L'actualité de la crise : TRANCHE DE VIE, par François Leclerc

Billet invité.

« Après des années d’affrontement avec Washington à propos des réformes financières, les banquiers les plus puissants du pays ont trouvé un terrain d’entente avec les régulateurs, afin de partager leurs difficiles efforts destinés à lever le plafond d’endettement et d’éviter un défaut ». C’est ainsi que le New York Times débutait ce matin un article bien documenté revenant sur les contacts, réunions et initiatives prises par les milieux d’affaires et leurs lobbies afin d’inciter les membres du Congrès à passer un compromis avant l’échéance de mardi prochain.

« Jamais, depuis 2008, les membres de l’administration fédérale et les banquiers n’avaient été aussi clairement alignés en faveur de la même politique », poursuivait l’article.

De son côté, l’administration du Trésor prodiguait ses encouragements, laissant entendre que le payement des coupons liés à la dette serait prioritaire et que des dispositions avaient été prises pour alléger le payement des autres factures.

Les rédacteurs font état de la mobilisation des gérants des hedge funds, d’ordinaire plus réservés remarquent-ils. Des campagnes de mails à l’intention des membres du Congrès, les enjoignant de se mettre d’accord, ainsi que de multiples études qui leur ont été communiquées par les lobbystes, soulignant les conséquences d’un défaut.

Pour ne pas rappeler la lettre adressée au Président et aux membres du Congrès par des représentants des 14 plus importants établissements financiers privés américains. Ni les interventions des plus importants contributeurs aux deux partis, la Chambre de Commerce au premier rang, qui a financièrement contribué à la victoire des républicains aux élections de mi-mandat.

Dans un premier temps, relève l’article, les milieux d’affaire étaient restés discrets, craignant que leurs interventions produisent un effet contraire et accréditent la possibilité qu’un défaut intervienne. Ce n’est que vers la mi-juillet qu’ils se sont décidés à agir de tous leurs moyens, n’étant plus convaincus qu’un accord allait intervenir au dernier moment.

Le journal révèle que le tournant est intervenu le 11 juillet à l’occasion d’une réunion où du beau linge était convié par Tim Geithner, secrétaire d’Etat au Trésor. Il y avait là les représentants de l’American Bankers Association et de Business Roundtable (deux anciens gouverneurs), ainsi que ceux de Financial Services Forum et de l’American Insurance Association. C’est à dire une brochette des lobbies les plus influents de Washington. « Tout le monde était sur la même longueur d’onde », d’après Robert S. Nichols, de Financial Services Forum.

Mais il faut remonter au mois d’avril dernier, pour trouver l’origine de cette campagne. A l’occasion d’un déjeuner-buffet, Tim Geithner avertissait une pléiade de dirigeants de Wall Street des importantes conséquences qu’aurait le maintien du plafond de la dette, afin de leur mettre déjà la puce à l’oreille. Y participaient Gary Cohn de Goldman Sachs, les managers de hedge funds John Paulson et Paul Singer, Robert Wolf d’UBS, et Henry Kravis de Kohlberg Kravis Roberts, un intervenant majeur du private equity, chez qui les agapes se tenaient.

Mais tout ce beau monde restait donc dans un premier temps sous la trace du radar – pour reprendre l’expression du journal – ce qui faisait contraste avec son attitude ouvertement offensive lorsqu’il s’agissait de combattre l’application de la loi de régulation financière.

Il s’est depuis brutalement réveillé  !

30 réponses sur “L'actualité de la crise : TRANCHE DE VIE, par François Leclerc”

  1. Paul Jorion ,F. Leclerc ont été entendus par un Dieu plein de commisération…
    Ouf : « ils » (US-ricains « capitaines du fric mal acquis » vont pouvoir engoufrer encore quelques tonnes de dollars-papier….
    Et les moutons (US-ricains de la rue ,européens ,chinois,russes,grecs) pourront(devront) s’agenouiller pour remercier ces généreux bienfaiteurs qui les ont encore « sauvés » des affres de « la ruine ».
    Oui les bandits ont encore de beaux jours et nous : misére ,pain sec,trique et rélégation à court terme.
    Fema ,CFR veillent.
    Dans l’hexagone(qui n’en est pas un) nos « responsables » ne sont pas en reste..
    Merci « Dieu » !.

    1. # 18h00 Dette: un plan d’urgence en cas d’échec
      # 17h31 Dette: Washington prêt à faire un effort
      # 15h22 Dette US: « pas d’accord » (proche Obama)
      # 15h09 Dette: « très proche d’un accord » (Rép.)
      # 14h17 Dette: les élus US sont d’accord (TV)
      # 08h14 Dette: négociations à la Maison-Blanche
      Source; figaro économie fil d’info

    2. Ouf, comme vous dîtes, le système sera sauvé pour quelques mois.
      Mais il faudra faire les réformes struturelles … nécessaires.
      Retraites, sécurité sociale, etc, etc.
      Je verrai bien quelques années supplémentaires …

      La machine à broyer a un peu de répit.
      Et les moutons vont se faire tondre dans quelques mois le temps que la précédente coupe soit digérée.

    1. Vous comprenez mieux pourquoi il a fallu d’abord liquider Le ministère de l’Equipement héritier des Ponts et Chaussées et de trois cents ans d’histoire et d’accumulation de compétence depuis Colbert , un vivier de 5000 ingénieurs de niveau souvent international , atomisés dans le réseau de la fonction publique territoriale , où ils sont très recherchés , dans d’autres ministères où on se félicite de leur capacité à gèrer la complexité , et …dans le secteur privé , friand d’ingénieurs bien formés aptes aux approches multifonctionnelles .

      On peut comprendre que la population n’ait rien à faire de plaintes qui lui sont apparues corporatistes quand elles proclamaient cependant  » mort de service public  » .

      Comment par contre ne pas exploser quand on entend des élus de gauche remettre en cause le principe constitutionnel de libre circulation des personnes ( id est gratuité d’au moins un itinéraire sur l’ensemble du territoire national ) !

      Est on bien sur que « Etat français » signifie encore quelque chose ?

      PS : 1 ) l’exemple cité dans l’article est inquiètant car en fait sur les 20 dernières années , les caisses étant déjà vides ,on savait en mariant différents fonds ( européen , régionaux , départementaux , communaux et …. un peu d’Etat pour justifier la maîtrise d’ouvrage , soit à peu près le montant de la TVA !) , parvenir à faire . Apparemment On ne sait et On ne veut plus .

      2) il y a des moyens plus vicelards de camoufler ls choses , c’est le recours à la concession …gratuite … en apparence . Exemple récent avec la concession des 18 kms de résidus de Route Nationale entre Le Fayet et le tunnel du Mont Blanc , à la Société du Tunnel sous le Mont Blanc . Gratuité relative car en fait on se paie sur un chouïa d’augmentation autorisée de plus au péage du tunnel . Enfin bon , on ne dira rien car l’Etat est encore actionnaire majoritaire dans la société du Tunnel ( c’est une SEM ); j’attends le jours où l’Etat vendra à prix bradés sa participation dans l’affaire ( où la ville de Genève et la famille D’Estaing ont aussi des billes minimes ) .

      1. Interessant et instructif.
        Il ne faut pas oublier que l’opinion publique n’a jamais voulu
        la destruction des Services publiques. Elle a été mise
        devant le fait accompli. On lui a vendu un package du type
        « à prendre ou à laisser ». Il était évident que la course à la réforme
        n’ était que la liberté donnée à certains intérêts de pouvoir se servir sur la bête.
        Et les réactions « contre » n’ont été au mieux qu’ inadaptées.
        ( Par exemple, faire brûler des pneus devant la préfecture… lamentable.)
        J’ai l’impression aussi que les municipalités préfèrent sous-traiter
        avec un « bureau d’étude » plutôt qu’avec des fonctionnaires
        peut-être trop indépendants et ayant des objectifs en propre
        mal formulés. (une impression)

        En tout cas dans une région densément peuplée, l’absence d’un Plan
        d’équipement ( ou simplement d’ occupation des sols) montrent que l’espace
        publique est soumis à l’anarchie des intérêts privés.
        En d’autre terme, un cadre de vie, dans ses détails, est détruit.
        « Ils » nous créent un petit enfer portatif, à base de béton-goudron-rond-point.
        Je suis frappé par la destruction -« aménagement »- des espaces verts
        et singulièrement des arbres ( à croissance lente, si précieux.)
        Un village passé au rouleau compresseur des « aménageurs » privés
        devient simplement invivable…
        Les « riches » ont obtenus la baisse de leurs impôts, maintenant les autres payent.

      2. Liberté, qu’ils disaient …concurrence libre et non faussée, qu’ils disaient …

        et voilà ! les routes à péages, l’octroi aux portes de Paris,et des grandes-villes, le sauf-conduit pour aller d’une ville à l’autre, le backchich pour pouvoir obtenir tel médicament, le dépassement d’honoraire, en dessous de table, pour pouvoir être opéré, …
        libre-circulation des tuyaux : ex/le web =) la plupart des accès devenus payants ( c’est en cours)
        rétablissement de la gabelle…(m’en fiche : suis cardiaque ! hihi ! bien fait !)
        impôt sur les portes et fenêtres – sauf chez les riches vivant dans les quartiers réservés …

        on avance, on avance ! paupérisation des populations, et payer absolument tout et n’importe quoi !
        tiens, envie de rentrer au couvent !
        Heu, cherche ingénieur des Ponts encore compétent pouvant mettre en oeuvre un tunnel (sans péage)qui relierait discrètement ( et sans octroi ) les dames et les messieurs …merci d’avance.

      3. http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0201539349268-les-banques-desertent-le-marche-des-collectivites-locales-200782.php

        Si les collectivités n ont plus accès au crédit pour financer les infrastructures ou leur entretient, si elles ne peuvent lever l’ impot trop brutalement, alors elle ne peuvent rien, l etat se desengageant.

         » Celui qui peut  » face aux collectivités qui ne peuvent pas, c est le privé qui vient d etre sauvé.
        Si au moins on laissait les habitants s approprier leurs richesses…Le droit d usage leur est laissé pour le moment (cf exemple du projet de privatisation des routes nationales). Pour combien de temps avant que le privé lève l impôt ?

      4. http://www.liberation.fr/societe/01012351869-animateur-de-colo-un-travail-comme-un-autre

        La lecture des commentaires est très instructive pour obtenir une description de ce qui est conceptualisé derrière le titre de l article.
        Si sur l essentiel (ce qui existe et qui fonctionne, pas le blabla théorique sur l égalité), l on confronte les point de vue des syndicats « solidaires » et celui de la personne la plus directement concernée (une animatrice) « natatchou » on a une « description de base »du concept qui se cache derrière le titre.
        Ceci permet de le confronter au concepts de base cachés derrière les titres des articles concernant les routes ou les collectivités locales a privatiser.

        Le concept de base est le sabotage du bien public par tous les moyens (y compris l instrumentalisation des syndicats) puis l accaparement par ceux qui peuvent.
        Le système crée cela partout, il appartient a chacun de ne pas laisser les décideurs seuls face au système devenu autonome.
        Le système ne pourra etre remplacé que par un autre système, or ce qui crée du lien est nécessaire pour créer un autre système . La defense de tout ce qui fait du lien est ainsi décisive.
        C est le travail des politiques.

  2. Réveillé, comme Gulliver, chez les Lilliputiens:

    «  »  » …Ces récits, très riches, mêlent, en les relativisant, critique et raison, folie et pamphlet, fantastique et science-fiction. En ce sens, Swift amorce l’ère des Lumières et précède Oscar Wilde, Lewis Carroll, mais aussi Edgar Allan Poe.

    Le roman a été écrit par Swift après le krach de 1720. Il avait acheté des actions de la « Compagnie des mers du Sud » pour 1 000 livres. La spéculation avait fait passer la valeur d’une action de 128 livres à 1 050 livres, avant de s’effondrer ruinant bon nombre de commerçants britanniques. Cet accroissement puis cette miniaturisation de la richesse en un temps très court a dû donner à Swift l’idée des changements de taille relative de son personnage principal qui serait une métaphore de ce krach en donnant à Swift l’occasion de se moquer des travers de la société de son temps…. » «  »

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Voyages_de_Gulliver
    Bof,
    après cela nous connaitrons la meilleure façon de casser un oeuf.

  3. L’état d’esprit qui règne actuellement aux États-Unis, selon Noam Chomsky.
    Même vu de loin à travers le web, c’est le climat général qui se dégage. Heureusement que la Tea Party n’a pas (pour l’instant) de leader fanacharismatique…

  4. Comme le signale Paul dans sa vidéo Flash nous allons nous traîner jusqu’à « Thank’s Giving »…November et après?…Les agapes nous fourniront de nouveau de la dinde et des bons gros marrons!…Elle n’ est pas belle la vie?…December…Ouf, Jésus Christ apparaît…But Febrary will be down again…Shoot again…But where?

  5. On dirait que c’est vraiment mal barré !

    « (Reuters) – The Senate defeated a Democratic proposal to raise the debt ceiling on Sunday as lawmakers closed in on a deal that would be acceptable to both parties.

    By a vote of 50 to 49, Senate Majority Leader Harry Reid’s plan fell short of the 60 votes needed to advance in the 100-member body. »

    Et ces lyrics de Jim Morrison :

    This is the end
    Beautiful friend
    This is the end
    My only friend, the end

    Of our elaborate plans, the end
    Of everything that stands, the end
    No safety or surprise, the end
    I’ll never look into your eyes…again

  6. Vous voyez Mr Jorion, un accord est intervenu.
    Mais surtout ne pas faire: ouf !
    Au contraire, il faut pleurer car notre mise en servage ne va faire que s’accentuer et l’effondrement inéluctable n’en sera que plus violent.

    1. Désolé youpla mais je viens de lire le contraire. Aucun accord n’a pu être trouvé .
      Accessoirement, si l’on peut dire, ce n’est pas de 1000 milliards de dollars qu’ils augmenteraient le plafond de la dette mais de près de 3000 milliards !
      Faut-il qu’ils en aient besoin !

      1. 50 voix contre, 49 pour.
        Le prochain tour sera le bon et le prolo, après tout ce « suspens », se dira  » heureusement » sans se rendre compte qu’il sera le dindon de la farce.

  7. Au début, toute la presse a salué le Tea Party comme une bouffée d’oxygène salutaire dans la pensée unique politique régnant aux US.
    Et puis, comme Dems et Reps, chou-vert et vert-chou ont un fonds de commerce à entretenir, ils se sont mis à taper sur le Tea Party, qui leur pique leur fonds de commerce.
    Au delà de la propagande, et même de sauver la dette, quand bien même…on ne reforme pas un système dans lequel les moutons veulent croire au mythe d’une croissance éternelle, dans u univers physique fini.
    Demander à la masse se prendre en compte des facteurs tels que Bien commun, durabilité, solidartié, alors qu’ils veulent Facebook et des Ipads, c’est perdu d’avance

    1. « un système dans lequel les moutons veulent croire au mythe d’une croissance éternelle, dans u univers physique fini »

      On vous répondra la phrase magique: « le genie humain permettra de trouver des solutions ». Et les moutons continueront leurs achats, rassurés.

  8. Entre deux faits-divers, les médias se sont emparés du dernier vocable pondu par les ateliers de propagandistes gouvernementaux : la « règle d’or » du budget équilibré, que Sarkozy veut, ultime pitrerie d’un quinquennat qui restera de ce point de vue une référence, inscrire… dans la Constitution.

    http://philum.info/55867

    1. « ultime pitrerie d’un quinquennat  »

      Ultime ? Il y en aura d’autres, il nous reste de nombreux mois avant les élections.

      1. A ce propos, le programme des ci-devant candidats

        ( PS en particulier ) n’est pas clair …
        pas plus qu’EEV d’ailleurs …

        où est-il noté, daté et signé, que le premier geste à faire, dès l’élection passée, sera de rendre caduques, nulles et non advenues toutes les lois passées au forcing, soit par re-votage ( erreur présumée d’appui sur le bon bouton ), soit visibles trop tard en leur entier avec les ravages qu’elles allaient provoquer, car pré-découpées, et même tronçonnées, avant présentation à feus-les représentants du Peuple, passées la nuit, pendant l’été, la nuit ET pendant l’été…etc…etc…?

        tant que la chose n’est pas clarifiée, il est impossible de voter.

  9. Je viens de ré-écouter « l’Inventaire » interprété par les Frères Jacques, et bien ils ne parlent pas de trois mille milliards de dollars.

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