Billet invité
Une farouche compétition est engagée en Europe, afin de ne pas être le pays qui va suivre la Grèce, dont le cas est toujours présenté comme unique et allant le rester. S’efforçant de se présenter sous leur meilleur jour afin de tenter rassurer les marchés, le Portugal, l’Espagne et l’Italie sont sur les rangs.
Les Portugais jouent les bons élèves de la classe, tout en admettant mezzo voce qu’ils ne savent pas comment ils vont pouvoir revenir sur le marché en 2013, laissant entendre qu’une rallonge financière sera nécessaire et que plus de temps sera nécessaire pour respecter les objectifs fixés. L’hypothèse d’une restructuration de la dette plane. Les taux longs sont très tendus sur un marché obligataire à la détente. L’extension du programme leur a d’ailleurs déjà été promise par Wolfgang Schäuble, une caméra qui passait par là l’ayant enregistré au vol à Bruxelles, alors que la Troïka termine à Lisbonne sa troisième mission.
Le pays renoue avec la pauvreté, et parfois la misère, qu’il n’a quitté qu’à la suite de la chute de la dictature en 1974, encore sur la lancée qui s’épuise de la prospérité résultant de l’entrée dans l’Union européenne et de la manne des fonds structurels de Bruxelles. Cette année, l’économie devrait se contracter d’au moins 3 %, le taux de chômage a officiellement atteint en fin d’année dernière le seuil de 14 %. De nombreux signes permettent de reconnaitre la montée de la précarité.
Le gouvernement espagnol a de son côté commencé à appliquer son programme en fanfare – réforme de la législation du travail et tentative de concentration du système bancaire pour le renforcer – mais le pays s’enfonce dans la récession et des manifestations monstres préludent à une grève générale. Loin d’avoir atteint son étiage, la bulle immobilière continue de se dégonfler et les déficits des régions font obstacle au désendettement public. En raison de l’accalmie qui se manifeste sur le marché obligataire, l’État parvient à se refinancer à court terme, mais la progression du chômage et la dégradation des services publics atteint de plus en plus les Espagnols dans leur vie quotidienne.
Quant à l’Italie, Mario Monti continue par tous les moyens de tenter d’infléchir la stratégie allemande de désendettement à tout prix. Il vient d’assurer que l’Italie n’aurait pas besoin d’appliquer de nouvelles mesures de rigueur, si la situation économique du pays ne s’améliorait pas, au prétexte que des « marges de prudence ont été incorporées » dans le plan d’austérité déjà adopté : une manière contournée d’avertir ses collègues qu’il fallait trouver une solution, vu les prévisions du FMI, qui prévoit une contraction de 2,2 % du PIB italien cette année.
En vue du prochain sommet européen des 1er et 2 mars, Mario Monti vient de prendre une nouvelle initiative en ce sens. Rejoint par onze de ses collègues européens, dont David Cameron et Mariano Rajoy – mais ni Angela Merkel, ni Nicolas Sarkozy – il a adressé une lettre à Herman van Rompuy et José Manuel Barroso, en défense d’un programme libéral de soutien à la croissance et d’appui à la politique d’assainissement des finances publiques. Il propose de continuer à assouplir le marché du travail, de lever les dernières barrières commerciales existantes, ainsi que de totalement libéraliser le secteur de l’énergie. Idéologiquement très inspirée, cette offensive prétend desserrer l’étau qui étouffe l’Espagne et l’Italie, et est destinée à accompagner les mesures de « coordination fiscale » déjà décidées.
Le gouvernement irlandais vient à ce propos de mettre les pieds dans le plat en proposant à Xi Jinping, le vice-président chinois en visite à Dublin, que l’Irlande devienne la « porte d’entrée » de leurs entreprises en Europe, prenant la suite des compagnies américaines qui bénéficient déjà de leurs faibles taux d’imposition sur les bénéfices.
Dans ce contexte, se retrouvant en territoire connu, le secrétaire général de l’OCDE réapparait à propos de l’accord sur la Grèce. Angel Gurría explique sentencieusement que « comme souligné dans l’accord et dans les conseils politiques de l’OCDE, le succès [du] programme repose sur une mise en œuvre stricte et à l’heure dite de la série de mesures qui ont été décidées (…) Le succès à long terme dépendra des efforts de la Grèce à faire avancer les réformes structurelles et sociales nécessaires pour ramener les moteurs de sa croissance économique à pleine vitesse ». L’OCDE les détaille dans son communiqué, en évoquant l’amélioration de la collecte des impôts, l’accélération des privatisations et le renforcement des réformes des marchés du travail et des biens.
Donné pour être le long chemin qu’il faut emprunter pour arriver à l’émission d’euro-obligations, à laquelle les Allemands opposent leur véto, la fusion des moyens financiers du FESF (fonds européen de stabilité financière) et du futur MES (mécanisme européen de stabilité) fait l’objet de premières discussions, appelées à se poursuivre. Le renforcement de cette force de frappe financière ne suffisant pas s’il fallait à l’avenir soutenir l’Italie et l’Espagne, comme ces pays le souhaitent sans le dire publiquement, les regards se tournent à nouveau vers le FMI à l’occasion du prochain G20 finances, qui aura lieu à Mexico les 25 et 26 février prochains.
Jun Azumi, ministre des finances japonais, qui vient de déclarer avec son homologue chinois Xie Xuren que leurs deux pays coordonneraient leurs actions vis-à-vis du FMI, a cependant déjà fait remarquer en prélude à la réunion que ses membres « ne sont pas tout à fait d’accord et n’en sont pas à discuter de sommes précises ». Christine Lagarde va donc devoir poursuivre ses démarches et ses voyages afin de tenter de réunir les 500 milliards de dollars de prêts qu’elle réclame afin que le fonds dispose des moyens d’aider les Européens. Une question qui ne va pas de soi, si l’on observe que le FMI se fait déjà tirer l’oreille pour participer au financement du second plan de sauvetage de la Grèce, et qu’il n’est pour l’instant prêt à y participer qu’à hauteur de 10 % du montant total du programme (au lieu du tiers la fois précédente). Le gouvernement allemand et la BCE font pression pour que cela soit revu à la hausse.
Trois enseignements sortent confirmés de ces nouveaux préparatifs. Le premier est qu’il n’est envisagé d’autre issue au sein des équipes en place que via l’approfondissement des recettes libérales, aucune force conséquente porteuse d’une alternative n’ayant émergé, la social démocratie se réfugiant dans un timide programme de relance des investissements tout en éludant les réformes structurelles qu’il faudrait pour le coup engager.
Le second est que la crise de la dette est dans ces conditions destinée à se poursuivre et les effets de la dévaluation interne (par opposition à dévaluation monétaire) à s’accentuer, parallèlement à une récession allant s’installer pour durer.
Le dernier enseignement est que les oppositions socialistes pourraient prochainement accéder au pouvoir en Allemagne et en France sans autre politique que de gérer un peu mieux la crise ici et là, car tel est leur horizon, fondant leurs espoirs dans une intervention de la BCE qui tient du miracle, tentant d’exorciser les spectres du PSOE espagnol et du PASOK grec à la recherche d’une raison d’être et de marges de manœuvres introuvables.
Tiens j’ai vu que Sotheby’s mettait en vente « le cri » de Munch (80 millions $). Le moment est bien choisit, c’est exactement ce que m’évoque cet article…
Il y a plusieurs versions du « CRI »
80 millions de dollars pour cette croute le monde marche vraiment sur la tête ! et il y en a pour crier au génie… tu parles la vague peinture d’un cauchemard !!!
Il faut bien que les milliardaires se fassent des petits plaisirs !
le spectre du libéralisme ultra hante l’Europe… dernière phase de la mondialisation malheureuse. La dévaluation interne, c’est la déflation, mais sur quoi ?
Sur les salaires et la protection sociale.
Oui c’est bien le drame qui se met en place, les sociaux-démocrates qui s’apprêtent à prendre le pouvoir en France et en Allemagne partent avec de sérieux handicaps. Là où il faudrait des résistants, des visionnaires on a des technocrates et des politiciens à la petite semaine. Terrible situation d’aujourd’hui que celle donne l’avantage aux médiocres. Mais cela ne durera pas éternellement, car la radicalisation promise d’une situation aujourd’hui encore confuse pour le plus grand nombre dans ces deux pays fera son tri parmi les hommes et fera émerger les idées nouvelles, mais aussi il faut bien le dire dopera la idées les plus rétrogrades. Cela va être la lutte des titans. C’en sera terminé de l’art des synthèses, des compromissions et des mensonges. Il faudra trancher dans le vif, que ce soit pour continuer le programme ultra-libéral ou pour amorcer la construction du nouveau cadre. Les grecs, eux savent déjà à quoi s’en tenir.
Hollande président, c’est peut-être un peu vite dit.
Marlowe,
Attention, tu es en train d’appeler au vote utile. 😉
Bonsoir,
Peut être que, là aussi, les « oppositions » socialistes s’abstiendront?
A mon avis, vous pouvez d’ores et déjà ôter le « peut être que » et formuler la phrase a l’affirmatif .
Question : quelle politique alternative ?
Celle du Front de Gauche.
@A.
Dans le cadre politique actuel, la seule alternative partisane qui propose une partie des solutions discutées ici (une partie seulement, mais dans des proportions sans commune mesure avec n’importe quelle autre offre politique française pour le moment), c’est le Front de gauche. Surtout, il est proposé de réunir une assemblée constituante qui pourrait faire éclore une réelle dynamique réformatrice. Si on est de gauche, il ne devrait même pas y avoir d’hésitation…
Arrêter avec si vous êtes de gauche, si vous êtes de droite, vous ne voyez pas qu’il n’y a aucune différence. Toute la classe politique,quelque soit le parti est dans le cadre du système et ne fera rien changer. Melenchon est un très bon orateur mais il vient du PS, donc du cadre. Le changement ne viendra pas des élections, il faut que le changement vienne du peuple et surtout des personnes comme ici qui veulent que les choses changent.
Mais il est temps de réfléchir pour mettre en place un plan d’action.
@elasticfox
Pour l’instant l’échéance la plus proche est une élection dans un cadre politique donné. Je ne crois pas qu’il soit bien raisonnable de faire l’impasse. Au contraire, la dynamique doit commencer à partir de là. Or Mélenchon la propose. Si ce n’est pas suffisant, il faudra passer à autre chose. Mais cette chose là ne s’organise pas comme vous dites. Elle dépasse tout le monde et les gens essayent de suivre et pour le mieux d’en guider le cours. Ce torrent une fois déclenché et encore une fois personne n’a la possibilité de contrôler ce démarrage, il sera mortel pour nombre d’entre nous. Une raison suffisante pour tenter une dernière solution pacifique.
Pour finir, le cadre ne changera pas car le cadre, c’est l’humanité. Si le capitalisme disparaît, le nouveau système ne s’émancipera pas de ce trait fondamental. Seules les structures peuvent permettre de le pondérer pour préserver les plus fragiles de la domination des plus forts. Comme elles sont périssables autant que les hommes, notre histoire est un enchaînement de cycles. Nous sommes à l’orée d’un nouveau…
Mardi 21 février 2012 :
Aide record pour la Grèce, mais les inquiétudes persistent.
De nombreux économistes doutent que le nouveau plan de sauvetage soit le dernier chapitre de la crise grecque et de celle de la dette. Beaucoup parient à terme sur une banqueroute du pays, estimant que la zone euro cherche surtout à gagner du temps afin pour pouvoir renforcer d’ici là ses défenses.
Pour le responsable de l’institut Bruegel, Jean Pisani-Ferry, le plan ne fait sans doute « que repousser l’échéance funeste », car « la Grèce ne va pas mettre en oeuvre l’austérité promise et va se retrouver au bout du compte à devoir décider de sortir de l’euro ou à être poussée vers la sortie ».
http://www.boursorama.com/actualites/aide-record-pour-la-grece-mais-les-inquietudes-persistent-4f014e8c4dffd920e84d53a48a63cb1d
On lit parfois que le gouvernement grec aurait divers moyens trouver les sommes que réclame l’UE : en réduisant drastiquement son budget militaire, en taxant l’Eglise orthodoxe sur ses biens fonciers, en taxant les armateurs, etc. Mais on ne nous dit jamais pourquoi ces solutions ne sont jamais retenues : est-ce pour des raisons techniques (du genre absence de cadastre), pour des raisons politiques et dans ce cas, s’agit-il de raisons tenant à la crainte des puissants concernés (un supposé lobby militaire, l’Eglise, les armateurs) ou à celle de « l’opinion » (l’orgueil national pour les crédits de l’armée, la place de l’Eglise dans le sentiment national, etc.) ?
Ce refus de retenir ces solutions vient-il de l’UE ou des gouvernements grecs successifs ? Signifie-t-il que l’objectif de l’UE est moins de trouver ces sommes que de finir de ruiner l’Etat-providence ?
Le compromis avec le capitalisme devient compromission. Pour Bernstein, exécuteur testamentaire de Engels, le SPD de la fin du XIXe siècle devait rompre avec le marxisme car le capitalisme était alors en pleine expansion contrairement aux prédictions de Marx qui en prédisait la fin prochaine. En outre l’apparition de classes moyennes contredisait la tendance à la prolétarisation des masses.
105 ans après, le constat s’inverse. Les politiques de rigueur lancées par les socio-démocrates conduisent à une longue récession et à une paupérisation généralisée dans les pays où ces politiques seront mises en oeuvre.
Marx aurait-il eu raison trop tôt ? ou était-il seulement impatient ?
http://www.centre-dalembert.u-psud.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=251&catid=913
Conférence d’un excellent professeur, que nous avons eu à Paris X (sauf moi) ; j’en ai déjà parlé une ou deux fois ici.
Vers 8mn 30 : » Je retraduis ceci de manière dogmatique par la proposition suivante : Tous les objets des sciences sociales sont historiques. L’histoire, c’est le hasard, la rencontre non nécessaire de série de déterminations hétérogènes, et souvent indépendantes les unes par rapport aux autres. Bon, ça vous le savez. Néanmoins, toutes les fois où les sciences sociales abandonnent l’horizon nomologique, comme ambition, elle se perdent. »
Je pense qu’il faut voir cette video.
Allez à la minute 25 par ex. ou peu avant !
Ensuite :
http://conflits.revues.org/index322.html
Ici (c’est-à-dire avec les transitions en Europe de l’Est) comme ailleurs en effet, il se pourrait bien que, comme le suggère Barrington Moore, la bonne question ne fut pas tant « Pourquoi les hommes se révoltent-ils ?, mais plutôt, « Pourquoi ne le font-ils pas plus souvent ? »
Je pense qu’il est essentiel que chacun ici voie ce colloque. Fukushima, la BCE peuvent attendre par contre il est essentiel de prendre du recul, de se confronter au développement d’une pensée scientifique exigeante. Cela ne pourra qu’enrichir votre réflexion et l’amener éventuellement sur d’autres pistes.
Par certains côtés la situation actuelle ressemble à celle des années 30: la crise financière, le chômage, la montée des extrémismes. Par d’autres, elle rappelle le monde d’avant la guerre de 14-18.
En effet nous avons une mondialisation, comme à la « Belle époque », et une lutte féroce des principales puissances pour l’accès aux ressources naturelles et la suprématie économique.
Comme au début du XIXième siècle des alliances géostratégiques se mettent en place:
d’un côté les USA, l’UE, Israël, certaines ex-républiques soviétiques et les pays pétroliers sunnites du Moyen-Orient, de l’autre la Russie, la Chine, l’Iran et les chiites dispersés dans un peu tout le Moyen-Orient et l’Asie centrale. L’Inde et le Pakistan occupant une position particulière, et ayant leur propre pomme de discorde avec le Cachemire.
En fait l’arc de crise s’étend du bassin méditerranéen à Taïwan. Le Moyen-Orient et l’Asie Centrale étant au centre de toutes les convoitises, du fait de la richesses de ces régions en hydrocarbures et en ressources gazières.
Si les choses continuent comme elles vont, il est malheureusement à craindre, que cet arc ne finisse par s’embraser, et que cette nouvelle mondialisation, ne se termine dans une confrontation générale, comme la première.
Le début du XXIe siècle ne ressemble au début du siècle précédent.
La Chine n’était pas alors « l’usine du monde » et le développement industriel qui était principalement occidental n’avait pas transformé le monde.
@ Marlowe
Ne soyez pas trop optimiste.
La Chine lance désormais sa marine sur les mers et elle a dans l’idée de lancer la construction de porte-avions, tout ça pour assurer son approvisionnement en matière première.
Les USA, avec des bateaux d’une puissance démente, sont déjà depuis longtemps sur tous les océans à faire de l’assurance approvisionnement, pour eux et pour les pays à leurs bottes, parce qu’eux aussi veulent des matières premières.
La France est en train de se doter de frégates ultra puissantes, d’un troisième et d’un quatrième (futur) bâtiments de projection type Mistral, pour garder son rang (à Lorient, j’ai vu l’Aquitaine, D 650, en essai la semaine dernière ; c’était comme dans la Guerre des étoiles).
La Grande-Bretagne a sa Royal Navy qui reste prête à appareiller pour les Malouines, afin de protéger du pétrole attendant sous le fond océanique.
Tous ces bateaux ne vont pas sur l’eau pour faire des régates.
Il y a des tensions sur les matières premières et chacun entend garder sa part du gâteau, voire même prendre celles des autres puisque la taille des parts diminue.
Le réglement à couteaux tirés est fort probable.
C’est d’ailleurs la logique même du capitalisme.
@ Macarel 22 février 2012 à 00:21
C’est vrai que l’on dit souvent « jamais deux sans trois ».
Le problème vient de ce qu’avant la première confrontation mondiale, notre planète avait encore des ressources suffisantes pour permettre deux séquences de démolition/reconstruction, alors que maintenant, même en se tenant tranquilles sur ce plan, nous ne pouvons pas faire autrement que de nous serrer la ceinture.
Ce qui nous manque, ce sont des responsables courageux capables de l’expliquer aux peuples.
Pour l’instant ils laissent le temps faire son œuvre de sorte à ce qu’une prise de conscience finisse par être suffisante. C’est l’Europe de l’Ouest qui est probablement en situation la plus critique étant donné son niveau élevé de PIB par habitant relativement aux réserves de richesses (ressources naturelles non renouvelables+épargne-dettes). Pour la France, il ne semble pas que ce ratio, très utile pour voir l’évolution de la criticité de la situation, soit établi. Certes, quelques timides travaux ont été engagés sur le sujet, mais sans que cela donne lieu à la publication d’un indicateur de pilotage sérieux.
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/ECOFRA08c.PDF
En tous les cas, ce ne sont pas des travaux comme ceux de la « Commission pour la libération de la croissance » qui peuvent suffire à mettre sur la seule voie à prendre.
Cette voie consiste à réduire nos dépenses compte tenu de nos ressources, afin d’éviter de tomber dans la ruine de façon accélérée. Il convient de tout faire pour rendre notre balance commerciale excédentaire afin de redonner au pays la force qu’il a perdue. Pour cela, il faut certes produire en France, mais produire de façon compétitive de façon à pouvoir vendre de la valeur ajoutée, notamment pour nous permettre d’acheter l’énergie fossile (pétrole et gaz) que nous n’avons pas.
Nous sommes en plein pic pétrole ( rappelons que la quantité d’energie disponible pour l’économie réelle est le déterminant qui pilote la tendance ) donc la seule chose qui nous attend est -au choix selon mode d’organisation économique – la récession, la décroissance ou l’a-croissance, mais il y a encore des responsables pour expliquer qu’ils ont la martingale pour retrouver la croissance …ou alors c’est du cynisme ,quand ils parlent de retrouver la croissance il s’agit de celle de l’oligarchie , le gateau rétrécissant à cause du pic pétrole ,il s’agirait de comprimer la part des classes moyennes et des classes populaires au profit de l’oligarchie .
Si nous sommes encore vivant dans 20 / 30 ans je serais curieux de connaître ce qui se passait réellement en coulisse à ce moment …
Amusant de voir sur ce blog que le cas de l’Argentine ait été maintes fois cité, comme un exemple.
Sauf que l’Argentine est revenue à sa monnaie, dévaluée, et a pratiqué le protectionnisme, tout comme le Brésil maintenant.
J’ai parfois l’impression que les anti libéraux sont de parfaits libéraux pleins de leurs contradictions.
Si mes souvenirs sont exacts c’est Reagan qui créa le cartel de l’aluminium aux USA ? cf Stieglitz, la grande désillusion.
Toujours pour contrebalancer les déboires européens avec le pendant américain, voici un article sur Freddie Mac et Fanny Mae, j’avoue avoir besoin de quelques explications :
USA/Impossible que Fannie et Freddie remboursent les USA, selon leur régulateur
Washington (awp/afp) – Le régulateur des deux régies américaines du financement des prêts immobiliers, Fannie Mae et Freddie Mac, a estimé mardi impossible qu’elles remboursent les 180 milliards de dollars qu’a dépensés l’Etat fédéral pour les sauver.
« Les pertes des deux entreprises sont d’une telle magnitude qu’elles ne peuvent rembourser les contribuables dans aucune hypothèse imaginable », a écrit le directeur général de l’Agence fédérale de financement du logement (FHFA), Edward DeMarco, dans une lettre aux parlementaires.
M. DeMarco leur a exposé ses recommandations pour parvenir à l’objectif partagé par le législateur et le gouvernement de démanteler au cours de la décennie ces deux groupes nationalisés en 2008 pour leur éviter la faillite.
Selon lui, il faudra nécessairement bâtir une entité privée pour reprendre le rôle qu’assument Fannie Mae et Freddie Mac.
« Aucune infrastructure privée n’existe aujourd’hui qui soit capable de titriser les 100 milliards de dollars mensuels de nouveaux prêts immobiliers accordés aux ménages. Une fermeture pure et simple des régies ferait bondir les taux d’intérêt et limiterait l’offre de prêts hypothécaires », a prévenu M. DeMarco.
Le marché des prêts immobiliers américains se distingue par le refus des prêteurs de conserver jusqu’à échéance les prêts, qui courent pour la très grande majorité sur 30 ans. Il existe donc un vaste marché secondaire où ces prêts sont assemblés dans des obligations (via la « titrisation »).
M. DeMarco a proposé de créer « un cadre pour relier les investisseurs sur le marché des capitaux aux propriétaires immobiliers, en particulier une plateforme de titrisation qui assemble les prêts dans toute une gamme de structures de titres et fournisse tout le soutien opérationnel pour traiter et suivre les mensualités depuis les emprunteurs vers les investisseurs ».
rp
(AWP / 22.02.2012 06h24)
Afin de tenter de stabiliser le marché, Fannie et Freddie doivent continuer à garantir les nouveaux prêts immobiliers sur fonds publics, faute d’alternative; les deux entités bénéficient de facto d’un droit de tirage illimité auprès du Trésor pour se renflouer.
L’idée qui est proposée consiste à mettre en devanture les prêts, en espérant qu’un acheteur va ouvrir la porte du magasin pour y entrer ! Ce qui pourra leur permettre d’acquérir les prêts de bonne qualité et de laisser les invendus à la charge de Fannie et Freddie, donc de l’Etat.
Dans l’immédiat, la dette US doit être augmentée de 180 milliards de dollars, en attendant la suite.
1- Pour accéder au pouvoir il ne faut surtout pas avoir d’autre horizon
2-L’intervention de la BCE est en effet l’unique espoir « conceptuel » de sortir de la crise de la dette
3-Ces 2 conditions ne sont que des préalables pour engager le « monde d’après »
Polaire,
Les socialistes sont totalement dans leur rôle et à leur place dans ce jeu. Ils ne savent et peuvent qu’un tout petit peu aménager la catastrophe au niveau de quelques individus. Ils n’ont rigoureusement rien à disposition pour y changer quoique ce soit. Leur pensée revient à dire que si je ne vois personne mourir de faim ou de maladie, tout va bien. Il gèrent le néolibéralisme au niveau des plus faibles et le défendent quand ça devient sérieux.
Compétitivité à la dévaluation intérieure. Accélération de la course des salaires vers le niveau chinois quand ils existent. Importante montée des cours des actions.
Pour l’instant, l’Irlande est en avance. Elle impose moins que ses voisins, dispose d’une plus grande masse de travailleurs disponibles à des conditions tout à fait séduisantes pour un rentier. En plus, elle s’engage à ouvrir totalement ses frontières en partant d’une position d’ouverture encore plus large que celle de l’Espagne. L’Allemagne a encore un peu d’avance mais tous les pays luttent pour la rejoindre à son niveau. Elle va se faire rejoindre par d’autres états européens. Donc les Allemands seront appelés à un effort supplémentaire pour ne pas se laisser distancer.
Une Europe sans chômeur (juste des working poors, des boulots à 1 Euro, etc…), totalement ouverte à l’économie mondiale, où les bourses sont florissantes, les banquiers pleins aux as, riche d’une masse de gens précaires assurant une grande modération salariale et donc d’excellentes protections contre l’inflation. L’Europe de demain sera celle des rentiers, d’une oligarchie. Les « flexibilisés », les « dynamisés », les « non-chômeurs » seront disponibles à tout chef charismatique expliquant que leurs souffrances sont dues à … (blanc à remplr) et qu’une réforme un peu rude suffira à tout corriger. En plus, les journaux nous expliqueront pourquoi nous sommes heureux et quelle chance nous avons de vivre en Europe.
Nous allons vers un très sérieusement raidissement idéologique. Les relations économiques qui nous servent de relations humaines rationnelles (le doux commerce de je ne sais plus qui) auront été réformées. Si des gens ne sont pas content, c’est juste parque que ce sont des paresseux ou des fous incapables de s’adapter. C’était le sort des dissidents d’URSS vers la fin de ce régime.
Bof ! RAS