L'actualité de la crise : COMPLAISANCES BANCAIRES, par François Leclerc

Billet invité.

Les volets du nouveau processus d’intégration européenne se suivent et ne se ressemblent pas. Tandis qu’Angela Merkel manifeste à nouveau son intention d’obtenir un durcissement des règles budgétaires communes et l’intervention punitive de la Cour européenne de justice, le projet d’union bancaire de la Commission européenne est en voie d’assouplissement sous la pression du même gouvernement allemand. Celui-ci voit dans le projet de large périmètre de surveillance des banques confié à la BCE comme une atteinte à son modèle économique et ne veut pas qu’il englobe ses banques régionales, ses mutuelles et ses caisses d’épargne, qui financent son tissu industriel de PME et dont on ne sait trop de quoi leur bilan est fait. On s’oriente donc vers un dispositif de type passoire qui a déjà fait ses preuves lorsqu’a été créée l’Autorité bancaire européenne (EBA). Celle-ci repose sur une savante articulation entre l’échelon national et européen de la régulation des banques et peut se prévaloir de stress-tests particulièrement peu probants.

Inévitablement, on en revient à l’éternel débat sur « qu’est-ce une banque systémique ? », et Michel Barnier, le commissaire européen, a beau jeu de faire remarquer que celles par qui le malheur est déjà arrivé n’auraient pas figuré sur la liste des 25 établissements considérés comme tels, sur lesquels la surveillance devrait se concentrer selon Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances. Ce dernier préconise que la BCE « pourra déléguer des missions » aux organismes nationaux de supervision et ouvre une porte que la commission pourra difficilement refermer.

Plus important encore est ce qui se joue dans le cadre des négociations qui se poursuivent à propos des règles du Comité de Bâle, qui ont vocation à être respectées à l’échelle internationale (aux États-Unis, la période de consultation avec les banques a été rallongée par la Fed). Les discussions s’éternisent sur les normes de liquidité des actifs dont les banques doivent disposer pour se financer durant trente jours en les vendant lorsqu’elles sont coupées du marché. La nouvelle réglementation doit prendre effet en 2015.

La tentation est grande d’allonger la liste des actifs éligibles, la Banque de France et la BCE allant jusqu’à proposer de la calquer sur celle qui est établie par la BCE pour le collatéral qu’elle accepte en garantie de ses prêts. On sait la banque centrale désormais très accueillante et peu regardante sur la qualité de ces actifs. D’autres propositions fleurissent, notamment d’inclure dans cette liste des Asset-Backed Securities (ABS), ces obligations de mauvaise mémoire qui résultent de la titrisation de portefeuilles de crédits hypothécaires, ou de tout autre actif parfois des plus surprenants, comme du leasing d’avions ou des prêts pour achat de camping cars.

Pour apprécier la dimension du problème, les plus grandes banques mondiales auraient eu besoin de 1.760 milliards de dollars d’actifs éligibles supplémentaires l’an passé, en application des normes actuellement en discussion, selon les experts du Comité de Bâle. Les banques ayant adopté le modèle de banque universelle forment le gros contingent, ce qui explique la position en pointe de la Banque de France. Une remarque en passant : si l’on veut connaître les points faibles des banques, pas besoin d’analyse approfondie : il suffit d’identifier les assouplissements réglementaires qu’elles cherchent à obtenir.

Mais le débat est en train de rebondir sur un autre terrain plus global. La réunion des banquiers centraux à Jackson Hole a été l’occasion d’une communication d’Andy Haldane, le directeur de la Banque d’Angleterre en charge de la stabilité financière, à propos de la nécessité de revoir Bâle III. La description de cette réglementation comporte 616 pages, tandis que celle de Bâle II n’en représentait que 80, une inflation qui rappelle les 848 pages de la loi de régulation Dodd-Frank américaine. La faute en est à l’extrême complication des produits financiers qui rejaillit sur celle de leur régulation. Mais le doute s’en est d’autant plus installé sur les capacités des banques, utilisant leurs propres modèles d’évaluation du risque, à évaluer celui-ci.

Andy Haldane propose en conséquence de tirer un trait sur toute cette complication, qui selon lui ne mène nul part, et de remplacer cette évaluation du risque reposant sur des milliers de paramètres par un dispositif simplifié et normalisé, le « leverage ratio » des banques (rapport entre leurs fonds propres et leurs actifs non pondérés en fonction du risque) et de le réduire.

La gigantesque gamelle prise au printemps dernier par J.P. Morgan Chase a accéléré la prise de conscience que le calcul de la sacro-sainte Value at Risk (VaR), qui permet de mesurer le risque de marché, n’est pas infaillible (dans ce cas précis, c’était le monde à l’envers : une stratégie destinée à se couvrir du risque avait aboutit à générer de gigantesques pertes !). Il en découle que les modèles de calcul du risque adoptés par les banques ne le sont pas davantage et qu’il est nécessaire d’en venir à une approche « standardisée » (lisez : sur laquelle elles n’ont pas la main).

Cette approche a suscité une levée de boucliers du côté des banques, car elle aboutirait une nouvelle fois à augmenter considérablement leurs besoins de renforcement des fonds propres – tout particulièrement en Europe – au moment où elles rencontrent des difficultés à lever des capitaux auprès d’investisseurs constatant la baisse de leurs rendements. L’usine à gaz de Bâle III, réformée autant qu’il sera possible, est donc considérée comme un moindre mal.

Ces complaisances envers le système bancaire sont aussi dérisoires que l’intransigeance dont il est fait preuve envers l’endettement public.

22 réponses sur “L'actualité de la crise : COMPLAISANCES BANCAIRES, par François Leclerc”

  1. Hola Francois,

    Le titre est parfait, le feuilleton fete ses cinq ans, personne n’ en veut mais tout le monde est oblige de le suivre. Plus un mauvais Soap en pidgin international english, qu’ autre chose, une Telenovela peut-etre, pour son cote interminable ?

    Mais cela a contraint et Marianoo RAJOOY et le president francais sortant et le sorti, a apprendre sa langue, avec brio !! Don Marianoo s’ est enhardi ce matin a exiger d’ Angela Merkel qu’ elle soit claire sur le Rescate espagnol lors de sa visite a Madrid jeudi:  » No more fucking around Angela !  »

    Andy Hardane n’ est pas encore le directeur de la BOE.Le Pacha en titre s’ appelle Mervyn King,
    de la bande des  » Angy Biridies insulaires », Mervyn KING qui subit la crise depuis 5 ans maintenant, et ne la comprend toujours pas, donc QE qui fait au moins la taille de la recapitalisation mentionnee, Rue Britannia !

    1. Chers relecteurs,

      Ici c’ est moi qui fait les fautes de francais:

      1) De la Bande des  » Angry Birdies  » insulaires, en lieu et place des  » Angry Biridies  »

      2) Rue Britannia est evidemment ‘Rule Britannia ‘

      Lo siento, disculpas

  2. Puisqu’on parle des banques….
     » Selon les témoignages concordants que nous avons recueillis au sein de ces directions, le numéro deux de l’Agence des participations de l’État décroche donc son téléphone le lendemain, le 3 août, pour appeler plusieurs banques et leur demander si elles veulent venir plancher le 7 août suivant à Bercy, pour expliquer la vision qu’elles ont de ce que pourrait être la BPI, et pour dire ce que seraient leurs conditions financières si elles étaient choisies comme banque conseil pour aider au lancement du projet.

    Selon nos témoins, les banques sollicitées tombent pour beaucoup d’entre elles des nues. Car il ne s’agit pas d’un appel d’offres, comme elles en voient souvent passer et auxquels elles cherchent périodiquement à concourir : aucun document écrit n’est transmis aux banques sollicitées ; et il n’est pas demandé à ces mêmes banques de produire elles-mêmes un document. Non ! Pendant tous ces premiers jours du mois d’août, tout se passe de manière orale. Et alors qu’il s’agit d’un projet majeur pour le quinquennat, c’est une procédure d’urgence qui est choisie, très peu souvent usitée. En clair, c’est à la va-vite, un vendredi, juste avant un week-end, que des banques sont démarchées, afin qu’elles se prononcent dès le mardi suivant sur l’un des grands projets du quinquennat, sur lequel elles n’ont au préalable jamais travaillé ni réfléchi. Ubuesque…

    Pour finir, toujours sans que le cabinet d’Arnaud Montebourg n’en soit informé, quatre banque d’affaires viennent à tour de rôle ce mardi 7 août exposer à Bercy leur vision de la BPI et les honoraires qu’elles pourraient solliciter. Tout cela est bâclé, les banques candidates n’ont eu aucun délai pour travailler au sujet – sont-elles d’ailleurs compétentes ? –, mais enfin, les quatre établissements, dont la banque Lazard, la banque Rothschild, Crédit suisse et une quatrième banque d’affaires, ont une heure chacune pour convaincre les hauts fonctionnaires devant lesquels ils planchent.

    Selon les témoignages recueillis par Mediapart, les projets en compétition sont assez voisins. Les seules vraies différences portent sur les rémunérations demandées par les banques : Lazard et une autre banque demandent une rémunération comprise entre 250 000 et 300 000 euros pour cette mission de conseil tandis que les deux autres établissements demandent un prix sensiblement supérieur. Mais en vérité, la différence n’en est pas une longtemps car le numéro deux de l’APE rappelle le même jour les banques les plus gourmandes en leur demandant si elles accepteraient de revoir leurs commissions à la baisse et de s’aligner sur les honoraires demandés par Lazard. Ce qu’elles acceptent de faire, après un bref délai de réflexion.

    Décision logique ! Si de nombreuses banques d’affaires ne ratent aucun appel d’offres de l’État, ce n’est pas pour les profits qu’elles en espèrent – qui sont notoirement plus faibles que lors des grandes opérations financières dans le secteur privé. C’est à cause du pouvoir d’influence qu’elles gagnent dans ces opérations : en faisant miroiter auprès de leurs riches clients privés qu’elles travaillent aussi avec l’État, ces banques d’affaires se rendent ainsi indispensables. Un seul exemple : Matthieu Pigasse inonde de notes tous les cabinets ministériels sur la situation du groupe Peugeot, ce qui lui permet de se faire passer pour indispensable auprès du groupe privé ; d’autant plus indispensable qu’il est aussi un patron de presse. En quelque sorte, c’est la technique Alain Minc… »
    http://www.mediapart.fr/journal/economie/030912/les-enjeux-caches-du-duel-moscovici-montebourg

    1. Banques. Qui l’eut cru? Ceux qui n’ont jamais cru à la fable de la concurrence.
      «Les quelques banques qui, grâce au processus de concentration, restent à la tête de toute l’économie capitaliste, ont naturellement une tendance de plus en plus marquée à des accords de monopole, à un trust de banques. En Amérique, ce ne sont plus neuf, mais deux très grandes banques, celles des milliardaires Rockefeller et Morgan, qui règnent sur un capital de 11 milliards de marks. » Lénine – L’impérialisme, stade suprême du capitaliste – 1916

  3. Encore une banque (Le CIF) sauvee par les deniers que l’Etat n’a pas…
    On est vraiment heureux de payer des impots pour les banquiers

  4. Concernant le problème posé par les banques systémiques(celles posant un risque systémique) définies par leur taille(to big to fail),leur absence de substitualité et leur interconnexion,la situation est bien résumée:« Inévitablement, on en revient à l’éternel débat sur « qu’est-ce une banque systémique ? », et Michel Barnier, le commissaire européen, a beau jeu de faire remarquer que celles par qui le malheur est déjà arrivé n’auraient pas figuré sur la liste des 25 établissements considérés comme tels, sur lesquels la surveillance devrait se concentrer selon Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances. Ce dernier préconise que la BCE « pourra déléguer des missions » aux organismes nationaux de supervision »,à problème systémique,solution nationale(partisane) .Au fait qui peut croire dans la fiabilité des stress tests(Dexia,Bankia,…).
    L’Union bancaire est un mot creux,comme tout le reste »,Enfin, semble se profiler une union bancaire plus que budgétaire. Les fonds de stabilisation financière (FESF et MES) vont pouvoir renflouer directement les banques, après accord de la BCE, ainsi qu’acheter de la dette publique afin de détendre le marché, les prêts du futur Mécanisme Européen de Stabilité (MES) n’auront plus la priorité de remboursement sur les créances privées, un système de garanties des dépôts, un organisme de surveillance bancaire sont institués. Mais c’est une union dont les détails et les modalités d’existence restent à écrire »(Atlantico Juillet 2012)
    Permissivité pour les banques,coercition pour les états

  5. En Islande, la population s’est opposée à deux occasions au renflouement par l’Etat islandais des dettes de la banque privée Icesave envers des clients britanniques et hollandais, qui avaient été remboursés par leurs gouvernements respectifs. Des poursuites judiciaires ont été intentées par l’Etat islandais contre des dirigeants politiques et financiers.
    Quid en France?: http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/06/27/agir-contre-la-corruption-l-appel-des-juges-contre-la-delinquance-financiere_1724608_3224.html

    Est-ce hors champs que d’informer de ceci?:

    En avril 2012, la députée Álfheidur Ingadóttir (Mouvement des Verts et de gauche) ainsi que 14 autres députés de divers partis ont introduit une motion au parlement islandais pour s’assurer que ce type de situation ne se reproduise jamais plus. Cette motion vise à faire adopter une loi séparant les banques commerciales des banques d’investissement, comme la Loi Glass-Steagall avait permis de le faire en 1933 aux Etats-Unis.

    La motion stipule :

    « Le parlement souhaite confier au ministre des Affaires économiques la tâche d’établir un comité qui sera responsable de revoir la cadre définissant les services bancaires en Islande de manière à minimiser, par la séparation des banques commerciales des banques d’investissement, le risque de perturbations dans le secteur bancaire pouvant avoir des conséquences sur l’économie nationale. Le comité devra examiner les discussions politiques en cours dans nos pays voisins par rapport à cette question et soumettre ses propositions avant le 1er octobre 2012. »
    La motion est soutenue par des membres de tous les partis politiques, à part le Parti de l’Indépendance, de tendance conservatrice. Deux parlementaires non-affiliés soutiennent également la motion.

    Dès le début de la crise bancaire, à l’automne 2008, L’Islande a entrepris des réformes bancaires et est en train de reconstruire un système entièrement nouveau et mieux régulé. L’Islande pourra non seulement être le premier pays à sortir de la crise, mais aussi le premier à séparer les banques commerciales des banques d’investissement.

    1. L’Islande c’est en gros l’équivalent d’une grande ville française.

      Donc personne ne déclarera la guerre à l’Islande pour défaut, on s’assoit dessus et on oublie.

      Citer l’Islande en exemple de défaut est juste ridicule et microscopique.

      1. Question de béotien, suite au commentaire de Fnur l’ex-niçois 😉 (scoop: il y a plus de niçois que d’islandais!) :

        L’Islande c’est en gros l’équivalent d’une grande ville française. Donc personne ne déclarera la guerre à l’Islande pour défaut

        la menace militaire (des créditeurs aux débiteurs) est-elle vraiment un enjeu du calcul politique actuel au niveau international? (fichtre…)

        A savoir (outre que béotien, je suis cronope) : si l’Europe écoutait le conseil de Jorion (= proclamer une euro-dette, puis engendrer un euro-défaut concerté) risquerait-elle vraiment des menaces militaires? (de qui? des US? de la Russie? de la Chine?) Ou alors j’ai mal compris la remarque de Fnur visant à minimiser l’exemple du cas Islandais (vu comme libérateur par rapport au sinistre cas Grec)?

        Merci d’éclairer ma cyber-lanterne, car à ce stade mon intuition de cronope de Béotie (sorry pour les sifflements d’oreilles, depuis l’antiquité grecque, des habitants de là-bas) me laisserait croire qu’une telle menace militaire rétorsionnaire n’existe pas (telle quelle elle est de l’ordre du fantasme, tout en contenant un élément de vérité: les créditeurs bec-mouillés hurleront et/ou pleureront) et que donc l’Islande est bel et bien un modèle à étudier et probablement à suivre pour nous autres (cum grano salis, of course: modulo des ajustements au cas du continent européen et a fortiori du monde entier)

      2. tiens ! c’est donc le nombre d’habitants qui est important ? Quel argument et quel jugement !!
        Il est donc ridicule de vouloir changer certaines pratiques ? tels les paradis fiscaux que seraient, parait-il, des toutes petites zones comme le luxembourg, le lichtenstein, Andorre, la grande ile d’antigua etc …… et puis pourquoi s’occuper des petites banques (seules les sytemiques vous interessent?), et pourquoi s’occuper des millions de PME (interessons nous qu’aux multinationales!!)

      3. >Alessio Moretti

        Si un jour on a un régime politique qui s’amuse à répudier la dette d’un des états pierre de touche du capitalisme mondial, c’est que les choses iront très mal, et que cet état sera dans un tel état que le régime politique en question sera de toute manière un outsider idéologique.

        Et dans ce cas là, tout devient possible.

        L’exemple de l’URSS est quand même frappant: l’une des raisons de son attaque par une coalition franco anglaise, financé par les Etats unis en 1920 est sa répudiation des dettes Russes.

      4. Combien de fois faudra-t-il le répéter ?
        Landsbanki, nationalisée bien sûr, rembourse en ce moment (2 milliards € en décembre) ses créanciers – tous les créanciers pour toutes les créances pas que les 3,5 milliards payés par les gvts hollandais et britannique mais 7 ou 8 milliards d’€, les ⅔ du Pib quoi – en liquidant ses actifs à tour de bras.
        Un rêve capitaliste les faillites à l’Islandaise…

  6. Schauble: la cours constitutionnelle allemande ne bloquera pas le pacte budgétaire

    Jamais un traité européen n’a été bloqué au niveau de la Cour constitutionnelle allemande, souligne le ministre allemand des Finances.

    Il n’y aura pas de « couac » le 12 septembre prochain. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, s’est dit sûr lundi que la Cour constitutionnelle allemande ne bloquerait pas le pacte budgétaire et le mécanisme de stabilité européens, sur lesquels elle doit rendre prochainement un verdict crucial pour la zone euro.

    La Cour doit « bien entendu examiner la situation pour savoir si ces traités sont en conformité ou non avec la loi fondamentale allemande », a déclaré M. Schäuble. Mais « celle-ci, j’en suis sûr, ne bloquera pas ces traités du pacte fiscal et du pacte de stabilité européen », a-t-il estimé. « Je crois que nous avons oeuvré avec beaucoup de prudence pour que tel soit le cas, je n’entrevois donc aucun problème avec la Constitution allemande », a ajouté le ministre, qui s’exprimait lors d’une conférence devant des étudiants à Strasbourg. « Jamais un traité européen n’a été bloqué au niveau de la Cour constitutionnelle allemande », a encore souligné Wolfgang Schäuble.

    Le destin de la monnaie unique européenne est entre les mains de la Cour constitutionnelle allemande qui rendra le 12 septembre une décision susceptible de bloquer le sauvetage de la zone euro. Les huit juges de l’institution de Karlsruhe (sud-ouest) rendront une décision préliminaire à 8H00 GMT et diront si le président allemand, Joachim Gauck, peut signer les textes de loi qui dotent la zone euro de nouveaux outils contre la crise. Très respectée des Allemands, la Cour examine depuis le 10 juillet six plaintes visant à bloquer la ratification du mécanisme européen de stabilité (MES) et du pacte budgétaire, émanant en particulier des députés du parti de gauche radicale Die Linke, d’un élu conservateur et d’une association de citoyens.

    Une décision contraire au Pacte européen « n’entraînerait probablement pas un effondrement de l’euro », mais « la volatilité sur les marchés financiers repartirait à la hausse, mettant fin à la récente période de calme qui a permis un lent retour de la confiance en zone euro », estiment plusieurs experts. Cela se traduirait par « des répercussions majeures sur les marchés financiers », ont affirmé les analystes de Morgan Stanley, évaluant à 40% les chances que la Cour invalide le dispositif. Un tel scénario pourrait contraindre à « des mesures exceptionnelles, et notamment un référendum » sur l’euro en Allemagne, qui ouvrirait un nouveau chapitre d’incertitudes, estimait Mattias Kumm, spécialiste des questions constitutionnelles.

  7. Tout-à-fait dans la lignée du blog Jorion ( sur tel ou tel fil ) : une émission épatante, à écouter partout !
    Les journalistes sont d’une grande clarté ( et, rassurez-vous ni « conspi », ni « confus. »= veut dire la même chose, mais pour avoir l’air de ne pas être plus « conspi. » que les « conspi. ») …
    On sent comme une douce brise sur nos neurones exaspérés =) ça passe sur la radio publique !!
    à une heure normale !! et demain, cela sera sur ….(z’avez qu’à écouter…)

    http://www.franceinter.fr/emission-l-humeur-vagabonde-marc-roche-et-jerome-fritel-goldman-sachs-la-banque-qui-dirige-le-monde-

    1. J’ai écouté avec attention: il me semble que nous voilà ,encore une fois, dans le même cas de figure que les templiers, et que si, il apparaît comme hallucinant que rien ne ‘bouge’, c’est à mon sens, parce que la catastrophe est largement antérieure à la crise. Je me demande même si GS n’a pas été mis en bourse afin d’être les ‘professionnels’ de l’argent ,désormais dépendants car en bourse, qui ont poussé les limites toujours plus loin pour tenter de ‘refaire’* l’ensemble du système. Et, on va de catastrophe en catastrophe car le seul objectif est le ‘refaire’, qu’on tente de récupérer à chaque nouvelle catastrophe, ce qui crée une nouvelle catastrophe, et ainsi de suite.

      *au sens de ‘se refaire’ (comme aux jeux, par exemple)

    1. En réponse à http://www.pauljor.com/blog/?p=41035#comment-357042
      Crédit Immobilier de France.
      Précisions et opinion.

      Le C.I.F. était un à l’origine un organisme coopératif permettant aux ménages modestes d’accéder à la propriété . Le mode opératoire était simple : Il émettait des obligations qui étaient remboursées par les encaissements des prêts accordés. Peu de capitaux propres, pas de banques.
      Ce mode opératoire est quasiment sans risque. Sans risque, parce que les modestes remboursent. Ils construisent pour se loger.
      Le C.I.F. aurait pu durer, tant les besoins en logements abordables sont pressants. Mais on comprendra facilement que le coopératif est gnangnan et sans gloire. Comprendre surtout que les mirages du libéralisme sont inaccessibles pour les cadres dirigeants.
      Un gouvernement l’a d’abord incité à se « moderniser » en faisant dans le béton de classe supérieure, comme soutient au béton d’ Etat favorisé par les avantages fiscaux. Nul doute que les hauts salaires permis par le libéralisme a été un puissant facteur interne de décision.
      Jusqu’ici, le schéma est conforme à celui qui a vu les CCP devenir la BP.
      (La BP a gagné le droit de se faire étriller sur les marchés étrangers, comme une grande, sans oublier le renouvellement de la grille des salaires du haut. Les clients ont gagnés le droit de payer des services autrefois gratuits.)
      Or, le béton spéculatif n’est pas sans risque. Des risques ont été encourus, semble-t-il . Il n’y a là rien d’anormal ni d’irrémissible. Le bilan global restait positif. En réponse à ces difficultés, une soit-disante agence de soit-disantes notations l’a rétrogradé de 3 crans, lui interdisant d’une part d’ émettre des obligations et d’autre part, éventuellement d’emprunter à un taux soutenable. Le gouvernement a réagi en garantissant le C.I.F. ( pas de risque, sauf aventures nouvelles…) et en le laissant mourir lentement.

      Le CIF est sans doute victime de ne pas avoir su résister au miroir aux alouettes. Il est surtout victime de la volonté des « agences » américaines d’imposer un modèle de gestion conforme à l’idéologie libérale.
      Un truc quelconque mais maniant des capitaux qui n’a pas à se soucier de ROE envers les actionnaires est une brèche insupportable. C’est de la concurrence déloyale. A vrai dire le système coopératif est simplement impensé ou inconcevable…

      Il reste le très gros morceau des HLM., spécificité française incompréhensible. Rentrer dans les détails serait fastidieux, mais il semble que le gouvernement précédant ne voulait pas que du bien aux organismes HLM. Et en effet, dans une optique libérale, les HLM, coupables de liens avec l’Etat, font désordre. Démantellement, détricotage ? Trop tôt pour le dire. Commencer par affamer la bête pour prouver que le modéle n’est pas viable est la première étape.

      Paul avait attiré notre attention sur une banque coopérative belge invitée à mourir, alors même que son soutien n’aurait été qu’une fraction infime de l’argent public déversé à perte dans les banques. La raison avancée avait été « Non systémique », plus quelques autres qualificatifs méprisants . « Non systémique » est le code libéral pour dire « mauvais exemple, à éradiquer ».
      Le libéralisme, cette idéologie diffuse mais impérative, est totalitaire.
      ( Diffuse, parce que décentralisée dans les cerveaux des adeptes. Le traité européen est un manuel de libéralisme pratique: les capitaux doivent circuler, les Roms et autres déviants, c’est différent.)

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