Hors série : D'ÉTRANGES BIBLIOTHEQUES, par François Leclerc

Billet invité.

Signe de leur prochaine disparition annoncée, ou au contraire de leur valeur renouvelée, les livres connaissent ces temps-ci d’étranges aventures. A Varsovie, un bouquiniste a créé un « Cimetière des livres oubliés », tandis qu’à Vienne, en Autriche, un artiste vient d’implanter en pleine ville des « armoires à livres ».

Le premier, Waldemar Szatanek, a puisé son inspiration – en l’adaptant – dans un époustouflant roman de Carlos Ruiz, « L’ombre du vent ». Dans sa boutique, on peut contre un droit d’entrée de 30 zlotys (environ 7 euros) venir choisir et emporter autant de livres que l’on peut en emporter. Les étudiants et les retraités ont un tarif réduit. Un grand et solide sac est remis à l’entrée à cet effet, mais il n’est pas interdit d’apporter ses cartons.

L’idée est de sauver les livres jetés ou laissés pour compte d’une fin atroce à la décharge publique. A Varsovie, plus de 100.000 livres par an sont recyclés en papier ou envoyés à la décharge. Plus de 2.000 livres, tous genres confondus, trouveraient ainsi quotidiennement de nouveaux lecteurs, on n’ose pas dire propriétaires.

Cette initiative a fait suite au lancement il y a un an d’une association ayant pour but de lutter contre le gaspillage des livres, intitulée « Mouvement des amis des livres lus ». Une vente organisée selon le même principe avait alors permis de sauver 36.000 livres en six semaines. Une incitation à ensuite les échanger et les faire circuler au lieu de les garder.

Un Viennois au statut d’artiste, Frank Gassler a procédé autrement. En pleine ville, il a implanté deux « armoires à livres » qui chacune ont une contenance de 250 livres, où tout le monde peut venir déposer ou prendre des livres sans engagement d’aucune sorte. L’installation d’une troisième est en cours. la première est dans un quartier « bobo » (bourgeois-bohème), l’autre dans une zone populaire et cosmopolite. L’artiste a revendiqué le droit de créer dans l’espace public quelque chose de gratuit – devenu une rareté – et destiné sans distinction à tous.

Ayant ignoré les circuits de subventions pour financer lui-même son projet, il a non seulement constaté le succès de ses « armoires de livre », qui se remplissent et se vident en permanence, mais également qu’aucun acte de vandalisme n’est intervenu depuis qu’elles sont implantées. Certains de leurs habitués prenant l’initiative de trier et ranger les ouvrages.

Voilà qui aurait pu passionner Georges Perec, qui aurait pu décider d’écrire une nouvelle version de « Penser, classer » et de « Tentative d’épuisement d’un lieu parisien », en quittant la place St Sulpice pour provisoirement s’installer à une terrasse du Brunnenmarkt de Vienne.

Dans un but plus mercantile, soumis à une forte concurrence et désireux de promotionner son « Kindle » (sa « liseuse », doit-on dire), Amazon a annoncé lancer une timide opération aux Etats-Unis. Certains livres achetés en ligne pourront ensuite être prêtés une fois pendant quatorze jours à un ou une amie. Le livre numérique – qui a aussi ses avantages – a encore quelques handicaps à surmonter.

Les décharges publiques ne valent pas mieux que les bûchers de Farenheit 451. Tout ce qui est gratuit, aussi modeste soit-il, va-t-il finir par devenir subversif ?

76 réponses sur “Hors série : D'ÉTRANGES BIBLIOTHEQUES, par François Leclerc”

    1. La facilité (pour vous, moi je ne connais même pas Perec… mais je sais aider une vache à vêler) c’est bien aussi, on est pas obligé de tout refaire, une révolution casse autant qu’elle crée (tout génie est une tare).

  1. je vous propose de lire le bouquin d’Umberto Eco et de Jean Claude Carrière : « n’espérez pas vous débarrasser des livres » ; les supports numériques deviennent vite des formats obsolètes (le syquest…) tandis que le livre reste et sait renaître.

    1. Je suis désolé mais le support numérique ne devient pas obsolète, à condition de choisir le bon.

      En fait le format .txt est le plus simple, tout ce qui va au delà est sujet à caution. L’ASCII est le texte, basé sur une page de conversion ou code-page de type CP850, CP1252, etc. qui fait le lien entre une valeur décimale (ou hexa) et un caractère.

      Le format .txt ne contient pas d’infos sur la forme du texte, les italiques, strong, surlignage etc.

      Les formats RTF, DOC, etc en contiennent. Il suffit d’ouvrir un fichier .rtf avec un éditeur tel que VIM, pour inspecter les lieux et voir des infos de formatage diverses en plus du texte.

      Il ne faut jamais acheter de machine « fermée », liée à des formats propriétaires ! S’il ne gère pas le txt, c’est la poubelle.

      =================================================

      Le livre participe d’une mythologie du langage qui d’évanoui peu à peu …une forme longue, contenant de toute une vie sans doute et cercueil du poète, à la surface des eaux… Sorte d’ultime espoir d’immortalité.

      Aujourd’hui, les livres sont muets. Tels des balises, ils flottent sur un océan immobile, les infolios, inquarto, -pour une autre civilisation. Objets désuets.

      Nous avons eu la chance de vivre avec les livres …de lire Joyce, pendant un été sans internet, il y a très longtemps. A l’époque il y avait encore de vrais gens, et des vrais livres. Maintenant, non… à cause d’une inflation du discours, d’un brouhaha terrible qui empli le monde et rend obsolète, et inaudible toute littérature et toute poésie. Et toute vérité j’allais dire et c’est vrai. aucune vérité ne peut prendre racine, elle est immédiatement tirée à controverse et n’a pas le temps de se développer et de trouver sa base. Le monde est devenu une sempiternelle causerie où tout se vaut, et tout passe.

      N’oublions pas que Md Bovary a provoqué un scandale, de même que Joyce. Aujourd’hui c’est Wikileaks qui fait scandale.

      Une personnalité telle que Marc Twain par ex, où va-t-elle se former aujourd’hui ? Tout est partout pareil, et même s’il existait on ne s’en apercevrait pas.

      Fille silencieuse de l’esprit , la langue tel un murmure demeure inaltérable comme la source d’un bois …

    2. bon, je reprends zip et disquettes, je chausse mes lunettes … euh, je vais voir à la déchèterie si je peux retrouver un lecteur et un peu d’énergie, non… illisible !
      allez je vais me replonger dans « l’idiot » de Dosto, il flâne sur une étagère et traverse l’espace temps. 😉

  2. Ouais enfin, c’est toujours pareil, les livres importants quasi personne ne les lit ou alors fait semblant de les avoir lu, notre époque est certainement la plus anti poétique et anti rationelle qui ait jamais existé, au moment même ou la technique est de plus en plus de la poésie en action, le viol du mot virtuel en est une preuve, la croyance bébête à l’intelligence artificielle en est une autre, et le dogme geekesque du tout gratuit et piratage est lui aussi atrocement niais.

    1. J’ai dit que je préférais effectivement les femmes aux charlatans, mais traité personne de tel, et que cela ne correspond pas forcément à être misanthrope, mais bon rien de neuf ..

    2. Et bien pour ma part, je préfère les gens qui assument leurs écrits. Ce n’est pas non plus comme si vous en étiez à votre coup d’essai !

    3. « l’hypocrisie est un vice à la mode qui passe pour vertu », c’est un truc nouveau de geek, moi qui croyait que c’était un vieux truc de Molière.

    4. Si quelqu’un (Vigneron?) pouvait retrouver un texte d’Aristote ce désespérant de la jeunesse, ce serait encore mieux.

  3. Armoire à livres… C’est ainsi que, dans La Cerisaie, Gaiev (le frère de Lioubov) désigne sa bibliothèque de gosse.

    Enfin, ça doit dépendre des traductions…

    1. ouch
      interpellation Phase 1..
      Tchekhov la cerisaie est une merveilleuse sensibilité sensuelle qui s’envole au delà de la lumière qui vous fait mal..
      j’ai lu et et sent comme nous tous cette volupté ..
      bof..est il important pour vous d’être de ce monde qui lis ?

    2. GO
      supprime ce qui nous fait mal.
      de diou
      par ce qui fait du bien ok
      je vous passe le lien avec les chansons de Bruni (carla pour les intimes)

      ok
      merci

  4. Le Super U de ma ville vient d’installer dans son hall de petites étagères où l’on peut déposer et emprunter gratuitement des livres d’occasions. On peut s’interroger sur les ambitions de ce supermarché à faire pénétrer la gratuité et un semblant de culture (le choix n’est pas encore du meilleur niveau) dans l’antre de la consommation mercantile. Est-ce une tentative de récupération de la vague susdite dans le souci d’étendre encore les compétences totalitaires de la grande surface, ou bien la gentille intention d’un gérant dénué de tout esprit vampirique? Ma mauvaise foi me fait pencher dans ce contexte pour la première hypothèse, car on y voit encore une fois la capacité du capitalisme, dont le supermarché est l’un de ses meilleurs fers de lance, à digérer toute idée nouvelle, toute volonté créative et toute puissance contestataire pour les remodeler dans ses propres codes et les retranscrire dans son propre langage. Méfions-nous de la gratuité, surtout dans les supermarchés!

    1. Vous avez raison: quand on me donne quelque chose, c’est louche et cache quelque chose !

    2. François Leclerc,
      À quelqu’un qui vous a répondu qu’il ne voulait rien, demander lui d’ouvrir sa main, faites comme si vous lui donniez quelque chose, et vous verrez que ça ne lui fait pas rien.
      (j’offre un truc de rien pour rien)

    3. En même temps, j’ai des amis qui travaillent dans ces supermarchés, faut arrêter (chercher les intentions sans regarder les actes c’est bien, mais à trop si réfugier on devient cynique), on fait pour la plupart ce qu’on peut avec le système, si on l’améliore un peu c’est déjà ça, ton questionnement serait juste s’il y avait un grand matraquage publicitaire autour, là celle ma l’air juste d’une intention louable.

  5. Merveilleux article et merveilleuses initiatives utiles poétiques et subversives.

    A élargir à de multiples domaines…

  6. « En pleine ville, il a implanté deux « armoires à livres » qui chacune ont une contenance de 250 livres, où tout le monde peut venir déposer ou prendre des livres sans engagement d’aucune sorte. L’installation d’une troisième est en cours. »

    Occupation illégale du domaine public ! Confiscation immédiate et hop la taule pour le délinquant ! Non mais dis donc, on ne plaisante pas avec la Loi. Apologie d’actes délictuels, incitation à causer des troubles à l’ordre public ton compte est bon F Leclerc ! Hortefeu est déjà sur tes talons, ou ton IP…

    1. Si Mr HADOPI savait ça…
      On peut en effet se poser la question des droits d’auteur.
      Si un livre est vendu ou offert il reste un livre appartenant à quelqu’un qui l’a payé ou l’a reçu. S’il est abandonné, donc disponible gratuitement, il ne rémunère plus l’auteur, très exactement comme un mp3 ou une vidéo copiée. Le fait que le premier propriétaire ait acheté le support donc réglé les droits d’auteur ne joue pas puisque le suivant ne paye rien pour un objet identique. C’est essentiellement pour cette raison que les invendus en fin de carrière passent au pilon au lieu d’être offert à des bibliothèques ou aux passants.
      C’est très subversif pour la propriété privée dont fait partie le droit d’auteur…

      Techniquement rien ne s’oppose à imprimer avec une encre qui disparaisse quelques jours ou semaines après lecture (exposition à l’air et à la lumière). Le fait est que la plupart des livres sont à jeter et à oublier après l’avoir terminé. S’il s’efface il peut encore servir pour faire la liste des courses au lieu de finir à la poubelle après avoir prit la poussière pendant des années…

    2. Sans occuper le domaine public , voici une idée : naguère – mon médecin qui avait beaucoup de patients et beaucoup de bon sens , avait garni les murs de la salle d’attente de rayonnages clairs et gais ,remplis de livres de poche et de non-poche ; une affiche disait  » lisez-les sur place ou emportez-les Rapportez-les si vous voulez  » .J’ai fait des découvertes ; j’en ai emporté quelques-uns ( je les remplaçais par certains des miens ). Un vrai lieu vivant pour des vivants mal portants. Mon médecin a pris sa retraite ,son successeur a repris sa clientèle mais a abandonné la bonne idée . Alors j’ai changé de médecin ….

  7. Durée de vie d’un livre dont le papier (hormis le vélin) est de plus en plus acide: 17 ans
    les fresques aborigènes (sans restauration): 45000 ans
    Les retables sur bois de chêne d’un Van Eyck ou Van Dyck (sans restauration): 500 ans

    Les Picasso peint sur carton (déjà une restauration): 50 ans
    Je ne suis pas sûr que le problème du livre réside seulement dans les autodafés ou dans les bennes à ordures artistiques

    1. Même problème pour la photo. J’ai eu maintes fois l’occasion d’admirer la qualité de conservation de négatifs sur plaques de verres et de tirages papiers en noir et blanc vieux de presque un siècle. Que restera-t-il des photos numériques dans cent ans ? Que dalle !

    2. Un livre peut être régulièrement imprimé.
      C’est encore le cas en France et dans d’autres pays.
      Il sera beaucoup plus facile de faire disparaître les livres quand ils n’existeront plus en papier.

    3. Oui mais, vous savez, la mémoire à long terme c’est comme l’avenir du même bois : on s’en fiche un peu, on préfère s’extasier devant un jeu vidéo ou la dernière invention scientifique spectaculaire, comme celle de pouvoir « filmer » le mouvement des atomes.

    4. @elalgabal
      Je travaille comme bénévole dans un bookshop d’Ofam-Solidarité (revente à prix cassés de livres offerts par de généreux donateurs et dont le produit de la vente sert à des projets de coopération dans le Sud de la Planète). Nous recevons des livres dont l’âge s’étale sur plus d’un siècle et si le jaunissement en frappe certains, je peux vous assurer qu’ils vivent et revivent bien plus de 17 ans.

    5. je n’en fais pas une règle de 17. J’observe simplement que la tendance à fabriquer du papier de moins en moins cher, conduit à l’acidifier, ce qui en réduit la durée de vie. Et 17 ans, c’est ce qu’on a observé pour certaines qualités de papier. Evidemment, pour l’encre, le problème se pose de la même manière. Vos livres réalisés par des imprimeurs traditionnels ont sans doute une durée de vie de 100 ans, voir plus. Mais aujourd’hui, ces techniques d’imprimerie n’existent quasiment plus . . .

    6. @MARC ANTOINE
      Ok, on en reparle dans 20 ans.
      J’apporte toutefois de l’eau à votre moulin: à la Commission européenne, ils sont obligés de mettre tous leurs textes fondateurs originaux sous forme électronique car l’acidité du papier menace la survie à long terme de ces précieux documents…

  8. Pendant mes années de formation au massage, notre petit groupe se postait sur la place du marché pour offrir des câlins aux passants. Réactions très variées mais passionnantes ! Des bras ouverts et un large sourire ont un pouvoir insoupçonné … Les anglo-saxons ont développé un concept similaire baptisé « free hugs ».

    1. « Des bras ouverts et un large sourire ont un pouvoir insoupçonné » : ben oui, évidemment, quand on est assuré qu’une rencontre est sans suite, donc pas encombrante, « tout est possible ». Mais pour une durée inversement proportionnelle…

    2. @crapaud rouge, que fais tu de instantané de l’éphémère?
      @Maitre Dong, le simple fait de ce raccourcit anglo-saxon et déjà je vois management plutôt que sourire.

  9. A Villeneuve de Berg, en Ardèche, depuis quelques années déjà, des livres sont à la libre disposition des clients chez les commerçants. Il est vrai qu’internet rame beaucoup aux alentours…

  10. Hors sujet mais intéressant:

    Aide à l’Irlande: la première émission de l’UE suscite une forte demande

    La première émission de l’Union européenne destinée à financer le plan d’aide à l’Irlande a rencontré mercredi une très forte demande, à hauteur de 20,8 milliards d’euros, alors que seuls 5 milliards seront effectivement alloués, a indiqué à l’AFP la banque HSBC.

    Initialement évaluée à 19 milliards d’euros, la demande totale des investisseurs a finalement été revue à la hausse en fin d’après-midi.

    Le taux de l’obligation, dont l’échéance est fixée en décembre 2015, se situe en bas de la fourchette fixée avant l’émission, compte tenu de la forte demande.

    Il atteint 12 points de base (équivalent de 0,12 point de pourcentage) au-dessus du taux dit « mid-swap » (taux sans risque de référence) de même maturité, soit environ 2,59%. Le coupon a été fixé à 2,50%.

    Le taux est supérieur à celui auquel se financent les Etats les mieux considérés de la zone euro mais nettement plus favorable que les conditions obtenues par l’Irlande, dont le taux à 5 ans atteignait mercredi 7,78%.

    La somme levée sera prêtée à l’Irlande à un taux majoré par rapport à celui obtenu par l’Union européenne lors de ses émissions sur les marchés. Fin novembre, le Premier ministre irlandais Brian Cowen avait évoqué un taux de 5,8% par an.

    Mercredi matin, le livre d’ordre, qui recense les offres des investisseurs, a été fermé 45 minutes seulement après l’ouverture, du fait de la demande importante, a indiqué HSBC.

    Cette forte demande « montre le succès de l’émission et la reconnaissance des marchés de la bonne notation de l’Union européenne, puisqu’il s’agit d’un prêt Union européenne », a commenté une porte-parole de la Commission européenne, Amelia Torres, lors du point de presse quotidien de la Commission.

    « Cela nous permet aussi de croire que les émissions futures pourront être placées sans difficulté », a-t-elle ajouté.

    L’Irlande a négocié en novembre avec l’UE et le Fonds monétaire international (FMI) un plan de secours d’un montant total de 85 milliards d’euros, réparti sur plusieurs années et destiné notamment à renflouer son secteur bancaire.

    Le FMI y participe pour 22,5 milliards. Il a annoncé mi-décembre que 5,8 milliards étaient immédiatement disponibles.

    De son côté, l’UE prévoit de lever sur les marchés jusqu’à 17,6 milliards d’euros en 2011, avec 4 à 5 émissions obligataires dont 3 au premier semestre, et 4,9 milliards en 2012.

    La tranche de 5 milliards émise aujourd’hui est la première de ce programme.

    http://www.rtlinfo.be/info/monde/europe/765549/aide-a-l-irlande-la-premiere-emission-de-l-ue-suscite-une-forte-demande

    1. Si les gens étaient payés convenablement et formés par l’entreprise qui en a besoin au lieu de chercher des profils prestigieux ou ridicules, genre « universitaire de moins de 20 ans, 5 ans d’expérience et 3 ans de chômage pour bénéficier des primes à l’emploi », ils auraient des candidats à ne plus savoir qu’en faire…
      Me rappelle avoir vu une annonce pour une technicienne de surface trilingue et au chômage. Sans doute pour pouvoir expliquer son boulot à son balai dans sa langue…

      Sont pas vite gêné des fois
      A noter également: trouver un emploi demande certains efforts. « Le patron de vos rêves ne se trouve pas à deux kilomètres de votre domicile », a ajouté Rudi Thomas.
      Bien sûr, bien sûr… C’est forcément l’employé qui est demandeur et doit tout céder.
      Quand on est patron des patrons belges on ne dit pas aux employeurs « A noter également: trouver un emploi demande certains efforts. « L’employé de vos rêves ne se trouve pas à deux kilomètres de votre domicile, il faut l’inciter », aurait pu ajouter Rudi Thomas. « 

  11. Il existe sur une place à Sarlat une armoire transparente ou on peut mettre a disposition gratuitement des livres pour le quidam.

  12. L’écriture c’est cool

    Au fond c’est très simple… En parodiant un peu ce que l’on raconte en Inde, on peut écrire ceci : l’homme pense que les montagnes sont des montagnes et que les fleuves sont les fleuves. Le scientifique sait que les montagnes ne sont pas des montagnes et que les fleuves ne sont pas des fleuves (mais des phénomènes géologiques ou géographiques complexes). Le sage sait que les montagnes ne sont que les montagnes et que les fleuves ne sont que les fleuves.
    Passer du simple au complexe […] n’est qu’une étape, absolument indispensable. Mais au-delà de cette complexité apparaît une autre connaissance, d’une totale simplicité. Pour accéder à celle-ci, on ne peut pas faire l’impasse sur le travail et l’approfondissement. On ne passe pas du stade de l’apparence à celui de la légèreté. La simplicité que j’appellerai « paresseuse », appelons-la simpliste, laisse place peu à peu à une complexité de plus en plus grande, laquelle peut parfois déboucher sur une simplicité essentielle. Brancusi le disait ainsi : « La simplicité n’est pas un but, mais on arrive à la simplicité malgré soi, en s’approchant du sens réel des choses.
    […] Tous semblables dans notre humaine condition. C’est ce qu’écrit aussi Khalil Gibran (Le sable et l’écume) : Ouvre l’oeil et regarde, tu verras ton visage dans tous les visages. Tends l’oreille et écoute, tu entendras ta propre voix dans toutes les voix. »
    […] Réfléchir, pour finir, à cette phrase du Bouddha : « Le mal c’est l’inutile ». Peut-on faire plus simple ?
    Anne Bacus-Lindroth infos: Murmures sur l’essentiel, Anne Carrière/Essai, Diffusion Hachette, 1998, pp. 67-69

    1. Brancusi, ou, au fil du temps, l’essence de la forme …équilibre

      L’homme n’était ni sage, ni facile …mais quel bonheur !
      une fin de vie solitaire et dépouillée .

  13. Bonsoir,

    le jardin publique en face de l’institut Bergonié de Bordeaux a une armoire de prêt en libre service, il suffit d’amener un livre en échange.

    cordialement

  14. La littérature ; c’est béton.

    Je suis convaincu qu’imaginer l’autre est un puissant antidote au fanatisme et à la haine. Je crois que les livres qui nous font imaginer l’autre nous rendent plus résistants aux stratagèmes du diable, y compris de notre diable intérieur, le Méphisto du coeur. Ainsi, Günter Grass et Heinrich Böll, Ingeborg Bachmann et Uwe Johnson, et en particulier mon cher ami Siegfried Lenz, m’ont ouvert la porte de l’Allemagne. Ces auteurs ainsi que nombre d’amis allemands très chers, m’ont fait briser mes tabous et m’ont ouvert l’esprit, et finalement le coeur. Ils m’ont fait briser mes tabous et m’ont ouvert l’esprit, et finalement le coeur. Ils m’ont fait redécouvrir les pouvoirs curatifs de la littérature.
    Imaginer l’autre n’est pas seulement un outil esthétique. C’est à mon sens également un impératif moral essentiel. Et, enfin imaginer l’autre, si vous me promettez de ne pas répéter ce petit secret professionnel-, imaginer l’autre est un aussi un grand plaisir humain.
    Oz Amos, Le Guardian, traduit dans le CI n°779, p.58

  15. Il y aurait beaucoup à dire au sujet des livres.
    Savez vous que 20 à 30 % des livres imprimés finissent au pilon et cela d’autant plus que les nouveautés se succèdent, c’est-à-dire parfois trois mois après leur date de première commercialisation.
    L’un des « intérêts dits économiques » du livre sans papier est de supprimer le stockage et le pilon après supprimé l’impression sur papier.
    Mais le livre sans papier, dit livre numérique, supprimera ensuite le libraire et quelques éditeurs dans la foulée.
    Heureusement en ce qui concerne la France le livre sans papier ne semble pas avoir à cette heure un « marché intéressant ».
    Marlowe connaît un éditeur important qui a fin septembre avait vendu 35.000.000 d’exemplaires en papier pour 4.000 ex en version sans papier.
    Le livre « gratuit » existe en France : cela se nomme bibliothèque.
    Imaginez vous lire 1984 sans le papier ?
    Ce titre se vend tous les ans à 50.000 exemplaires en France depuis plusieurs années.

    1. Excuse moi (pour la suite) et la bible?
      C’est bizarre, tu suis ce blog (très bien), mais en même temps, tu ne laisses croire que par la révolution, je suis sur que tu crois en ce que tu dis, mais crois-tu que d’autres n’utiliseront pas tes idéaux, pour les détourner? (je me connais assez moi-même pour détourner chacune de tes utopies, imagine avec pire)

    2. Je ne te comprends pas : fais tu un appel au meurtre ou un encouragement au suicide, et les deux sont compatibles.

    3. non, c’est simplement que tu sous-estimes le moyen de détourner tes idéaux et par conséquent même si tu pouvais les réaliser, tu serais vite dépasser par la nature humaine, 1984 est la même référence qu’utilisait Jobs pour symboliser IBM et au final c’est ce qu’il devient.

    4. Avec des évolutions plus simple tu prends moins de risque et tu rassures ceux dont tu souhaites améliorer l’existence. c’est cruel mais c’est la vie.

    5. En fait tu sous estime le potentiel de jalousie latente noyer dans le quotidien de Mme et Mr Dupont, qui ce réveillera avec ta révolution et tu n’écoute pas les désirs de Mr Bisson, qui lorsque que tu lui présenteras sa part de caviar te diras que c’est surfait et qu’il souhaitai un peu plus de macédoine, au final les Duponts ce feront une place (après des discours sur le mérite de Mr Dupont, pour augmenter son statu) et c’est le dos de Mr Bisson, travailleur manuel, qui paiera le retour à la technique, car comme pour l’agriculture aujourd’hui tout le monde veut que l’on fasse comme « dans le temps », mais personne n’accepterai de retourner travaillé au champs pour revenir à 40% de la population active plutôt que 3, et tu seras obligé de faire une entorse à la technique pour l’informatique face à la pression, ce qui tombe bien Mr et Mme Dupont travaillent dans une administration tout en ayant réussit à obtenir un bien meilleur appartement.
      C’est le même problème qu’avec le libéralisme et le progrès strictement technique et publicitaire, on conceptualise, sans écouter les gens.

  16. A propos de BIBLOSLOC

    Je possède un livre que j’ai apprécié, et j’aimerais que d’autres le lisent, et éventuellement qu’on en discute et, pourquoi pas, qu’on agisse en conséquence. Toutes les personnes du coin qui pourraient être intéressées par ce livre ne passent pas nécessairement souvent chez moi, et pourtant je voudrais qu’ils sachent qu’ils peuvent l’emprunter, et donc l’empruntent éventuellement.

    La bibliothèque locale sans local, c’est ça. C’est :

    – une bibliothèque : contenant quelques livres susceptibles d’intéresser voire outiller des lecteurs tentés d’essayer d’une manière ou d’une autre de résister à l’influence croissante de la religion économiste et de la foi aveugle dans le rôle salvateur du progrès technologique et du consumérisme, des lecteurs plutôt enclins à pratiquer et promouvoir un autre art de penser et de vivre; on n’y trouvera donc pas « Tintin au Congo » mais bien « Main basse sur l’Afrique », de Jean Ziegler; on n’y trouvera pas « Histoire d’O » mais on y trouvera bientôt « La Guerre de l’eau », de Vandana Shiva.

    – locale : les livres sont empruntés (gratuitement) par des lecteurs qui ne se déplacent pas beaucoup rien que pour les emprunter et les restituer; par des lecteurs qui, s’ils ne se connaissent pas déjà, pourront être amenés à se connaître et se rencontrer – voire se toucher – à l’occasion d’une discussion à propos d’un même bouquin qu’ils ont lu;

    – sans local : chaque livre se trouve tout simplement chez un membre, et les membres savent chez quel membre se trouve chaque livre.

    Alors, voilà ! Pour emprunter un livre, il suffit :
    – d’être membre;
    – de le demander à celui qui l’a.
    Quand ce dernier l’a remis à un autre membre, il me fait savoir à qui il l’a remis.

  17. [mode type= »ironie »] Ça y est, encore des barbares partout. Il faut civiliser ces gens! L’industrie du livre va mourir parce que les gens échangent des livres dans des armoires dans la rue! Partager des livres, c’est du vol. De la piraterie, voire pire! J’espère que les armées des ayants-droit du bien vont réagir. [/mode]

    Merci M. Leclerc pour ces bonnes nouvelles! Par contre que l’empêcheur de Wikileakser en rond tente de faire croire qu’un fichier numérique est aussi matériel qu’un livre… Un livre se lit sans logiciel ni lunette homologuée par une Haute Autorité, et c’est tant mieux, mais un fichier numérique est fait pour être dupliqué, pas prêté… 😉

    1. #include:iostream.h
      cin<<"change ton avatar, je sais pas, mais laisse nous plus qu'un squelette de dos";

    2. cout pas cin, excuse moi j’aurai du dire, que ça me fait bizarre ce squelette qui nous tourne le dos

  18. Oyez, oyez braves gens, demain sortie du livre de Hervé Kempf, le pape de l’écologie du Monde et qui y livre des papiers extras.
    « Oligarchie ça suffit, vive la démocratie »
    Il était interviewé par D Mermet hier sur F. Inter, détonant et décapant, une oligarchie qui ne se cache même plus et s’affiche donc avec fierté.
    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article112183

    1. Et moi d’en « abandonner » dans les lieux publics…avec « faites passer écrit sur la page de garde.

      1. J’ai , moi aussi abandonné des livres sur un banc , dans les squares dans Paris ; il y a un site américain sur lequel on peut enregistrer le livre et suivre ses pérégrinations ; certains traversent l’Atlantique ,d’autres se retrouvent en Chine ou au Monomotapa . Je vais essayer de retrouver le nomdu site .
        Pour finir , je ne peux pas me passer du papier de certains éditeurs , c’est raffiné , doux , et l’on peut glisser entre les pages des mouillettes parfumées , tout un univers philosophique . Mais je suis heureuse de pouvoir feuilleter sur Gallica ou Guttemberg un texte du 15° ou du 18° dans sa présentation originale , par ex les lettres de Madame de Pompadour 2 volumes , je vous les recommande …

  19. Oui, les livres doivent être échangés, ou confiés à des librairies d’occasion, où l’on farfouille avec bonheur …
    ( les « poches » basiques tiennent le coup plus de 30 ans !) …

    en dehors même des bibliothèques de prêt ( si précieuses )…

    je ne sais pourquoi, cette histoire me rappelle un film plein de charme : « Depuis qu’Otar est parti »

    En georgie post-soviétique, la vie quotidienne est difficile, faite de débrouille …mais l’essentiel est là : la fête, et une Bibliothèque d’érudit …qui va ….( il faut voir ce film / 2003)
    http://www.editionsmontparnasse.fr/product?product_id=1147

  20. «Quand j’ai un peu d’argent je m’achète des livres et s’il m’en reste, j’achète de la nourriture et des vêtements.»

    1. ta phrase m’est d’autant plus cruelle que c’est ma famille (c’est à double tranchant mais, on fait des choix et je suis assez orgueilleux pour les accepter) qui me nourrit et me vêtit, alors quand j’achète des livres (Terry Pratchett, au hasard) c’est en sachant que j’ai un soutient pour le reste, c’est mon plaisir (égoiste), ce n’est pas en redoutant le manque.
      Bonne année ERASME (sincèrement).

  21. Cela me rappelle CIRCUL’LIVRE, une initiative de bénévoles des conseils de quartier soutenus par la mairie du 12ème arrondissement de Paris en 2004.
    Périodiquement, à un endroit donné, les bénévoles ramenaient les caisses de livres et de film en DVD stockés de la fois précédente. Chacun pouvait prendre autant de livres qu’il en donnait, les rapporter après lecture, en reprendre d’autres, etc.
    J’étais ravi. J’ai gagné de la place sur mes étagères sans jeter mes livres et mes dvd. J’ai fait des rencontres, vu quantité de films, lu tant et plus (des romans en anglais et même des livres techniques informatique, c’est dire les pépites qu’on trouve).
    Je viens de vérifier : le système fonctionne toujours et s’est même étendu à d’autres arrondissements.
    Ces gens qui ont inventé cela mérite une statue !

  22. Dans le local vélo de mon immeuble quelqu’un a installé une bibliothèque ou tout le monde peut déposer ses livres et en emprunter. Voila une initiative que chacun peut faire.

    Personnellement j’aimerais que les gens soient moins fétichistes et préfèrent la littérature aux livres. Je n’ai jamais autant lu que depuis que j’ai une liseuse numérique. En plus les livres sont de plus en plus hideux… seul la pléiade résiste.

  23. En effet il faut lire et relire le bouquin « N’espérez pas vous débarasser des livres » de Umberto ECO, mais aussi « Histoire universelle de la destruction des livres » de Fernando BAEZ.
    Où l’on voit que l’élimination méthodique des livres renaît toujours dans les périodes les plus « fastes » de l’histoire… Et toujours pour les mêmes sombres raisons.
    Aujourd’hui, de grandes bibliothèques détruisent (auto-détruisent ?) leurs collections de livres à la pelle, CONTRE l’avis de leurs personnels et de leurs publics. POURQUOI ?
    Peu de réponses sont fournies, et celui ou celle qui ose poser la question est considéré comme dangereux trublion. Sans doute parce que le livre dérange. La lecture dérange. La bibliothèque numérique, elle, est éliminable en un seul clic !!! D’où la faveur dont elle jouit…

    1. La diversité des humains est extraordinaire dans l’espace et dans le temps . Vous pouvez rencontrer des asperger assez nombreux qui vous récitent un Bottin , un Chaix , un Atlas d’une façon toute naturelle dans l’expression de cette mémoire absolue . Il n’y a pas si longtemps du temps des samizdat en URSS , des russes apprenaient par coeur le Balzac par exemple qu’on leur prêtait en cachette avant de la faire circuler . Les textes poétiques ou religieux furent construits pour être mémorisés , c’était la tradition orale . La surproduction inflationniste de textes rappelle la surproduction de vin , il faut distiller ou détruire , n’est-ce pas Vigneron . La notion du livre comme trésor , comme tout objet manquant est chéri , surenchéri et peut être un peu trop gâté quelquefois .

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