et n’est pas en faillite. L’Aube Dorée, par effet tunnel, a peuplé les rangs de l’assemblée nationale. Les chats faméliques de Schrödinger hantent les rues d’Athènes à la recherche de quelques reliefs de repas moléculaires. Le gouvernement se contrefout ouvertement du caractère anticonstitutionnel des mesures de diminution des retraites. La démocratie est l’ombre d’elle-même. Le désespoir broie le vecteur d’onde de tout un peuple. Actuellement pour le pire. Et demain ?

  2. Marrant, je me suis levé tôt ce matin. J’ai lu les dépêches sur « l’accord ». J’ai ouvert mon ordinateur pour expliquer pourquoi ces dépêches avaient déclenché mon rire. Et puis, non, je me suis dit : attendons que le bon François Leclerc se réveille, il fera ça mieux que moi.
    C’est fait. Plus qu’à balancer sur les réseaux. Passé une bonne nuit, François ? 😀

      1. Vous rentrez avec Savéol ou la Vache qui Rit ?? Les vents ne sont pas portant avant le début de la semaine prochaine ?

  3. Selon un sondage paru ce lundi en Grèce, la Coalition de la Gauche Syriza remporterait les élections avec plus de 5 points de plus que la droite actuellement au pouvoir. Un sondage qui exprime un fort rejet de l’austérité, alors que la coalition libérale n’a plus qu’une voix d’avance à l’Assemblée et que de nouvelles élections anticipées sont donc probables….
    http://www.humanite.fr/monde/syriza-favori-dans-les-sondages-en-grece-509540

    …et si Syriza venait au pouvoir, il ferait comme en Argentine : pas de paiement de la dette illégitime, et peut-être même procédure pour exiger que le gouvernement Allemand paie enfin les 100 milliards € pour « dette de guerre », Mme Merkel : la César de l’Europe du fric !!

    1. @ morvandiaux

      Pour mémoire, le problème numéro 1 de la Grèce n’est même pas de rembourser sa dette (relisez l’article de F.L.) mais de retrouver un budget en équilibre hors remboursement et intérêts.
      Donc si Syriza (qui a toute ma sympathie, vu que c’est le clientélisme du Pasok et de la N.D. qui a permis l’endettement faramineux du pays) arrivait aujourd’hui au pouvoir, ils aurait le choix entre claquer la porte au nez des prêteurs, et donc imposer au pays une austérité encore plus grande (quoique certainement plus justement répartie) ou accepter les mêmes conditions que l’actuelle majorité.
      Je serais eux, je ne me presserais pas pour arriver au pouvoir et je laisserais les autres boire le calice jusqu’à la lie.
      En ce qui concerne le remboursement de la dette de guerre, il existe une solution simple et déjà expérimentée : envoyer les evzones occuper la Rhénanie ! 🙂

      1. Exact Renard, le problème de l’État grec est de rentrer du pognon, m’enfin de commencer d’être un État quoi. Je sais pas si l’on doit dire que le moment (ou la fortuna de Machiavel) est idéal…

      2. je pense que si la Grece claquait la porte ,il ne faudrait pas enormement de temps pour que le pognon revienne de Suisse et que les iles se repeuplent de milliardaires..Certainement la meilleur solution pour les grecs.

      3. J’ai lu quelque part( mais je ne sais plus où) qu’enlevés les intérêts sur la dette, le déficit de la Grèce n’est plus que de 2,1 % du PIB. On est pas si loin d’un budget équilibré.

      4. @ dupontg et @ Jeanba Ba

        Des milliardaires qui préfèrent placer leur argent dans un pays en faillite que dans un coffre helvète ?
        Récupérer 2 % d’un PIB en peau de chagrin sans le ratatiner davantage ? (au fait 2,1 % du PIB, ça fait quel % du budget ?)
        Vous planez.

    2. Problème de timing : ça sera difficile d’aller chercher les dettes allemandes après avoir envoyé les Allemands (et leurs copains européens + BCE + FMI) sur les roses.
      A moins que le non-paiement de la dette illégitime et la récupération des dettes allemandes (de la première guerre mondiale à la seconde guerre mondiale, qui auraient dû être remboursées par l’Allemagne lors de sa réunification) soient basées sur le droit et des décisions de justice (comme en Equateur). Il y a un problème de cohérence entre les deux actions, me semble-t-il.

  4. Le déni de réalité est devenu un art de très haut niveau.

    Quand je pense que je rigolais des communistes dans ce domaine. Les capitalistes font au moins aussi bien.

  5. 13 heures de réunion?
    2 heures de repas, 2 heures de pause café, 1 sieste discrete lors de prise de parole d’un invité monotone et intarissable…. il n’y a même plus de suspense

    Sans déconné, ils n’y vont plus que pour la bouffe et la sortie du soir à ces meetings…

  6. Le FMI est déja bien incapable de faire de bonnes prévisions à..3 mois,alors à l’horizon 2021, on se fiche de qui?

  7. Ne pleure pas sur la Grèce, – quand on croit qu’elle va fléchir,
    le couteau contre l’os et la corde au cou,

    La voici de nouveau qui s’élance, impétueuse et sauvage,
    pour harponner la bête avec le trident du soleil.

    Yannis Ritsos
    Extrait de « Dix-huit chansons sur les malheurs de la patrie » (1968-1979)

  8. (©AFP / 27 novembre 2012 11h01) /PARIS – L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a revu mardi à la baisse ses prévisions de croissance dans la plupart des grandes économies, Etats-Unis, zone euro, Japon et Royaume-Uni, relevant un nouvel accès de faiblesse de l’économie mondiale.

    La croissance américaine serait de 2,2% cette année (contre 2,4% prévus en mai) et de 2% en 2013 (au lieu de 2,6%). Dans la zone euro, une récession de 0,4% est attendue en 2012 (contre -0,1% prévu en mai) et encore de 0,1% l’an prochain (au lieu d’une croissance de 0,9%), ce qui en fait toujours la principale menace pour l’économie mondiale, selon les prévisions semestrielles de l’OCDE.

  9. Le cercle vicieux dans lequel est enfermé Athènes peut donc continuer à se développer: pour parvenir aux objectifs posés, il faudra encore faire des coupes budgétaires qui conduiront encore à une contraction du PIB, qui rendra inopérants le fameux objectif de 124% du PIB pour la dette publique, et d’excédent primaire de 4,5% du PIB. Il faudra alors se réunir à nouveau pour faire un «sommet de la dernière chance» afin de «sauver la Grèce». L’ennui, c’est que plus on gratte, moins on aura de quoi gratter à l’avenir…

    On dirait du François Leclerc, mais cela provient de la Tribune. La pensée alternative serait-elle en train de gagner la bataille des idées ?

    1. La Tribune m’a confié une chronique hebdomadaire. Thème de celle de vendredi prochain : le souffle de nouveaux modes de consommation (on y parle de gratuité, de bien commun, et de toutes ces choses là…)

      1. Félicitations. On va se régaler.
        Il est désormais important d’explorer
        ‘Les sentiers de la survie de l’espèce »

      2. Excellente nouvelle dans le commentaire, et petite faute dans le billet : « Il sera plus tard temps » ne va pas, car « il sera temps » forme une locution qu’il est désagréable de scinder. Donc faut dire : il sera temps plus tard.

  10. Plus sérieusement que mon matinal envoi (commentaire n° 2), voyons voir les 3 vrais enseignements de ce nouvel « accord » à l’arraché sur la dette grecque :

    1/ les pays membres de l’UE savent pertinemment qu’ils ne reverront jamais les 43 nouveaux milliards qu’ils vont (peut-être, ce n’est pas encore fait) mettre dans le pot hellène ;

    2/ mais ils ne peuvent pas faire autrement, sauf à tout foutre par terre tout de suite, eux compris ;

    3/ admettant que de toute façon tout est déjà foutu demain (à commencer par leurs 43 milliards).

    Coincés de chez coincé 😀

    1. Ils font comme une banque pratique avec un gros débiteur qui ne peut pas rembourser : elle roule sa dette, c’est à dire qu’elle prête pour se faire rembourser ! Mais l’en-cours grossit !

      1. Rouler sa dette oui, bien sûr. Mais avec l’espoir, même infime, de se faire rembourser. Or là, je ne sais pas, j’ai l’intuition qu’ils SAVENT que la partie est perdue. Qu’ils prêtent juste pour ne pas perdre TOUT DE SUITE. Une sorte de réflexe dérisoire de survie, comme sur les bateaux en perdition, où même les marins montent instinctivement vers les parties les plus hautes alors qu’ils savent pertinemment que TOUT le navire va être englouti.

    2. Hellène et les troïkans…
      « Les sabots hellènes
      étaient tout crottés.
      Les trois capitaines
      L’auraient appelée vilaine
      Et la pauvre hellène
      Etait comme une âme en peine
      Ne cherche plus longtemps de fontaine
      Toi qui as besoin d’eau
      Ne cherche plus, aux larmes hellènes
      Va-t’en remplir ton seau. »

  11. Gros débiteur dont la banque fait rouler la dette :
    J’en connais de très nombreuses entreprises dans ce cas , ce sont des vampires , qui ne vendent que du prix bas et ne cherchent que des sous traitants à plumer sans fin……….des pourvoyeurs de la misère , qui finissent par interdire à leurs concurrents de vivre.

    1. Ah oui…quand meme…!
      Encore une illustration du fameux dicton: un graphique vaut mieux qu’un long discours.

  12. Les Chroniques de l’hiver européen donnent à voir l’envers du décors des mesures d’austérité prises par nos ministres et fonctionnaires de haut vol.
    Dans ces documentaires, on peut notamment découvrir qu’au moment où nos banques ont innondé le marché grec de « moyens » financiers, elles proposaient seulement des cartes de crédit à leurs clients. Pas de carte de débit!!!! Sans vergogne, ces mêmes banques proposaient par téléhone aux clients de passer à la banque car 3.000€ les attendaient. Ces clients n’avaient à déposer aucun dossier pour obtenir cet argent et n’avaient, bien sûr, formulé aucune demande. Quand il s’agissait de faire de gros achats, par exemple, ameublement, les vendeurs se battaient pour que le paiement se fasse uniquement avec la carte de crédit.
    A écouter et à sauvegarder. C’est superbement bien fait. Un travail de journaliste comme on les aime : http://hivereuropeen.wordpress.com/

    1. Ce que je retiens dans cette breve c’est «  » Alors que Dexia payait jusqu’à présent à l’état belge des primes 0,90% pour ces garanties, elles ont été abaissées à 0,05%, c’est-à-dire presque rien, parce que la banque était dans l’impossibilité de les payer. L’Etat belge garantit donc les dettes de Dexia gratuitement, sans recevoir une rémunération pour les risques énormes qu’il prend » »

      Donc je suppose qu’il en ait de même avec la France. Pas un mot dans la presse Française…

      Plus rien ne m’étonne!

  13. La corruption de la justice fait partie des problèmes de société, qui permettent d’amplifier les situations difficiles ou urgentes au lieu de tenter de les résoudre.

    Les conflits d’intérêts judiciaire sont monnaie courante, depuis de nombreuses années on assiste à plus de bureaucratie pour moins de peine et de sanctions contre les personnes hors-la-loi. Entre le multi-récidivisme qui augmente de plus en plus, et le business en col-blanc avec des peines rares et inutile pour décourager à l’avenir d’escroqueries à grande échelle.

    La justice, corrompu par les gros porte-feuilles, les banques et les multinationales, n’est même pas un recours face aux impacts sur la santé publique et l’environnement, d’une institution judiciaire en conflits d’intérêts avec les marchés financiers.

    Les études scientifiques qui réussissent à démontrer la nocivité d’un élément sont oubliés au profit de contre-expertises volontairement faussées ou de vice de forme n’ayant rien avoir avec les souffrances subies. Une justice au service du clientèlisme et de l’argent, et dont les impacts s’en font ressentir dans les sociétés.

    1. Je rajoute, car c’est une leçon de chose.
      La sortie du cadre de dictature capitaliste,
      autrement dit la Survie de l’Espèce passera par là:
      la coordination de plusieurs dizaines de luttes de résistance à cette dictature,
      entrainant l’usure dans le temps, puis au bon moment la dispersion
      et à terme l’effondrement de l’appareil de répression.

      Alors s’ouvrent les sentiers de la survie de l’espève,
      alors peut commencer la démocratie réelle.
      En dehors des rapports de force réels,
      tout le reste, comme la ‘révolution par les urnes »,
      n’est que du Foin de Gôche pour les écuries présidentielles.

  14. On dirait que l’important est, comme toujours, de gagner un peu de répit. Car, en clair, la dette se trouve bel et bien restructurée sans que pour autant la dette restante soit réellement supportable…

  15. Au cinquième as posé sur la table ,
    il se trouve toujours un joueur qui crie tricheur
    et un autre qui sort son flingue.

    donc il est peu probable qu’on ait le temps d’en rediscuter plus tard…

  16. Quid de toutes cette agitation et autre cogitation mal de tête
    tout ça pour en revenir à un taux de dettes par rapport au PIB exactement le même (mais faut-il croire les prévisions) qu’il était au moment du démarrage de la crise et qui fut jugé insoutenable.
    Donc tout ça pour rien
    le peuple grec soufre pour rien, en attendant le pays ne fait pas les réformes nécessaires pour devenir enfin un état souverain et capable de collecter un impot équitable. Si la troïka devrait intervenir c’est bien là

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