L'actualité de la crise : LE FOND DE LA CHINE N'EST PAS ROUGE, par François Leclerc

Billet invité

1ère partie

Dès le début de la crise économique occidentale, en soutien d’une croissance qu’elle menaçait, le gouvernement chinois a épaulé l’économie du pays. Non pas par la voie du déficit budgétaire, mais en injectant massivement des liquidités via la Banque centrale : 600 milliards de dollars en deux ans. L’effet n’a pas tardé, sous forme de l’apparition d’une substantielle bulle financière. De 20 à 25 % de ces liquidités ont en effet été dans l’euphorie investies en bourse, suscitant des hausses record. Une bulle immobilière a de son côté enflé, les prix des logements neufs ont grimpé en flèche sur le marché, 60 millions d’entre eux étant aujourd’hui inoccupés.

Devant faire face à une augmentation des défauts de remboursement de leurs crédits, notamment de la part des collectivités locales qui ont crée des sociétés urbaines de développement et d’investissement pour emprunter sans compter, les grandes banques publiques ont sur instruction gouvernementale organisé le roulement des dettes pour ne pas constater de trop lourdes pertes en procédant à la restructuration d’une proportion inconnue des dettes des collectivités, qui s’élevaient à près de 1.300 milliards d’euros fin 2010, dont la moitié venait prochainement à échéance.

Il a ensuite été nécessaire de recapitaliser les banques. Des structures d’investissement, sortes de bad banks, ont été créées par le gouvernement, avec pour mission d’emprunter à taux réduit aux banques, pour en retour acheter leurs actifs douteux. Dispositif complémentaire, les banques ont bénéficié d’un important différentiel de taux entre celui qu’elles accordent aux dépôts de leur clientèle – souvent négatif, compte-tenu de l’inflation – et celui qu’elles pratiquent dans le cadre de leur politique de crédit. Elles ont ainsi rapidement dégagé des profits pour les affecter au renforcement de leurs fonds propres. Les particuliers, qui finançaient ainsi les largesses des banques, se sont retournés vers les circuits florissants de la banque parallèle, où ils trouvent de meilleurs rendements pour leur épargne.

Cette machinerie a ses limites, car si le gouvernement favorise le maintien de taux faibles, afin de rendre plus aisé le roulement des dettes et de permettre aux banques de dégager d’importantes marges, il faudra bien un jour constater les pertes des banques. En attendant, les transferts financiers qui sont opérés au détriment des déposants font obstacle au développement du marché intérieur.

L’État a soutenu l’économie afin de faire face à la crise occidentale, mais il faudrait qu’un relais intervienne rapidement pour soutenir la croissance. Si d’importants surplus à l’exportation ne peuvent pas continuer à être dégagés, un développement de la consommation intérieure devrait intervenir pour soutenir une industrie de transformation qui exporte actuellement environ 50 % de sa production. Mais, dans la pratique, l’essor du marché intérieur est beaucoup plus lent que le perceptible et durable déclin des exportations et la baisse de la croissance qui en résultent déjà.

Par ailleurs, ce n’est pas la politique de grands travaux d’infrastructures (autoroutes, chemins de fer à grande vitesse et aéroports) – dont beaucoup sont d’une utilité économique discutable – qui va le permettre. Pas plus que vont y contribuer les pertes que les banques vont éponger, qui vont restreindre l’enveloppe des crédits destinés au secteur productif de l’économie.

Le fossé entre les deux Chines – celle qui connait un développement économique intensif et la Chine rurale et paysanne, réservoir de main d’œuvre en exode vers la première – risque fort de s’agrandir. Comme tous les pays du BRICS, la Chine s’est engagée dans un modèle de développement très déséquilibré, sur lequel il est difficile de revenir une fois le pli pris. Celui-ci n’est pas seulement source d’une grande injustice sociale, mais il s’est également révélé à l’origine d’un très grand déséquilibre – cette fois-ci mondial – héritage des bienfaits d’une mondialisation réalisée sous des auspices financiers de mauvais conseil. Les occidentaux voudraient revenir dessus par des mesures monétaires, en obtenant une réévaluation du yuan, en attendant qu’un nouveau modèle de développement soit adopté. Ils cherchent à accélérer un processus que les dirigeants chinois tentent de contrôler en l’inscrivant dans la durée.

Mais si ni les exportations, ni le développement du marché intérieur ne prennent le relais, la question se pose de savoir combien de temps la croissance, qui commence à fléchir, va pouvoir être maintenue au rythme actuel et grâce aux moyens qui sont déployés, même en prenant en compte les colossaux surplus commerciaux engrangés. Dans le cas contraire, de gigantesques problèmes sociaux pourraient menacer le régime. Une perspective que Wen Jiabao, le premier ministre sur le départ, a voulu rappeler en invoquant le spectre d’une nouvelle Révolution culturelle.

Les mirifiques surplus commerciaux chinois ne règlent pas tout. D’autant qu’une partie importante des réserves, estimées à 3,2 milliers de milliards de dollars, a été utilisée pour acheter de la dette américaine, et secondairement européenne, finançant ainsi les marchés à l’export de la Chine qui en avaient bien besoin (et aujourd’hui encore davantage). Ne pouvant et ne voulant plus acheter des dollars au rythme d’environ 400 milliards par an, pesant ainsi à la baisse sur le taux américain, le gouvernement chinois doit se préparer à enregistrer une hausse des taux obligataires, et par voie de conséquence une baisse de la valeur des titres qu’elle détient, ce qui diminuera ses réserves et restreindra ses marges de manœuvre.

Par ailleurs, l’endettement public du pays a beaucoup augmenté, même si les créanciers sont nationaux. Au total – État, collectivités locales, grandes entreprises publiques, etc. – on avoisinerait 60 % du PIB, selon des estimations ne prenant pas en compte les activités financières parallèles. Même dans un pays comme la Chine, une telle situation pourrait devenir problématique si elle s’accentuait exagérément.

(à suivre…)

75 réponses sur “L'actualité de la crise : LE FOND DE LA CHINE N'EST PAS ROUGE, par François Leclerc”

  1. Et oui difficile de jongler avec le pic pétrolier de 2005 … même pour les chinois.
    Pas de miracle en vue. Juste un dernier shoot au gaz de schiste, et encore …

  2. Je suis tout triste d’apprendre l’affreux drame qui aujourd’hui secoue la Belgique et mes amis Belges.
    Mes pensées vont vers les familles éprouvées.
    Bon courage!

    Jean-Claude du Canada

  3. Le yuan ou le renminbi n’étant pas convertible, la fuite de capitaux chinois n’est pas à craindre, la banque centrale chinoise peut se permettre bien des choses que les autres pays ne pourrait faire. Ils peuvent en imprimer à volonté et c’est d’ailleurs ce qu’ils font, c’est une composante d’une inflation forte qui n’est pas vraiment un problème. Les chinois sont d’ailleurs de très gros acheteurs d’or, d’argent-métal et de produits de luxe.
    Puisque la Chine se veut l’usine du monde elle pourrait connaître une grève des travailleurs de l’usine pour obtenir de meilleures conditions de travail et un partage des bénefs plus équitable… Mais il passera de l’eau sous les ponts avant de voir ça,le gouvernement dispose de nombreuses cartouches (économiques, et réelles si besoin) pour y parer.
    Ce qui me paraît plus embêtant est cette espèce d’impérialisme économique rampant consistant à implanter partout de discrètes entreprises, et surtout dans le tiers-monde, sorte de far-west chinois.
    S’ils ne savent que faire de leurs 3200 milliards de réserve, ils pourraient prêter à vue 100 000 dollars à 20 ou 50 millions de chinois pauvres avec un billet aller simple pour les USA. Nul doute que l’opération serait intéressantes pour les deux parties.

    1. « une grève des travailleurs de l’usine pour obtenir de meilleures conditions de travail et un partage des bénefs plus équitable »

      Ce qui amènera une augmentation du prix des matières premières et énergies…

      A un moment donné il faudra la regarder en face, l’unique cause de tout nos problèmes…
      Avec le chômage tout ça, vous ne voyez pas que le problème n’est plus l’innovation ou bien la productivité ou même le partage.

      Il y a plus les gars, il y a déjà plus à bouffer pour tout le monde…La planète est à genoux…

      1. @jean jean
        le problème n’est plus l’innovation, il y a déjà plus à bouffer pour tout le monde…La planète est à genoux…
        Désolé Jean, mais au contraire c’est le moment de l’innovation pour réduire la consommation d’énergie , et voir l’agriculture d’un œil différent .La planète nous montre ses limites à nous de comprendre son message , bien à vous.

      2. @Ardéchoix : Sans pétrole à bon marché, l’agriculture ne peut produire que 40% de ce qu’elle produit actuellement. 1er Résultat du raisonnement : Il y a « 3 milliards d’humains en trop… »
        Je n’ose aller plus loin dans ce raisonnement.

      3. Insupportable de lire aussi ici tant de lieux communs. La Terre est capable de nourrir 10 ou 20 milliards de personnes. La question intéressante, c’est avec quelle alimentation: certainement pas avec le régime carné occidental.

        En passant, c’est donc encore une fois un problème de redistribution de la richesse… alimentaire. Les lecteurs de Paul Jorion devraient connaitre ce genre de problématique.

      4. @vincent
        il reste encore beaucoup de moyen pour produire plus dans de petites exploitations , ou la vente sera de proximité sans l’appel aux grandes surfaces ,avec à la clé de meilleurs marges pour l’agriculteur. Par contre fini les légumes hors saison , l’innovation ne peut percer que lorsque le marché est demandeur , donc le pétrole à bon marché était un frein a l’innovation , nous voila donc devant un problème, à nous de le résoudre .Exemple quel est le problème de la voiture électrique ? l’autonomie de sa batterie , et bien arrêtons de recharger les batteries tous les 100kms , mais changeons la batterie vide contre une pleine avec un contrat de location , style bouteille de gaz .Sur un système bien étudié , par dessous des véhicules ,cela pourrait prendre moins de cinq minutes ,idem un plein essence et comme y dissent chez nous « et roule ma poule »

      5. @Vincent

        La part des énergie fossile pour l’agriculture en France : 2.5%.
        Produire des aliments ne posera pas de problème, les transporter oui.

      6. à Ardéchoix
        Je prône cette solution technique de batteries interchangeable depuis quelques temps sur différents sites sans en avoir jamais eu d’écho favorable !
        Dans mon idées, les stations services seraient équipées de capteurs solaire et d’éoliennes pour la recharge ce qui permettrait de s’affranchir du caractère intermittent de ces sources d’énergie . . . Du coup pas besoin de se brancher sur un réseau qui est déséquilibré irrégulièrement par ce type de sources imprévisible . . .
        Une des objection récurrentes que j’ai reçue est la nature fort polluante des batteries et donc de leur recyclage

    2. La chine est comme une jeune entreprise en développement elle n’a d’autre choix que de foncer et chercher des marges à l’extérieur , elle doit conserver ses bénéfices pour croitre et améliorer le sort de sa population , elle est dans une dynamique qui est éteinte en europe.
      Beaucoup de problèmes peuvent y arriver mais sa dynamique pourra les contourner , ce qui n’est pas le cas en europe , les européens sont morts vivants.

      1. à bertrand,

        la Chine est comme une jeune entreprise en développement…

        En somme, l’entreprise en développement serait l’avenir de l’humanité. Misère !

        Je suis toujours surpris de voir comme nombre de commentateurs attribuent le malheureux déclin de l’économie, ou de la civilisation, occidentale à la finance.
        L’économie réelle, celle des entreprises qui produisent et commercialisent des biens (équitables ?) c’est le capitalisme.
        Y aurait-il un bon capitalisme et un mauvais capitalisme ?
        As-t-on jamais vu le capitalisme rechercher des bénéfices pour « améliorer le sort de la population » ?

      2. Il faut ajouter que d’énormes besoins de financement seront nécessaires en chine qui pourraient assécher la liquidité dans le monde entier ou faire basculer les taux en hyperhausse.

      3. L’europe est zombifiée ? alors que dire de la chine qui fait les m^mes erreurs que les européens à une vitesse effarante ?

        je ne suis pas sur que la chine s’en sorte mieux , l’europe a eu un developpement relativement homogene qui a permis une évolution sans trop de « maillons faibles » , les décalages en chine sont trop important pour etre rattraper .

        au mieux le futur de la chine c’est le brésil , l’afrique du sud si les usa le permettent

    3. Les Us sont déjà d’accord : ils promettent un visa aux chinois qui viendraient acheter une maison aux US, mais il y a un hic : pas le droit de travailler…

  4. Je m’étonne que personne n’ait encore relaté ceci en ces lieux :

    MEA CULPA – « Pourquoi je quitte Goldman Sachs »

    « Les clients de M. Smith ne sont pas des petits porteurs. Il dit avoir conseillé, au fil de sa carrière, deux des principaux hedge funds de la planète, cinq des plus grands gestionnaires de portefeuilles américains et trois des plus importants fonds souverains du Moyen-Orient et d’Asie. « Mes clients représentent un portefeuille total de plus d’un millier de milliards de dollars », écrit-il. »

    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/03/14/mea-culpa-pourquoi-je-quitte-goldman-sachs/

  5. Merci, François.
    « en injectant massivement des liquidités via la Banque centrale : 600 milliards de dollars en deux ans. L’effet n’a pas tardé, sous forme de l’apparition d’une substantielle bulle financière. De 20 à 25 % de ces liquidités ont en effet été dans l’euphorie investies en bourse, suscitant des hausses record. »
    Magnifique illustration de la Chine des classes sociales ! C’est magique comme la société de prédation reste spontanée dans l’espèce humaine.
    « Partagez également les richesses d’une ville, et dans un an vous y verrez à nouveau des riches et des pauvres, et l’inégalité revenue. » Cet argument que nous opposent les réalistes et les libéraux désigne tout simplement le défi de la civilisation pour notre espèce!
    Comme disait Paul, on a bien légiféré contre le désir atavique de tuer.
    On devra un jour, sous peine de mentir à notre dignité et à notre intelligence, légiférer contre les mécanismes spontanés, que certains voudraient naturels et par là intangibles, de la concentration des richesses.

  6. Quand les rats quittent le navire ?
    Ici, un article du Monde à propos d’un salarié de GS qui explique avec fracas les raisons de son départ de la firme. L’accusant de toutes les turpitudes.
    Dommage qu’on ait comme l’impression qu’il y a derrière tout ça un règlement de compte.
    Mais si c’était – un peu – l’amorce de quelque chose ?

  7. L’économie chinoise se comporte de plus en plus comme une quelconque économie occidentale…

    1. Les terres rares qui entrent dans la composition des éoliennes sont elles-mêmes polluantes.
      Misère !
      Le monde tourne en rond dans la nuit.

  8. « Ne pouvant et ne voulant plus acheter des dollars au rythme d’environ 400 milliards par an, pesant ainsi à la baisse sur le taux américain, le gouvernement chinois doit se préparer à enregistrer une hausse des taux obligataires, et par voie de conséquence une baisse de la valeur des titres qu’elle détient, ce qui diminuera ses réserves et restreindra ses marges de manœuvre. »
    J’ai relu plusieurs fois ce et j’avoue ne pas comprendre :
    Chine achète moins de dollars = baisse du taux us (quel taux ?) = hausse du taux obligataire = baisse de la valeur des titres qu’elle détient.

    Une bonne âme pourrait m’éclairer ?
    Merci bcp pour cet excellent article (ils le sont tous).

    1. Cher homonyme,

      Si je comprends bien ce que veut dire F.L., si la Chine arrête d’acheter des bons du trésor US en dollars, cela veut dire que la demande pour ceux-ci baissera, et donc le gouvernement U.S. devra augmenter les taux auxquels il emprunte s’il veut trouver des préteurs. Si ces taux augmentent, cela veut dire que les bons du trésor précédemment émis à un taux inférieur subiront une décote, ils vaudront moins. Et par conséquent la Chine se retrouvera détenir des titres américains qui vaudront moins que précédemment. Ce qui, bien sûr, ne la mettra pas dans un état d’extase profonde, raison pour laquelle, pour en revenir au début du raisonnement, elle est, comme qui dirait, condamnée à continuer à acheter des bons du trésor U.S. même si elle ne peut plus se le permettre. Ce qui veut dire que si le fond de la Chine n’est pas rouge, elle risque quand même de se retrouver dans le rouge (et les U.S. aussi et finalement nous également, parce qu’on se tient tous par la barbichette). In other words, we are not out of the inn…

      Petit message au modérateur : y aurait pas un truc pour éviter qu’il y ait plein de Thierry (ou d’Oscar, ou d’Alfred) différents sur ce blog ?

      1. Petit message au modérateur : y aurait pas un truc pour éviter qu’il y ait plein de Thierry […] différents sur ce blog ?

        Le modo a répondu, mais j’aimerais faire remarquer que des distinctions existent déjà : du côté serveur, c’est l’e-mail entre autres distinctions. Mais comme vous parlez sans aucun doute de la distinction côté client, c’est le gravatar qui joue les discriminants, même si l’e-mail est toujours impliqué.

        Bref, la distinction entre les Thierry ci-dessus est quelque part entre [4 carrés, 4 étoiles, 8 triangles] et [n losanges, n triangles] 🙂

    2. La baisse des T-bonds US résulterait d’une moindre demande chinoise, ceci reviendrait à une hausse des taux de ces mêmes T-bonds: Un T-bond à valeur faciale de 100 et à un rendement de 3% (par exemple) rapporte davantage à son acheteur s’il le paye seulement à 90 et s’il peut toucher 3 sur 90, c’est-à-dire 3,3% pour sont investissement. D’où le fait que la hausse des taux suppose la baisse de la valeur de l’actif.

  9. Pour Liszt.fr,

    l’extrait musical utilisé en début de film dans « Seeking Justice » (le Pacte), c’est l’ouverture de  » Didon et Enée » par Haendel.

  10. @LORDON :

    Demain matin il est l’invité de G. Erner sur FR I a 10h :

    http://www.franceinter.fr/emission-service-public-vive-la-depense-publique

    par Guillaume Erner
    du lundi au vendredi de 10h à 11h

    invité(s)
    Frédéric Lordon
    Economiste, directeur de recherche au CNRS, chercheur au Centre de Sociologie Européenne (CSE), signataire du « Manifeste des « économistes atterrés »

    André Orléan
    Directeur de recherche au CNRS, signataire du « Manifeste des « économistes atterrés »

    1. à Lisztfr,

      L’avenir de la France, de l’Europe, et pourquoi pas de l’humanité, passerait-il par le CNRS ?

      1. Emission mal partie puisque personne ne cite J.B Say. A partir de là, c’est foutu.

        On peut discuter de la finance à perte de vue, la problème n’est pas là. Et c’est ce qu’ils font.

        Lordon ne semble pas soutenir la thèse de la fin du capitalisme… il semble croire encore au miracle keynesiens.

      2. Très déçu par cette émission !

        Ils n’ont pas encore acté la fin du capitalisme, c’est ça qui est atterrant.

        Baudelaire dit quelque part, il y a des êtres pour qui il n’existe pas de chemin… et c’est là où nous en sommes, disons pour être optimistes que ce chemin là s’arrête, et qu’il faut créer le suivant en marchant, :

        Il n’y a pas de chemin,

        Le chemin se fait en marchant.

        Antonio Machado

        Je ne supporte plus ce ronron stupide de gens qui n’ont pas compris, qui croient qu’ils vont pouvoir perpétuer leurs petites habitudes ad vitam éternam ! Qu’ils vont pouvoir vivre à l’intérieur dans leur cocon et qu’il suffit de.. faire des efforts etc ! NON ! ce système est idiot et il va falloir se secouer pour trouver la suite ! IL N’Y A PAS DE SOLUTION !

        Toute cette misère de pensée, de projets, d’idées, commence à me porter sur les nerfs ! Pourquoi naître si c’est pour se confiner sous une carapace mentale de cloporte !

  11. Au risque de contredire l’idée que tout va s’écrouler vite en Asie et en Chine on peut observer à la fois les limites et atouts du développement chinois. Il y a certes de nombreuses limites comme la dictature de la bureaucratie monopartidaire et anti-syndicats libres, le muselage de l’information, la politique antiécologie, les inégalités croissantes etc.; mais la Chine continue à bénéficier d’atouts décisifs qui expliquent sa croissance accélérée, le gap ou écart de croissance avec les pays du Nord s’accentuant pour le moment chaque quinquennat davantage , de l’ordre de 7 à 8% par an.
    Les atouts sont paradoxalement au départ une faiblesse par habitant des ressources naturelles et une densité utile élevée par Km carré cultivable qui ont favorisé comme dans les autres pays d’Asie de l’Est la mise en place d’ un Etat stratège ou développeur, selon la théorie du défi démographique d’Esther Boserup. Cet Etat a favorisé d’abord la formation du capital humain (réforme agraire, soins primaires, éducation de base, statut de la femme…) acquis dans la phase socialiste bureaucratique; puis une transition démographique très rapide qui aboutit à une part des 15 à 65 ans et un taux d’emploi très élevés pendant cinq décennies ? (1980-2030); il s’ensuit une baisse de la propension à consommer du fait de la diminution de la part des improductifs inactifs et donc des taux d’épargne et d’investissement élevés supérieurs à 40%. La croissance et la valorisation des exportations ont été systématiquement recherchées par une politique industrielle très efficace, la protection des industries naissantes et un taux de change hypercompétitif.
    L’Asie de l’Est n’a jamais cru à l’hypocrisie libre échangiste qui ne peut être professée que par des économistes néolibéraux négationnistes de l’histoire économique. Les pays qui continuent de croire aux fables du libre échangisme intégral et de la liberté totale des mouvements de capitaux vont devenir progressivement les nouvelles colonies du XXIème siècle, les nouveaux maîtres du monde se situant de plus en plus en Asie de l’Est.
    La Chine ayant maintenu un système bancaire nationalisé peut mettre au pas quand elle veut l’oligarchie financière et mettre alors pleinement la finance au service du développement . Les taux d’endettement restent faibles et surtout sont effacés par la croissance et l’inflation comme en France ou au Japon pendant les 30 glorieuses. Même si le taux de croissance passe de 10 à 8% par an, le niveau de vie moyen continuera à doubler tous les 10 ans.
    La Chine de pays le plus pauvre du monde en 1949 est devenu le premier exportateur mondial en 2008 et sera sans doute la première puissance économique mondiale en parité de pouvoir d’achat avant 2020-25.
    S’il y a eu un développement inégal lié notamment à la colonisation pendant deux siècles il y a aujourd’hui une crise inégale liée notamment aux phases de la transition et de la post-transition démographique ainsi qu’à la prédominance plus ou moins grande des contre vérités dogmatiques sur les pseudo bienfaits de la liberté totale des échanges et mouvements de capitaux. La région la plus touchée par la récession est celle qui a été le plus loin dans la post-transition démographique et dans le dogmatisme conservateur libéral, la zone euro.

    1. Il y a certes de nombreuses limites comme la dictature de la bureaucratie monopartidaire et anti-syndicats libres, le muselage de l’information, la politique antiécologie, les inégalités croissantes etc.

      Des limites au développement ? En êtes vous sûr ? L’expérience chinoise prouve le contraire, le système capitaliste s’y développe sans jeu démocratique, lequel en est plutôt un frein…
      Là où vous voyez des limites, je vois au contraire des atouts au développement.

      La Chine dépend comme tout le monde de ressources non renouvelables. Le jours où le pétrole fera défaut, les entreprises occidentales réfléchirons à deux fois avant de s’y implanter.

      il s’ensuit une baisse de la propension à consommer du fait de la diminution de la part des improductifs inactifs

      C’est quoi des improductifs inactifs ??? il existe des improductifs actifs ? et des productifs inactifs ? C’est l’inverse, un actif consomme plus qu’un inactif, ce dernier ayant peu, voir aucune ressources à consacrer à la consommation.

      1. La dictature politique va contre le développement durable économique, social et écologique. L’extrème droite et une partie de la Droite essaient de faire croire que la dictature accélère la croissance , ce qui est faux, voir le Japon de 1945 à 1975. Pour les dictatures qui produisent des baisses du PIB /habitant, voir l’Afrique depuis 1960 ou l’Amérique latine dans les années 80′.
        Toute richesse économique provient en dernière analyse du travail. Les inactifs et inoccupés qui ne produisent pas ne créent pas de richesses économiquesmais ils consomment et ils sont en général soit de futurs travailleurs (jeunes), soit des travailleurs émérites qui touchent le salaire différé pour lequel ils ont cotisé pendant plusieurs décennies.

      2. @Merlmokeur : Pourtant le parti communiste chinois a, pas ses choix politiques, favorisé la croissance.

        La dictature politique va contre le développement durable économique, social et écologique.

        Je ne pense pas. Je crois au contraire que le capitalisme, le néo-libéralisme est la pire des dictatures, une dictature économique qui ne souffre aucune alternative, plie tout les peuples, soit par la propagande soit par la force, à sa logique. « Le développement durable économique, social et écologique » en est simplement son nouveau masque, son recyclage. On appelle ça le green business.
        Le concept même de « développement durable » est un leurre, il trahit une volonté de maitrise sur la vie et le vivant, une négation du principe même de la vie qui est mouvement perpétuel. Toute tentative de maitrise du vivant est vouée, à plus ou moins long terme, à l’échec.
        Si vous prenez l’exemple des tribus amérindiennes, elles vivaient « durablement », en harmonie avec leur environnement. Elles auraient pu vivre ainsi jusqu’à la fin des temps, seulement une poignée de parias, d’ idéalistes et autres conquérants sont arrivés et leur ont dit : « c’est à nous ».
        Il s’en est suivis un des plus grands massacres dont notre civilisation occidentale a le secret. Et la fondation de l’empire américain (des migrants européens).

        Le développement durable est à la civilisation techno-scientifique ce que la morphine est au cancéreux…

    1. En remplaçant :

      Dès le début de la crise économique occidentale, en soutien d’une croissance qu’elle menaçait, le gouvernement chinois a épaulé l’économie du pays.

      par

      Dès le début de la crise économique occidentale, en soutien d’une croissance chinoise que la crise économique occidentale menaçait, le gouvernement chinois a épaulé l’économie de la Chine.

      serait-ce plus clair (même si plus lourd) ?

  12. Ceci confirme ce que j’ai toujours soutenu:
    Les excédents accumulés par certains n’empêchent en rien les dettes publiques, y compris en Chine et en Allemagne.
    Autrement dit, peu importe que les avoirs financiers soient détenus par des nationaux (comme au Japon, en Chine ou en Italie) ou par des « étrangers », cela ne change rien aux déséquilibres entre les débiteurs et les créanciers dont les écarts ne peuvent que se creuser sans une « restructuration » qui toucherait réellement les créanciers: en clair, une restructuration qui ne serait pas « financée par de la monnaie nouvelle (centrale!)
    Tant que ce financement est central par de la création de monnaie supplémentaire (avec du papier et de l’encre!), on ne peut pas même parler « sérieusement » de restructuration », car les avoirs monétaires de personne n’ont véritablement diminué. Les 100 milliards consentis par les créanciers à la Grèce sont, de fait, financés par un endettement supplémentaire de ces banques d’autant auprès des banques centrales des différents pays.
    De fait, le potentiel hyperinflationniste est énorme dans désormais tous les pays.
    On peut dès lors faire l’hypothèse que ce qui limite le déclenchement de ce potentiel est le fait que le phénomène est universel. Dès lors, pas moyen de quitter une monnaie pour acheter une autre et de se réfugier dans des zones sûres…
    De plus, on peut constater que les pays excédentaires comme la Chine et l’Allemagne, ont beau pu accumuler de formidables réserves de change; ils constateront que cela aura été vain et qu’il ne vont pas pouvoir « récupérer » quoi que ce soit, ni aux USA (pour la Chine par exemple) ni en Europe du Sud (pour l’Allemagne)! Les déficits publics dans ces pays sont aussi élevés (ou presque) que dans les pays à déficit commercial.
    Les détenteurs d’avoirs financiers sont, comme toujours, les rentiers du système et encaissent toujours davantage – financés désormais, pour l’essentiel, par la planche à billets.
    N’oublions pas les montagnes de dollars entreposés dans les coffres des pays pétroliers.
    Et toutes ces liquidités resteront très probablement hors circuit, sauf pour quelques excursions dans des bulles spéculatives pour revenir ensuite dans ces mêmes coffres, car nul ne veut déclencher une hyperinflation qui frapperait au coeur et tous, sauf les dettes publiques qui se réduiraient dans un tel scénario.
    Tant que les banques centrales ne se résolvent pas d’émettre une monnaie fondante (de type SMT) qui ne saurait jamais être stockée, il n’y aura aucun moyen d’entamer le régime féodal et rentier dans lequel nous sommes désormais englués.
    On peut toutefois constater que la situation actuelle est différente des années trente en ce sens que la création de monnaie centrale pourra être continuée sans doute indéfiniment, sans résoudre en rien les problèmes sociaux bien sûr, mais en évitant les effondrements systémiques.
    Si les effondrements qui touchent actuellement la Grèce (« petit pays ») devaient atteindre, comme c’est possible, de grands pays comme l’Espagne, l’Italie et la France, on peut prendre le pari que la BCE ne pourra pas laisser faire, malgré les réticences allemandes. Je prendrai même le pari que la position allemande ne sera même plus défendue par les allemands…

  13. Un commentaire supplémentaire qui comme la moitié de ce fil n’a rien à voir avec l’article: suis je la seule à lire les commentaires des autres avant de poster le mien? Je ne compte pas le nombre de liens en français ou anglais nous renvoyant au type de Goldman. Chacun veut ajouter sa touche perso…pour avoir l’impression d’être unique…franchement…Après ça vient faire des leçons aux jeunes, qui n’écoutent pas, qui n’ont pas de respect des autres, et patati…Commencez par vous réformer vous même comme dirait la sagesse chinoise.
    Merci Monsieur Leclerc. J’ai une question non résolue qui me trotte quand meme dans la tete depuis que j’entends les détracteurs de Paul Jorion lui répéter sans cesse: c’est le capitalisme qui a sorti des millions de chinois de la misere. J’ai encore entendu cette remarque hier à propos du libéralisme et Tocqueville sur France Cul. Y a t il des analyses non partisanes montrant des corrélations quelconques? Dans mon idée c’est l’amélioration des moyens de production qui a permis la sortie massive de la misere.
    Mon autre question: avez vous des lectures à conseiller sur les différentes bulles actuelles en Chine?

    1. « Staline a fait de nous un grand peuple » disaient des soviétiques qui lui attribuaient la victoire de ce qu’ils appelaient « la grande guerre patriotique » contre les armées du III éme Reich. Le pays a connu une industrialisation à marché forcée faisant accéder une paysannerie asservie au statut de prolétariat, assorti d’avantages très substantiels : éducation, santé, logement… Cela a tendance a être trop oublié au profit de la dénonciation du reste.

      Ce n’est pas un chemin différent qui est suivi en Chine, dans un tout autre contexte et à une autre période. Mais on voit aussi de quelles régressions cela s’accompagne dans la Russie d’aujourd’hui. L’Ouest était un rêve aux bienfaits d’autant plus magnifiés qu’ils étaient inaccessibles, ceux-ci n’ont pas profité à tout le monde lorsqu’il a été possible d’y accéder.

      Je n’ai comme sources que la presse et les agences, mais des livres doivent exister, en particulier aux États-Unis.

    2. Dans mon idée c’est l’amélioration des moyens de production qui a permis la sortie massive de la misere.

      D’un autre côté, l’amélioration des moyens de productions a renvoyé une partie de la population dans le décors. Par exemple, là où il fallait 10 personnes pour assembler une voiture, il en faut aujourd’hui 5, voir moins. Que deviennent ces 5 personnes ?
      Concrètement, le système capitaliste peut se passer d’environ 15 à 20% de la population (chiffre approximatif).

      ’ai une question non résolue qui me trotte quand meme dans la tete depuis que j’entends les détracteurs de Paul Jorion lui répéter sans cesse : c’est le capitalisme qui a sorti des millions de chinois de la misere.

      Si ce n’est pas le capitalisme, c’est quoi à votre avis ? Le troc ? Le Kung Fu ? C’est presque l’ensemble de la production occidentale qui a été délocalisé en Chine (main d’œuvre à bas coûts, normes environnementales quasi inexistantes).
      Petite nuance par contre, le capitalisme sort une communauté d’individus de la pauvreté pour jeter l’individu privé de sa communauté dans la misère…

      1. cedric 7693 lisez la réponse que m’a faite François Leclerc.

        Et alors ?
        Si vous voulez, je vais nuancer : la Chine et le capitalisme ont profité mutuellement l’un de l’autre :
        le capitalisme (l’occident) profite d’une main d’œuvre « docile » ; la Chine profite du savoir-faire capitaliste occidental.
        Dire que le capitalisme n’a joué aucun rôle dans le développement de la Chine actuelle est absurde. Mais je reconnais que dire

        c’est le capitalisme qui a sorti des millions de chinois de la misere

        est tout aussi absurde.

  14. Réponse à Vanishing point en direction de listzfr : l’extrait musical en question est de Purcell et non de Haendel ,si c’est bien l’ouverture de Didon et Enée ;pas eu le temps de vérifier ,maintenant
    @23

  15. Le chef du SPD veut  » un pacte pour la croissance « 
    Berlin Correspondant LE MONDE
    Sigmar Gabriel, président du Parti social-démocrate allemand, apporte son soutien à la proposition de M. Hollande

    Agé de 51 ans, Sigmar Gabriel est président du Parti social-démocrate (SPD) allemand depuis l’automne 2009. A ce titre, il est l’un des principaux intervenants du séminaire organisé à Paris les 16 et 17 mars par quatre fondations social-démocrates européennes, à l’issue duquel François Hollande doit prononcer un discours sur l’Europe. Avec Frank-Walter Steinmeier, président du groupe parlementaire du SPD du Bundestag, et Peer Steinbrück, ancien ministre des finances, il est l’un des candidats possibles du SPD pour affronter Angela Merkel aux élections de l’automne 2013.

    Comprenez-vous qu’Angela Merkel ne veuille pas recevoir François Hollande ?

    Non. C’est une grave erreur. Je n’ai rien contre le fait qu’elle soutienne Nicolas Sarkozy : ils sont de la même formation politique et la politique européenne est depuis longtemps devenue une affaire de politique intérieure. Mais la chancelière allemande ne doit pas donner l’impression que la qualité de la relation franco-allemande dépend de la façon dont votent les Français.
    Je trouve scandaleux le comportement des dirigeants de partis et de gouvernements conservateurs européens qui ne veulent pas recevoir François Hollande. Je suis d’autant plus admiratif de sa réaction. Sa sérénité et son assurance face à ces comportements montrent sa véritable envergure. Angela Merkel nuit à l’Allemagne quand elle fait passer la politique partisane avant les intérêts du pays.

    François Hollande veut renégocier le pacte budgétaire, signé par 25 pays de l’UE, s’il est élu. Est-ce naïf, comme l’affirme Peer Steinbrück ?

    Ce n’est absolument pas naïf, car François Hollande ne dit pas qu’il est fondamentalement opposé au pacte fiscal. Il dit, et il a absolument raison, que le pacte n’est que la moitié du chemin que l’Europe doit parcourir.
    Ce qu’il manque dans ce pacte, c’est, par exemple, une juste participation des marchés financiers à la résolution de la crise. C’est une erreur de Mme Merkel et de M. Sarkozy d’interpréter la crise actuelle uniquement en termes de dettes souveraines provoquées par une mauvaise gestion publique des Etats concernés. C’est vrai en partie pour la Grèce, mais l’Espagne, le Portugal, l’Irlande avaient des dettes proportionnellement plus faibles que l’Allemagne. C’est la crise financière qui les a contraints de s’endetter.
    C’est l’une des grandes injustices de cette crise et les gens ne comprennent pas pourquoi les marchés financiers qui sont à l’origine de la crise ne doivent pas participer à sa résolution.
    Deuxième point qui fait défaut dans le pacte fiscal : une initiative pour l’emploi et la croissance à l’échelle européenne. Une génération entière de jeunes sans emploi, c’est une véritable menace pour l’avenir de l’Europe. Mais l’Europe d’aujourd’hui, gouvernée par les conservateurs et les libéraux, ne leur offre aucune perspective.

    Mme Merkel a besoin des voix du SPD pour faire approuver ce pacte en Allemagne. Quelles sont vos conditions ?

    Une chose est sûre : nous voulons que le gouvernement allemand fasse des concessions. Qu’il cesse de s’opposer à une taxe sur les transactions financières et que soit envisagée une initiative pour la croissance et l’emploi. Nous avons besoin d’un second plan Marshall en Europe, notamment pour diminuer le chômage des jeunes.
    Le SPD a accepté l’introduction dans notre Constitution d’un mécanisme dit de frein à la dette. Nous croyons aussi judicieux d’établir des règles strictes en matière de rigueur budgétaire et de désendettement à l’échelle européenne. Mais ces mesures ne suffisent précisément pas.

    Comment stimuler la croissance européenne ?

    Deux exemples : la France et l’Allemagne soutiennent un projet ambitieux, Desertec, destiné à importer de l’énergie solaire en Europe à partir des pays d’Afrique du Nord. C’est un projet gigantesque et intéressant. Toutefois, je pense que l’électricité produite en Afrique devrait être utilisée en premier lieu par les Africains.
    Mais pourquoi ne reprenons-nous pas cette idée pour produire en Europe de l’électricité issue de l’énergie solaire ? Si les énergies renouvelables ont permis de créer 350 000 emplois en Allemagne, imaginez ce que cela pourrait donner à l’échelle européenne !
    Seconde idée : nous pourrions lancer un grand programme d’économies d’énergie en étoffant les réseaux énergétiques européens et en améliorant leur efficacité.

    Jusqu’à présent, le SPD critique la politique européenne d’Angela Merkel, mais l’a toujours soutenue sur le sujet au Bundestag. Comment expliquez-vous cette contradiction ?

    Mme Merkel refuse toujours dans un premier temps ce que nous proposons avant de faire un pas dans cette direction. Et cela se répète tous les trois mois. Il est difficile de ne pas approuver des décisions qui s’inspirent de nos propositions. Mais cela donne l’impression que vous évoquez.
    Prenons par ailleurs le programme de 130 milliards d’euros d’aide à la Grèce. C’est parce que la chancelière a hésité si longtemps que ce programme a atteint une telle ampleur. Devons-nous refuser un plan parce qu’il vient trop tard et est trop limité, au risque de mener la Grèce à la faillite ? Le SPD refuse toujours les positions populistes dans des situations difficiles et prend ses responsabilités.
    Le tragique de la situation est que tout ce qu’on fait maintenant aurait pu l’être, à moindre coût, il y a deux ans. Le reste du monde se demande pourquoi la zone euro est incapable de résoudre une crise dans un pays qui ne représente que 2 % de son PIB. Il y a deux ans, Mme Merkel et M. Sarkozy auraient dû dire : nous, Européens, allons résoudre la crise ensemble. Mais ils ont tergiversé et aujourd’hui certains acteurs spéculent en pariant sur l’éclatement de la zone euro.
    La crise grecque n’est qu’une facette de la situation actuelle. La vraie question est de savoir qui fixe les règles du jeu des marchés financiers mondialisés : les joueurs et les spéculateurs ? Ou la politique ? La question décisive est : l’Europe reste-t-elle unie ou commence-t-elle à se désintégrer à la première difficulté venue ?
    La politique de Mme Merkel ces dernières années nous expose au risque croissant de voir resurgir les vieux ressentiments contre l’Allemagne. Certains ont l’impression en Europe que dès qu’il y a des difficultés, les Allemands ne s’occupent plus des autres. Cette idée, si jamais elle s’ancre, aurait des conséquences à long terme et conduirait à une montée des forces centrifuges en Europe.

    (…)

    M. Hollande propose de taxer à 75 % les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Votre avis ?

    Je ne connais pas assez bien le système français, mais je sais qu’il existe des différences profondes entre nos deux systèmes. Je me méfie des comparaisons simplistes, elles sont en général boiteuses.
    Je sais en revanche que ce qui nous unit est que nous souhaitons plus de justice dans le système fiscal. Nous devons faire attention à ce que les plus faibles ne soient pas les seuls à contribuer à une répartition juste des charges, les plus forts doivent y avoir leur part.

    L’Allemagne est-elle un exemple pour l’Europe ?

    La combinaison allemande de grandes industries et d’un tissu de petites et moyennes entreprises très flexibles et très innovantes enrichit l’économie européenne.
    Mais l’Allemagne doit savoir qu’il y a toujours eu des problèmes quand elle a tenté d’imposer aux autres sa vision des choses. L’histoire montre que l’Europe ne fonctionne que si l’Allemagne ne s’impose pas. Or beaucoup ont actuellement l’impression que Mme Merkel veut dominer l’Europe. Ses successeurs auront à corriger ce sentiment.

    La victoire de François Hollande aurait-elle une signification européenne ?
    Absolument ! Angela Merkel estime qu’on a besoin d’une  » démocratie conforme au marché « . Nous, sociaux-démocrates et socialistes, voulons exactement l’inverse : des marchés conformes à la démocratie. C’est ce qui nous unit avec François Hollande, et c’est pourquoi nous plaçons tant d’espoir dans sa victoire.

    Propos recueillis par Frédéric Lemaître
    © Le Monde

  16. La Chine comme l’ Inde montrent que l’approche économique n’a absolument rien de limitatif dans sa pensée. Il n’est pas question de revenus des habitants ou d’autres questions sociales, au niveau sociétale, de toute façon ils sont complètement dépendants d’un système où la censure règnerait en maître, la Chine par exemple.

    Imaginez qu’une artiste comme Lady Gaga, l’une des plus vendeuses et populaires musiciennes au monde est tout simplement interdite en Chine (Youtube,ect…). C’est à dire que la pensée libérale du commerce salvateur qui va liberaliser les libertés (j’aime bien aussi en abusé), est économiquement absurde au niveau sociétal, surtout pour exploiter de la main d’oeuvre à bas prix (34 heures d’affilés de travail pour certains).

    Le fait que l’intégration de 2 mastodontes dans l’économie mondiale a juste été interpréter comme une équation uniquement vers le haut, comme si l’économie par les émergeants allaient de plus en plus haut, sans penser un seul instant à d’autres conséquences logiques prochaines.

    Quelle est l’énergie qui a permis le développement le plus expansionniste ses derniers siècles ? Le pétrole Co2 (dans l’atmosphère). Il est inconcevable, même irréaliste de croire qu’une énergie non renouvelable, en plus dont les pics ont été dépassé depuis 2006 ou encore dans les années qui suivent (selon différentes les sources).

    La redistribution de ce secteur d’énergie et cette ouverture devaient être obligatoirement anticipé par l’arrivée logique de crises diverses, rien qu’au niveau économique. C’est à dire que économiquement, la prise en compte d’un changement de situation économique, était déjà une réalité. Au lieu de nous répéter, et bien c’est simple, il y a les pays émergeants, bientôt les satellites émergeants, les exoplanètes émergeantes, les galaxies émergeantes, les étoiles filantes émergeantes, certaines rumeurs parlent de mondes parallèles émergeants. Ca n’a aucune réalité économique que de croire à une stabilisation alors que les capacités énergétiques n’y sont pas.

    Les classes moyennes Indiennes ou Chinoises ne peuvent rêver arriver au niveau des classes moyennes occidentales. La Terre n’a pas des capacités de regénération naturelle suffisantes, réalistes tout simplement. C’est un désastre déjà au niveau des classes occidentales.

    Alors il y a deux formes de limitations. La limitation économique. De part l’ultra-dépendance au pétrole (énergie de développement moderne/pic dépassé/non renouvelable), les théories économiques sur l’ouverture de ses marchés n’ont jamais été affiné, jamais était anticipé, jamais remis en cause, le mot dogme paraîtrait même être très doux par rapport à ses réalités. Et bien sûr la limite écologique et climatique, qui font que la planète ne peut supporter ce rythme alors que nous cosommons 5 à 6 fois ses capacités actuellement.

    1. Il serait peut-être temps, judicieux, opportun, stratégiquement correct de détourner la notion de too big to fail au profit de la lutte contre le dérèglement climatique. La « finance » a pu être « sauvée » à coup de milliard de milliard de dollars créés ex abrupto, alors pourquoi pas appliquer la recette à la transition écologique ? La cause en serait autrement légitime . . .
      Et bien peut-être simplement parce que nous sommes face à un rapport de force et pas seulement à un problème de répartition et d’utilisation des ressources et que les raisonnements économiques et écologiques sont voués à le rester si ils n’abordent pas de front le problème politique. (qui ne se résume pas à une élection . . .)
      Ce soir sur radio libertaire, une info parmi d’autres, les européens (chiffres de 1995) dépensent 50 milliard d’euros par an en cigarettes et, l’éducation à l’échelle de toute la planète serait évaluée à 6 milliards . . . Alors, oui notre vaisseau a ses limites, mais à l’intérieur de ces limites il y a de la marge pour répartir les richesses autrement !

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