L'actualité de la crise : LA GRÈCE UNE COLONIE ?, par François Leclerc

Billet invité

Le poids de ceux qui veulent en finir avec le sauvetage de la Grèce et la pousser hors de la zone euro s’est renforcé au sein de la coalition gouvernementale allemande. Angela Merkel apparaît comme continuant de rechercher une solution à l’équation – de crainte des conséquences sur l’Espagne et l’Italie si elle devait ne pas être trouvée – tandis que les voix se multiplient pour réclamer que soit adoptée à l’égard des Grecs une attitude de plus en plus intransigeante. Non seulement de son allié gouvernemental le FDP, ainsi que de la CSU bavaroise, qui avaient déjà pris leurs distances avec sa stratégie, mais surtout de Wolfgang Schäuble, le ministre des finances.

Après avoir suggéré la tenue d’un référendum, puis en avoir abandonné l’idée, Horst Seehofer, le chef de la CSU, laisse maintenant entendre que les députés de son parti pourraient ne pas adopter le plan le 27 février prochain au Bundestag (ce qui n’empêcherait pas son adoption en raison du soutien des sociaux-démocrates et des Verts), tandis que Wolfgang Schäuble insiste de plus en plus sur les conditions attachées à l’aide.

Aux dernières nouvelles, dans la confusion qui s’est instaurée en Allemagne même, la Troïka se préparerait à installer une délégation permanente à Athènes, avec la haute main sur un compte bloqué où seraient versées les aides financières. La gestion des incertitudes politiques passerait finalement par un accord grec sur le principe de la constitution d’un gouvernement de coalition Nouvelle Démocratie/Pasok, formule qui serait décidée avant même que les élections ne se tiennent en avril comme prévu.

Si une solution de dernière heure est trouvée, qui permettra d’afficher le respect des conditions posées initialement par le FMI à sa participation à l’opération (une dette correspondant à 120 % du PIB en 2020), la Grèce pourrait devenir un territoire administré de l’Union européenne. La question est de savoir combien de temps ce montage financier et cette mise sous tutelle pourront résister à la double épreuve de la récession et de la montée de la tension sociale. Le calcul que cela sera autant de gagné pour éviter que la crise n’atteigne de plein fouet l’Espagne et l’Italie est désormais à courte vue.

Ainsi que l’a fait valoir le ministre de l’économie grec Michalis Chrissohoïdis, demandant que cet effort soit reconnu, le déficit public grec a déjà diminué de 16 % à 9,7 % du PIB en deux ans, les salaires et les retraites ayant été baissés à quatre reprises. Ancien gouverneur de la BCE, Lorenzo Bini-Smaghi préconise pour sa part que le FMI active son programme anciennement dénommé de réduction de la pauvreté et de croissance afin de prendre le relais, étant donné l’ampleur de l’aide financière et sa durée. Ces deux constats valent condamnation du plan européen.

166 réponses sur “L'actualité de la crise : LA GRÈCE UNE COLONIE ?, par François Leclerc”

  1. Le commentaire concenant la similitude avec Radio Londres – je suis né en 1934 – est vrai pour moi. La première chose que je fais chaque matin est de consulter votre blog, pour avoir enfin des informations et des commentaires valables. Merci.

    1. Le rappel à l’histoire m’apparait essentiel puisqu’en étudiant l’histoire de la pensée économique au XIXème siècle, on observe que les débats qui jadis opposèrent soutiens et détracteurs des tarifs douaniers sont peu ou prou semblables à ceux qui nous occupent aujourd’hui. Du commerce, on peut à nouveau débattre, après que le débat a été confisqué pendant des décennies ; et les noms d’oiseaux ainsi que les arguments jetés à la figure des démondialistes et des souverainistes n’ont pas grand chose à envier aux arguments libéraux des contemporains de Balzac. Liberté contre obscurantisme, lois économiques contre intérêts de classe. A l’époque, c’est pourtant le protectionnisme qui a triomphé du libre échange, et les producteurs traditionnels, de l’élite libérale. Mais, cette résurgence ne saurait être vue comme une simple « réaction » face à la marche « moderne » du monde. Tout comme au temps de la Révolution industrielle, elle est une réflexion sur l’organisation sociale et la répartition des richesses. Plus spécifiquement aujourd’hui sur l’accaparement de la croissance par une nouvelle classe transnationale sur laquelle les États n’ont plus aucun contrôle. Ainsi, autour de 1840, la pensée protectionniste se structurait-elle lentement autour de deux grands axes : le patriotisme et l’Égalité.

      La suite sur le lien suivant: http://lespoir.jimdo.com/2012/02/17/l-identit%C3%A9-protectionniste-de-la-france/

      Amicalement

      1. Les États en sont-ils pas aux mains de collaborateurs zélés de cette classe transnationale, se déclarant parfois fort complaisamment sans influence – comme le font souvent les sociaux-démocrates, et dont les plans de carrière sont, après l’avoir servie, d’y appartenir ?

    2. Je fais exactement la même chose que vous, considérant que ce blog est actuellement une des seule source d’information et de réflexion valable. Merci à ses auteurs et modérateurs.
      Dans la même veine que « Radio Londres », je viens de visionner « Hitler, la naissance du mal » et c’est incroyable les similitudes avec notre époque …. A en faire froid dans le dos ….

    3. Un appel unitaire depuis Paris

      La Grèce est le laboratoire de l’austérité en Europe !
      Résistons partout en Europe !
      Solidarité avec le peuple grec !
      Non au sacrifice des peuples sur l’autel de la finance !

      MANIFESTATION SAMEDI 18 FEVRIER 2012
      à 14H Métro Trocadéro au parvis des droits de l’Homme
      Signataires: (c’est seulement les premiers au 17 février 8h)
      LDH, Initiative des travailleurs et étudiants grecs de Paris, Nouveau Parti Anticapitaliste, Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, Union Syndicale SOLIDAIRES, ATTAC, Marche Mondiale des Femmes, Convergences et Alternative, FASE, Marches Européennes, Parti de Gauche, Les Alternatifs, Gauche Unitaire, Mémoire des luttes Initiatives Pour un Autre Monde Alternative Libertaire M12M PARIS Les indignés

  2. Monsieur Leclerc une fois de plus, merci.
    Je voudrais être jeune étudiant en économie d’après la crise, pour pouvoir avec le recule nécessaire, en plongeant dans votre « carnet de voyage en crise européenne; 2009-20.., » tirer la leçon de tout cela.
    Entre autre celle de l’inadaptation effarante des « structures décisionnelles » dans nos sociétés, lorsque l’imprévu se produit.
    Peut être que pour l’historien cela est évident mais pour l’économiste institutionnel ce n’est pas le cas et encore moins pour le politique…
    La prévision et l’anticipation sont autant de notions étrangères à ceux qui sont sensés en faire profession et que nous payons pour à cela.

  3. Hors sujet
    Enfin une favicon pour le blog (en tout cas pour Firefox), ça manquait… Ca fait un peu « PARTI JORIONISTE », en avatar du PS mais bon, pourquoi pas ? …

    1. Ce favicon « PJ » est également visible dans les fureteurs google-chrome et konqueror de Linux…
      Deux-Montagnes Québec

  4. J’ai lu qu’une bonne partie des grecs ( 500.000 ) comptait ne pas payer ses impôts.
    Cette info, combinée à la déclaration du syndicat des policiers grecs ( dénonçant les pratiques des représentants de la Troïka ) annoncerait la mort par asphyxie de l’état Grec.

     » – Les oligarches veulent faire sans nous ?
    – Bien, nous on va faire sans eux … « 

    1. @ FabriceM

      Que l’on fasse sans eux ? C’est mon leitmotiv. Cette minorité a assez fais de mal. Place nette !
      Pour commencer: une grève générale ! Ne fournissons plus de quoi nous faire taper dessus ! Faisons leur perdre leurs moyens !

      Papillon

      1. Bien sûr papillon !
        En même temps ou avant la grève générale, et/ou insurrection,
        il faut utiliser tous les moyens qui frappent l’Etat du capital,
        et rassemblent le travail contre ce capital.
        Tous les moyens sont bons.
        Par exemple: offrir les services publics, mais gratuitement;
        par exemple, soins de santé, transports, électricité, poste et télécom, etc

        Il n’y a aucun vol à exproprier les voleurs!

  5. Si vous avez besoin d’un point de vue optimiste lisez:

    GEAB n° 62

    Comme d’habitude ils voient l’Euroland en rose !

    Juste un petit déficit démocratique, mais à part ça l’avenir est radieux!

    1. « Avant d’entrer dans le détail du cas européen, notre équipe souhaite rappeler que la grande différence aujourd’hui entre l’anticipation de l’évolution des Etats-Unis et celle de l’Europe tient au fait que les Etats-Unis ont un système politico-institutionnel archaique et complètement paralysé, alors que l’intégration européenne possède une forte dynamique associée à une grande souplesse institutionnelle ».

      Mort de rire en lisant ceci…

      l’intégration européenne possède une forte dynamique associée à une grande souplesse institutionnelle.

      Méthode coué?

  6. @ Paul Jorion

    A vous lire quotidiennement, une question me vient spontanément : êtes-vous un économiste atterré ?

    Et si le non l’emporte dans votre réponse, en quoi ne l’êtes-vous pas ?

    1. @ Thom

      Apparemment, pour être un « économiste atterré », il faut commencer par montrer patte blanche et son diplôme strictement d’économie délivré par l’université. Évidemment, là, pour Paul, c’est râpé.

      1. Bof, les diplômes, à ce stade, on s’en fiche un peu, non ?
        Et des gars comme Lordon ou Coriat aiment bien Paul, non ?

        J’ai croisé JF Kahn récemment à une bio qui souhaitait organiser un débat JORION / LORDON.
        L’occasion pour eux de faire une annonce d’alliance intellectuelle, non ?

        1. @ Thom

          Vous semblez avoir raté un épisode. Récapitulatif :

          1/ Les économistes atterrés refusent TOUTE bonne volonté qui n’a pas un diplôme d’économiste délivré par l’université.
          2/ Il y a déjà eu des appels du pied à Lordon par le passé, qu’il a accueillis par une fin de non-recevoir.

          Alors on peut évidemment le regretter, mais ça permet de mettre les choses au clair quant à qui doit faire preuve d’ouverture.

      2. Ah oui, j’ai effectivement raté cet épisode !!

        Je viens de terminer leur dernier livre « changer d’économie » qui est passionnant et dont plusieurs chapitres auraient pu être co-écrits par Paul !!

        Le passage rédigé par Lordon est vraiment dur à lire car le bougre a un style horrible. je comprends pourquoi il s’exprime bien en alexandrins…
        Coriat est plus lisible.

        Bon, peu importe les effets de style, c’est dommage que ces économistes atterrés soient fermés. Ils n’ont pas du tout le lien avec le grand public qu’a Paul et sont maintenus de ce fait dans une image de « bande de trotskistes » comme a dit Madelin sur un plateau à Lordon. C’est très dommage, vu les idées intelligentes qu’ils véhiculent et qui sont certainement les plus « puristes » qui soit en matière d’explications. L’université fermée n’est donc pas un mythe.

        je relance JFK pour qu’il organise ce débat.

      3. Apparemment, pour être un « économiste atterré », il faut commencer par montrer patte blanche et son diplôme strictement d’économie délivré par l’université. Évidemment, là, pour Paul, c’est râpé

        Avec Photoshop on fait des miracles :-p

      4. Je pense qu’il ne faut pas cesser proposer des rapprochements, tout en sachant qu’il y a des rigidités, mais en les ignorant complètement !

        Je suis sûr que certification d’économiste ou pas, les débats et les collaborations finiront par avoir lieu !

      5. Pourquoi s’imposer de telles barrières intellectuelles d’arrière-garde ?!

        Le monde universitaire français s’est longtemps imposé des œillères dans chaque discipline, pour ne pas dire plus.

        Le temps est à l’interdisciplinarité, la complexité du monde l’exige !

      6. Avant de victimiser les uns et diaboliser les autres, même s’il peut y avoir du vrai dans cette affirmation, il faut dire que Paul Jorion et Frédéric Lordon n’ont apparemment pas les mêmes idées sur le fond, sur le capitalisme d’aujourd’hui et la société qu’il faut promouvoir pour demain, du moins pour ce que j’ai pu comprendre à la lecture de leurs proses respectives.

        A qui servirait donc une confrontation, alors que l’importance est d’unir tant les intellectuels que les populations en général pour des objectifs à moyen ou long terme visant à barrer réellement, concrètement la route aux diktats et aux actes que chaque jour les pouvoirs libéraux imposent aux peuples ?…

      7. @ Contempteur

        Pas d’accord. Les idées convergent. Suivant la réalisation poussée ou non des scénarios catastrophes, seuls les résultats probables changent.

        Paul redoute par exemple la nullité des décisions qui risquent de nous mener au désastre. Implicitement ou explicitement, il montre celles qu’il faudrait prendre pour corriger le tir. Ca laisse de la marge à l’avenir.

        Lordon, lui, est dans le même schéma mais il pense que les peuples ne supporteront pas longtemps ce qu’on leur impose et que le truc va s’effondrer. Pour aboutir à un résultat semblable à celui craint par Paul. Je ne sache pas qu’il le souhaite (l’effondrement), il le redoute et pense que plus les décisions débiles s’enferrent, plus le désastre est inéluctable.
        Au-delà, il craint le soulèvement, comme tout le monde.

        Ce qui est intéressant, c’est de voir comment le pragmatisme des uns et des autres pourrait aboutir à des mises en oeuvre « pré-mâchées » pour les politiques, de quelque bord qu’ils soient et de quelque pays qu’ils soient également. Ils en ont la capacité. Ne serait-ce que par leur charisme, car il en faut pour entraîner des peuples dans une seule direction.

      8. La discussion n’est pas là.
        Il y a parmi les économistes atterrés ceux qui sont keynésiens,
        cherchant les bouts de ficelles altercapitalistes (type FdG)
        et ceux qui ont compris que nous arrivons devant l’alternative « socialisme ou barbarie ».

        Mais tous sont utiles pour dénoncer les politiques de la droite,
        même si certains termineront dans le désastre sans précédent de la nouvelle « gauche plurielle ».

      9. @Benj

        Ce qui m’énerve passablement, c’est qu’on subit depuis des années des « économistes » atterrants comme Cohen ou Godet, mais c’est à des économistes qui vont à contre-courant de cette pensée aussi indigente que dominante qu’on demande d’être parfaits dans les aspects aussi largement politiques qu’économiques.

        Preuve que la pensée dominante, comme la Pub, métastase dans les têtes les plus confiantes dans leur inoxydabilité.

    2. Les économistes altérés le seraient bien davantage encore s’ils étaient en état de comprendre ne serait ce que le quart de la situation. C’est un groupuscule inutile d’illuminés d’arrière garde.

      1. @ Lisztfr

        Je ne pense pas que ce soit le cas. Leurs propositions formulées dans leur dernier livre sont claires et simples. Tout autant que ce que propose Paul ici. Très souvent identique, d’ailleurs.

        Non pas que je défende leur position « universitaire » fermée au reste de la société mais, vraiment, il faut lire leurs propositions. J’ai eu la chance d’assister à Avignon à une de leur causerie, c’était limpide. Il suffisait d’acheter leur bouquin dans la foulée.

        Là où je suis ok avec vous, c’est qu’ils ont tendance à donner davantage d’explications à propos de ce qui s’est produit depuis la genèse des crises actuelles que d’envisager les cas de figure qui se présenteront si on met leurs propositions en oeuvre. De fait, leurs propositions semblent trop conceptuelles, ce qui les dessert. En fait, ils sont plus inaudibles qu’illuminés.

      2. Une telle prise de position mérite un brin d’explication. Que leurs propositions soient très éloignées des réflexions actuelles de nos dirigeants les fait paraître irréalisables, mais en elle même méritent-elle votre rejet sans explication ?

      3. @ heliobacter

        Je n’ai jamais dit que je les rejetais, Piloris, c’est juste que leur position universitaire, fut-elle donneuse de conférences multiples, n’est pas aussi ouverte que celle de Paul ici-bas.

        En clair :
        Les idées de Paul sont ici formulées, par écrit ou oral, puis débattues. Sûrement reprises par bribes dans les sphères dirigeantes, à droite ou à gauche, en fonction de ce que ces messieurs du pouvoir jugent qu’il est opportun ou pas (le discours de Toulon inspiré de Jorion ?). Le reste fait son oeuvre : discussion, rediffusion, déploiement viral, etc.
        Les idées des EA, elles, sont présentées en livres, radio ou vidéo. Point. Ne laissant pas le soin aux éventuels intéressés (nous et nos élus) de s’approprier les aspects pratiques de leurs propositions. En d’autres termes, elles restent voeux pieux. Très bons voeux, au demeurant, mais confidentiels. c’est tout.

      4. Les économistes atterrés voudraient ne plus être atterrés mais rester économistes, rémunérés et considérés comme les experts qu’ils sont, oubliant que l’expert sert toujours un maître.

      5. Et toi tu es notoirement dans la nuance stendhalienne…N’oublie pas d’enlever les bottes en rentrant.

      6. Ils ne sont pas en état de comprendre parce qu’ils ont trop bu !

        A part cette plaisanterie sur une faute de frappe, pourquoi Frédéric Lordon ne les quitte-t-il pas ?
        (autre plaisanterie)

        Ceci est une réponse au commentaire de Lizst

  7. François Leclerc écrit :

    « La gestion des incertitudes politiques passerait finalement par un accord grec sur le principe de la constitution d’un gouvernement de coalition Nouvelle Démocratie/Pasok, formule qui serait décidée avant même que les élections ne se tiennent en avril comme prévu. »

    Autrerment dit, l’échange serait : « Après les élections, vous faites un gouvernement bi-partite Nouvelle Démocratie/Pasok, et en échange nous vous prêtons 130 milliards d’euros. »

    C’est un échange qui simplifie tous les problèmes.

    Par exemple, c’est un échange qui simplifie les problèmes posés par la démocratie. Maintenant, il n’y aura plus jamais de problèmes de démocratie en Grèce, puisqu’il n’y aura que trois résultats possibles :

    – un gouvernement Nouvelle démocratie

    – un gouvernement Pasok

    – un gouvernement bi-partite Nouvelle Démocratie/Pasok.

    Finalement, la démocratie, ce n’est pas moderne, ce n’est pas adapté à notre époque, ça pose trop de problèmes.

    Donc, supprimons la démocratie, nous supprimerons les problèmes.

    La Grèce est une expérience de laboratoire : si ça passe, l’expérience sera tentée au Portugal, et ensuite dans d’autres pays européens.

    Je dis bien : si ça passe …

    En Grèce, en 2012, le slogan de l’année pourrait être : « ça passe, ou ça casse. »

    1. Le problème en Grèce n’est pas de faire un Gouvernement mais pour un Gouvernement de mettre en place des structures et des modes de vie ensemble qui soient acceptables par la plus grande partie de la population.

      Autrement dit changer une grande partie de la culture au quotidien pour soit se rapprocher de l’Europe, soit partir vers le Levant.

      Les Grecs peuvent-ils avoir un mode vie occidental comme ils l’on fait depuis la construction de l’Union en refusant ses modes de fonctionnement au quotidien ??.

      Lorsque le Ministre des Finances dit : de nombreux pays de l’Union ne veulent plus de nous, (surtout les Luthériens) il pose de fait aux Grecs, la question du changement radical de culture.

      1. Il est certain que le mode de vie grec est assez différent de l’allemand .
        Mais il faut avoir assisté aux débordements festifs des jeunes allemands en Grèce , pour comprendre ce qu’une éducation de luthériens produit lorsque les interdits disparaissent soudain .

  8. J’ai dit et redit sur ce blog à quel point je me sentais Européen (autant, mais pas plus, que Français).

    Mais cette Europe là !

    Me donne envie de vomir que c’en est pas croyable.

      1. Ben moi même pas !

        Attention : j’y participe aussi. La preuve je suis en train de me servir d’un ordi dont je soupçonne que la majeure partie des composants est d’origine, disons, est-asiatique pour être poli. Et j’apprécie la chose qui plus est !

        Par contre : suis peu tenté par des tas d’autres merveilles que le « supermarché » dont tu parles, me vante quotidiennement. Soit que je ne m‘en vois pas l’usage (sans pour autant les mépriser) soit qu’ils me paraissent des abominations. [Avouons le : suis peu réceptif à la pub intensive].

        Y’a pire : il peut m’arriver de lutter farouchement contre l’introduction de telle ou telle des productions dudit supermarché.

        Dernière remarque (probablement superflue, mais vaut mieux être précis) : quand je dis que je suis Européen (voire si tu préfères Mondial, en clair humain); je parle des gens !
        Mes expériences perso m’ont essentiellement montré des gens (affreusement étrangers) d’une sympathie parfaite. A une exception près : un pompiste flamand (belge) qui, sous prétexte que ma sœur et moi parlions français, fit mine de ne pas comprendre ce que nous demandions. Toutes mes autres expériences ont été en sens inverse ! Et j’en ai eu. Des dizaines et des dizaines.

      2. à Ken Avo,

        Il y avait, il y a quelques siècles un anglais nommé Marlowe qui serait devenu très célèbre s’il avait eu un caractère plus sage.

        Moi, je suis américain, mais je dois avouer que mon père a beaucoup connu l’Angleterre.

    1. @ Léoned
      A 14 ans, je suis devenu fédéraliste européen.
      A 15 ans j’avais ma carte de Citoyen du Monde.
      L’ai toujours.
      Histoire de famille: mon père 5 ans prisonnier en Allemagne,
      deux grands pères déglingués en 14-18 (jamais vu, donc).
      Ai appris l’Allemand avec le désir d’une Europe Unie, de paix et de progrès.
      Ne regrette rien. Belle jeunesse.
      Aujourd’hui, suis convaincu qu’il faut une révolution sociale,
      qu’il faut se battre pour les Etats-Unis Socialiste d’Europe.
      Et que c’est possible: patience et détermination.

      1. Mon père (trop jeune en 40) a échappé au STO grâce à la complicité d’un cadre des Chantiers de l’Atlantique (Nantes) qui a soudain découvert un poste où il était « indispensable » (et comme lesdits Chantiers dépendaient de la Kriegsmarine …)

        Mes deux grands-pères (que moi j’ai connus) ont eux aussi été déglingués par 14-18 : l’un salement (resté malade toute la fin de sa vie), l’autre moins, mais m’avouant un jour « On a dit merci à notre Lieutenant quand il s’est rendu » (Ça devait être dans l’Argonne vers fin 14) Faut dire que lors des premiers assauts, partis à 100, ils étaient revenus 10. S’ensuivit la captivité.

        J’ai préféré continuer le latin à l’allemand en 2nde, parce que je savais que je pourrai toujours l’apprendre en vrai l’allemand. M’a d’ailleurs pas causé de souci quand j’ai eu à fréquenter en vrai des Allemands.

        États-Unis d’Europe : j’approuve. Socialistes ? Je n’y crois pas et surtout j’en crains le pire. Trop de mauvaises expériences de la chose.

        C’était juste pour comparer. Sans juger.

      2. États-Unis d’Europe : j’approuve. Socialistes ? Je n’y crois pas et surtout j’en crains le pire. Trop de mauvaises expériences de la chose.

        parce que les innombrables expériences capitalistes vous ont convaincus ?

        l’émancipation sociale est un long chemin semé d’embuches ; l’humanité en verra d’autres et d’ailleur il n’y aura jamais de fin , juste un mouvement vers toujours plus de dignité

        car si les capitalistes ne croient qu’en la force et la loi du plus fort, le mouvement de l’émanciaption sociale est le pendant : l’entraide, la solidarité, le partage sont ce qui fait humanité et civilisation

        la loi du plus fort c’est la loi de la jungle , la loi naturelle contre laquelle de tout temps l’humanité s’est opposé ; que valait le plus fort des hommes contre les prédateurs de la préhistoire …..

      3. @ j.gorban

        Mon problème c’est que je ne crois pas que la solution dite « socialiste » soit une réponse au capitalisme (mot qui déjà m’insupporte), ce n’en est qu’un avatar.

      4. A moins de retourner à l’économie de cueillette ou au servage,
        il n’y a que deux modes de production possibles:
        produire pour l’accumulation, ce est devenu une catastrophe sans nom,
        ou produire pour satisfaire les besoins.
        On peut appeler cela autogestion généralisée, planification démocratique,
        démocratie réelle ou socialisme, peut importe.

        Mais pas d’erreur: les protopypes de « socialisme » du XXème siècle
        sont au tapis, en miettes.

        Ne mettant pas la démocratie dans le moteur, ils se sont écrasés.
        Ils avaient tourné le dos à l’idéal socialiste d’émancipation.
        Ils ont aussi ignoré les limites de la planète.

        Il suffit de tirer les leçons du capitalisme à l’agonie
        et du socialisme de caserne.

    1. Avant d’être une colonie du capital, une démocratie doit se laisser corrompre. Elle doit nier toutes forme de responsabilité et donc nier la liberté et finir par se nier elle-même.
      Le « Kapital » ne peut rien contre une démocratie qui sait dire « NON ».
      Espérons que le peuple Grec nous donnera bientôt une bonne leçon à graver dans les manuels d’histoire, mais il pourra seulement le faire s’il parvient aussi à se purifier de ce qui l’a colonisé de l’intérieur, telles la corruption, les fraudes et les fuites fiscales, bref: l’injustice.

      1. à quelqu’un,

        J’aimerais bien que tu aies raison.
        Je pense qu’une démocratie, pour être, doit être contre le Capital et non pas seulement dire NON, mais aussi envisager de le combattre jusqu’à ce que mort s’en suive.

        Comme disait une série de films débiles :

        il n’en restera qu’un

        .

    2. Décidément le « K » majuscule est en vogue chez certains commentateurs (Kapital, Kommandantur…). Va-t-on voir refleurir les bons vieux Kultur , Kolossal et pain KK de la propagande germanophobe de guerre ?
      Romain Rolland reviens, ils redeviennent fous.

      1. Point de germanophobie, j’y vois la dénonciation d’une certaine politique voulue par l’aristocratie financière et les grands dirigeants économiques et politiques. Et pas qu’en Allemagne, mais c’est le pays qui la crie haut et fort en ce moment, avec l’Autriche, la Finlande et (je crois) les Pays-Bas.

        Faut dire que la ‘croissance’ allemande était négative au dernier trimestre, il faut donc chercher, et vite, un bouc émissaire. Depuis des semaines la presse se prélassait dans les délires de Wulff, le président fédéral. Maintenant qu’il a démissionné, le sujet brûlant revient à la surface. En Allemagne, cela s’appelle : Faut-il exclure la Grèce de l’Euro, notre sainte monnaie ? Les sondages sont à 50/50.
        Peu, à part Oskar Lafontaine, quelques universitaires honnêtes et la Gauche (die Linke) dénoncent la responsabilité de l’Allemagne (politique de développement des très bas salaires, diminution des allocations-chômage, inaugurée par le chancelier socialdémocrate Gerhard Schröder) depuis 2002-2005, dans la crise de l’Euro qui s’est transformée en crise économique de l’UE.

    3. Nous sommes dans une forme de démocratie, pas dans « la » « D »émocratie.

      Cette forme est balbutiante, absolument limitée par la préservation des nouveaux privilèges économiques, très imparfaite, et mensongère. Les acquis sont précieux et totalement insuffisants.

      C’est effrayant et passionnant.

  9. Donc si je comprends bien on supprime les élections carrément ou mieux on décide d’avance du résultat?Belle ‘démocratie qu’est devenue l’Europe.Et dire qu’on nous a tant dit que c’était pour notre prospérité, pour notre bien etc etc et pour éviter les guerres.S’ils continuent comme cela c’est ce qui va arriver.On ferait bien de relire les livres d’histoire du coté de la troika, période 1935/1939.
    Je dis ça je dis rien…

  10. Dans quelle situation nous sommes nous mis ! Quelle responsabilité pour les gouvernements, et surtout les banquiers centraux, qui ont laissé cette situation se développer !

    Maintenant, tout le problème de la situation actuelle, c’est qu’il faut sortir de la gestion de crise à la semaine et oser poser à chaud (on a eu 15 ans pour le faire à froid, mais maintenant on n’a plus le choix) la question de la politique monétaire et de la BCE.

    Cf. tribune écrite avec Olivier Hersent et publiée hier par Le Figaro, page 16

    http://www.guillaume-sarlat.fr/2012/02/le-traite-budgetaire-europeen-passe-a-cote-du-sujet/

    1. Dites, Guillaume, je crois que vous perdez votre temps avec votre autopromotion de monétariste… Sur ce blog, je veux dire.

    2. Non, il faut répudier la dette qui a engraissé le capital,
      première disposition avant expropriation des expropriateurs,
      pour que commence la démocratie réelle.
      Pour la Grèce, l’argument, dès 2010:
      La dette de la Grèce : quel mot d’ordre faut-il défendre ?
      par François Chesnais
      http://www.cadtm.org/La-dette-de-la-Grece-quel-mot-d
      Je note que Chesnais préfère dénonciation à annulation.
      Je vais y veiller. Il a raison: disons dénonciation ou répudiation.

      1. Effectivement dénonciation est plus fort, plus juste et met le préteur à égalité avec l’emprunteur. Annulation c’est le prêteur qui domine, dénonciation concerne une action de l’emprunteur. Donc dénonçons.

  11. Le retour de la Kommandantur !

    La rencontre de lundi s’annonce décisive. La façon dont l’UE et l’Allemagne gère la question grecque doit donner des sueurs froides à Lisbonne, Madrid ou encore Rome.

    Comme je l’avais souligné dans un autre fil de commentaires, la question monétaire s’efface, même si elle demeure au centre des négociations, pour laisser la place à des questions d’ordre social et politique.

    Mais bon comme dans toutes les familles, l’argent est un poison insidieux…

    1. Ça ne vous rappelle pas le coup de la ligne Maginot ?

      Certains pensaient qu’elle serait infranchissable.
      Comme le mur de 400 milliards injectés les derniers mois.
      Certains pensaient qu’elle devait être renforcée, allongée et doublée d’avions.
      Comme les 1000 ou 1500 milliards espérés de QE en Europe qui serviraient de pare-feu ?
      Certains pensaient qu’elle ne tiendrait pas 1 semaine.
      Comme les fonds de pension ?

    2. Oil Man:

      Soyez prudent en jouant avec les vieilles images. Dites « le gouvernement de droite en Allemagne » , vous serez plus juste.

      Pas « la Kommandatur »

      Cordialement !

      1. Oui, j’avoue avoir forcé le trait…

        Mais, vu les tensions grandissantes entre l’Allemagne et la Grèce, j’ai peur que les responsables actuels aient indirectement réactivés à la vitesse grand V ces vieilles images justement !

  12. « La Grèce une colonie ? »

    Faisant le constat navrant et révoltant que les Grecs ne sont désormais plus que des citoyens sans droit du 4ème Reich allemand, il me semble réaliste et légitime en effet que les Grecs et plus largement l’ensemble des Européens exigent de pouvoir participer et se présenter aux élections des deux chambres Bundestag et Bundesrat de la RFA. Et je propose également de lancer une pétition visant à abolire le pouvoir abusif de la très nationaliste Cour constitutionnelle de Karlsruhe.
    Voilà, C’est dit.

    Quant au siège de la BCE, il n’aurait jamais dû être installé à Francfort mais à peu près n’importe ailleurs qu’en Allemagne. Erreur historique et symbole désastreux.

    1. Je passe les détails du raisonnement, pour donner la conclusion tout de suite, ça va plus vite: la présence de Mélenchon au deuxième tour ferait se retourner la Bundesrepublik comme un gant !
      Et aurait des répercussions incalculables dans toute l’UE !

      Cette année ou dans cinq ans.

      1. Aucun risque, comme dirait Hollande…
        Il serait dans Die Linke, qu’il présente comme exemple,
        et qui sert loyalement le capital dans plusieurs région,
        en coalition avec les bourgeois du SPD,
        comme l’ont toujours fait les nomenclatures du FdG avec le PS.

    2. Et ils font quoi les autres gouvernements européens, comme celui de la « France forte » à quatre pattes ?

      Ils font « Parti populaire européen » dont font partie la CDU et l’UMP.

      Le méchant flic et le bon flic.

      Le moins que je puisse dire en lisant certains coms, c’est que le chauvinisme français et le point
      Godwin sont au zénith.

      En attendant, un peu de ciné :
      http://www.catastroika.com/indexen.php

    3. Charles A. meilleur défenseur du Kapital, c’est sûr. Tout ce qui touche la gauche radicale lui hérisse le poil. Ne vous inquiétez pas, les propos de droite le laisse froid, vous pouvez y allez!

      1. @ Cougar
        Je vous invite à argumenter.
        L’humanité est en danger.
        Les attaques personnelles ne sont pas à la hauteur des billets de ce blog
        qui lui en prend la mesure.

  13. @ Guillaume Sarlat
    Dans quelle situation nous sommes nous mis !
    Et puis quoi encore , j’en suis vraiment désolé mais le Nous est de trop , nos hommes politiques à trop promettre , avec une vision à cinq ans NOUS y ont mis . Et j’ai pas dit « nous ont mis » mais faudrait pas me pousser. Alors votre vision de tous coupable , désolé pas avec moi . En communication, le mot amalgame désigne le fait d’associer abusivement des personnes, des groupes ou des actions de nature différente(wikipedia). Sur ce ,je NOUS souhaite bonne weekend, amicalement

    1. Faites tourner ! Et ce commentaire :
      Comme vous le savez si vous lisez Okeanews, un nouveau documentaire est en préparation en Grèce : «Catastroïka». Dans le cadre de ce documentaire, une interview de Naomi Klein a été réalisée dont voici un extrait :

      «Ce qui se passe actuellement en Grèce, ressemble en quelque sorte à ce qui s’est passé en Corée du sud durant la crise asiatique, dans le sens où il y a eut cette guerre évidente avec la démocratie. La Corée du sud était en pleine période électorale quand le FMI a obligé tous les candidats à la présidence à signer l’accord passé avec le FMI. En réalité le FMI a annulé le sens même des élections.

      Et peu importe le résultat des élections, l’accord reste inchangé parce qu’ ils redoutaient que celui qui négocie avec le FMI, n’aura pas une grande influence politique pour imposer l’accord et perdra les élections.

      C’est le moment ou le masque tombe complétement et où le système des marchés est en guerre avec la démocratie. Les projets du néolibéralisme sont de discréditer la démocratie et de faire en sorte que les élections deviennent une course au candidat le plus populaire. Les marchés veulent de la sécurité. La sécurité que les élections n’amènent aucun changement au statu quo des affaires.

      Et il y a beaucoup de mécanismes pour assurer ce statu quo. La soit-disant indépendance de la banque centrale est un de ces mécanismes avec lequel ils disent : « les hommes politiques ne peuvent pas toucher à nos jouets ».

      Dans « la Stratégie du Choc » je raconte que c’est ce qui s’est passé au Chili durant la période transitoire vers la démocratie. La fin de la dictature de Pinochet est survenue comme le régime Pinochet l’a voulue. C’était une transition contrôlée. Les « Chicago boys » (groupe d’économistes qui ont travaillé avec Pinochet) disaient ouvertement qu’ils allaient réinventer le sens, la définition de la démocratie, vers une démocratie technocratique.

      Dans la réalité il s’agit d’une démocratie où l’économie est hors d’atteinte des politiques. Ils ont utilisé des mécanismes constitutionnels, de sorte que tout changement des règles du jeu économique devienne impossible ou illégal. Les programmes de restructuration sont une des manières d’atteindre leurs buts. Les accords du libre échange en est une autre.

      Il y a plusieurs manières de raconter l’histoire du néolibéralisme, comme l’histoire du « comment lier les mains de la démocratie », de sorte qu’elle ne puisse pas inciter le pouvoir à changer l’économie.

      La Grèce est considérée comme une nation peuplée d’enfants à qui il faut retirer des mains les clés de la voiture.»

    2. Merci ig de nous ramener à ce site passionnant.
      Vous avez peut-être lu, mais je signale pour tous les participants,
      qui sont nombreux à avoir lu et apprécié « La stratégie du choc » de N.Klein
      (excellent sur le fond et la forme malgré la conclusion vide du moindre réalisme…)

      Comme vous le savez si vous lisez Okeanews, un nouveau documentaire est en préparation en Grèce : « Catastroïka » (voir ici pour soutenir le projet).
      Dans le cadre de ce documentaire, une interview de Naomi Klein a été réalisée dont voici un extrait (transcription -je remercie très chaleureusement Panayota pour son aide –
      – « Ce qui se passe actuellement en Grèce, ressemble en quelque sorte à ce qui s’est passé en Corée du sud durant la crise asiatique, dans le sens où il y a eut cette guerre évidente avec la démocratie. La Corée du sud était en pleine période électorale quand le FMI a obligé tous les candidats à la présidence à signer l’accord passé avec le FMI. En réalité le FMI a annulé le sens même des élections.
      Et peu importe le résultat des élections, l’accord reste inchangé parce qu’ ils redoutaient que celui qui négocie avec le FMI, n’aura pas une grande influence politique pour imposer l’accord et perdra les élections.

      C’est le moment ou le masque tombe complétement et où le système des marchés est en guerre avec la démocratie. Les projets du néolibéralisme sont de discréditer la démocratie et de faire en sorte que les élections deviennent une course au candidat le plus populaire. Les marchés veulent de la sécurité. La sécurité que les élections n’amènent aucun changement au statu quo des affaires.
      Et il y a beaucoup de mécanismes pour assurer ce statu quo. La soit-disant indépendance de la banque centrale est un de ces mécanismes avec lequel ils disent : « les hommes politiques ne peuvent pas toucher à nos jouets ».

      Dans « la Stratégie du Choc » je raconte que c’est ce qui s’est passé au Chili durant la période transitoire vers la démocratie. La fin de la dictature de Pinochet est survenue comme le régime Pinochet l’a voulue. C’était une transition contrôlée. Les « Chicago boys » (groupe d’économistes qui ont travaillé avec Pinochet) disaient ouvertement qu’ils allaient réinventer le sens, la définition de la démocratie, vers une démocratie technocratique.

      Dans la réalité il s’agit d’une démocratie où l’économie est hors d’atteinte des politiques. Ils ont utilisé des mécanismes constitutionnels, de sorte que tout changement des règles du jeu économique devienne impossible ou illégal. Les programmes de restructuration sont une des manières d’atteindre leurs buts. Les accords du libre échange en est une autre.

      Il y a plusieurs manières de raconter l’histoire du néolibéralisme, comme l’histoire du « comment lier les mains de la démocratie », de sorte qu’elle ne puisse pas inciter le pouvoir à changer l’économie.

      La Grèce est considérée comme une nation peuplée d’enfants à qui il faut retirer des mains les clés de la voiture. »

    3. Cet extrait de Panagiotis Grigoriou est terrible :

      nous avons appris, et dans la douleur immense, que soixante-huit pièces anciennes en céramique et en bronze ont été dérobées au musée d’Olympie. Le ministre de la Culture Pavlos Geroulanos, ami de Georges Papandréou, a aussitôt présenté sa démission. Selon les dépêches, « ces objets ont été volés par deux hommes cagoulés », qui se sont introduits en début de matinée dans l’un des deux musées de la ville d’Olympie, berceau des Jeux Olympiques, ont indiqué les « autorités ». Sur internet, ou en direct à la radio, citoyens et éditorialistes se demandent comment notre République banqueroutière arrive à financer en permanence une telle présence policière, digne d’un système concentrationnaire lors de nos manifestations à Athènes (7000 hommes environ – rien qu’entre hier et aujourd’hui, nous avons encore respiré « l’air libre » des produits chimiques policiers à trois reprises), tandis que pour garder le Musée d’Olympie, une seule et bien malheureuse employée suffisait, car toute embauche au Ministère de la Culture fut interdite par les banquiers.

      http://greekcrisisnow.blogspot.com/2012/02/olympie-outragee.html#more

    1. Anne-Laure Delatte, professeur d’économie à Rouen Business School. Et ben, voilà un élément de plus de ce que j’avance depuis un certain temps: l’anglicisation des élites françaises. Pauvre France, pays de mes ancêtres..
      Deux-montagnes Québec

      1. Hé oui, Lorimiera, c’est ainsi chez nous autres maudits.
        Nous n’avons pas 350 millions de rosebesfs à nos portes qui font tout pour nous annexer 🙂
        Nous sommes – encore un peu et seulement pour certains – attirés par l’american way of life.

        En revanche, j’ai en mémoire mon installation à Montréal dans les années 90 (2 ans 1/2 en tout) où, en arrivant dans une maison du parc Lafontaine, j’avais invité le prêtre de la paroisse Saint-Louis à bénir la maison. Ça se pratique encore pas mal dans nos contrées de la vieille Europe. Un mélange de superstition et un bon moyen de nouer contact avec le chargé d’âmes du coin. Quelle surprise ce fut pour lui !! A croire qu’on lui demandait d’exorciser la maison !! Il est vrai que le retrait de l’église au Québec était déjà bien entamée en 90. C’était pourtant une pratique quasiment obligatoire 25 ans avant !!!
        Nîmes – France 🙂

      2. Il y a effectivement un paradoxe en France: d’un côté on fait une loi pour protéger la langue francaise (interdiction des anglicismes), alors que l’américanisation notamment dans les affaires – commerciales ou politiques – est devenue une réalité.
        La France contemporaine serait une source d’inspiration pour des écrivains tels que
        Franz Kafka, si celui-ci serait encore parmi nous.

      3. Anglicisation: bien d’accord.

        Les « élites » perdent le contact avec leur culture
        de base et perdent la tête.
        Paumées et déboussolées , qu’elles sont les élites
        devant le mystère de leur échec.
        Il y a encore 40 ans parsemer sa causerie de latin
        faisait bien chez les snobs, maintenant c’est l’anglais.
        Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de créoliser
        notre langue; le créole frangliche pour se reconnaître entre
        soi.
        Mépris sûrement, trahison culturelle plus sûrement.

  14. In The Meantime Iceland Is #Winning

    While Greece and Europe continue sinking ever deeper into the colonial quicksand of Pax Goldmania, Iceland, which blew up, pushed its banks into bankruptcy, and arrested its corrupt bankers, is well on its way to being the world’s only normal country.

    ICELAND RATINGS RAISED TO INVESTMENT GRADE BY FITCH
    FITCH UPGRADES ICELAND TO ‘BBB-‘; STABLE OUTLOOK
    FITCH DOES NOT EXPECT ICELAND TO SLIP BACK INTO RECESSION
    FITCH SAYS ICELAND GOVERNMENT DEBT PEAKED AT 100% OF GDP IN ’11
    Too bad the Goldman colony of Greece (and soon everyone else – thank you first lien « bailout » debt) will not see headlines such as these written about it any time in the next century.

    À transmettre à toutes vos relations !

    1. Iceland <3

      Pourquoi nous autre restons dans un tel mutisme…

      D'ailleurs, la question de l'adhésion de l'Islande à l'UE s'est perdue un peu en route !

    2. @Tomy
      « j’avais invité le prêtre de la paroisse Saint-Louis à bénir la maison. Ça se pratique encore pas mal dans nos contrées de la vieille Europe.  »
      C’est quoi votre contrée, la Sicile?

  15. Et quel est le candidat à la présidentielle susceptible de se rapprocher d’une telle conduit politique ?

    While Greece and Europe continue sinking ever deeper into the colonial quicksand of Pax Goldmania, Iceland, which blew up, pushed its banks into bankruptcy, and arrested its corrupt bankers, is well on its way to being the world’s only normal country.

    http://www.zerohedge.com/news/meantime-iceland-winning

    Sarkozy non
    Hollande non
    Bayrou non
    Lepen non

    MELENCHON : OUI

    1. Oui, oui, la campagne Mélenchon est la seule lueur sur le plan de la politique officielle.

      Et il y a tous les autres plans ! Les intellectuels, Internet, les lieux de travail, la rue, la rue, la rue.

      1. Ce que ne dis pas Mélenchon, c’est qu’il pas de sous chez les capitalistes…
        Mélenchon ne dit pas que le capitalisme est à l’agonie…
        Il ne comprends pas que ce n’est pas une question d’idéologie politique…
        Le banquier en tant qu’individu est trés riche avec ses bonus…Mais comme un charognard il ne fait que bouffer la carcasse de sa propre banque et de ses propres clients…Cela rappelle les mérovigiens aprés la chute de l’Empire Romain…
        Comme le vautour sur la vache morte.
        Mélenchon et les gauchiste n’admettent pas que le productivisme capitalisme est mort.
        Ils croient toujours qu’ils faut redistribuer…
        Redistribuer quoi?
        Il n’y rien à distribuer….
        Que de la richesse à planche à billet…
        Il faut changer de paradigme.

      2. @izarn

        Ce que ne dis pas Mélenchon, c’est qu’il pas de sous chez les capitalistes

        A l’instant « t « , ce n’est manifestement pas vrai, mais c’est vrai qu’il y a chez Mélenchoin une absence de vision du futur (une fois qu’on a redistribué et que pour cela on s’est probablement entre-tué, qu’est ce qu’on fait ?) qui m’emmerde, ça ne m’empêchera pas de voter pour lui , mais ça ne me fera pas baisser la garde pour autant.

    2. Le problème est que les electeurs de gauche n’ont pas oublié 2002
      le prétendu vote « utile » a encore de beaux jours devant lui
      effectivement Mélenchon séduit mais de là a franchir le pas
      Il rassemblera effectivement les electeurs traditionnel de la Gauche du PS + ou moins 10% les candid

    3. Le FdG veut payer la dette, mais en empruntant à la BCE.
      L’intérêt des travailleurs, aux antipodes des serviteurs du capital,
      c’est de la répudier.
      Vielle affaire qui nous départage des défenseurs du capital:
      « Si les démocrates demandent la réglementation de la dette étatique,
      les travailleurs doivent exiger la banqueroute nationale ».
      K. Marx – Adresse à la Ligue des Communistes (Londres, Mars 1850)

      Ah, les temps bénis du caviar de Jospin…

    4. @ Bossuet

      Melenchon se mettra du côté de Hollande aussitôt le premier tour passé et voudra négocier des places de ministres pour son mouvement. Les troupes supplétives du PS. Quelle perspective ! Il fait partie du « système ».
      Rien à attendre de ce côté là, ni d’aucun politicien.
      AUTOGESTION

  16. Et le président Allemand démissionne(présumée corruption), la vertueuse Allemagne et Merkel en prennent un coup.

    Le président allemand démissionne, nouveau casse-tête pour Merkel.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20120216.AFP7790/le-president-allemand-demissionne-nouveau-casse-tete-pour-merkel.html

    Le retour des néo nazis en Allemagne (partie Est):

    http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20120216.OBS1552/allemagne-ce-neonazisme-ultraviolent-qui-ressurgit-a-l-est.html

    C’est très bien de vouloir faire la ‘morale’ à toute l’Europe encore faudrait il peut être regarder dans son propre jardin d’abord…

    1. Je ne sais pas si évoquer « le retour des néo-nazis » est bien constructif.

      Cela reste tout de même un phénomène assez marginal. Un lecteur allemand pourrait nous rétorquer la montée de l’extrême-droite en Hongrie, Italie, Suisse, ect…

      Ce n’est pas la bonne méthode pour « attaquer » l’Allemagne sur sa gestion de la crise européenne.

      Par contre, c’est clair, on a tellement tapé sur les Grecs, « ces fainéants, ces tricheurs,… », que l’affaire de cette démission devrait amener nos collègues allemands à tempérer leurs propos vis-à-vis de la Grèce !

    2. Le Nouvel’Obs est en retard de deux décennies. Depuis l’annexion des régions de l’est, pompeusement appelée ‘unification’, les différents gouvernement ont laissé, voire favorisé (je peux le démontrer par les réformes de Kohl alors chancelier) l’émergence et le développement des groupes néonazis. Il a fallu le suicide de deux néonazis inconnus pour que la police régionale se penche sur la douzaine d’attentats qu’ils avaient commis contre des personnes d’origine turque. Actuellement, la police refuse de communiquer aux collègues d’autres länder les dossiers concernant ces faits !
      Dans le même temps, on apprend que les députés de la Gauche (die Linke) sont officiellement espionnés par les Services Spéciaux, depuis des années.

      Donc rien de nouveau. Mais c’est bon qu’un journal en parle. Ce serait mieux de préciser l’origine et la cause de la force des néonazis à l’est. Et de dire aussi le combat au quotidien que mènent de courageux citoyens allemands.
      Actuellement, on négocie un salaire minimum qui serait de 8,50 euros à l’ouest et 7,08 euros à l’est. Pourtant l’essence, l’énergie, les besoins quotidiens sont au même prix de part et d’autre ! Ce que les riches de l’Ouest ont fait et continuent de faire avec ceux de l’Est, eh bien, ils voudraient bien le faire avec la Grèce, le Portugal, l’Espagne, etc. et pourquoi pas la France ? Le STO n’est plus très loin, dans cette démarche. On connaît.
      Ce qui est réjouissant, c’est que le débat a lieu en Allemagne même, que la politique de Schäuble et de ses conseillers néolibéraux ne fait pas l’unanimité.
      Pour ceux qui lisent l’allemand, voici une source puissante d’information :
      http://www.sgipt.org/politpsy/finanz/FiKr12Q1.htm
      Ne vous laissez pas impressionner par le titre du site, c’est en fait une revue de presse sur la crise. Nous avons un anthropologue, eux ont un psychothérapeute. Au centre : l’humain.

  17. Si le déficit diminue comme le PIB grec, on se demande comment les banques françaises et allemandes vont etre remboursées!
    Avec la monnaie du pape allemande?
    Ils oublient que les dettes in fine, sont en valeur absolue!
    Arf, la combine! Je suis déficitaire que de trois milliards, oui mais j’en dois 150!
    Progrés! Avant j’avais des déficits de 4 milliards; super et alors? C’est avec ça que tu vas t’en sortir? Dans 150 ans?
    Ben la dette est toujours à 300 milliards! (Enfin on ne sait plus ou on en est) Et les interets sont délirants!
    N’importe quoi, bon je vais aller dormir…
    Mais dégagez les, o peuples!
    Leur danse débilissime est une honte à l’intelligence humaine.

  18. Ceci est un peu hors sujet, encore que…

    6 000 milliards de dollars en faux bons du trésor US ont été découverts en Suisse :

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/02/17/6-000-milliards-de-dollars-de-faux-bons-du-tresor-americain-saisis-en-suisse_1645012_3222.html

    D’un point de vue théorique, que se serait-il passé si on avait pu les écouler dans le circuit financier, en particulier européen, et notamment en Grèce? n’aurait-ce pas résolu bien des problèmes? Quelle est la différence de fond entre ces bons du trésor et les vrais?

    1. On aurait fait couler les USA qui aurait fait défaut ?

      Hyperinflation ?

      Anecdote : Pendant la Révolution française, les Anglais s’était amusé à imprimer des faux assignats, ce qui avait provoqué une forte dévaluation de cette monnaie, dont les biens réquisitionnés du clergé garantissaient la valeur faciale. Outre l’émission compulsive de la première république. Et in fine, cela déboucha sur la banqueroute des deux tiers en 1797.

    2. Les vrais faux bons du Trésor US, c’est comme les emprunts russes,
      un jour, ils feront faux bonds aux rentiers.
      Patience…

  19. Discussion, hier soir, avec mon fiston, Antoine, 26 ans. Il me dit : « Mais papa, qu’est-ce que vous avez foutu pendant si longtemps, avant ma naissance, pour qu’on en soit là, dans ce merdier financier, social et tout ça ? »… Je n’ai pu répondre que par de vagues considérations et que, « Tout de même, on pouvait rien voir de ce qui se préparait, on sentait bien que ça commençait à sentir mauvais, là ou là… mais ce merdier, il a été élaboré dans le secret, par des gens qui voulaient notre mort…. » – « Nous on allait bosser, on n’était pas trop mal payé, assez que pour vivre normalement, quoi… en gros, après 68, ma génération s’est un peu endormie, c’est vrai »… « Et le réveil, mon garçon, est tout aussi catastrophique, sinistre et atroce pour moi que pour toi. »

    Voilà.

    1. Moi, le mien a 15 ans.
      – « Papa, comment on ne peut pas être pour le socialisme? »
      Je me suis suffisamment exprimé sur ce blog. Vous imaginez la réponse…
      – « Alors tu veux dire que l’espèce humaine peut disparaitre si on se bouge pas ? »
      – « Toutes les espèces disparaissent, à toi de décider ».
      –  » Alors comment faire ? »
      Là, on a parlé stratégie de construction de partis révolutionnaires.
      Le gamin, il fera mieux que moi!

    2. Mon père (65 ans) m’a dit il y a 5 ou 6 mois quelque chose comme  » oui je sais, et je m’en sens bien coupable  » quand je lui parlais de mes sentiments sur tout ce qu’on voit actuellement, et que ma génération et surtout celles d’après allaient bien morfler. Et mes parents ont toujours eu une vie sobre, pas d’emprunt immobilier, ni d’emprunt tout court à ce que je sais. Pour que lui sorte le mot « coupable » , y a vraiment un truc.

  20. A propos de dettes du passé, savez-vous quand est-ce que la France a fini de rembourser le dernier dollar (indexé sur l’or) du plan Marshall ?

    Sous VGE !!
    Je me souviens d’une intervention télévisée dudit VGE qui le mentionnait avec émotion.

    Quand on sait que ce plan a permis d’effacer quasiment toutes les dettes de l’Allemagne pour qu’elle se reconstruise au plus vite et fasse rempart à la Grande Rouge, on comprend mieux que les relents de bonne conscience allemande soient battus en brèche ces temps-ci. L’Allemagne, elle, a fait défaut après la guerre. Pour se reconstruire. Elle a même bénéficié d’aides.

    Et on n’est pas venu pour autant lui donner des leçons ! Elle avait déjà fort à faire avec sa conscience. Au contraire, c’est le pardon qui lui a permis de se reconstruire et de se réunifier en accéléré.

    En fait, tout le monde s’en foutrait si on mutualisait tout.
    Mais cela, c’est franchement changer de système politique. De façon radicale.
    On y viendra peut-être quand-même malgré nous au train où ça va !

  21. Je ne comprends pas ces hommes politiques qui servent de dirigeants à la Grèce…

    Qu’ils annoncent clairement leur volonté de faire défaut sur la totalité de la dette et les Allemands arrêteront vite de plastronner…

    Les dindons de la farce seront les hedge funds…même si la Grèce fait un défaut unilatéral, on les empêchera de déclencher les CDS.

    Pour mettre fin à l’aberration de la vente à nu des CDS et des autres produits financiers (et pas les ergotages où si on possède un titre dont le cours est « fortement » corrélé au titre que le CDS couvre, alors on peut tout de même l’acheter), il faut bien qu’un pays se décide à casser le jouet !

  22. La Grèce ne pourra pas rembourser et chacun en est bien convaincu. Donc pas un sou de plus. Pour le passé, il faut exiger des garanties sonnantes et trébuchantes : privatisation de services publics, gages territoriaux, biens éclesiastiques… Toutes les idées nouvelles sont bonnes à prendre.
    Espérons que les mêmes erreurs ne se reproduiront pas pour le Portugal et les autres ( et la France ?).

  23. Hollande socio-libéral, qui ne s’assume pas ?
    La finance est mon ennemie OU le communisme est mort, le socialisme c’est archaïque, je suis libéral.
    Voilà du grain à moudre pour le Tsar Nicolas I, qui aspire à devenir Nicolas II.
    Nous avons le choix entre un chat noir bonaparto-libéral et un chat rose social-libéral.
    Il ont en commun le libéralisme économique, c’est bien pour cela qu’il étaient tous les deux « ouistes » en 2005.
    La vrai ligne de fracture n’est pas entre gauche et droite, elle est entre tenant du libéralisme économique, du marché dérégulé, du « laisser faire » avec une plus (le chat rose) ou moins (le chat noir) grande dose de social et ceux qui veulent plus de régulation de la part de l’Etat, et une répartition des richesses plus équitable entre capital et travail.
    Voir ce schémas sur l’évolution l’index de libéralisation financière de la France, 1981-2005

  24. Depuis 1981, la gauche a contribué de façon significative a la dérégulation financière.
    Mais c’est chaque fois sous la droite que la dette publique s’envole, sans doute le résultat des cadeaux fiscaux faits aux classes riches et aisées.

    Voir ce graphique

    Peut-on en conclure que les sociaux-libéraux sont meilleurs gestionnaires des deniers publics que la droite ?
    Ce qui est clair c’est que la droite en creusant les déficits par la baisse des recettes, crée des déficits publics et de la dette publique qui lui sert à justifier ses attaques sur les systèmes sociaux.

  25. LA GRÈCE UNE COLONIE ?
    Meuh non, un caillou dans la godasse.

    Le message de l’Europe -pas la mienne- à la Grèce: Crève,
    paye, paye plus, paye encore plus et crève.
    Réponse des Grecs: avec vous.

  26. Grèce: «L’Europe porte une lourde responsabilité dans le naufrage»
    Rencontre avec Manolis Glezos, figure de la gauche radicale grecque.

    Héros de la Résistance (c’est lui qui a arraché, le 30 mai 1941, le drapeau nazi qui flottait sur l’Acropole), Manolis Glezos, 85 ans, est une figure emblématique et unanimement respectée de la gauche radicale grecque : les violences policières qu’il a subies le 12 février dernier, alors qu’il manifestait contre l’austérité avec le compositeur Mikis Theodorakis, ont suscité chez ses compatriotes une vive indignation. Il revient ici sur la crise qui frappe son pays, et sur les moyens, selon lui, d’en sortir.

    Bakchich : Quel regard portez-vous sur la crise grecque ?………….

    http://www.bakchich.info/international/2012/02/17/grece-leurope-porte-une-lourde-responsabilite-dans-le-naufrage-61161

  27. Le Portugal est la prochaine Grèce, par Ed Harrison

    « Au lieu d’une réduction de l’endettement public, nous assistons à son aggravation, car la réduction de l’activité économique produite par les coupes budgétaire se traduit par une réduction des dépenses du secteur privé. » Pour Ed Harrison, l’éditeur de Credit Writedowns, les dirigeants européens font une erreur de diagnostic en se focalisant sur les politiques d’austérité. Pour la raison suivante : lorsque les Etats, les ménages et les entreprises tentent tous ensemble de se désendetter au même moment en réduisant leurs dépenses, s’amorce alors une spirale récessive s’auto alimentant. Avec au bout, la faillite.

    Par Ed Harrison, New York Times, 14 février 2012

    L’Europe a pris la mauvaise direction car le remède prescrit pour résoudre la crise de la dette souveraine, une soi disant rigueur expansionniste, est une politique économique conduisant à l’échec. L’idée, c’est que le licenciement de salariés du secteur public, afin de réduire les dépenses, permettrait d’éliminer le déficit budgétaire dans des pays comme la Grèce et le Portugal et, par conséquent, de rétablir la confiance du marché dans leur dette souveraine. La réalité s’est avérée quelque peu différente. Au lieu d’une réduction de l’endettement public, nous assistons à son aggravation, car la réduction de l’activité économique produite par les coupes budgétaire se heurte à une réduction des dépenses du secteur privé. Si l’Europe continue sur cette voie, la zone euro va complètement éclater, avec des répercussions politiques et économiques entièrement imprévisibles.

    Au Portugal, le gouvernement a adopté les sévères mesures d’austérité qui conditionnaient l’octroi d’une aide. Mais, l’activité économique du pays va maintenant se contracter. Parce que les décideurs européens ne parviennent pas à comprendre la dynamique de la déflation de la dette. Ce qu’ils ne voient pas, c’est que le secteur privé portugais est très endetté. Lorsque l’économie se contracte, les individus et les entreprises endettés du secteur privé ont une propension irrésistible à épargner pour réduire le poids de la dette et tenter d’éviter les défauts de paiement et les faillites. Ce qui signifie que le secteur privé tentera toujours d’améliorer son solde d’épargne net quel que soit celui des administrations publiques. Lorsque le gouvernement tente alors de passer à une situation excédentaire en réduisant les dépenses et en augmentant les impôts, il se heurte aux réductions de dépenses du secteur privé, qui tente toujours d’épargner et de rembourser ses dettes. Une force irrésistible heurte alors un objet fixe !

    Ces compressions de dépenses publiques ou augmentations d’impôts, lorsque le secteur privé est endetté et que l’économie est au point mort, ont pour résultat une déflation de la dette, avec de plus en plus d’acteurs qui réduisent leurs dépenses, et sont menacés par l’insolvabilité en raison de la contraction économique. L’Europe doit comprendre que la Grèce n’est pas un cas particulier. Au contraire, elle est la première occurrence de la déflation de la dette, qui risque de prendre le Portugal pour prochaine victime. Pour parler clair, le Portugal est la prochaine Grèce.

    On peut porter au crédit des agences de notation et du Fonds monétaire international qu’ils ont tous exprimé leur inquiétude devant cette politique européenne. De fait, à chaque nouvelle dégradation de la note des Etats, Standard & Poor’s et Moody’s ont écrit qu’elles avaient rétrogradé plusieurs pays en Europe, en partie parce que l’approche centrée sur l’austérité n’avait fait qu’empirer les choses. Les agences de notation ont souligné que l’Europe devait mettre en oeuvre d’autres politiques de croissance, si elle veut garder un quelconque espoir.

    Le problème est le suivant : l’Europe est focalisée sur un faux problème, celui des déficits budgétaires. Le plus gros problème, dans la plus grande partie de l’Europe, est celui de l’endettement du secteur privé et du secteur financier. Si l’Europe veut résoudre ses problèmes, elle doit traiter cet endettement, et cela nécessitera bien plus que ces annonces incessantes d’austérité budgétaire et de réduction des dépenses.

    Publication NYT, traduction Contre Info

  28. Grèce : désastre humanitaire et responsabilité des créanciers, par Gaël Giraud

    « Ceux qui ont prêté de l’argent à la Grèce ignoraient-ils vraiment que la Grèce n’a aucune ressource industrielle, ou presque. Que la Grèce, c’est un peu de tourisme et du commerce maritime. Que le sport national en Grèce, c’est la fraude fiscale, et que l’Etat grec est une grande ploutocratie corrompue ? » questionne Gaël Giraud, économiste chercheur au CNRS, qui rappelle la situation humanitaire terrible d’un pays assommé par la récession et les plans d’austérité, et où le désespoir s’est installé à tel point que « de jeunes grecs aujourd’hui au chômage, qui n’ont plus aucune ressource, puisqu’il n’y a pas de RMI, pas de RSA, ni d’allocation de chômage en Grèce, s’inoculent le virus du Sida pour pouvoir bénéficier des allocations destinées au séropositifs. »

    Gaël Giraud, intervention au colloque Gouvernance & Responsabilité du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, décembre 2011 – extrait

    Les marchés peuvent se convaincre tout d’un coup que la Grèce, qui ne pèse que 2% du PIB européen, c’est le problème majeur, et du coup la Grèce devient le problème majeur. Les marchés financiers peuvent se dire que l’Italie ne sera jamais capable de rembourser sa dette, et du coup, les taux italiens explosent, et l’Italie, de fait, n’est plus capable de rembourser sa dette.

    Vouloir rassurer les marchés financiers, c’est la tâche de Sisyphe, on n’en aura jamais fini de rassurer les marchés financiers. C’est à mon avis sans contenu. Ce qu’il faut faire, c’est tout à fait autre chose, c’est réglementer les marché financiers pour les mettre au service de la société, et pas le contraire.

    Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est mettre la totalité de notre économie au service de la finance, au point que comme vous le savez, on discute aujourd’hui dans les salles de marché en ces termes : les actifs nationaux grecs étant de 250 milliards, si on privatise la totalité on récupère au moins 250 milliards. Au moins c’est déjà ça, que l’on aura encore tondu sur le dos du mouton grec.

    Vous savez qu’aujourd’hui en Grèce, la situation est celle d’un désastre humanitaire. De jeunes grecs aujourd’hui au chômage, qui n’ont plus aucune ressource, puisqu’il n’y a pas de RMI, pas de RSA, ni d’allocation de chômage en Grèce, s’inoculent le virus du Sida pour pouvoir bénéficier des allocations destinées au séropositifs, 600 euros par mois, qui sont les seules qui n’ont pas encore été supprimées.

    Le taux de VIH en Grèce a augmenté de 50% en un an, et la présidente du département de santé en Grèce vient de faire une déclaration catastrophée à la presse grecque en disant : voilà, il y a des jeunes grecs qui s’inoculent aujourd’hui le Sida pour pouvoir survivre.

    Voyez où nous en sommes en Grèce.

    Face à cette question, on pourrait se dire, mais finalement, pourquoi n’organise-t-on pas un défaut des dettes souveraines. C’est ce que l’on a commencé à faire, avec beaucoup de difficultés pour la Grèce, et vous avez remarqué que lors de l’accord entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy le 5 décembre, il a été dit très très fortement que ce qui s’est passé en Grèce ne se reproduira plus.

    Vous pourriez vous dire : que s’est-il passé en Grèce ? – Il y a des jeunes qui sont en train de mourir, c’est vrai- Mais ce n’est pas cela du tout. Ce qui s’est passé en Grèce, c’est que pour la première fois on a demandé à des créanciers privés de mettre la main au portefeuille pour accepter une décote de la dette publique grecque.

    C’est la première fois dans la longue série des sommets européens. On a accordé cela pour 25% , ce qui n’est pas grand-chose. Et là, on nous promet : vraiment je vous assure cela ne se reproduira plus jamais. Ce grand traumatisme consistant à faire payer pour la première fois les créanciers ne se reproduira plus.

    Or, c’est précisément là l’enjeu, aujourd’hui. La question c’est : ceux qui ont prêté de l’argent à la Grèce ignoraient-ils vraiment que la Grèce n’a aucune ressource industrielle, ou presque. Que la Grèce, c’est un peu de tourisme et du commerce maritime. Que le sport national en Grèce, c’est la fraude fiscale, et que l’Etat grec est une grande ploutocratie corrompue ?

    Ils le savaient très bien. Comment ont-ils pu penser qu’un jour ils seraient remboursés, puisqu’ils ont prêté des sommes colossales à la Grèce ? Ils n’ont pas pu imaginer être remboursés sinon par d’autres contribuables que les contribuables grecs.

    Quand on nous dit : plus jamais les investisseurs privés ne mettront la main au portefeuille pour participer aux sacrifices européens, pour sauver la zone euro, cela veut dire que ce seront les autres contribuables européens qui vont payer pour les créanciers privés, de manière à solvabiliser la Grèce.

    C’est cela que ça veut dire, en français dans le texte.

    ContreInfo

    Ndlr : Nous ne saurions trop recommander aux lecteurs d’entendre l’entièreté de l’intervention de Gaël Giraud

    Gael Giraud – colloque Gouvernance & Responsabilité from CCFD-TerreSolidaire on Vimeo.

  29. http://www.youtube.com/watch?v=b8Wif1QhcFc&feature=player_embedded

    Un certains nombre de journaux qui sont en train de collapser sur le plan intellectuel :

    -lemonde. fr, der spiegel, le nouvel obs, marianne, rue 89, entre autre. Ca doit être rédigé par des pigistes de 14 ans maintenant, se transforment en vraies feuilles à scandale.

    P 41, « De la dialectique de la communication » Kierkegaard.

    « C’est ainsi que bruit ou bouillonne la vie de la génération ; bien que tout ne soit qu’un tourbillon, l’on entend sans cesse coup de semonce et tocsin, exhortant l’individu à se dépêcher, vite, à la seconde même, à tout jeter par dessus bord : méditation, silencieuse réflexion, pensée apaisante de l’éternité, sinon il sera trop tard pour faire partie de l’expédition de la génération qui se met à l’instant en route – et alors, c’est affreux. Hélas oui : c’est affreux. Et pourtant, tout, tout vise à nourrir cette confusion, la hâte insensée de cette poursuite infernale. Les moyens de communication se perfectionnent sans cesse ; l’on arrive à imprimer de plus en plus vite, à une vitesse incroyable ; mais la vitesse augmentant, les communications deviennent de plus en plus hâtives, de plus en plus confuses. (…)

    Voilà ce qui produit l’improbité ; les concepts sont abolis, le langage devient confus, (..) C’est lâge d’or des radoteurs.

    1. Un certains nombre de journaux qui sont en train de collapser sur le plan intellectuel :

      Vous voulez dire « sont en train de s’effondrer » je suppose.

      C’est la civilisation capitaliste de masse qui veut cela, pour que tout le monde puisse consommer et que quelques uns se fassent des cou… en or. La qualité a été sacrifiée à la quantité. Cette dérive se retrouve dans tous les domaines de nos vies. Et conduisent au niveau économique aux politiques déflationnistes que l’on connaît aujourd’hui. Politiques suicidaires pour nos sociétés, d’autant plus que le chômage grandissant exclu du cercle des consommateurs de plus en plus de contemporains, et que les dettes privées ne peuvent plus être remboursées.
      Du coup ces dettes sont transformées par nos propres représentants (qui nous trahissent) en dette publique, qui permettent aux créanciers privés de se payer sur ce qui reste de systèmes de protection sociales aux peuples; pas la peine de rappeler les drames que cette politique a déjà produit chez les grecs.
      Cette glissade vers le gouffre et la servitude du plus grand nombre, continuera tant que l’on ne réhabilitera pas la qualité, la qualité de la vie plus particulièrement. Tant que l’on subordonnera un improbable bonheur à la quantité des choses que nous pouvons consommer, choses qui sont le plus souvent de piètre qualité, et pour lesquelles on nous pousse à nous endetter.
      Tant que l’on ne retrouvera pas la faculté de prendre le temps de vivre tout simplement.
      Tant que ce système d’aliénation des esprits -productiviste et consumériste, d’esclavage par la dette – n’aura pas été mis à bas. C’est le défi que nous avons devant nous.

    2. Comme dit l’adage:

      « Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. »

      Or aujourd’hui où le temps manque, pour cause de productivisme-consumérisme effréné, nous
      sommes en permanence dans la précipitation. C’est pour cela que tout finit par s’effondrer.
      Ce système d’aliénation de masse de par son insubordination au temps, ne peut que s’autodétruire.

  30. @ Charles A. et Léoned

    L’ EUROPE DES PEUPLES

    Pour l’édification des jeunes générations, les passages qui suivent ont été écrit par mon grand-père paternel, qui lui, est revenu de la Grande Guerre.

    Nous sommes à la fin de la guerre:

    « Nous devions prendre position à deux kilomètres au nord de Cierges, mais il fallut attendre près d’une journée avant de voir revenir de leur reconnaissance les officiers, et le ravitaillement n’arrivait pas davantage. Nous trompions la faim en explorant le champ de bataille. Quel spectacle de désolation et de mort! Sur un petit plateau, dans une surface de quelques ares, près de deux cents cadavres allemands gisaient dans une tranchée baignant dans leur sang étendu de l’eau de la pluie nocturne. La plupart étaient fort jeunes, seize ou dix-sept ans. Certains montraient un visage épouvanté; d’autres, recroquevillés dans leurs trous, semblaient seulement endormis. C’étaient des ennemis, mais ce spectacle me faisait horreur et je ne pouvais me défendre d’un sentiment de pitié pour des êtres jeunes qui avaient eu une fin misérable. Ce sentiment n’était pas partagé par tous mes camarades- et ils avaient peut-être leurs raisons- puisque un peu plus loin sur la route, je fus témoin d’une scène plus horrible encore: deux ou trois « individus » se livraient à une sorte de tir inédite, ayant pris pour cible un cadavre allemand qu’ils bombardaient de boules de pain provenant d’un fourgon démoli par un obus. »

    Pendant l’occupation en Allemagne dans le Palatinat:

    « Une nuit, j’étais de faction sur la deuxième route, à quelque distance d’un passage à niveau vaguement éclairé par sa lanterne. Peu après minuit, j’avais été visité par une ronde que j’avais arrêtée selon les règles. Peu après, un train s’arrêtait au passage à niveau et j’en vis descendre une ombre. Bientôt, je pus voir cette ombre se diriger vers moi. Quand elle fut à la distance réglementaire, je criai, tout en chargeant mon mousqueton – ce que j’aurais dû avoir fait – les sommations d’usage: « Halte là! Halte là!, Halte là, ou je fais feu! » Au troisième avertissement, mon arme se trouva chargée et j’aurais dû tirer, car l’ombre ne s’était pas arrêtée et se trouvait à portée de ma baïonnette. C’était un voyageur chargé de deux valises; je compris qu’il n’avait pas de mauvaises intentions. Il n’avait pas compris mes ordres et, comme il insistait, je lui criai: « Nicht passer ou kapout! » Ce dernier mot fut si bien entendu que mon voyageur ne demanda pas son reste. Il fit demi-tour et partit dans le noir, sans se douter qu’il me devait la vie. Attiré par le bruit, le sous-officier de ronde revint sur ses pas; je lui dis ce qui s’était passé. « Il fallait tirer! », répondit-il sans hésiter. Il s’en alla à son tour, et je restai seul avec la honte d’avoir épargné une vie humaine! Il est vrai qu’il s’agissait d’un Allemand! »

    « A Langen, nous étions logés chez l’habitant, Avec Gigut et Nanet, nous échûmes chez un employé de gare. Il y avait deux jeunes filles dans la maison qui était le rendez-vous de tous les jeunes du quartier. Notre ménage se faisait tout seul, notre linge était lavé, nos armes astiquées; nous assistions à des soirées où l’on dansait, nous écoutions de la musique; nous oubliions même que nous étions militaires et…nous arrivions en retard à l’appel, quand nous ne le manquions pas! J’eus l’occasion de discuter avec des étudiants qui parlaient français. Tout d’abord, ils ne comprenaient pas qu’un instituteur ne fut pas officier et ils ne cachaient pas leur espoir d’une revanche prochaine. « L ‘Allemagne n’a pas été battue, disaient-ils, et, ici nous sommes tous soldats…! » Il ne me fut pas possible de pénétrer le fond de leur pensée, car Gigut et Nanet veillaient et ne toléraient pas ces « écarts de langage ».
    Le 27 juin 1919, chacun faisait ses pronostics sur la paix; « Les Allemands ne signeront pas », disions nous aux Fritz – « lls signeront, ya, ya! » répondaient-ils. En effet, ils ne voulaient pas voir la guerre se réveiller sur leur sol. Ce jour-là, je ne manquai pas à l’appel, car il y avait revue du capitaine, mais je récoltais deux jours de consigne pour avoir des livres dans ma musette. Les punitions furent levées le lendemain et le capitaine Andouille ne comprit certainement pas l’indignité de sa conduite.
    Les habitants de Langen gardent certainement un mauvais souvenir du 28 juin. Déjà dans la nuit du 27 au 28, des officiers avaient, malgré la protection d’une haute grille de fer, scié presque au ras du sol, un chêne magnifique, qui commémorait l’avènement de Guillaume II. Le soir, une retraite aux flambeaux fut annoncée et comme dans une récente manifestation de ce genre, les civils se réjouissaient à la perspective d’un beau défilé militaire. Dès 21 heure, le cortège se forme, flambeaux, service d’ordre, musique, troupe: infanterie de marine, artilleurs, génie, chasseurs d’Afrique. On s’arrête sur la première place, la musique joue la Marseillaise que les militaires écoutent au garde à vous. Quelques allemands saluent; d’autres gardent leur chapeau sur la tête, en quoi ils ont bien tort. Lancées par des mains expertes, leurs coiffures voltigent au-dessus de la foule des soldats. Le cortège se remet en marche; les coloniaux surtout sont excités. Les curieux qui, sans méfiance, les regardent passer, voient leur chapeaux voler et …retomber sur les baïonnettes des soldats. A chaque place, on fait halte. Dans une des grandes artères de la ville, la marée humaine déferle devant une maison cossue, ornée sur toute sa longueur, d’un balcon où on accède à chaque bout par quelques marches. Tout au long de cet observatoire de gros bourgeois debout et fumant d’énormes cigares regardent passer le flot d’un air goguenard. Un adjudant de la « coloniale » gravit le perron et , passant devant ces paisibles fumeurs leur enfonce successivement, d’un coup de paume, le cigare jusqu’au fond dans la gorge. Vous devinez la tête des bourgeois et les rires des spectateurs. Et le défilé se poursuit ainsi jusqu’à une heure avancée. De retour au cantonnement, les jeunes filles de la maison nous firent des reproches sur la conduite des militaires; « Oui, leur répondis-je, on pourrait croire que les français sont plus mauvais dans la paix qu’en temps de guerre ». Ils ont peut-être des circonstances atténuantes: il y en a dans le nombre qui ont eu certainement à se plaindre, directement ou non, des soldats allemands qui ont occupé leur pays. Ce n’est pas nous qui avons commencé. »

    Voilà.

    Alors nous nous décidons ou pas à la faire cette Europe des peuples ? Nous les citoyens européens, malgré nos politiciens, leurs amis banquiers et marchands d’armes !

  31. Que penser du vote en urgence des députés le 21 Février prochain concernant la ratification de la mise en place du M.E.S et sa subordination à la règle d’or concoctée par A.Merkel et N.Sarkosy? Certains parlent de véritable « coup d’Etat. Si vous pouviez m’éclairer à ce sujet. J’ai lu que c’était entre autre signer pour l’austérité pour tout le monde…Pas gai.

  32. Je ne compte pas parmi les fans de Merkel, mais je dois dire elle fait pour son pays ce qui est raisonnable et possible. Obama et compagnie, les investisseurs lui demandent sans cesse d’acheter des obligations toxiques via la Bad Bank (au Luxembourg). Elle essaye de naviguer entre les rochers.
    Pour la Grèce il n’y a qu’un salut (à mon humble avis): le retour à la monnaie nationale. Les efforts que le pays a fourni en terme d’économies n’a rien donné.
    Ce sera dur, une stabilisation relative demandera plusieures années, mais c’est probablement le seule solution pour que le pays retrouve son auto-détermination.

  33. A lire:
    On aura faim, et froid
    Mais pas assez, ou alors on est tellement en colère qu’on en oublie la peur, pour ne pas aller casser les bureaux des députés traîtres à notre cause. Il y en a déjà deux qui n’ont plus de locaux (dont un socialiste, si l’on peut dire), et qui cherchent leurs meubles… sur le trottoir. Le tour des autres viendra, on n’aura bientôt plus aucune raison de ne pas être violents. Faites passer, ça ne passera pas. Pas comme ça. Il y a les sous, oui. Mais aussi la dignité, les moments d’insouciance, les heures à ne rien faire et à ne penser qu’au bonheur de vivre.
    Ça ne s’abandonne pas si facilement, son humanité. On aura faim, peut-être, surtout dans les villes (nous, on va mettre des poules dans le jardin, on a la mer, pas riche mais bon) ; on aura froid (ça, on connaît déjà) ; on aura peur (c’est nouveau, on a goûté, on y goûte un peu plus tous les jours). Mais on avancera. Faites gaffe, ils se rapprochent. Ils auront fait de nous des cobayes, personne n’y croyait, et on y est. Demain, on mord… Prenez soin de vous, et de votre humanité. Si on oublie, si de rage, de peur ou de désespoir on en vient à se perdre, rappelez-nous à la nôtre.
    Marie-Laure Veilhan- Basta

  34. « NOUS N’AURONS BIENTOT PLUS AUCUNE RAISON DE NE PAS ETRE VIOLENT »

    l’article complet dans le contexte:
    Grèce : « Nous n’aurons bientôt plus aucune raison de ne pas être violents » Publié par Marc Lafontan | Libellés : La Cage

    Marie-Laure, Française exilée en Grèce depuis vingt ans, raconte la manifestation qui a secoué les rues d’Athènes le 12 février, et l’angoissant climat qui s’installe dans le pays. « Prenez soin de vous, et de votre humanité. Si on oublie, si de rage, de peur ou de désespoir on en vient à se perdre, rappelez-nous à la nôtre », nous prévient-elle.

    La manif de dimanche n’était en fait pas vraiment une manif. C’était plutôt comme si beaucoup, beaucoup de Grecs avaient décidé de quitter leur boulot, leur cuisine, l’endroit ils se trouvaient, pour aller se camper autour du Parlement… Il y avait des vieux, des mémés (pas beaucoup mais quand même), beaucoup de couples, cools.

    On s’est retrouvés avec Yorgos Mitralias (fondateur de l’ELE, le comité pour l’audit de la dette grecque), dans une galerie historique, en contrebas de Syntagma. À cinq heures pile, on était à l’angle gauche du Parlement, au coin de l’hôtel Grande-Bretagne.
    Les forces de l’ordre, style Ninjas, « carapacées » jusqu’aux oreilles, avaient bloqué l’accès à plusieurs rues, et formé un cordon impressionnant devant le Parlement. Là, ils ont balancé les premiers lacrymogènes, et ça n’a pas cessé, ensuite, pendant des heures.
    On a battu en retraite, fait le tour de la place en courant et en trébuchant pour filer aussi vite que la foule le permettait. La foule, dense, partout. Les Ninjas nous repoussaient. La foule faisait des vagues, flux et reflux, mais on revenait toujours. Manifestement, les flics avaient peur qu’on atteigne le Parlement – on était prêts à entrer, c’est vrai. À l’intérieur, on a vu plus tard ce qui se passait. Pour l’instant, il fallait reprendre son souffle et continuer, trois pas en avant, quatre en arrière…
    Une foule immense et pacifique
    Je ne raconte pas les « incidents » : ils sont sur tous les écrans. On nous parle de la catastrophe provoquée par les casseurs : très probablement, d’une part, des flics provocateurs, comme d’habitude, pour justifier les lacrymos ; cette fois-ci, on tenait l’info d’un jeune cousin – flic – avec qui on a déjeuné juste avant la manif, lui était en arrêt maladie, le veinard… ; d’autre part, les supporters membres des club sportifs Panathinaïkos, Panionios et Olympiakos, ennemis jurés d’habitude, qui avaient décidé une trêve et lancé un appel aux supporters pour se retrouver à Syntagma, alors même qu’un match se tenait, à la même heure. Eux, ou plutôt certains d’entre eux, sont bien entraînés, et ils savent casser, et castagner…
    Catastrophe, donc, à Athènes. OK, beaucoup de magasins incendiés (dont beaucoup de banques). Version Paris Match, c’est effectivement très impressionnant. Rien, mais rien du tout sur la foule immense, pacifique, qui s’en est pris plein les poumons, y compris Mikis Théodorakis, compositeur et véritable symbole pour les Grecs, et Manolis Glezos, symbole encore plus énorme, c’est lui qui a descendu le drapeau allemand de l’Acropole, pendant l’Occupation. Ils ont aujourd’hui respectivement 88 et 90 ans. Eh bien, il s’est trouvé des flics pour les menacer de leurs matraques, et leur balancer leurs lacrymos. Et oui !
    Un salaire minimum de 480 euros par mois
    Ils avaient la trouille, oui, jusque dans leurs chaussettes, qu’on montre les images de cette mer de monde bruissante de colère et de désespoir. Les chaînes de télé montrent toutes les mêmes images, là, on se rend compte de la mainmise du pouvoir. Les journalistes « analysent » les dégâts, maintenant qu’ils sont rassurés sur l’avenir. Désormais rose bonbon, ouf, le mémorandum est passé, on aura désormais un salaire minimum de 480 euros par mois net. Donc la croissance va reprendre d’une minute à l’autre.
    Bon, il faut se serrer un peu la ceinture, OK, mais on n’est pas irresponsables, nous les députés, on assume et on signe… On se désole que 100 personnes risquent de perdre leur emploi à cause des dégâts causés par les casseurs. Rien sur les 15 000 fonctionnaires qui vont perdre leur poste, ni sur les orphelinats qui ferment, tout simplement… Ils ont signé, les salauds, il n’y en a eu que 45 pour se rebeller contre la ligne donnée par leur parti (dont deux de l’extrême droite, qui ont signé pour, malgré la position de leur chef). Un député, héros du jour ou dangereux subversif, a balancé le mémorandum en direction de Venizélos (Evangélos Venizélos, ministre des Finances, ndlr). Nous voilà à la nouvelle ère, celle du mémorandum 2, là où on a faim, froid, et peur.
    On aura faim, et froid
    Mais pas assez, ou alors on est tellement en colère qu’on en oublie la peur, pour ne pas aller casser les bureaux des députés traîtres à notre cause. Il y en a déjà deux qui n’ont plus de locaux (dont un socialiste, si l’on peut dire), et qui cherchent leurs meubles… sur le trottoir. Le tour des autres viendra, on n’aura bientôt plus aucune raison de ne pas être violents. Faites passer, ça ne passera pas. Pas comme ça. Il y a les sous, oui. Mais aussi la dignité, les moments d’insouciance, les heures à ne rien faire et à ne penser qu’au bonheur de vivre.
    Ça ne s’abandonne pas si facilement, son humanité. On aura faim, peut-être, surtout dans les villes (nous, on va mettre des poules dans le jardin, on a la mer, pas riche mais bon) ; on aura froid (ça, on connaît déjà) ; on aura peur (c’est nouveau, on a goûté, on y goûte un peu plus tous les jours). Mais on avancera. Faites gaffe, ils se rapprochent. Ils auront fait de nous des cobayes, personne n’y croyait, et on y est. Demain, on mord… Prenez soin de vous, et de votre humanité. Si on oublie, si de rage, de peur ou de désespoir on en vient à se perdre, rappelez-nous à la nôtre.
    Marie-Laure Veilhan- Basta

  35. Dire que certains, en France, disent que c’est bien fait pour les Grecs, que ce qui leur arrive est de leur faute, que personne ne payait d’impôts et que l’Allemagne dont les citoyens sont si droits, a raison d’être sévère avec eux…Bla bla bla.

  36. Lu dans la presse de ce Samedi 18 Février:
    « La BCE manœuvre pour éviter des pertes sur les obligations grecques L’institution a toujours refusé une décote, assimilée au financement illégal de l’Etat. Elle serait en train de réaliser des échanges de titres ».
    Une vrai tricherie, non?

    1. Oui la Presse: « assimilée au financement illégal de l’Etat »….Je ne comprends meme pas ce que cela veut dire tellement la polémique est stérile.
      La BCE ne refuse pas de décote pour l’excellente raison que ces obligations servent aux prèts illimités des banques à 1%. Elle fourguent leurs actifs toxiques à la BCE. C’est ce que fait Draghi, comme Bernanke à la Fed (Federal Reserve US). On appelle ça « qualitative easing ». (Assouplissement qualitatif: sic!)
      Si vous voyez les chose comme ça vous changez de paradigme.Vous passez dans les coulisses du spectacle pour gogos. De la part de la BCE ce n’est que du cynisme et de l’hyprocrisie, l’art de masquer la réalité.
      Ou si vous voulez, la BCE devient la Bad Bank eurpéenne des dettes privées et pretexte la vertu de ne pas prèter « illégalement » aux états! Hilarant! Faut bien rigoler de temps en temps.
      Et dans les actifs pourris il n’y a pas que des dettes d’états, comme je le disais sur ce blog, la petite dette de la Grèce est noyée dans l’océan des dettes privées, bardées de CDS, CDO etc…
      Plus de 4000 milliards d’euros sortis par la BCE en échange d’actifs douteux.(Euphémisme: Mis en pension! Pour l’éternité…)

      La Grèce dans le fond leur sert d’excellent alibi….

      La Fed quand à elle, a sorti 14 000 milliards de dollars depuis 2008.(Publié dans les documents officiels de la Federal Reserve). Dont une bonne partie c’estr retrouvée dans les banques européennes, à coup de centaines de milliards de dollars par tete de pipe….
      Donc la Presse pédale dans la choucroute….

      1. Merci izarn, merci de vos explications e de votre patience.
        Ainsi dites les « choses » me semblent plus claires, et j’avance dans la comprénhension: la BCE masque la réalité et « la presse » nous sert, en guise d’interprétation, un spectacle pour gogos, une polémique qui n’as pas lieu d’être, une diversion.
        Vu des coulisses et en dehors du paradigme, cordialement, Victor.

  37. Mélenchon au 2ème Tour ira à la gamelle comme tout le monde. Et qui servira la soupe.? Hollande bien sûr. Ne soyons pas trop naïfs sinon plus que « idiots ».!!!

  38. Des centaines de personnes commençaient à se rassembler dimanche 19 février dans le centre d’Athènes à l’appel des syndicats, contre les mesures d’austérité prises par la Grèce pour sécuriser un deuxième plan d’aide de la zone euro destiné à lui empêcher de faire faillite dans un mois.

    Mesure phare du programme adopté, un abaissement de 22 % du salaire minimum.

    Devant le parlement, les banderoles critiquaient ces mesures adoptées par le gouvernement de coalition. « Le consensus national est une combine, la pauvreté et la faim n’ont pas de nationalité » indiquait une banderole sous-titrée en anglais : « all of us we are Greeks, Merkel and Sarkozy are freaks ».

    En bas de la place, une banderole de la gauche radicale, qui organise une deuxième manifestation plus tard dans l’après-midi, appelle à la « grève sine dié et au soulèvement » tandis qu’une autre invite les députés à « quitter le pays ».

    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120219.OBS1765/la-rue-grecque-manifeste-contre-les-exigences-inacceptables.html

  39. éclaircies ? (et tant pis si c’est d’un jour) ? « nous sommes tous prêts »

    Ce processus du désamorçage de la peur est complexe à expliquer, déjà il n’est pas linéaire et ne concerne pas toutes les couches de la population simultanément et de la même façon.

    l

    la dernière trouvaille des bancocrates est précisément celle-ci : « Nous sommes fautifs, donc nous payons le pot de miel vide et en plus cassé ».

  40. « Les Allemands, qui se disent vertueux, estiment que les Grecs ont péché et qu’ils doivent payer. Or, ceux qui ont le plus péché, ce sont tout de même les Allemands, dont la dette a pourtant été effacée parce que les Américains y voyaient un intérêt stratégique. Pourquoi ne pas considérer que sauver la Grèce est stratégique, au lieu de mettre ce pays à genoux ? »

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/02/17/l-allemagne-a-t-elle-une-dette-de-guerre-envers-la-grece_1644633_3214.html

  41. Qui va prendre possession de la colonie Europe (et pas seulement la colonie grecque) ?
    Si on croise les actions et propositions européennes (allemandes), les propos du LEAP (affrontement Euroland vs anglo/USA) et le reportage mis en ligne sur le blog de Berruyer (http://www.les-crises.fr/video-city-de-londres/), on en arrive à la conclusion que l’enjeu actuel, au niveau européen, se réduirait à sortir du joug de la finance internationale (régime de type seigneurial, basé à la City, État privé dans les États publics) pour se mettre sous celui de l’industrie allemande.
    C’est un peu dommage, car le simple changement de Maître ne résoudra en rien les problèmes fondamentaux auxquels nous sommes confrontés (qui sont structurels et liés au choix de la société de marché) et va nous embringuer encore x dizaines d’années dans l’erreur (et au pire vers un conflit, mode de résolution des tensions utilisé régulièrement par l’humanité).
    La crise pourrait être au contraire un moment idéal de remise à plat du système pour aller, rêvons un peu, vers la démocratie.

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