Le secret nucléaire résiste à la catastrophe de Fukushima, par François Leclerc

Billet invité. A paru dans La Tribune, le 1er août 2011.

Le 11 mars 2011, un puissant séisme, puis un tsunami dévastateur, ravageaient des régions entières du Japon, déclenchant la troisième catastrophe nucléaire de l’histoire après Three Mile Island et Tchernobyl. Plus de quatre mois après, la situation n’est toujours pas stabilisée à Fukushima, en dépit des affirmations officielles, Tepco, l’opérateur technique, ayant transformé une usine produisant de l’électricité en une fabrique d’eau radioactive, qu’il ne parvient toujours pas à maîtriser.

La nature de cette catastrophe est différente de Tchernobyl, dont la réédition était crainte. Après une première phase aiguë, avec fusion du combustible, percement des cuves des réacteurs et formation de coriums, la situation est aujourd’hui chaotique, imposant dans l’urgence de continuels bricolages, toujours susceptible de rebondissements. Contenue, la crise est rampante, sans que la longue phase de démantèlement qui doit suivre puisse être entamée. Destinée à durer une décennie et plus, elle va imposer d’avancer dans l’inconnu.

Par nature, l’activité nucléaire s’inscrit dans une longue échelle de temps. Elle recèle aussi un immense potentiel destructif, ces deux caractéristiques impliquant des responsabilités qui ne peuvent être éludées. Ne pouvant être banalisée, elle se rappelle de temps en temps à notre mauvais souvenir.

Fukushima a fait resurgir une sourde inquiétude et généré de nouvelles interrogations sur le risque nucléaire civil. C’est la mesure même de celui-ci qui est désormais en cause. Des responsables en viennent à dire qu’il faut penser à l’impensable. Puisque le « zéro risque » n’existe pas, est-il admissible de le prendre, vu son potentiel destructeur ? Aucune réponse ne peut être apportée, sauf des propos apaisants et l’annonce de progrès technologiques, déjà mis en cause, qui aboutissent à de tels surcoûts qu’ils alourdissent encore l’équation économique et financière de l’électro-nucléaire, déjà suspecte.

En ces temps de sortie du nucléaire par l’Allemagne et l’Italie, le Japon est le laboratoire d’une réduction obligatoire de 15% de la consommation d’électricité durant l’été, tant des usines que des japonais dans leur vie de tous les jours. A terme, les industriels craignent une délocalisation de certaines productions et militent pour la relance des 36 des 54 centrales stoppées, qui produisent habituellement 30% de l’électricité.

Les voies de la propagation de la contamination vont-elles pouvoir être étudiées dans des conditions de transparence que Tchernobyl n’a pas permis, dans le contexte de la société soviétique de l’époque ? Des obstacles et des résistances se dressent, déjà illustrées par des campagnes de mesure imparfaites suivant des protocoles accommodants. Le secret auquel le nucléaire a accoutumé n’a pas disparu pour autant dans une société démocratique.

Les polémiques sur de nouvelles évacuations réclamées se poursuivant, des populations entières ont été déplacées ou ont le sentiment d’être prises en otage. La chaîne alimentaire a été touchée, démontrant qu’il n’est pas possible de mettre toute une région sous cloche. Pour donner une seule image, 34.000 enfants de la région de Fukushima vont être équipés en permanence de dosimètres.

Les rallonges budgétaires se succèdent. La production a été atteinte plus que prévu et la dette publique – 200% du PIB – ne va pouvoir qu’enfler.

Les conséquences ne sont pas uniquement économiques et sociales, elles sont également politiques. Le débat sur la sortie du nucléaire a été engagé par le premier ministre lui-même, sous la pression de l’opinion publique : un sondage publié il y a un mois dans le Tokyo Shimbun a montré que quatre japonais sur cinq y sont favorables.

Enfin, dans toute l’étendue de son influence et des connivences sur lequel il s’appuie, il a émergé un puissant complexe électro-nucléaire – sur le mode du complexe militaro-industriel américain – dont on observe avec quelle force il se bat pour obtenir la relance du parc nucléaire. Sous couvert de « stress tests », cette mode accommodante habillant les centrales nucléaires ainsi que les établissements financiers, un étrange rapprochement pour un procédé dans les deux cas peu convaincant.

Fukushima, c’est un zéro pointé.

80 réponses sur “Le secret nucléaire résiste à la catastrophe de Fukushima, par François Leclerc”

  1. A terme, les industriels craignent une délocalisation de certaines productions et militent pour la relance des 36 des 54 centrales stoppées, qui produisent habituellement 30% de l’électricité.

    Toujours aussi stupéfiant ! Un monde de tarés, mais sans infirmiers pour filer quelques tranquillisants aux plus excités. Moi ami, toi gentil, donne le couteau, oui, donne le couteau.

    1. Oui un monde de taré… un système dont les docteurs sont issus, suite à de longues études mises au point au fil du temps par les valets habituels, un métiers de gens vivant sur la misère des autres, quelques uns en faisant titre de gloire

  2. Merci M. Leclerc. Cette catastrophe là est aussi sûr que celle à venir pour l’économie.

  3. « Les voies de la propagation de la contamination vont-elles pouvoir être étudiées dans des conditions de transparence que Tchernobyl n’a pas permis, dans le contexte de la société soviétique de l’époque ? Des obstacles et des résistances se dressent, déjà illustrées par des campagnes de mesure imparfaites suivant des protocoles accommodants.  »

    Le principal problème de cela, à cela, est comme pour la dette est que les gens ne veulent pas savoir et les gouvernants du coup n’ont pas intérêt à aller contre cette peur, enfuie, qui est alors soigneusement entretenue mais de manière indirecte.

    De faits divers en Amérique du sud à une pseudo réforme qui réinvente l’eau tiède en retirant du marché les médicaments qui ne sont pas bons pour soigner les patients.
    Je cite Bertrand :  » dorénavant si un médicament est mauvais pour les patients la réforme va permettre de le retirer de la vente ».
    Si je décode le message, avant on ne pouvait pas retirer du marché les mauvais médicaments, ceux qui font du mal au patient.
    J’ai envie de dire à monsieur Bertrand qu’on a un problème : je lui rappelle qu’un médicament est fait pour soigner un malade, pour l’améliorer, si ce n’était pas l’objectif précédent, problème il y a.
    Et c’est pas une réformette qui va changer grand chose.
    C’est le point commun avec le capitalisme et le système financier.
    Ils s’en remettent à des réformettes, à des lapalissades pour espérer tout résoudre.

      1. Après avoir visionné le film sur le stockage prévu par les Finlandais et pris la mesure de la solidarité intergénérationnelle de ces gens,on peut se demander quelles sont les valeurs morales,citoyennes qui sous tendent les actions des décideurs du reste du monde?Ou les Finlandais sont ils les seuls « humains » ici-bas?

  4. OK, supprimons le nucléaire, d’ailleurs je n’ai aucune sympathie pour lui. Et donc augmentons massivement le recours à l’énergie produire avec la combustion de charbon, l’autre source d’énergie la plus évidemment disponible. Et donc faisons brûler allègrement la planète en augmentant les émissions de CO2. (Mais évidemment les risques liés à l’utilisation du charbon sont moins spectaculaires, moins médiatiques, plus lents que ceux du nucléaire, même s’ils sont sans doute plus graves, et donc on peut plus facilement pratiquer la politique de l’autruche avec eux). Mais que faire d’autre ? Rien, si ce n’est envisager sereinement la décroissance (puisque de toutes façons les énergies renouvelables ne suffiront jamais à compenser les choses). Mais il paraît, d’après Julien, que les « tauliers » de ce blog (je reprends son expression) sont contre . Alors, que faire ???

    1. Bonjour,

      Vous pouvez juste vous lamenter ;
      Vous pouvez espérer, comme beaucoup ici,
      Vous pouvez tenter de vous préparer aux conséquences de l’impasse dont vous avez pris conscience, comme moi,
      Je ne suis même pas sûr que ce soit très important, en fait.

    2. @ Thierry dit sur le nucléaire « je n’ai aucune sympathie pour lui »
      S’il en avait, alors là…
      « les énergies renouvelables ne suffiront jamais à compenser les choses »
      En aboyant des âneries, on en fait pas des vérités.

      1. @pol
        Je ne suis pas sur que l’anathème, soit le meilleur moyen de trouver des solutions.
        Sur quoi vous appuyez vous (quel rapport ?, documents ?, conviction ?, croyance ?,… ) pour dire l’inverse de Thierry avec une telle assurance ?
        Il n’y a pas d’ironie dans ma question, juste une réelle interrogation.

      2. @hema
        Je ne prendrai qu’un exemple d’ordre pédagogique: Si vous aviez installé une toiture photovoltaïque il y a 10 ans et une seconde aujourd’hui, vous pourriez mesurer l’immense progrès réalisé ! Nous devons avoir une pensée dynamique et non statique comme Thierry !

    3. Thierry : mais pourquoi diable vous enfermez vous dans cette alternative, nucléaire ou charbon ? Franchement, présenter la chose ainsi, c’est fausser le débat d’entrée. les deux sont inacceptables.Je vous dis gentiment que vous écoutez trop les arguments biaisés des nucléocrates.
      On ne cesse de le répéter ici, la première des mesures, c’est l’économie d’énergie. Des logements mieux isolés, des appareils consommant moins, une industrie moins gourmande (savez vous par exemple que le potentiel d’économie sur les moteurs électriques est considérable ?) Nous devons réduire notre consommation d’électricité de au moins 20%.
      Pour les énergies renouvelables, il me parait urgent de vous informer plus avant :
      Comité de liaison des énergies renouvelables
      Syndicat des énergies renouvelables
      Global Chance
      GIEC

      1. @Didier :
        Tu me parais trop optimiste . meme en optimisant le modèle déplétionniste( en gros comme d’ hab, un max pour nos tronches ) , ça sera plus sévère que tu ne le penses .
        L’alternative Nuke /charbon est caricaturale mais permet d’approcher la réalité .Présenter en argumentaire le GIEC et un syndicat de blaireaux qui bouffent nos subv , c’est pas sérieux .
        Supprimer le Nuke , booster les EnR , ……tu peux qd meme etre sur que tu n’auras pas plus de 10A au compteur et que tu n’ habiteras plus en ville ……circuits court a tres court oblige .
        Aussi ….il est malheureusement prévisible que la pluspart des gens , …y compris une majorité des présents sur ce site , opterons plutot pour le charbon + le Nuke afin de préserver un modèle proche de celui ci ……..Le kaki revient a la mode .

      2. Je suis évidemment tout à fait favorable au développement des sources d’énergie renouvelables et à la réduction du gaspillage énergétique (par exemple par une meilleure isolation des habitats). Je serais très heureux que ces sources d’énergie alternatives et la réduction du gaspi suffisent à remplacer les énergies fossiles et/ou nucléaires. Mais pour autant que je sache (mais je ne suis pas expert et je peux me tromper), ce ne sera pas le cas parce que ce n’est tout simplement pas possible. Cf. à ce sujet la page du site de Marc Jancovici sur les possibilités qu’offrent le renouvelable par rapport au fossile. Sa conclusion :

        Il est raisonnable de considérer qu’un monde qui ne fait appel qu’aux renouvelables a donc de sérieuses différences avec le nôtre. J’espère avoir convaincu le lecteur que l’abondance matérielle, qui suppose pour commencer la production de masse d’acier, de béton, etc, n’est pas possible au niveau que nous connaissons – voire pas du tout pour un certain nombre de matériaux très difficiles à obtenir sans pétrole – dans un tel contexte. Par ailleurs les problèmes de stockage des modes intermittents, avec les consommations intermédiaires que cela représente, le fait que les renouvelables posent de redoutables problèmes de concurrence d’usage des sols, et les limitations nées des lois de la physique (personne ne changera l’énergie cinétique d’une masse d’air qui se déplace à une vitesse donnée, donc la quantité d’énergie éolienne récupérable) font que notre monde actuel – où l’énergie abondante est omniprésente – ne peut subsister avec juste des renouvelables, et il s’en faut probablement de beaucoup. Dès lors est-il sage de nous organiser en dépendant chaque jour un peu plus d’une ressource qui ne sera pas commodément remplaçable ?

        Ajoutons que la conversion éventuelle à des modalités renouvelables de tout ce qui pourrait l’être conduirait à une utilisation des sols que bien des « écologistes » réprouveraient probablement : il faudrait couvrir la quasi-totalité de la France de barrages, de forêts cultivées de manière intensive pour le bois de feu (donc avec une biodiversité pas toujours terrible…), d’éoliennes, et de cultures elles intensives pour les biocarburants. Peut-on considérer qu’un tel tableau correspond à un développement « propre » ?

        Il est vraisemblable que sauf mise en œuvre d’un programme raisonnable de réacteurs nucléaires à neutrons rapides (mais il faut compter 40 ans pour le mener à bien : en aucun cas le nucléaire ne pourrait servir de roue de secours pour remplacer tout le reste à bref délai lorsque nous aurons des angoisses de pénurie ou de dégâts climatiques), l’abondance énergétique prendra fin avec les combustibles fossiles, les renouvelables seules étant totalement incapables de les remplacer au présent niveau, même si elles ont bien entendu leur place dans l’approvisionnement du futur.

        Même le recours au nucléaire ne permettra pas de conserver l’organisation actuelle de la société, l’électricité ne pouvant commodément remplacer le pétrole comme matière première. La première mesure si nous souhaitons être prudents, du point de vue énergétique, est bien de prendre le chemin d’une division de la consommation d’énergie par 2 ou 3, et non de l’augmenter « tant que ca passe », en pensant que les renouvelables permettront de prendre le relais quand nous le souhaiterons….

        Un autre facteur est souvent largement sous-estimé par les optimistes du renouvelable : c’est  » l’effet rebond ».
        Plus les personnes diminuent leur facture énergétique (avec une voiture qui consomme moins, une chaudière plus performante, des doubles vitrages, des appareilles électro-ménagers moins énergivores, etc.), plus ils utilisent l’argent ainsi économisé à consommer d’autres biens qui eux aussi consomment de l’énergie. Cf le très intéressant article de Cédric Gossart dans le Diplo : « Quand les technologies vertes poussent à la consommation » http://www.monde-diplomatique.fr/2010/07/GOSSART/19374

        Il me paraît donc évident qu’une solution purement technique ne nous sortira pas d’affaire.

        Si l’on veut quitter le nucléaire sans faire cuire la Terre au charbon, il est nécessaire de changer radicalement de mode de vie et d’entrer en décroissance.

        Se lamenter sur les dégâts de Fukushima et plus généralement sur les risques du nucléaire sans accepter la nécessité d’entrer en décroissance en abandonnant le modèle hyperproductiviste et hyperconsumériste me paraît parfaitement absurde. C’était le sens de mon post précédent.

      3. On ne va pas ici polémiquer avec Jancovici même si les nucléocrates s’y raccrochent un peu en désespoir de cause. Jancovisi vaut mieux que cela !
        Vous ne voulez pas comprendre, c’est votre droit, et sans vous désobliger, je dirais qu’on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif.
        Vous faites un raccourci entre économie et décroissance et vous faites ainsi une erreur fatale. Il faut bien comprendre que nous devons entrer dans une transition énergétique. La France a consommé 500 TWh d’électricité environ en 2009. Il faut passer à 400 en faisant des économies et produire par la suite autant que nécessaire mais avec des moyens compatibles avec le respect de l’environnement. Ce n’est ni difficile à comprendre ni être optimiste, c’est être très pragmatique. Pourquoi vous entêtez vous à rejeter cette idée ?

      4. @Didier :
        ////////// Vous faites un raccourci entre économie et décroissance et vous faites ainsi une erreur fatale. Il faut bien comprendre que nous devons entrer dans une transition énergétique. La France a consommé 500 TWh d’électricité environ en 2009. Il faut passer à 400 en faisant des économies /////////////

        Vous faites vous meme un raccourci , de plus vous faites une corrélation « linéaire » entre décroissance energétique et économie ……..alors que la relation est plus proche de l’exponentielle .
        -L’ énergie est fortement impliquée ds le cout de production des biens essentiels …….
        -La majorité de notre système repose sur la production de « non essentiels » (emplois et urbanité)
        -on peut considérer que le % des ménages accédant a la production de « non essentiels » baisse chaque mois …
        -un accroissement du cout de l’energie de 30% peut doubler ou tripler le cout des biens essentiels et …de ce fait supprimer plus de la moitié de la demande en « non essentiels » et collateralement les emplois …
        A la louche on peut estimer que :
        20% de notre population n’accede pas aux biens essentiels
        20% y accède tout juste
        20% disposent de 20% de leur budget pour le non essentiel
        etc …
        l’impact de l’énergie peut tres vite faire basculer ces 60% dans les « non consommateurs » et mettre par terre urbanité et modernité .
        les discours promettant des »temps meilleurs » grace a des energies de substitution peuvent etre réutilisés par des démagogues pour dé-s-affecter une récession (dictature provisoire etc …) et maintenir pour un quota de privilègiers un modèle moderniste .
        L’image qu’ont la pluspart des gens sur une déplétion répartie est fausse , il y a plus de raisons de craindre que la déplétion sera répartie moins équitablement que ne l’a été la croissance .

      5. Bonjour Didier

        « Ce n’est ni difficile à comprendre ni être optimiste, c’est être très pragmatique. Pourquoi vous entêtez vous à rejeter cette idée ? »

        Je crois qu’on ne peut pas passer à 400 avec des moyens compatibles avec le respect de l’environnement. Si les gens qui ont la même croyance que moi citent Jancovici, c’est parce qu’il a fait l’effort de le démontrer. Cette démonstration d’un point de vue scientifique me semble valide.

        La question alors qu’on pourrait vous retourner est croyez vous qu’on peut passer outre aux contraintes physiques? pensez vous que la bonne approche pour démontrer un théorème de mathématique est de procéder à un vote? J’exagère un peu le trait mais c’est pour que le fond du problème apparaisse mieux.

      6. Bonjour Rutily
        A la lecture de Jancovici dont la justesse de la démonstration dépend des hypothèses de base, je préfère celle de Grandjean dont les chiffres qu’il avance ne sont pas loin de ceux que j’ai mentionnés plus haut.
        Et que je sache, l’utilisation d’un appareil ménager A++, l’interdiction faite aux magasins d’être éclairés la nuit ou l’installation de variateurs de vitesse sur les moteurs électriques dont on me dit qu’ils consommeraient alors moins d’électricité ne dépend pas des mathématiques mais d’un choix – adopté pourquoi pas suite à un vote 😉
        Et ces mesures ne nous mettraient pas nécessairement dans une situation de décroissance

      7. Didier, c’est un plaisir de discuter avec vous. Je vous remercie pour le lien qui est très intéressant. Je crois que Grandjean et Jancovici sont en général d’accord et qu’ils ont même écrit un livre ensemble. Techniquement tout est faisable et le scénario de Grandjean l’est aussi, mais il fait passer l’Eolien terrestre de 10 à 110 Twh, l’off shore de 0 à 50, le phot-voltaïque de 0 à 60 et la biomasse de 5 à 50. C’est rude.

        Je crois que le but de ce scénario est de faire des comparaisons de coût en supposant tous les autres problèmes résolus. Or si l’on observe les objections de Jancovici, elles ne portent pas sur les coûts (du moins dans l’extrait que rapporte Thierry) mais plutôt sur l’utilisation des sols que cela entraînerait. Le fait de faire des économies d’énergie, je pense que tout le monde est d’accord et ce quelque soit le scénario (même tout nucléaire).

        Le problème, plus généralement, est que la voie suivie par l’occident dans l’utilisation de l’énergie pour générer de la croissance n’est pas généralisable au monde entier. J’ ai par exemple noté un article dans les echos qui analysait dans quelles conditions il serait possible que l’Inde et la Chine aient le niveau de vie occidental actuel en 2050 (40000 $/ tête!):

        « Pour rendre la croissance asiatique durable, indique l’étude, la région doit s’attaquer à la pauvreté, garantir l’égalité des chances, et se concentrer sur l’éducation, l’entrepreneuriat, l’innovation et le développement technologique »

        Rien sur l’énergie! Est-ce que l’on peut imaginer que 3 milliards d’humains se mettent à consommer 10 fois plus d’énergie? Est-ce que l’on peut quadrupler la production d’énergie et dire que celle là elle ne me plait pas alors je m’en passe? et même si l’on fait des économies d’énergie très substancielle, il faudra la faire partout et on reste quand même devant un doublement minimum. Il faudra faire feu de tout bois.

    4. @ Thierry 2 août 2011 à 15:21
      Je suis en phase avec vous et avec JM. Jancovici. C’est dans le domaine de l’énergie qu’est la « cause racine » de la crise dans laquelle nous entrons.

      Les questions de dette et de monnaie n’en sont que des conséquences. Les politiques et les économistes les plus éclairés le savent bien mais ne savent pas comment l’annoncer aux peuples qui sont encore très loin de mesurer ce que la situation future implique de moindre consommation d’énergie et de tout le reste.

      Cela obligera probablement à renouer avec des pratiques antérieures qui conduisaient à mieux utiliser l’énergie que l’on dépense en se nourrissant. Moins d’obésité, moins de frais médicaux, moins de coupe faim de type Médiator, moins de procès donc moins d’avocats, moins de centre de remise en forme, moins, moins…. En fait que du plus.

      Par contre il y aura un immense travail de reconversion mentale à mener. Voila un formidable gisement d’emplois à des activités touchant l’immatériel voire-même le spirituel, puisqu’il s’agira de reconvertir les esprits. Fini de trouver de la croissance en exploitant les ressources matérielles. La croissance, il y en aura dans l’immatériel et là sans limite aucune.

      C’est l’avenir assuré pour longtemps à condition que notre capital commun, la terre et son environnement, soient gérés convenablement pour nous permettre de vivre dans le monde postindustriel qu’il nous faudra inventer. Quand je vous disais que la formule « Travailler beaucoup et bien tout en consommant le moins possible » était la bonne…..

      1. @ jducac

        Par contre il y aura un immense travail de reconversion mentale à mener. Voila un formidable gisement d’emplois à des activités touchant l’immatériel voire-même le spirituel, puisqu’il s’agira de reconvertir les esprits

        Tout à fait d’accord ! C’est aussi la raison pour laquelle des mesures de réglementation de la finance, aussi indispensables soient-elles, me paraissent totalement insuffisantes pour éviter les catastrophes à venir.
        Pour une réflexion intéressante qui évoque aussi la nécessité de la reconversion « spirituelle » dans la transition post-capitaliste, on peut se référer (entre autres) aux travaux de Christian Arnsperger et à son blog (en anglais) : http://eco-transitions.blogspot.com/

      2. Jducac : il faudrait mieux vous interroger sur les causes de ces comportements que sur leurs conséquences. Ne vous êtes vous jamais demandé pourquoi les gens demandaient des coupe faim ou des anxiolytiques ? Il doit bien y avoir une raison non ?

    5. Et donc faisons brûler allègrement la planète en augmentant les émissions de CO2. (Mais évidemment les risques liés à l’utilisation du charbon sont moins spectaculaires, moins médiatiques, plus lents que ceux du nucléaire, même s’ils sont sans doute plus graves,

      Mais beaucoup plus efficaces et nettement moins graves/dangereux au bout du compte.
      Une remarque japonaise (ces temps ils adorent se poser des questions : bizarre non?)
      source http://fukushima.over-blog.fr/
      –On les (les centrales nucléaires) a mises en route sans savoir concrètement comment les démonter ni les démolir, ni comment traiter leurs déchets. Le réacteur en acier, bien que d’une grande épaisseur, se fragilise à cause des quantités colossales de radioactivité, on les avait donc construites pour une exploitation de 10 ans, après quoi le démantèlement et la démolition étaient prévus. Mais en 1981, on s’est aperçu que les plans de démantèlement et de démolition de la centrale nucléaire de Fukushima, qui avait alors fonctionné 10 ans, n’étaient pas du tout réalisables. Le Parlement a même discuté sur le fait que ce réacteur ne pouvait plus résister aux rayonnements ionisants.

      On est clairement moins e……r avec n’importe quoi d’autre

      Quand au bilan électrique, ajoutons aussi au bilan la quantité d’électricité utile à la gestion de 240000 ans de plutonium et on rigole devant tant de stupidité. (les fûts sont garantis 250 ans ….).
      On finira bien par brûler un billet de 100 Frs pour obtenir 10 Frs d’électricité : le rêve.

      Quand au changement climatique, l’humanité en a vécu quelques uns et est toujours là.
      A moins que nous ne soyons devenus des blattes à cause de couillons nucléaires et on rêve que nous sommes des Hommes 🙂

  5. Bonsoir,
    j’ai cru lire ceci ce jour.

    10 Sieverts/heure entre le 1 et 2., c’est pas rien. Début d’une fuite de corium à l’air libre? Si on se référe aux tableaux, 5 Sv/h cause 50% de létalité, alors, plus de 10, (combien plus de 10? 10,001 ou 11,15). Quoi en penser?

    1. C’est pourtant simple, voyons: les officiels de TEPCO se penchent sur cette question, et leur réponse ne saurait tarder…;–))

  6. D’accord avec Thierry. La question n’est pas celle du danger du nucléaire, mais du danger relatif du nucléaire par rapport au charbon.

    1. Vous posez mal le problème à mon avis : comparez vous les dangers de la voiture par rapport à ceux de l’avion ? L’alternative n’est pas : de deux maux, il faut choisir le moindre ! Ce qu’il faut, c’est entrer dans une transition énergétique qui fera qu’en 30 ou 40 ans, notre utilisation de l’énergie soit compatible avec le respect de notre environnement. Il ne faut pas se laisser enfermer par les arguments spéciaux de certains.

      1. @Didier,
        Je suis d’accord sur ni nucleaire ni charbon a outrance, le choix de l’un ou l’autre est de toutes facon mortel
        La seule solution c’est bien la diminution de la consommation, mais vous etes tres optimiste
        ce n’est pas 20 % qu il faut economiser c’est la societe industrielle et financiere qu’il faut briser :
        – la croissance economique et la fabrication de toujours plus de produits jetables issus du pillage des ressources naturelles n’a pas d’avenir bien qe ce soit le pilier du monde actuel
        – Tant qu on ne change pas le mode de fonctionnement de l’argent on ne changera rien : principe des interets composes, du prets base sur les gains futurs ne peuvent que mener a + de production/consommation donc bruler plus d’energie donc a court terme plus de pollution et surtout a un epuisement plus rapide des ressources/energies

        quand vous parler d’une transition energetique en 30 ou 40 ans vous etes egalement trop otpimiste : on ne les a plus, l’IEA l’a elle meme avouee : nous sommes entres dans la phase de pic des energies disponible
        Il faut d’urgence casser la logique actuelle, ceser les gaspillages energetiques induits par l’appat du gain, augmenter les prix de l’energie et reapprendre a vivre sans robots, bequilles technologiques et produits venant du bout du monde :
        RELOCALISATION

      2. Je suis d’accord avec vous pour une transition énergétique. Mais cela n’empêche qu’en attendant, le charbon pollue plus. Au choix, il faudra toujours privilégier en priorité le remplacement d’une centrale à charbon à celui d’une centrale nucléaire.

  7. Serait il possible d’avoir une biographie des personnes publiant des articles sur ce blog? Je sais bien que vous (Paul, Francois…) connaissez votre sujet mais c’est interessant de savoir qui publie l’information. Le photo montage de Francois je le connais deja.

    Merci

      1. Je propose, pour satisfaire « Patrick », la publication de toutes les adresses IP des commentateurs ayant posté sur ce blog depuis sa création….

    1. Je n’ai pas fait de carrière, au sens où on l’entend, mais sauté d’une activité à l’autre. Passant de l’enseignement des maths et des sciences naturelles (aujourd’hui: de la vie ), à l’édition, le journalisme, le charter aérien, la production de fictions, de documentaires et même de spots publicitaires… Sans oublier la télévision par câble et satellite et le journalisme d’agence.

      Cela m’a valu de parcourir la planète dans presque tous les sens, de gagner ma vie mais de perdre parfois mon temps, et surtout de rencontrer beaucoup de gens. De pouvoir observer comment fonctionnaient les mondes que j’ai côtoyé. En chasse de tout ce qui bougeait, tout ce qui correspondait à ma soif d’aventure et de transformation du monde (pour le dire pompeusement). Sans l’avoir jamais étanchée.

      Je suis resté un collectionneur dans l’âme, pas d’objets mais de mécanismes. Dans mes bagages, des diplômes de philo et de sciences éco délivrés par un monde académique qui ne me convenait pas et ne m’ont pas appris le meilleur de ce que je sais.

      Est-on le mieux placé pour écrire sa bio ? J’en ai toujours douté, parmi tant d’autres choses.

      1. délivrés par un monde académique qui ne me convenait pas et ne m’ont pas appris le meilleur de ce que je sais.

        🙂

        la seule école qui donne des leçons on la connaît, ce n’est pas celle dispensée par le système.

        Les leçons ne servent qu’à ceux qui les donnent. P. Dac

      2. Merci pour votre reponse! Si je demande ca c’est juste par esprit critique. Il faut toujours essayer de prendre ces distances avec ce qu’on lit. On trouve des tonnes d’info sur le web avec des sources parfois douteuses. Les canaux officiels sont de moins en moins la reference.

        Ca se sent dans la qualite de vos ecrits que vous etes un homme de lettre.

        (hors sujet) J’aurais bien aime vous (le blog Paul Jorion) voir participer a l’emmission « Arret sur images » ou vous auriez tout le temp de vous exprimer

  8. à l’origine de la catastrophe le choix fait par des »capitalistes PRIVES » de prendre des risques démesurés plutôt que de noyer les centrales…LA RENTABILITE D’ABORD, toujours et toujours…
    et comme dab : les peuples paient les additions sous toutes les formes, et l’ETAT mettra la main à sa poche pour tenter de rétablir l’irréparable…et les peuples continueront à payer pour la marmite du diable

    1. @ Arlequin 2 août 2011 à 07:57
      Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Depuis toujours, ceux qui ont découvert les vertus du capital et du capitalisme, investissent pour vivre du travail ainsi réalisé afin de préparer l’avenir. Les autres, les partisans d’une théorie anticapitaliste de principe plus que de raison, prônent le pouvoir d’achat pour une consommation totale et immédiate, ce qui mène à l’épuisement rapide des ressources accessibles à bon compte et aura une fin.

      Ils ont tellement consommé sans songer à capitaliser une partie de leurs revenus, que maintenant, ils se trouvent sans ressources pour opérer leur mutation énergétique. Oui l’esprit capitaliste, qui ne se rencontre pas que dans le grand capital, incite les êtres raisonnables à ne pas uniquement jouir du temps présent, mais à toujours consacrer une partie de leurs ressources à la préparation du futur, c’est d’ailleurs ce qui a donné le mot «économie ».

      L’économie est en effet née de l’épargne, cette partie de ce que l’on possède et que l’on préserve pour un usage ultérieur au lieu de la consommer tout, tout de suite. Economiser, épargner, c’est se constituer un capital ; ce que d’aucuns fustigent au point de préférer s’endetter le moment venu auprès de ceux qui ont été plus sages. La fuite en avant s’arrête quand ceux qui pourraient prêter ne le veulent plus parce qu’ils n’ont pas confiance dans des partenaires qui ont toujours préféré intempérance, le déshonneur et l’asservissement volontaire plutôt que d’ajuster leur consommation à leur revenus.

      C’est pourtant simple à comprendre et donc accessible à tout le monde. Il suffit de faire preuve d’un peu d’humilité pour reconnaître ses faiblesses et avoir le courage de se remettre en cause au lieu de mettre tout ce qui arrive de difficile à vivre sur le dos des autres, les plus prévoyants et donc les plus vertueux. Quand le plus grand nombre l’aura compris, le monde ira beaucoup mieux. Il faut garder espoir!.

      1. Tepco, une entreprise privée, capitaliste, a bien su prévenir l’avenir à votre avis ? Vous n’avez pas fini de raconter n’importe quoi ?

      2. @ Nicks 2 août 2011 à 13:05
        Si vous mettiez un peu plus d’empathie dans la réception et le décodage des idées que les autres vous soumettent pour vous faire réfléchir, pensez-vous que cela irait plus mal ?

        Qui êtes-vous donc pour traiter de la sorte les messages que vous saisissez bien trop superficiellement pour en tirer profit et vous faire progresser ?

        Il ne vous est jamais venu à l’idée qu’en restant sommaire et en traitant par le mépris les idées des autres c’est souvent le meilleur moyen de rester coupé du monde réel, lequel est très loin de n’évoluer que grâce au public ?

        Allez-donc à Cuba et en Corée du Nord là où des progrès faits sans le concours du privé font l’admiration de tous et rendent les autres peuples du monde envieux de leur parcours.

        Au fait, Tchernobyl, c’était bien une conception, une construction, et une exploitation du public. Est-ce pour cela qu’il n’y a pas eu d’accident ?

        Allez, soyez raisonnable et réfléchissez objectivement! Ne faites pas que régurgiter des théories qui se sont révélées plus efficaces pour asservir les peuples que pour les rendre heureux. Tout le monde s’en portera mieux. Vous le premier !

      3. @Jducac

        La recherche du consensus préalable en politique, ce n’est pas vraiment mon truc. Quand on dit des énormités, je le relève c’est tout. Je vois qu’encore une fois, le seul argument que vous pouvez opposer va se nicher dans les dictatures communistes résiduelles, quand je défends une économie mixte.

        Tchernobyl est une conséquence de la course qu’avait accepté de livrer l’URSS avec les Etats-Unis et qui ont aboutit à une monomanie hyper-dirigiste dirigée vers la puissance. J’en fait le miroir de ce qui se passait de l’autre côté à ce moment là, miroir dont les conséquences ont été visibles notamment à Fukushima.

        Le réel, vous ne le connaissez pas plus que moi mais au moins, j’assume mes positions politiques…

      4. ///Allez-donc à Cuba et en Corée du Nord là où des progrès faits sans le concours du privé font l’admiration de tous et rendent les autres peuples du monde envieux de leur parcours////

        Ho la belle bleue !!
        Vous vous découvrez trop mon cher … ça ne prend plus le miel ne peut adoucir la cigue …TNA …Liberal me voilà ! ….Pourquoi faire semblant de débattre ?

  9. … »Enfin, dans toute l’étendue de son influence et des connivences sur lequel il s’appuie, il a émergé un puissant complexe électro-nucléaire – sur le mode du complexe militaro-industriel américain – dont on observe avec quelle force il se bat pour obtenir la relance du parc nucléaire. Sous couvert de « stress tests », cette mode accommodante habillant les centrales nucléaires ainsi que les établissements financiers, un étrange rapprochement pour un procédé dans les deux cas peu convaincant… »
    J’ai vu la vidéo avec les habitants en colère…Je pense simplement que les choix des politiques ,financiers ou autres responsables du complexe nucléaire doivent être débattus par ces derniers ..en zone contaminée pour être crédibles !
    Idem pour les va ‘ t’ en guerre un peu partout dans le monde ..Ils revêtissent leur treillis les premiers et s’en vont argumenter le bien fondé de leur choix sur les fronts qu’ils veulent créer !
    Non?

  10. 650 mm de pluie en 1 semaine (c’est l’équivalent d’une année de précipitations dans certtaines régions française) sur Fukuschima.
    21tonnes d’eau décontaminée/24 heures: c’est le rendement actuel des installations mises en place, il y a 120 000 tonnes d’eau à décontaminer, pour l’instant.
    Le gouvernement envisage de publier une carte de contamination de l’ile d’Honshu (au Japon, l’ile principale) mais à 150 m d’altitude et mesuré par hélicoptère: les japonais doivent être des géants et vivre et respirer à cette altitude sans doute.
    Mais à part ça tout va bien
    Faut continuer avec le nucléaire comme le dit Thierry, parce que le réchauffement climatique, c’est bien plus grave, l’homme ne pourra pas s’y adapter, tandis que la radio activité, c’est plus facile, suffit d’éviter les zones contaminées….

    1. Bonjour,
      A propos du remplacement du nucléaire civil, je tiens à informer qu’il existe de nombreuses solutions encore très peu exploitées : les centrales solaires thermodynamiques.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_solaire_thermodynamique
      ou la version anglaise, beaucoup plus détaillée :
      http://en.wikipedia.org/wiki/Concentrated_solar_power
      La France est bien sûr en retard mais elle se réveille :
      La France renoue timidement avec le solaire thermique
      Cela fonctionnerait correctement même sous nos latitudes, et en cas d’accident, de tempête, catastrophe ou autre attentat, on se retrouve avec du verre brisé et du métal tordu et pas 200 000 ans de pollution radioactive.
      Pour anticiper une question : « C’est bien beau, mais on fait comment, la nuit ? » :
      Le principe consiste à chauffer un fluide (du sel fondu à 400°C) et de le stocker afin de récupérer sa chaleur pour produire la nuit.
      Ce n’est pas une utopie, cela existe déjà en Espagne :
      Centrale d’Andasol
      Et le projet Desertec pour utiliser les déserts pour produire à grande échelle…
      Les solutions ne manquent pas, il faut juste du courage politique…
      Bonne journée à tous et merci pour ce blog vraiment indispensable !

      1. >Olivier

        Les différents projets que vous évoquez sont évidemment intéressants, mais ils ont chacun leur défaut: les centrales solaires thermodynamiques souffrent de limitations du… à la thermodynamique: on utilise là aussi le bon vieux cycle de Rankine (plus ou moins amélioré je vous l’accorde ) qui permettent de retomber vers le 30% de rendement tant honni chez les centrales nucléaires (qui utilisent le même cycle…). Et cela avec des coûts de fonctionnement non négligeables: les miroirs doivent être nettoyé régulièrement, doivent être motorisé et asservi au déplacement apparent du soleil dans le ciel suivant le modèle de centrale, etc…

        Pour Desertec malheureusement, en plus des coûts de fonctionnement important, du à la logistique nécessaire à un fonctionnement dans une zone désertique s’ajoute le risque géopolitique: il n’est pas sur que nos amis maghrébins restent nos amis…

  11. @tous,
    Je l’avais déjà posté, mais il me semble mieux placé sur ce billet qui est une réflexion à froid sur la puissance du lobby.

    Le rapport de l’association « global chance » (Nuclèaire, le déclin de l’empire Français: 112 pages en accès libre) est une lecture très utile pour faire le point technique et économique sur cette filière, mais est aussi est très intéressant par les données historiques et stratégiques qui font comprendre les enjeux autres qu’énergétique.
    Il est de plus très bien sourcé et très bien écrit.
    http://www.global-chance.org/IMG/pdf/GC29.pdf

  12. Bonjour a tous,

    Reprenons si vous le voulez bien le cours des evenements de facon imagee et tirons en quelques conclusions :
    la situation est dramatique tant sur le plan de la catastrophe de Fukushima que de l’avenir de notre civilisation : notre bateau-monde a perdu tout cap et destination, sans personne a la barre mais la cabine de pilotage est pleine de potentats immoraux qui gerent le court terme dans leur interet personel : mesquineries, mensonge et bricolages : les dirigeants et tous ceux qui profitent du systeme ne faisant que colmater les breches, camoufler l’information pour retarder l’explosion (nucleaire ou sociale) qui les priverait de leurs privileges/pouvoir/richesse.

    La realite est malheureusement trop grave pour encore rire de ces clowns minables et au dela des analyses tres pertinentes de Paul et Francois, des perspectives court-terme tres nettes se dessinent :

    1- Le japon va devenir en grande partie inhabitable car les radiations se propagent en mer et dans le sol, mais le pouvoir/media le niera le plus possible car que faire des 50 millions d’habitants de Honshu concernes? encore une fois pour eviter la panique et la perte de tout controle/pouvoir/privilege les autorites mentent, quitte a mettre en danger la population et preserver les interets du lobby qui les soutient ( en l’ecrivant je me demande encore comment on peut etre venal et misanthrope a ce point !)
    2- Tout accident nucleaire represente un danger mortel incontrolable pour l’humanite et leur probabilite augmente avec le vieillisement des centrales, la privatisation de leur gestion et le chaos mondial qui se repand : il faut donc urgemment eteindre/debrancher (cold shutdown) tous les reacteurs tant que nous sommes en mesure de controler le processus.
    Ce n’est certes pas simple et provoquera une revolution dans nos modes de vie mais c’es indispensable .
    Parions ( les paris ne sont pas encore interdits Paul?)malheureusement que Les interets economiques en jeu prefereront le statut quo = jouer a la roulette russe, mais le canon est tourne vers nous !

    3- La crise economique actuelle n’est ni provisoire ni conjoncturelle mais structurelle: notre modele a echoue : et oui! croire a la croissance infinie dans un monde fini et bien justement cela a une fin et nous y arrivons :
    qu’est ce que la croissance economique: l’augmentation des richesses creees, que sont les richesses: la combinaison du genie humain et de la transformation des matieres et qu’est ce que la transformation de la matiere dans la societe industrielle: l’exploitation efrenee des ressources naturelles le plus souvent non renouvlables a grand renfort d’energies.
    Tout notre systeme financier et donc d’echanges repose sur les gains supplementaires a venir : c’est le principe qui sous tend le pret a interet, l’effet de levier…
    Or que constate t-on : une correlation de l’ordre de 90-95% entre la croissance du PIB et la consommation d’energie, meme ratio entre population et energie. = extreme dependance de notre systeme a la disponibilite de quantite croissante d’energie
    L’endettement astronomique actuel est une avance de caisse sur une promesse de gain futur : theoriquement remboursable grace au mecanisme de la croissance, malheureusemetn comme l’avoue enfin l’Agence Internationale de l’Energie, 30% du petrole necessaire au fonctionnement de notre monde dans les 15 ans reste a decouvir ( et c’est pas sous le sabot d’un cheval) :
    Moins d’energie ==> moins de creation de richesse –> pas de remboursement des dettes/ pas de croissance economique –>pas d’acces a la societe de consommation pour les populations des pays « emergents » : boom bada boom : chaos et guerre si on ne s’y prepare pas!

    4- L’ argent ne se mange, pas, ne remplace pas les bras ou les moteurs et donc au final c’est l’energie disponible qui compte. – Alors comme pour Fukushima « on »( ceux qui savent et/ou peuvent agir a grande echelle) prefere cacher la catastrophe car avouer qu ‘il n’y aura plus de croissance mais des restrictions et la necessite de simplifier notre fonctionnement et revenir a une economie frugale c’est le comas immediat pour les bourses, la chute des banques, la revolution dans la rue… donc on prefere mentir et preserver ce qu’on a accumule comme l’avare de Moliere.

    Conclusion (ouf enfin !) Une note positive : decroissance ne veut pas dire moyen-age et epidemies mais un autre monde base sur des petites communautes regionales s’entraidant , communiquant et vivant ensemble ( ah desole pour les adeptes de TFi de la game boy et del’individualisme urbain!)

    Tous a vos preparatifs, manuels d’agriculture bio, apprendre a communiquer avec son voison, perdre l’habitude des echanges uniquement marchands et interesses…!

    1. Bonjour,

      Loîc M, je partage entièrement votre analyse du rapport du fonctionnement économique mondial à la consommation d’énergie, et en effet, dans ce domaine, c’est le début de la fin (en quantité exploitable), donc, la fin du pas cher, et en conséquence, la fin des har … non, la fin des illusions de beaucoup pour bientôt.
      Juste cependant, un détail. Je suis un professionnel de l’humain et de son fonctionnement.
      Sur la décroissance, je pense que vous aurez des surprises …
      On ne passe pas d’un mode de fonctionnement civilisationnel à un autre, après s’être multiplié inconsidérément, après avoir épuisé et intoxiqué son environnement à de nombreux points de vue, sans quelques petits soucis, d’ordre organisationnels.
      Surtout quand on en a pas envie.

      Alors le moyen âge et les épidémies … sont peut-être moins loin, à titre de référentiel, que vous ne l’imaginez.

      Mais de toute façon, oui, l’agriculture bio est la voie la plus rassurante dans ce monde qui va se planter.

  13. @Thierry

    Il n’est pas dit qu’il faut supprimer toutes les centrales nucléaire aujourd’hui. Mais qu’il faut réfléchir dès aujourd’hui à leur remplacement. Ainsi on a un petite chance qu’on puisse démanteler une première centrale nucléaire d’ici 10 ans.

    Quand à dire que les énergies renouvelables ne suffiront jamais à compenser les besoins, ça on ne peut pas laisser passer. Pour info, que la terre reçoit en 1h une énergie solaire l’équivalent de la consommation annuelle (Sciences&Vie juin 2011).
    Actuellement, le problème est de le récupérer, mais on finira par y arriver si on a une volonté politique. Par ailleurs, le solaire devient économiquement rentable.

    Et bonne nouvelle pour les nostalgique, le soleil est une gigantesque centrale nucléaire et qui recycle ces déchets, on doit pas s’en occuper.

    Enfin, on peut toujours croire Claude Allègre qui affirme qu’il n’y a pas de risque nucléaire en France. Notez que sa définition d’un problème nucléaire n’est p-e pas tout à fait la même que la notre, sachant qu’il ne considère pas Fukushima comme un problème nucléaire mais sismique.

    1. @MKI

      Malheureusement al’heure actuelle aucune energie renouvelable n’a ni la densite ni la flexibilite energetique du petrole et toutes les infrastructures necessaires a la fabrication et distribution d’altenatives prendraient des decenies et demanderaient de consommer des quantites pharaoniques d’energies fossiles a l’heure ou celles ci amorcent leur declin
      Imaginesz vous remplacer un parc de 900 millions d’automobiles, des millions de stations a essence, inventer des technologies sobres, reconstruire tout le tissu industriel mondial???
      C’est une oeuvre titqanesque q’il fallait entamer il ya 40 ans lorsque le rapport du club de Rome et le premier choc petrolier ont lance leur premier avertissement serieux

      Aujourd’hui seules des solutions regionales simples (low-tech) et une decroissance/demondialisation accelerees pourront nous permettre une transition vivable

      1. Je comprends votre analyse, mais je ne pense pas que ce soit faisable à cause du facteur humain comme l’explique J-Philippe. Vous avez raison de dire qu’il y a un travail gigantesque. C’est de toute façon difficile d’être devin vu la complexité du domaine. J’espère quand même que vous avez tort, car sinon il y aura une décroissance dès que le pétrole viendra à manquer ce qui va se produire inévitablement (sans changement radical). Et la ça sera le chaos.

      2. @ Loic M. 2 août 2011 à 13:36
        Totalement d’accord avec vos arguments, sauf avec votre dernière phrase. Je reste plus optimiste, même si j’entrevois une longue période difficile.

      3. Bonjour,

        MKI, il y a un petit détail que tout le monde ignore ici mais qui a son importance.
        Vous dites : « il y aura une décroissance dès que le pétrole viendra à manquer » ; or, il n’y a pas besoin que le pétrole manque pour provoquer une telle décroissance, il suffit qu’il devienne plus cher … ce que les précédentes crises pétrolières ont largement démontré.
        Et en fait, il y a longtemps que le pétrole est trop cher pour permettre une croissance suffisante à nos sociétés (nos sociétés ont besoin d’environ 2% de croissance pour simplement permettre une rotation harmonieuse des emplois), et c’est pourquoi, à chaque surchauffe, les états ont été amenés à soutenir l’économie par des mesures qui, au fil du temps, ont dégradé leurs budgets.
        Nous venons de vivre une trentaine d’années de fuite en avant, et approchons de l’heure de vérité : des mesures de soutien ne sont plus possibles, et le pétrole est trop cher … (au-delà de 70 dollars environ pour les sociétés développées semble-t-il). Et il ne pourra baisser beaucoup par une légère baisse de la demande, car les pétroles actuellement exploités sont dorénavant très coûteux, une partie non négligeable semble être au-delà des 70 dollars le baril en coût total d’exploitation …
        La pression récessionniste qui afflige nos sociétés depuis une trentaine d’année est beaucoup liée à l’accès au pétrole et aux autres matières premières.
        Comme nous n’allons plus pouvoir la contrer : Game over.
        Pas demain : Maintenant !!!!!!

    2. Enfin, on peut toujours croire Claude Allègre qui affirme qu’il n’y a pas de risque nucléaire en France. Notez que sa définition d’un problème nucléaire n’est p-e pas tout à fait la même que la notre, sachant qu’il ne considère pas Fukushima comme un problème nucléaire mais sismique.

      Boum

      T’es mort ou tes enfants ou les enfants de tes enfants etc

  14. François, il est faux de dire que FUK I est la troisième catastrophe nucléaire de l’histoire humaine.
    En effet, en 1957-58, une explosion a eu lieu sur le site de Kychtym, contaminant des dizaines de kilomètres carrés.
    Cette catastrophe a été tenue secrète par les autorités soviétiques jusqu’aux travaux du Pr Jaurès Medvedev en 1979.
    Pour plus d’informations, voir ici: http://www.dissident-media.org/infonucleaire/20ans_de_silence.html

  15. Bonjour,

    Citation mki :
    « Quand à dire que les énergies renouvelables ne suffiront jamais à compenser les besoins, ça on ne peut pas laisser passer. Pour info, que la terre reçoit en 1h une énergie solaire l’équivalent de la consommation annuelle (Sciences&Vie juin 2011). »

    Mais quels sont les besoins ?

    Nous n’avons pas un problème d’énergie pour répondre à des besoins, nous (les pays riches) avons un problème de besoins auquel nous tentons opiniâtrement de faire répondre énergétiquement notre planète.

    Amicalement,

    Delphin

  16. Le nucléaire français n’est pas plus fiable que celui des autres pays. Pour l’instant la France a eu de la chance un jour ou l’autre la roue risque de tourner. Pour savoir l’état des centrales a l’heure actuelle, il faut prendre le taux de production. Il a chuter a 78%. Cela veut tout dire. ( Une centrale nucléaire n’est pas une voiture: comparaison vaine et inutile).

    Pour Fukushima les journalistes disent n’importe quoi. Ils mélangent radiation irradiation contamination ( surfacique, volumique, interne ,externe)ect. Les diverses autorités ont la transparence d’une plaque de plomb. En bref les japonais sont dans une sacrée merde.

  17. Un autre son de cloche : Une transparence assez remarquable
    http://www.bertrandbarre.com/accueil_actu2_fr.htm

    Extrait :

    « Si les critiques n’ont pas manqué en ce qui concerne les comportements de TEPCO avant l’accident, leur reprise en main est un modèle du genre, de même que les mesures de protection des populations prises dès le début par les autorités, le tout dans une transparence assez remarquable : chaque jour, on peut suivre l’évolution des opérations, les doses reçues par les équipes qui les réalisent, les mesures de radioactivité dans l’environnement, avec courbes, schémas, photos et tableaux de chiffres, sur les sites suivants :
    http://www.jaif.or.jp/english/index.php
    http://www.tepco.co.jp/en/press/corp-com/release/11080503-e.html
    http://www.gengikyo.jp/english/shokai/special_4.html« 

Les commentaires sont fermés.