L'actualité de la crise : DES PEURS TRÈS RATIONNELLES, par François Leclerc

Billet invité

Mario Draghi vient de préparer le terrain dans Die Zeit en affirmant que « l’accomplissement de notre mandat réclame parfois de dépasser l’usage des outils standards de politique monétaire », en raison des « peurs irrationnelles » alimentant les marchés. Suit une phrase clé mais dérangeante de son texte : « La BCE n’est pas une institution politique, mais sa responsabilité est engagée en tant qu’institution de l’Union européenne », justifiant donc son intervention très décriée par avance. On avait entre-temps appris que le président de la BCE ne se rendrait pas à la réunion mondiale des banques centrales de Jackson Hole, comme d’ailleurs les six autres membres du conseil exécutif. En cause, une préparation du conseil des gouverneurs du 6 septembre prochain qui s’avère très ardue.

À la fois présentée comme la clé de la situation et la source de grands dangers, selon les cas, le projet d’intervention de la BCE continue de faire question. Les gouverneurs ne parviennent pas à peaufiner leur dispositif, une fois entériné le principe d’achats de titres souverains à court terme pour les pays qui demanderaient au FESF/MES à être financièrement aidés et s’engageraient à respecter des contreparties budgétaires. Voilà en tout cas ce que le Financial Times croit pouvoir avancer.

Que se passerait-il si un pays bénéficiant de ces achats venait à sortir des clous se demandent certains, sans doute inspirés par la Grèce ? La BCE pourrait-elle arrêter ses achats au risque de déclencher on ne sait quoi ? Le malheur est qu’aucun mécanisme n’est en mesure de proscrire un tel dérapage et que la BCE est condamnée à jouer son rôle de sauveur en dernier ressort… Au contraire, il est pressenti non sans juste raison qu’une telle situation, déjà intervenue, pourrait à nouveau survenir.

Les banques centrales ne sont pas en mesure de faire marche arrière une fois engagées, ne pouvant que suspendre provisoirement, pour y revenir à l’occasion, leurs programmes de mesures exceptionnelles, comme c’est le cas aussi bien pour la Fed que pour la Banque d’Angleterre ou du Japon. La mission principale des banques centrales n’est plus de lutter contre l’inflation mais de maintenir le système financier à flot par des mesures d’assistance de longue durée destinées aux établissements financiers ainsi qu’aux États. Les limites de ces mesures étant qu’elles ne peuvent pas résoudre l’insolvabilité des uns et des autres et seulement leur procurer des liquidités évitant leur l’effondrement.

Les gouverneurs se penchent aussi sur les effets pervers du mécanisme qui déclencherait automatiquement les achats des obligations d’un pays, une fois celui-ci ayant souscrit aux obligations de rigueur préalables. Faut-il rendre public ou au contraire dissimuler leur mécanisme déclencheur, par exemple le seuil du spread si celui-ci était retenu ? Il faut en tout cas quelque ingénuité pour croire qu’il pourrait être longtemps ignoré par les marchés, dont on ne pourrait éviter qu’ils jouent avec ce nouvel instrument spéculatif… La BCE se trouverait par ailleurs aux prises avec deux impératifs qui pourraient se révéler contradictoires : maîtriser la stabilité des prix et éviter l’effondrement du système !

Mais comment déterminer ce seuil qui mesure le « risque de convertibilité » mis à jour par Mario Draghi, ce moteur de l’exode des capitaux d’un pays afin de se prémunir de leur dépréciation en cas de sortie de celui-ci de la zone euro ? L’issue pourrait être de s’en tenir officiellement à de savants calculs, destinés à rester internes, qui en réalité habilleraient les rapports de force politiques du moment, une grosse entorse à l’intangible principe de l’indépendance de la banque centrale difficilement reconnaissable… Il est bien connu que l’opacité de ses opérations est la condition de l’efficacité d’une banque centrale… De ce point de vue par contre, rien n’a changé.

Des questions d’un autre ordre ont été hier abordées à Berlin entre Angela Merkel et Mario Monti. Ce dernier maintient son point de vue en proposant que le MES dispose d’une licence bancaire, et donc d’un accès à la BCE, tout en n’acceptant pas de devoir s’engager à respecter des conditionnalités pour bénéficier de l’intervention projetée par la banque centrale. Les civilités d’usage avec son hôte expédiées, il a accordé une interview au journal économique italien Il Sole 24 Ore expliquant que les capitaux qui continuent de fuir les pays menacés pour se réfugier en Allemagne contribueront à finalement déclencher une inflation dans celle-ci. Agiter un tel chiffon rouge n’est pas innocent, vu la sensibilité allemande sur la question ! D’autant que 75 milliards d’euros nets ont fuit de l’Espagne en juillet dernier et que les déséquilibres financiers au sein du système Target 2 qui lient les banques centrales nationales de l’Eurosystème accréditent sa menace : la Bundesbank est désormais créancière de près d’un millier de milliards d’euros. On s’interroge gravement sur le bilan de la BCE mais on ferait mieux de le faire sur celui de la Bundesbank (sachant qu’il est prévu au sein de l’Eurosystème une répartition des pertes éventuelles).

Mais Mario Monti se heurte à la crainte du retour au pouvoir de Silvio Berlusconi en 2013 et au rappel d’un précédent fâcheux : ce dernier avait accepté de suivre les recommandations contenues dans une lettre de Jean-Claude Trichet afin que la BCE intervienne en faveur de l’Italie sur le marché obligataire, pour ensuite n’en faire qu’à sa tête et renier ses engagements. Hors de question de renouveler cette expérience et d’abandonner le principe de l’adoption en bonne et due forme d’un accord avec le FESF/MES… Ces discrètes négociations, qui ont été dévoilées dans le Süddeutsche Zeitung, montrent en tout cas que le cas de l’Italie est déjà en cause alors que le sujet est publiquement soigneusement évité.

Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici et Laurent Fabius choisissent bien leur moment pour célébrer d’une seule voix le couple franco-allemand et se raccrocher à la stratégie allemande d’intégration européenne, remettant à plus tard la « croissance » et la « solidarité » qu’ils préconisaient ! Comme en témoigne ce dysfonctionnement financier majeur du cœur même de la monnaie unique, celle-ci est tout simplement à bout de souffle. Mais comment arrêter ces flux de capitaux qui y contribuent et n’ont pas pour origine les peurs irrationnelles que déplore Mario Draghi, mais qui sont au contraire très rationnels et anticipent un éclatement de la zone euro dont les signes se confirment ? En réalisant une Union bancaire dont la conception est déjà une foire d’empoigne ?

66 réponses sur “L'actualité de la crise : DES PEURS TRÈS RATIONNELLES, par François Leclerc”

  1. En réalisant une Union bancaire dont la conception est déjà une foire d’empoigne ?

    Oui. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais c’est le seul moyen de faire comprendre que les banques des pays attaqués seront soutenues, si besoin, par celles des pays qui ne le sont pas.
    L’union bancaire doit faire partie de la négociation globale qui se déroule sous nos yeux mais dont nous ne percevons que des propos convenus et des ballons d’essai.

  2. « Ils » ont fait l’euro, monnaie sans État ni peuple, pour qu’advienne, sinon un peuple, au moins un État, l’État européen dont « ils » rêvent. Oui mais voilà, un État peut de doter d’une monnaie, une monnaie ne peut pas faire naître un État. Il ne suffit pas de constater le manque pour qu’il se comble. Il ne suffit pas de se livrer à toutes sortes de déclarations incantatoires en faveur de « plus d’intégration », « plus d’Europe », « plus de gouvernance européenne »… pour que, comme par magie, l’intégration se réalise. L’euro n’est pas et ne sera jamais une monnaie européenne véritable. Il est un deutschemark déguisé. En tant que tel, et tant que l’Allemagne l’assume, il peut encore durer. Tôt ou tard le déguisement tombera.

    1. Il me semble que vous négligez le fait que les capitalistes qui ont fait l’euro sont fondamentalement des ennemis de l’Etat et ne voient en cet Etat qu’un outil de domination au service du capital, capital qui est, rappelons-le encore une fois, un rapport social.
      L’Etat, dans la crise actuelle du capitalisme sénile, n’est que le moyen de contraindre les prolétaires, c’est à dire la très grande partie de la population.

      1. Les capitalistes n’ont pas fait l’ euro.
        L’euro est né par le traité de Maastricht, signé pour des raisons politiques: les craintes
        nées de l’implosion du bloc de l’Est et d’une Allemagne réunifiée. Il fallait accélérer la
        construction européenne, arrimer l’Allemagne à l’Europe: dans la précipitation, on est
        allé à ce qui paraissait le plus facile, la monnaie unique. Le plus facile, sauf pour l’Alle-
        magne, réticente à l ‘idée d’abandonner le mark.
        Il ne faut jamais oublier que la construction de l’union européenne, effectivement au-
        jourd’hui mal en point, est la leçon tirée de deux guerres mondiales terribles .

    2. @Denis Monod-Broca
      « plus d’intégration », « plus d’Europe », « plus de gouvernance européenne »

      Vous oubliez le « plus de solidarité » que j’ai pu lire quelques centaines de fois ici et ailleurs sans que personne ne définisse précisément en quoi consisterait cette « solidarité ». En essayant de deviner, j’imagine qu’il s’agit de faire payer les dettes de quelqu’un par quelqu’un d’autre, mais il reste à savoir les règles de la loterie qui désignera le ticket gagnant.

      1. De toute façon l’Europe c’est la mort des pauvres pour une évolution Darwiniste qui il me semble est tout a fait idiote

      2. Hé Pignolle ! Va demander aux céréaliers français par exemple c’que ça veut dire la solidarité européenne. Et pis tanktyé va d’mander aux fabricants européens de l’eurofighter c’que ça veut dire la solidarité des contribuables français avec messieurs Dassault père, fils et petit-fils…

      3. C’est pas de la PAC dont vous parlez, quand même?

        Moyen, l’avion du groupe allemagne/angleterre/italie/espagne. Voire gros moyens.

      4. 11 milliards pour l’agriculture française, plus de 20 000 € par exploitation en moyenne, 400 millions rien que pour les quatre plus grands groupes sucriers en 2009, 56 millions pour Doux…, 30 millions pour les banques alimentaires, 20 pour les restaurants du coeur. Et pour un coût net de 80 € par français (110 pour un allemand 90 pour un anglais et un bénef de 90 pour un espagnol, de 220 pour un polonais, 320 pour un grec) uniquement sur le budget européen bien sûr.
        Le rafale c’est juste pour le moment un surcoût de 15 milliards, 500 € par foyer, presque 1% de la dette, pour le contribuable français par rapport à la solution eurofighter. Mais la Grandeur n’a pas de prix.

      5. @vigneron

        Dassault, on en a déjà parlé ici vous et moi.. vous savez très bien que c’est l’Etat qui y est entré au capital de son plein gré.

        Quant à la PAC ce n’est pas de la solidarité mais du clientélisme, et vous le savez, ça aussi, très bien.

      6. @Vigneron

        L’eurofighter est un programme raté. Non seulement il a explosé les prévisions budgétaires sans commune mesure avec le surcoût réel du rafale, plutôt lié d’ailleurs aux tergiversations politiques, mais il est inférieur dans toutes les configurations opérationnelles, sauf peut-être dans l’interception à haute altitude, mais c’est censé être sa spécialité. Voilà l’avis de la cour des comptes Britannique :

        http://www.nao.org.uk/publications/1011/management_of_typhoon_project.aspx

        On peut ne pas aimer la famille Dassault et ses pratiques politiques plus que douteuses (Mélenchon est sur ce point assez critiquable), c’est mon cas, mais le savoir faire de l’entreprise dans son domaine est indéniable.
        Je préfèrerais largement que l’on puisse se passer d’une industrie militaire mais malheureusement vu l’état du monde ce n’est pas le cas. Alors sauf à passer définitivement et totalement sous la dépendance américaine, nous devons préserver la possibilité de nous défendre. Bien entendu, je ne serais pas contre une nationalisation…

        Je suis bien plus circonspect sur les exportations et sur l’industrie de l’armement en général mais encore une fois, avant de se désarmer, faisons en sorte que la géopolitique change. Je renvoie à la conférence de Mélenchon sur ce sujet, sans doute son intervention la plus convaincante et la plus pointue de la campagne, sur la politique extérieure (rééquilibrage avec les pays émergents et notamment, discussion d’un nouveau système monétaire)

      7. Et, Vigneron? Certes çà intéresse principalement les gros, mais il était question de solidarité européenne : contributeur net pour résumer.
        C’est vous, moi etc…qui subventionnons, çà fait juste un aller retour par « bruxelles ».

        Ceci dit, la PAC est dans la ligne de mire de la commission, pas sûr que çà dure encore longtemps. Comme vous le rappelez, c’est plus rentable ailleurs.

        « va d’mander aux fabricants européens de l’eurofighter c’que ça veut dire la solidarité des contribuables français avec messieurs Dassault » puis « Le rafale c’est juste pour le moment un surcoût de 15 milliards pour le contribuable français » vous volez de nouveau pas droit.
        Et l’eurofighter?
        Que je sache,
        -pour le projet rafale est passé de 33 milliards à 44 milliards (pas 15, 11 milliards, +33%) pour un coût de 100-150 millions par bestiole ;
        -pour l’eurofighter, c’est passé de 15 milliards à 43 milliards (pour la part anglaise du projet. De 23 à 43 si on prend l’estimation de 2003) pour un coût de 270 millions par bestiole, ce à quoi s’ajoutent quelques 7 milliards (l’eurofighter n’étant pas adapté pour les portes avions, il lui faut des copains). Selon la cours des comptes britanniques (National Audit Office).

        Au bilan, 43 milliards pour 286 rafales commandés/50 milliards (*) coté anglais pour 216 (dont 160 eurofighters) appareils commandés (en passant, l’heure de vol a été évaluée à 35000 euro pour le rafale, 74000 pour l’eurofighter, et ce dernier).

        Et c’est pas fini : l’eurofighter devrait être adapté pour l’air-sol (adaptation prévue pour 2018), à ajouter aux 50 milliards (n.b. : part anglaise dans le projet, 33% du total).

        C’est d’ailleurs à propos de cette spécialisation (au final coûteuse, pour un projet qui a pris bien du retard) et des (déjà) atermoiements de l’eurofighter que le gouvernement français s’était retiré du projet pour lancer, lui préférant un appareil plus polyvalent, celui du rafale.

        En admettant qu’il faille acheter des avions de chasse : eurofighter, moyen pour de gros moyens.

      8. Un joyau qui révèle parfaitement le policiticien bourgeois:
        Mélenchon le 31 Mars sur la « Défense de la France »
        au très chic « Cercle républicain de Paris »,
        évidemment « au dessus des classes »…

        Il souhaite « un débat sur le système de défense de la France et de ses alliances ».
        « Cela fait partie des questions fondamentales
        sur lequel il doit y avoir accord entre Français », juge-t-il,
        plaçant la défense au dessus des classes!

        Il avait approuvé avec les parlementaires PC du parlement européen
        la boucherie impérialiste en Libye des Rafales
        (dont il raffole par ailleurs et fait la promotion commerciale…)

        Puis vient le rêve de grande puissance impérialiste
        accaparant les richesses de la planète.
        Relevant la rareté de certaines matières premières comme le gaz, le pétrole
        et les autres matériaux rares qui se trouvent sous les mers,
        il conclue: « En tant que deuxième territoire maritime du monde,
        nous devons être la puissance de la découverte de la mer (…)
        car inéluctablement, les conflits de puissance arriveront sur et dans la mer. »
        Il a même souhaité sans rire…
        l’installation d’une « base sous-marine en profondeur »!

        Evidemment, cette « puissance »,
        est le « deuxième territoire maritime du monde »,
        grâce aux massacres et pillages coloniaux,
        colonies que ne cesse de citer Mélenchon et d’assimiler à la « France »!

        Concernant les militaires, Mélenchon défend l’arrêt
        de la baisse des effectifs de l’armée française,
        la seule chose positive que la crise ait obligé Sarko à faire.
        (Le programme du FdG voulait déjà arrêter la baisse des effectifs de police
        et renforcer leurs moyens…)

        Encore des points qui lui donnent raison: « pas révolutionnaire, mais keynésien »,
        autrement dit défenseur des capitalistes,
        pour autant qu’ils soient français…

      9. @Charles

        Vous n’avez pas du écouter toute la conférence, je me permets donc d’en donner le lien :

        http://www.jean-luc-melenchon.fr/2012/03/30/discours-pour-une-defense-souveraine-et-altermondialiste/

        Vous me préviendrez au fait, quand les sept milliards d’habitants de la planète vont donner tous ensemble le coup d’envoi du monde d’après, rendant du coup inutile tout espèce de moyens de défense. Ce jour là je viendrai en personne admettre que j’ai eu tort. Mais d’ici là, on va faire pour le mieux avec les contraintes qui se posent et notamment essayer de faire en sorte de sortir de l’impérialisme, ce qui nécessite déjà de neutraliser celui qui domine la planète, avec son concours si possible (sans doute faudra il le mettre devant l’impossibilité de refuser donc lui présenter un bloc non aligné : l’Union et au moins certains pays émergents). A partir de là, on pourra envisager un véritable changement de société…

      10. Exact. Je n’ai extrait que quelques pépites de la défense
        du capitalisme franchouillard.
        Renforcer l’impérialisme français ou européen
        n’est que le projet du capital français, Dassault et cie,
        aucunement le moyen de lutter pour la paix et le socialisme.
        Mais les politiciens bourgeois du FdG n’ont jamais démontré,
        au service direct du capital ou dans l’ « opposition »
        qu’ils se préocupaient de l’un ou de l’autre,
        en dehors des discours dans la lutte des places.

    3. Par votre « ils », il faut surtout lire Mitterrand et les socialistes francais qui ont impose euro a Kohl, et accessoirement, en passant par Giscard, Chirac, jusqu a aujourdhui, car l euro comme concurrent du dollar, idem les etats unis d europe, etait principallement une idee francaise, Allemagne tres traumatisee par la guerre se taisait et payait pour PAC etc. Il suffit de lire les archives des journaux depuis des annees soixantes, tout y est…
      Et comme dit Jarrige si justement, l Allemagne reunifiee faisait tres peur a l epoque deja et maintenant encore plus car elle fait comme elle veut, refuse des idees francaises.
      D ailleurs il faut se rendre, malheureusement, compte qu il n y a que deux super grands pays puissants en Europe, Allemagne et Russie.
      Si Allemagne refuse la solidarite, c a dire de payer les dettes pour tout le monde et sorte de l euro, elle va perdre bc c est sur, mais pas mourir, elle regarde deja a l est proche ou lointant…

  3. Sans rapport avec cet article mais comme je sais que ce blog suit de près les informations sur Fukushima , un nouvel article paru le 28 aoüt dernier qui m’écoeure :Problèmes de thyroïde à Fukushima : une population cobaye . Pour résumer , le gouvernement empêche tout examen médical aux habitants souffrant de pathologies susceptibles d’être imputées à la radiactivité afin de ne pas fausser les chiffres officiels . http://fukushima.over-blog.fr/

  4. Il est bien connu que l’opacité de ses opérations est la condition de l’efficacité d’une banque centrale…

    Excusez ma naïveté de profane, est-ce de l’ironie ou est-ce à prendre au premier degré ?
    Dans les deux cas, une petite justification aiderait à mieux comprendre le propos.

    Je suppose que tout dépend du but pour lequel un BC doit être « efficace ».

    1. L’opacité qui entoure les décisions d’un organisme sur lequel ne s’exerce aucun contrôle démocratique peut-il être considéré au nom d’une efficacité d’ailleurs très relative comme une qualité ? Quel est ce système d’initiés qui ne peut vivre sans celle-ci, depuis le shadow banking jusqu’au mystère organisé dans lequel baignent les banques centrales ?

      1. Ah, il s’agissait donc bien d’ironie. 🙂
        Merci pour cette explication.

        J’aprécie aussi la réaffirmation que la transparence et le contrôle des acteurs de (tous les) pouvoir(s) est un des fondamentaux pour une organisation qui doit être du peuple, par le peuple et pour le peuple.

      2. on dirait qu’on se prépare pour le combat à mains nues
        sans règles plus de civilités
        ça risque de saigner
        bref on est en dépassement de limites
        clairement quand on a passé les bornes on ne va pas éviter la crue de la rivière avec un seau et une serpillère

  5. 2003 Voyage en avion vers Marrakech depuis Bxl. Assise à côté d’un médecin marocain qui me dit : » Jusqu’à présent, l’Andalousie et le Nord marocain se développaient de concert. Avec l’€, l’équilibre est rompu ». C’est comme si personne dans les hautes instances n’avait réfléchi aux effets pervers de l’adoption du DM jusqu’aux confins de l’Europe. Lui avait vu immédiatement.

  6. 5 ans de dénégations hypocrites et de demi-mesures pour en arriver à faire ce qu’il aurait fallu décider dès le début de la crise de l’euro, assorti bien entendu d’un contrôle des capitaux et d’une restructuration du secteur financier. L’intervention de la BCE est incontournable pour sortir de la crise, mais ce n’est qu’un des éléments de la solution. Vu le temps qu’il a fallu pour accéder à la première étape et les dégâts occasionnés par cette crispation dogmatique, on peut être inquiet pour la suite…

      1. Donc, cela va mal finir en eurozone…
        De toute facon c est ubuesge !
        S il y a une union politique, fiscale, monetaire, solidaire a la francaise avec les transfers allemands ad eternam, le voudront ils ? Si cette union est a l idee allemande, les autres la voudront ils ?
        Si il a une sortie de certains pays d eurozone, le voudront ils, ou comment seront ils jetes dehors, aucune clause ne regle la sortie ?

  7. Derrière cette notion d’opacité se cache la perpétuelle quête de la confiance. C’est ce jeu d’arnaque qui fait tout le sel du fonctionnement du système financier. Sans la nécessaire tromperie il ne peut exister. Le seul problème aujourd’hui c’est justement la perte de cette confiance. Cela fuit de toutes part !
    Merci François Leclerc pour ces éclaircissements et ce débroussaillage nécessaire.

  8. L’Euro est irréversible. C’est Hollande qui l’a dit, donc je suis rassuré.

    Mais j’étais déjà convaincu que ça allait de soi, et ce n’est pas la peine de me répéter tous les jours que l’eau mouille

    En plus Rajoy dit qu’il est d’accord. J’aimerais quand même bien que Merkel et Monti confirment.

  9. Nos sociétés ont aussi des peurs pas très rationnelles dont l’esprit anti-nucléaire des Verts et écologistes est l’exemple le plus achevé. Je n’ai guère lu d’analyses très fondées en raison de l’accident de Fukushima. Il me semble que le souci de rentabilité a prévalu à court terme au détriment de la sécurité, de plus aucune centrale nucléaire ne devrait être construite à des endroits pareils.

    1. @ cording

      J’ai une hypothèse. Vous vous ennuyez, madame est encore en vacances, alors vous vous dites : « Tiens, pour passer une soirée chaotique, si j’allais dire n’importe quoi sur le blog à Jorion ? »

      1. En matière de n’importe quoi vous êtes assez doué!
        Je vous accorde bien volontiers le 1er prix!

      2. ne plaisantez pas avec çà Renard
        Cording était à Fukushima

        Je n’ai guère lu d’analyses très fondées en raison de l’accident de Fukushima.

        C’est clair , non ?

  10. Déjà en 1965, de Gaulle disait « ce n’est pas en sautant comme un cabri sur sa chaise et en criant : l’Europe, l’Europe que les choses avanceront. Je pense qu’il avait raison et cela il y avait 50 ans.. Apparemment nos « Hommes Politiques » n’ont rien entendu depuis!!!.

  11. Le MES n’est-il pas autre chose qu’un hedge fund européen basé au Luxembourg ?
    Caractéristiques :
    – dispositif de rehausseur de crédit, assurance des 20 ou 25 % des premières pertes (projet), rappel sur Dexia et sa filiale US de rehaussement
    – un dispositif de type CDO : création de un ou plusieurs fonds de co-investissement (FCI) public/privé intervenant sur les marchés primaire et/ou secondaire.
    – effet de levier de 4 ou 5
    – ESBPF (European Sovereign Bond Protection Facility) : chargée de mettre en oeuvre le dispositif de rehaussement de crédit et d’émettre les certificats de protection.
    -possibilité de créer des produits structurés (titrisation)

  12. Voici le détail des nouvelles mesure de destruction de la Grèce:

    Que cherchent ils?La révolution?

    Merci l’Euro et l’Europe néolibérale,un vrai scandale.

    Nouveau schéma de réserve d’emploi. 35 000 à 45 000 fonctionnaires seront placés pendant trois ans sous ce régime et toucheront 65% (ou 75%) de leur salaire de base. Ils seront licenciés au bout de ces trois ans.
    L’objectif de cette mesure est le licenciement de 150 000 agents d’ici 2015.
    Les primes de Noël, Pâques et de congés seront supprimées.
    Reduction de 10 à 30% du pécule (somme cotisée comme la retraite mais versée en une seule fois au moment de la cessation d’activité) de 23 caisses de retraites. La réduction atteindrait 40% pour certaines caisses.
    Contribution d’1% du montant de la retraite pour tous ceux qui ont déjà perçu leur pécule. Contribution évidemment établie indépendamment du niveau des retraites et des autres coupes. Cette mesure concernerait à peu près 800 000 travailleurs.
    Reduction échelonnée des retraites.
    Le projet étudié par le gouvernement réduirait toutes les pensions de retraites supérieures à 600 ou 700 euros.
    Pour les retraites les plus faibles la réduction serait de 1 à 2%. Pour une retraite proche de 1000€ la coupe serait de 5% tandis que pour une pension de 2000€ la réduction atteindrait 20%. Pour les pensions supérieures à 2000€ le taux augmenterait, et un plafond pourrait être institué (on parle de 2500€).
    Les retraites de l’OGA, les assurances agricoles, pourraient également être réduites.
    Un prélèvement supplémentaire sera institué sur les retraites complémentaires suppérieures à 400€. On parle d’une réduction de 8 à 12% si la retraite ne dépasse pas 1000€, et de 15 à 20% au-delà.
    La grille unique de salaires sera étendues aux entreprises d’utilité publique (DEKO), ce qui implique des réductions de salaires allant jusqu’à 35% (!)
    Les allocations sociales liées aux revenus ainsi que les pensions versées aux femmes célibataires seront réduites.
    La fusion et privatisation d’une cinquantaine d’organismes publics.
    Seront privatisés entre autres la loterie nationale, l’ancien aéroport, les compagnies de gaz, d’électricité et d’eau, la compagnie de gestion de l’autoroute, les ports qui sont encore publics, l’ensemble des banques dans lesquels l’Etat grec a encore des parts, divers terrains à Corfu et Rhodes, ainsi que 28 immeubles appartenant à l’Etat.
    Enfin les grilles de salaire spéciales devraient être revues à la baisse, mais les différentes parties de la coalition n’ont pas encore pu s’accorder sur la mesure à adopter pour les 200 000 agents concernés par cette mesure.

    http://blogs.mediapart.fr/blog/mehdi-zaaf/290812/grece-les-nouvelles-mesures-dausterite

    1. L’Eglise Orthodoxe accepte enfin de payer des impôts sur ses biens immobiliers, allant jusqu’à proposer de remonter à 10 ans en arrière.
      Les armateurs grecs ont décidé de faire de même afin de réduire la souffrance du peuple.

      Non, désolé, c’était un rêve idiot …

  13. et la Bête se réveille, sous l’oeil endormi des Européens..

    Les nazis du XXIe siècle
    30 août 2012
    The Independent Londres

    http://www.presseurop.eu/fr/content/article/2607371-les-nazis-du-xxie-siecle

    L’inquiétante montée de la xénophobie,et des boucs émissaires, immigrés, juifs,homosexuels, handicapés, ça rappelle furieusement l’Allemagne des années 20-30..on sait comment ça a fini..
    on nous avait dit que l’Europe nous protégerait des démons du passé, j’ai comme l’impression, qu’elle les a plutôt réveillés., en acculant le peuple grec avec une dette infernale.

    1. Pas sûr qu’elle fût en train de dormir : il y a quand même l’exemple du défilé annuel d’ancien waffen ss à Riga.

  14. C’est fou, en ce moment on entre dans une crise et on dirait que personne s’est fait des pensées avant sur ce qu’il fallait faire. C’est quoi le role de la BCE maintenant? QU#on nous le dise franchemant plutôt que de loe reinventer tous les deux jours!

    1. L’a pas changé l’rôle de la Bce depuis deux ans, financer les banques contre des titres souverains eurozonards. On en est qu’à 1 350 milliards de titres espagnols, grecs, italiens, irlandais, portugais au total dans l’actif de l’eurosystème, 80% en repo, le reste en achat direct. Encore 7 000 milliards à croquer, on a jamais été si près du bout hein ?

    1. Le FMI félicite l’Islande pour son bras d’honneur aux banquiers
      à lire sur
      http://www.bakchich.info/international/2012/08/27/le-fmi-felicite-lislande-pour-son-bras-dhonneur-aux-banquiers-61619#comment-633506738
      – – –
      Toute honte bue, l’économiste en charge de l’Islande au FMI admet que les insulaires ont fait le bon choix en refusant d’appliquer les cures d’austérité habituellement prescrites par les équipes de Christine Lagarde…
      ____
      un peu de concret . . . face à la désespérance européenne libérale !

      1. http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20120831trib000717168/sortie-de-crise-bons-baisers-d-islande.html
        Alors que la région la plus riche du monde, l’Europe, ne parvient pas à en finir avec la crise économique arrivée des Etats Unis en 2008, il est intéressant de rappeler qu’une île, peuplée de 320 000 habitants, perdue sur le cercle polaire arctique, sans industrie ni agriculture puissante, a été le premier pays européen touché et pourtant celui qui s’en est sorti le mieux. Il s’agit bien sûr de l’Islande.

        bonne nuit les petits !

  15. ESP: F.Hollande, en visite a Madrid, et parfaitement conscient que le Bailout de la France sera celui qui fera suite au Bailout de l’ Espagne, le ‘Por partida doble’ ,a apporte son soutien a la politique economique(?) du gouvernement Rajoy…
    Il a souligne lors de la conference de presse que  » nous voulons que l’ UE prenne les decisions que l’ on attend d’ elle.Il y a un rendez-vous tres important avant la fin de l’ annee, la reunion du Conseil le 19 Octobre, ou se prendront selon lui des ‘ decisions durables’..Nous avons trop remis a demain les decisions cle et cela a provoque des doutes.' » Comme aiment a dire les Espagnols, Oh la la !

  16. Bonsoir je suis ce blog depuis environ 2 ans de manière régulière mais j aimerais comprendre la signification pratique des fuites de capitaux vers l Allemagne hormis le fait de fragiliser un peu plus les banques des pays concernes . Cela protège t il plus les capitaux des épargnants j en doute si on mutualise les pertes ou bien seront ils plus protèges en cas d implosion de l euro merci

    1. Si l’Espagne devait quitter la zone euro, par exemple, les dépôts seraient convertis en pesetas dévalués par rapport à l’euro. Pour se prémunir contre cette perte potentielle, il suffit de les rapatrier vers les banques d’un pays qui ne risque pas d’en sortir.

      1. Feraient mieux d’acheter du dollar ou du Franc suisse ces nazes… sans compter que les euros espagnols dans les banques allemandes après une sortie de l’Espagne de l’eurosystème, mouais, c’est pas la sécurité sociale…

      2. D’où des difficultés accrues pour les banques espagnoles,et un grand écart grandissant entre
        l’Espagne et l’Allemagne.Pour éviter ce genre d’absurdité il faut sans doute une forme de
        solidarité organisée au plan européen:pas facile apparemment d’y arriver…

  17. faudrait qu’il puisse se définir ce qui est le réel objet du sauvetage

    sinon ce n’est pas de sauver qu’il s’agit.

    1. L’objet du sauvetage ? Les banques et assurances européennes, plus les États européens, plus la plus grande zone de libre-échange de l’Histoire, plus une monnaie de réserve internationale, plus les créanciers, plus les débiteurs, plus le système économique et politique qui va avec tout ça, bref le capitalisme quoi…

  18. Dans les réflexions que l’on fait sur la crise actuelle il me semble qu’une erreur existe, très
    pernicieuse: celle que la crise serait générale, une crise du capitalisme mondial pour faire.
    court.
    La crise n’est pas générale, ou plutôt elle n’est pas la même partout, ni de même forme ni
    de même degré. Ainsi n’est-il pas pareil de voir sa croissance ralentir de 10 à 7% ( comme
    la Chine, pour qui d’ailleurs ce ralentissement est peut-être un bien, puisqu’on a dit qu’une
    des craintes des gouvernants chinois, au début des années 2000 était une surchauffe de
    leur économie), ou de connaître une récession de -10 ou -15% comme la Grèce.
    Si la crise était générale , et donc sans issue, croit-on qu’on aurait entrepris le doublement
    du Canal de Panama, comme c’est le cas, que le Canada exploiterait avec frénésie ses
    schistes bitumineux, et les Américains leur gaz de schiste, et même la Norvège, vertueuse
    et soucieuse d’éc ologie, négocierait avec les compagnies pétrolières les permis d’exploi*
    tation dans l’Océan Arctique ?
    Nous sommes dans une compétition économique qui s’est exacerbée, et où il y a déjà des
    vainqueurs et des vaincus. Y compris dans la zone euro.
    Quant à la question écologique, la question centrale de l’écologie, à savoir est-ce que nous
    sommes en train d’épuiser les ressources naturelles, elle ne se pose pas. Je veux dire qu’elle
    ne se pose pas réellement puique la seule façon d’y répondre réellement serait de vivre au
    fin fond des forêts comme des anachorètes.

      1. Les anachorètes, c’était ironique, et un peu poussé,bien sûr…

        Je veux dire simplement qu’avec 7 milliards de terriens et qui
        veulent consommer, il n’y a aucune solution écologique actuelle
        qui tienne la route.

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