L'actualité de la crise : LES PETITS COINS SOMBRES DE LA FINANCE, par François Leclerc

Billet invité

Connaissez-vous la petite famille Ibor et ses enfants Libor, Euribor et Tibor ? Si ce n’est pas le cas, c’est bien dommage, car ces indices sont à la base de la pyramide des prêts et servent de référence pour déterminer les taux consentis lors des crédits immobiliers et de l’octroi de cartes de crédit. Plus décisifs encore, ils sont également utilisés avec la même fonction sur le marché des produits dérivés.

Le Libor est le plus important d’entre eux et concerne dix monnaies dont le dollar et la livre sterling. L’Euribor est dédié à l’euro et le Tibor au yen. À lui seul, le Libor gouverne un marché estimé à 350 mille milliards de dollars, ce qui donne toute son importance financière.

Tout allait bien dans le meilleur de ce monde jusqu’à ce qu’un terrible doute se soit insinué dans les têtes, selon lequel ce gigantesque marché pourrait être manipulé dans le cours du processus quotidien de fixation des indices qui le régissent. Enquêtons !

Ce processus est confié à trois grandes associations bancaires – British Banker’s Association, European Banking Federation et Japanese Bankers Association – et échappe au contrôle de tous les régulateurs. Comment fonctionne-t-il ? Dans les trois cas, des banques réunies en un panel communiquent quotidiennement, pour chaque échéance (maturité) et devise donnée, le taux auquel elles sont prêtes à prêter « en blanc » (sans garantie) à d’autres banques. Les offres extrêmes soustraites, la moyenne est ensuite calculée, qui représente le fixing.

Le décor étant planté, quel est l’argument de la pièce ? Révélée il y a juste un an et faisant l’effet d’un coup de tonnerre, une enquête a été engagée par les régulateurs américains, rejoints par leurs homologues britanniques, les japonais et européens (neuf au total), et elle suit actuellement son cours, comme on déclare quand on ne veut rien dire. Avec pour objet – restreint, étant donné l’impact plus global de ces indices du marché interbancaire – de vérifier si les traders de certaines banques n’essayent pas de les influencer et d’en tirer profit sur le marché des produits dérivés.

La responsabilité de banques n’est pas officiellement recherchée. Il a en effet été remarqué que si l’une d’entre elles devait être mise en cause et financièrement sanctionnée, les usages de la profession aboutiraient à des montants tels que cela ne serait pas applicable…

Les sanctions enregistrées à ce jour sont donc limitées, seulement une douzaine de traders ayant vocation de victimes sacrificielles ont été licenciés ou suspendus au sein de Citigroup, UBS, Deutsche Bank, JP Morgan Chase et Royal Bank of Scotland. Une belle brochette si l’on en juge. Il serait également apparu que la pratique de manipulations coordonnées pourrait être plus largement répandue et concerner non seulement le monde bancaire, mais aussi celui des hedge funds. Mais attendons la suite…

Que se passe-t-il du côté des associations bancaires responsables ? La British Banker’s Association, qui fait figure de chef de file, a entamé une réflexion qualifiée de « technique », menée conjointement avec de grandes banques non identifiées, sous les auspices de la Bank of England et du FSA, le régulateur britannique. Avec comme objectif d’aboutir pour 2015 à de nouvelles règles. Comme dans le cas de l’International Swaps and Derivatives Association, qui a été récemment mis en lumière à l’occasion de l’activation ou non des CDS sur la dette grecque, les acteurs de la détermination d’indices des marchés financiers à l’impact majeur règlent leurs petites affaires entre eux. Faisant la police a minima et engageant des réformes en recherchant le consensus. Signe encourageant que des règles de la démocratie sont toujours appliquées, même si elles ne concernent que les happy few dans leurs discrets cénacles.

Mais il serait dommage d’en rester là des conclusions que l’on peut d’ores et déjà tirer de cette affaire, et de ne pas poursuivre le chemin. Les jeux obscurs de la finance de l’ombre sont généralement attribués à ces desperados que sont les hedge funds, même s’il est attribué aux grandes banques un soupçon de responsabilité en raison des financements qu’elles leur accordent. Il ne s’agit plus de cela dans le cas de la petite famille Ibor : les acteurs du jeu sont les grandes banques internationales, les mégabanques. De la même manière que l’on est passé de la crise des produits exotiques de la finance à celle des obligations d’État – le fondement du système financier – le champ des présumés coupables de malversations s’est élargi. Il faut dire que, dans le cas des subprimes américaines, il l’a été déjà comme en témoignent les procès et les règlements à l’amiable en cascade qui rythment l’actualité aux États-Unis.

Circonstance aggravante, il pourrait être découvert – au grand jamais – qu’un cartel pourrait avoir été organisé. Car, qui dit coordination… La finance moderne a un fonctionnement de club très britannique, comment s’en étonner étant donné ses origines londoniennes et le statut très particulier de la City ? Comme le remarquait il y a quelque temps Gillian Tett dans l’un de ses articles du Financial Times, beaucoup reste à faire de ce point de vue, si l’on considère les processus de même nature régissant le monde des « repos », des swaps de produits dérivés (de gré à gré) ou bien encore la formation des références de prix de certaines matières premières… La finance est un monde fait de traditions, mais pas n’importe lesquelles.

61 réponses sur “L'actualité de la crise : LES PETITS COINS SOMBRES DE LA FINANCE, par François Leclerc”

  1. Le pouvoir financier, pour lui, c’était un peu comme une chouette cabane dans les arbres : une fois à l’intérieur avec les petits caïds du voisinage, il suffisait de retirer l’échelle pour laisser en bas tous les crétins. Dennis Lehane , Ténèbres prenez-moi la main, trad. Isabelle Maillet, p.94, Rivages/noir, n°424

    J’ai remplacé « La politique » par Le pouvoir financier

  2. L’Euribor ne veut plus dire grand chose depuis 5 ans et plus rien du tout depuis 2010, sauf à la limite d’être le taux auquel les banques refusent très officiellement de se prêter du pognon.

    Je suis surpris que personne dans le privé n’ait tenté d’action en justice.

      1. Beaucoup de taux de prêts continuent à être indéxés sur des indices de taux ! fou !

  3. Jeudi 8 Mars 2012 fin des rêves eurotiques , la grêce constatera qu’elle n’a pas les 75 % d’accord sur sa dette et le chateau s’écroulera.

    1. Cela se présente un peu différemment : il faut que obtenir que 90% des titres soient présentés à l’échange pour qu’il soit conforme au plan d’ensemble, mais les 2/3 permettent de déclencher la clause d’action collective.

    2. ah zut… c’est après-demain ! Le temps passe vite !

      Pendant ce temps là, le cac 40 perd 2,5%…

    3. Autant pour moi, le gouvernement grec a effectivement annoncé que 75% d’échange de titres était le seuil minimum qui pourrait le conduire à activer la CAC.

      1. Il suffirait donc que seulement 25% ne soient pas présentés pour que les CAC ne soient pas déclenchées.
        Et donc que l’ISDA considère ainsi que les CDS ne soient pas déclenchés.
        25%, c’est très ‘jouable’, pour les acteurs de l’ISDA …

  4. Le taux des intérêts légaux (alloués par le tribunaux) en belgique, est fonction du taux Euribor (Loi du 05/05/1865 relative au prêt à l’intérêt(M.B. 07/05/1865), modifiée notamment par les articles 87 et 88 de laLoi-programme I du 27 décembre 2006 (M.B. 28/12/2006))

  5. Les petits coins sombres de la prothèse , hanches et mammaire
    Les petits coins sombres de la politique , la viande , l’étranger
    Les petits coins sombres de l acier , ouvert, fermé
    Les petits coins sombres du nucléaire , arrêt à froid oui, non
    Les petits coins sombres de la rémunération , salaire des Pdg du cacarente
    Les petits coins sombres de la finance , dexia
    Quand il y a une grosse quantité de petits coins sombres , on peut considérer qu’il fait nuit ?
    François Leclerc, je vous remercie pour cet éclairage

    1. Rodj : Csernus ? Vous fréquentiez la Galerie Claude Bernard ? Et la Librairie d’Anticipation située en Face ??

      1. non, je me suis intéressé à lui grâce aux illustrations des SF J’Ai Lu. ça se voyait tout de suite que ce gars là était très bon, enfin on aimait bien mon frère et moi.

        je me souviens par exemple du livre de ptath de van vogt je l’ai regardée je ne sais combien de fois cette aile!! il y avait un truc magique.
        donc pas de galerie pour moi à cette époque, je suis au regret.
        c’est curieux dans un billet récent j’ai lu Mervyn Peake au lieu de Mervyn King, et aujourd’hui voila t’y pas que je dérive à nouveau…
        dur de rester concentré sur l’économie et la Phynance 😉
        désolé pour le HS

  6. Le Brésil se rebelle contre la politique monétaire des pays développés
    Le Point.fr – Publié le 06/03/2012 à 09:17 – Modifié le 06/03/2012 à 11:13

    Brasília dénonce la guerre des monnaies provoquée par l’injection massive de liquidités dans le système financier des économies avancées.

    Un véritable « tsunami monétaire ». Voilà comment Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, qualifie désormais les conséquences de la politique menée par les banques centrales des grands pays développés. Utilisant une rhétorique très ferme, celle qui a remplacé Lula à la tête du pays a promis jeudi devant un parterre de chefs d’entreprise et de syndicalistes de lutter contre les politiques « perverses mises en oeuvre par les pays riches, tels que ceux de l’Union européenne, qui inondent le marché de dollars ».

    (…)

    L’abondance de liquidités a entraîné une hausse spectaculaire de sa monnaie à cause de l’afflux massif de capitaux qu’elle provoque. Attirés par les perspectives de rendements élevés, les investisseurs (banques, fonds de pension, fonds monétaires américains, hedge funds) placent volontiers une partie de leur argent frais sur des actifs des pays émergents. Ils le font d’autant plus facilement que les perspectives de croissance sont bien supérieures à celles des pays développés pour un risque relativement faible.

    Certains misent sur des gains à court terme en utilisant la stratégie dite de « carry trade », qui consiste à s’endetter dans une devise à faible taux d’intérêt, comme le dollar, pour placer les fonds empruntés dans une autre devise à taux d’intérêt plus forts, comme le real (la banque centrale sert 10,5 % d’intérêt) et profiter ainsi du différentiel de taux d’intérêt.

    Bilan, le real brésilien s’est apprécié de quelque 9,5 % par rapport au dollar depuis le début de l’année, une tendance problématique pour les exportations du pays, pourtant essentielles pour la croissance. Mais le Brésil est loin d’être le seul pays émergent touché, au point qu’ils se plaignent d’une véritable « guerre de monnaies ».

    L’afflux de capitaux pose d’autres problèmes que le renchérissement des exportations. Les investissements réalisés sont en effet souvent des investissements de portefeuille, c’est-à-dire d’achats d’actions et d’obligations de sociétés sans prise de contrôle, très volatiles. S’ils répondent pour une part à des besoins réels de financement des entreprises visées, ils peuvent donc avoir un effet très déstabilisateur : le flux s’inverse très vite en cas de retournement de la conjoncture ou de montée de l’aversion au risque des investisseurs, qui rapatrient alors massivement leurs capitaux, risquant de déclencher une crise financière majeure.

    En attendant, l’afflux a aussi tendance à favoriser l’inflation, déjà tirée par une forte croissance.

    (…)
    Pour enrayer le mouvement de hausse à temps, le gouvernement brésilien ne s’est pas limité aux attaques verbales. Comme la Corée du Sud, il a instauré un contrôle des capitaux entrant dans le pays : jeudi, Guido Mantega, le ministre des Finances, a porté de deux à trois ans la durée d’application de l’impôt de 6 % sur les emprunts des entreprises à l’étranger, une mesure qui renforce un mouvement entamé en octobre 2010. Des contrôles parfois tellement nécessaires qu’ils commencent à trouver grâce aux yeux d’institutions comme le FMI, qui y étaient jusque-là très opposés.
    (…)

    1. on y va lentement ver le SMI new look….qui ne fera que concrétiser un nouveau rapport de force global : celui des grands ensembles régionaux pratiquant des mesures de protectionnisme raisonnables et raisonnées et une finance domestiquée.

  7. J’avions entendu causer mais je ne connaissions point, avouons le.
    D’ailleurs, je ne connais pas vraiment encore.

    Mais ce qui me frappe d’abord c’est que, sur ce marché autorégulateur, il y ait autant d’organismes de régulation !
    Partiellement secrets ou discrets, selon votre degré de parano, mais ils sont là !

  8. Jeudi 15 avril 2010 :

    Herman Van Rompuy présente son recueil de haïkus. Les haïkus sont de brefs poèmes japonais. L’article et la photo sont ici :

    http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2010-04-15/van-rompuy-presente-son-recueil-de-haikus-764586.php.

    Deux ans plus tard, Herman Van Rompuy nous présente son nouveau recueil de haïkus intitulé : « Je m’enfonce dans l’océan humide de ma Destinée. »

    Le bateau euro
    Est en train de prendre l’eau
    A cause de l’iceberg

    En morceaux tombé
    Le bateau s’est disloqué
    C’est l’affolement

    « Courez ! » crient les sages
    « Les canots de sauvetage
    Femmes et enfants d’abord ! »

    Dans ce Titanic
    Certains prient, d’autres paniquent
    D’autres rient, ou pleurent

    Jose Barroso
    Boit des bouteilles de Porto
    Noyant son chagrin

    Mario Draghi
    Crie : « Fini ! Tout est fini
    Comme Gianfranco ! »

    Catherine Ashton
    Est tombée dans les pommes
    Couchée, la baronne

    Christine Lagarde
    Rigole quand elle me regarde
    On dirait une folle

    Elle dit : « Faut pas s’en faire !
    Les clignotants sont au vert ! »
    Elle ne comprend rien

    Jean-Claude Trichet
    A la retraite s’en est allé
    Seul sur son radeau

    Le navire coule
    Les rats quittent le navire
    Ils ont bien raison

    Moi, je ne bouge pas
    Je récite à haute voix
    Tous mes haïkus

    Moi, je reste à bord
    Je n’ai pas peur de la Mort
    Je vais me noyer

    J’ai de l’eau jusqu’au
    Menton. Mais peu me chaut
    Mon œuvre restera

    J’imagine déjà
    L’épave du Titanic sera
    Un restaurant

    Les requins viendront
    En morceaux ils tailleront
    Mon cadavre bleu

    Les petits poissons
    Mon cadavre finiront
    Mais pas mes lunettes

    Les derniers lambeaux
    Du Titanic « ZONE EURO »
    Seront mes lunettes

    Mes lunettes seront
    Seules, reposant tout au fond
    De la mer mouillée

    (Herman Van Rompuy, « Je m’enfonce dans l’océan humide de ma Destinée », Poésie Gallimard, décembre 2012, dix-neuf francs cinquante)

      1. Le chant de la serpillière
        ça peut être très beau
        mais tellement vain
        Qui comme Ulysse… ( oups …)

    1. Tiens, c’est amusant, nous avons eu une idée un peu similaire vous et moi (cf. ICI)

      C’est sans doutes les marées d’équinoxe prochaines qui nous inspirent.

  9. Si le mouvment perpétuel existait, cette fammile en serait l’énergie inépuisable qui se confond dans l’enssemble de la finance. Ne cherchez plus le trou sans fond, vous l’ avez trouvé. L’interet étant le moteur centrale du systéme, les taux y sont le conbustible nécéssaire, et les BC fournisseur de carburant. Vous faite chauffé le tout et la machine tourne, les prix explose et les bénefices réalimente le systéme en carburant.

    1. Oui jusque à ce que la confiance des gens dans la monnaie s évapore, et alors là pchittttttt

  10. JONES et d’autres indices sont dans un bateau en pleine tempête.

    JONES tombe à l’eau.
    Tous les autres indices pris d’effroi plongent à leur tour. Par esprit de corps.

    Un homme à TIBOR ! hurle l’un d’eux affolé, croyant que l’un d’eux au moins sera resté sur le pont pour lancer des bouées.
    T’es NIKKEI lui crie DAX ! avant d’être lui-même submergé par une lame de hedge funds.
    Ich LIBOR dich ! entend-on dans la mer de dettes démontée, sans bien savoir à qui attribuer cette déclaration désespérée.
    Cette FOOTSIE, c’est la bonne lui répond dans un dernier soupir un autre, avant disparaître à son tour.
    Mais CAC ce que vous dîtes ? crie encore un autre avant d’expirer sous le poids de son confrère batave AEX qui pensait trouver là sa planche de salut. Il n’aura rien compris décidément, celui-là!

    Puis la nuit tombe et la tempête se calme enfin.

    Le lendemain, CIC (China Investment Corp) arrive sur zone pour sauver les rescapés et compter les morts. Le spectacle n’est pas brillant. Beaucoup de pertes sont à déplorer. Les indices ont été malmenés, coulés, noyés sous des déluges de cash. En pure perte. Certains n’ont pas survécu, à l’image de ce pauvre ATHEX grec qui flotte sans vie, tandis que les frères MIB et IBEX, les indices italien et espagnol, ont tellement bu la tasse qu’il n’y a plus d’espoir.

    JONES a survécu mais il a perdu de sa superbe. Il songe à son aura d’antan qu’il ne retrouvera plus jamais.

    Nous avons besoin de beaucoup de SPREAD favorables et surtout d’un gros BANCOR pour sauver ce qui peut l’être, constatent les marins chinois, transformés en sauveteurs pour l’occasion.

    Sauvez-nous ! crient, plein d’espoir, les survivants.
    TIBOR passez-nous les commandes, la monnaie on l’a déjà, répondent les chinois pleins de malice. D’accord, consentirent les indices un peu malgré eux.

    Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants 🙂

    1. excellent 🙂 🙂 🙂
      attentio a la co-sanguinité : ) 🙂 🙂

      Pour la fin et eurent beaucoup de TIREX.

  11. François Leclerc
    Si parmis ces 3 voyous,et si on peut classifier le degré de toxicité, quel serait le plus dangereux.?

    1. Ils sont considérables …donc considérablement dangereux , donc hors concours , comme hors bilan , comme hors champ de tout contrôle …out …et comme il n’y a plus de frontières dans ce monde mondial , ils ont réinventé un autre ailleurs complètement inconscient …

      « L’enquête ouverte par la Commission européenne sur une manipulation possible de la fixation de l’Euribor a une importance considérable (lire aussi L’Agefi d’hier). Elle succède à une autre enquête, en cours, des autorités américaines, britanniques et japonaises sur celle du Libor. Indépendamment d’éventuels arrangements financiers entre institutions bancaires, la valeur de ces taux impacte directement des milliers de milliards de dollars de transactions (dont certaines pour, ou avec le public). Non seulement ces taux dits «de base» sont le fondement de l’information sur les coûts d’emprunt dans plusieurs devises, ils les influencent aussi directement. Libor et Euribor servent de référence pour un nombre considérable de prêts cotés sous la forme «taux de base + pourcentage». Ils sont utilisés dans les transactions avec le public (prêts hypothécaires, prêts à la consommation, prêts aux étudiants…), le financement des entreprises et les produits financiers (swaps, notes à taux variables, FRA). En outre, le spread entre les taux des banques centrales et ces taux de référence sert d’indicateur sur l’état financier du secteur bancaire. L’estimation du montant des transactions liées au Libor – taux fixé quotidiennement par la British Banker Association (BBA) dans les principales devises et pour différentes durées – varie considérablement d’une source à l’autre. Environ 10.000 milliards de dollars de prêts et 350.000 milliards de dollars de produits dérivés y sont apparemment liés. Si le taux a été maintenu artificiellement bas, les emprunteurs en ont bénéficié, mais les prêteurs ont été pénalisés. Toute manipulation de ces taux conduirait à une sous-estimation ou une surestimation des produits dérivés qui leur sont attachés. La moindre inexactitude ou imprécision peut couter des milliards aux emprunteurs, aux prêteurs ou à l’économie toute entière. Niki Tzavela, députée grecque au Parlement européen, rappelait il y a quelques mois combien les entreprises grecques souffraient de toute variation brutale de l’Euribor. Le Libor est fixé par la BBA sur la base des taux affichés sur le marché interbancaire par un panel de banques actives à l’international. L’Euribor fixé sur des bases similaires par Euribor-EBF, une association établie en Belgique, est fixé sur la contribution de 44 banques impliquées dans l’Eurozone. Les soupçons selon lesquels des banques auraient influencé le Libor, le minorant de plusieurs points de base pour dissimuler le véritable coût de leurs refinancements, remontent à trois ans. Les perquisitions récentes, menées dans plusieurs banques par la Commission européenne, ravivent bien des inquiétudes sur la crédibilité du système bancaire. »

      Agefi 29 /11/2011

      1. Les soupçons selon esquels des banques auraient influencé le Libor, le minorant de plusieurs points de base pour dissimuler le véritable coût de eurs refinancements, remontent à trois ans.

        Toujours pareil, comme pour les Cds : payer pour avoir l’air un peu moins zombie, pour sentir un peu moins la pourriture ou le formol, ici en perdant des points de base sur leurs prêts. La part du feu toujours.

  12. Je comprends plus rien sur la Grèce, on m’avait dit qu’on était tranquille jusqu’en 2015 ? Et là que se passe-t-il ?

    1. On se calme Liszt.fr et Macarel, juste le petit zéphir spéculatif de la dernière heure, et un dernier coup de pression sur les hedge-funds qui tentent des petits coups de bluff et coups tordus un peu désespérés (du genre se charger de bonds du genre chemins de fer grecs ou sur la dette du gvt grec aux sociétés pharmaceutiques qui ne sont pas sous juridiction grecque – manoeuvre organisée par la boite d’avocats Blingham McCutchen et des hedge comme Elliott Management…).
      De toutes façons, z’ont pas le choix, s’ils veulent récupérer un peu c’est tout de suite en disant amen. Sinon ce sera encore moins, voire rien du tout (les Cds n’y pensez pas, c’est que tchi). Pas compliqué.

    1. Faut convenir que c’est assez distrayant; chaque mardi, poillade garantie 😀

      Par contre, on le voit aussi apparaître dans des loci fort peu recommandables… Bon, je ne sais pas ce qu’il en est de sa philosophie politique personnelle et ne vais donc point l’anathémiser derechef, mais mijn god, il n’a pas l’air de refuser certaines fréquentations… Du mal à croire qu’il se sait pas ce qu’est le blog Fortune!

  13. Dans le genre petit coin sombre, très sombre, celui où était cachéé la bête Lehmann Brothers ! Hé bien elle vient de ressusciter !

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/03/06/97002-20120306FILWWW00538-lehman-brothers-sort-de-la-faillite.php

    La banque d’affaires américaine Lehman Brothers a annoncé aujourd’hui sa sortie officielle du processus de faillite, qui permettra de rembourser ses créanciers, trois ans et demi après son dépôt de bilan ayant précipité la crise financière.

    « Nous sommes fiers d’annoncer la sortie de Lehman du chapitre 11 (la loi américaine sur les faillites) et l’entrée dans l’étape finale du processus, les distributions de fonds aux créanciers », a déclaré le directeur d’exploitation John Suckow, cité dans un communiqué.

    AFP Publié le 06/03/2012 à 17:08

  14. Bonsoir à tous

    Merci François pour cet article! Zero Hedge avait commencé de lever le couvercle il y a quelque semaines…..
    Comment s’en étonner alors qu’une étude très sérieuse menée par des psychologues américains vient de révéler que la proportion de psychopathes est de plus de 10% dans les métiers de Wall Street alors qu’elle est de 1% dans la population étatsunienne.
    Puisqu’on parle de l’affaire Apollonia elle révèle un peu mieux les moeurs de ces gens: entendus par la justice, les banquiers ont clairement dit qu’à partir du moment où Apollonia étati un gros apporteur d’affaires, la loi Scrivener – beh tiens fume!

    Léon Bloy au 19ème siècle avait bien résumé l’état d’esprit de ces gens: « des porcs à l’auge »

    Cordialement

  15. Pour une fois que Mr Jorion était optimiste… Vraiment, tout est fait pour nous pousser vers nos mauvaises habitudes.

    1. Merci JT.
      Ce clip est incroyable.
      A voir absolument pour mesurer ce que sont les gouvernements européens
      qui ont désigné une « Commission » reprenant la propagande raciste des conflits de civilisation.

  16. La question officielle sous-jacente aux taux Libor est: “At what rate could you borrow funds, were you to do so by asking for and then accepting inter-bank offers in a reasonable market size just prior to 11 am?” Reference: http://www.bbalibor.com/bbalibor-explained/the-basics

    Ma définition personnelle est: « des taux auxquels les banques prétendent qu’elle pensent qu’elles pourraient emprunter dans un marché qui n’existe plus ». Cette définition un peu moins officielle est partagée (au moins en partie) par beaucoup de professionnel de la finance.

    Le grand problème de Libor (et de ses frères) est qu’il n’est pas basé sur une réalité financière mais sur l’imagination (pardon l’estimation) d’un petit nombre.

    Les discussions à propos de l’inadéquation de Libor sont là depuis 2007 au minimum. Je ne suis pas surpris par les enquêtes sur les « petits coins sombres » du Libor, mais je suis surpris qu’elles viennent si tard. Ma prédiction est que la domination du taux Libor (dans sa forme actuelle) va décroître. Mais je fais cette prédiction depuis 2008; un jour j’aurais peut-être raison 😉

    Une petite remarque sur les prêt hypothécaires: en Belgique la plupart des prêt hypothécaires variables ne sont pas lies a l’Euribor mais a un index d’obligations gouvernementales belges (OLO).

    1. Le grand problème de Libor (et de ses frères) est qu’il n’est pas basé sur une réalité financière mais sur l’imagination (pardon l’estimation) d’un petit nombre.

      Le grand problème de la détermination du prix est qu’il n’est pas basé sur une réalité mais sur l’imagination d’un petit nombre qui représente de gros volumes.

  17. Comment un si petit pays comme la Grece a pu accumuler une dette si énorme…
    Y a t il trop d argent en circulation… cela me fait penser a la crise des Subprimes aux u.s.a.

Les commentaires sont fermés.