L'actualité de la crise : UN TUNNEL AUX VIRAGES SERRÉS, par François Leclerc

Billet invité.

La simultanéité des crises irlandaise, grecque et portugaise est devenue un tel sujet d’inquiétude dans les instances européennes que les pressions se sont multipliées sur le gouvernement irlandais durant tout le week-end pour qu’il demande formellement une assistance financière, ce à quoi il se refuse pour l’instant.

Les analystes financiers, de leur côté, n’ignorent pas que l’Irlande n’est pas financièrement aux abois et qu’elle peut tenir jusqu’au milieu de l’année prochaine, et même au-delà en puisant dans un fonds souverain initialement destiné aux retraites. Mais ils s’inquiètent de la situation des banques, et en particulier de la principale d’entre elles, la Bank of Ireland, qui vient d’annoncer une chute de 40% de ses profits, après avoir reconnu le retrait par de gros déposants de 10 milliards d’euros en septembre dernier.

D’une manière générale, les banques irlandaises sont totalement dépendantes des prêts de la BCE, n‘ayant plus accès au marché interbancaire, et risquent de devoir réclamer de nouveaux apports de fonds au gouvernement, en raison de la détérioration qui se poursuit du marché immobilier et de la hausse obligataire à laquelle elles se heurtent également.

Une réunion des ministres des finances de l’eurogroup pourrait permettre demain mardi de débloquer la situation. Une aide financière serait alors demandée par le gouvernement irlandais, non pas pour l’Etat mais pour les banques irlandaises qu’il a nationalisées plus ou moins partiellement… Un cas de figure qui n’entre pas dans le cadre du fonds de stabilité financière (EFSF). Le fonds destiné à des prêts de 60 milliards de la Commission européenne pourrait alors être utilisé.

Des considérations politiques nationales, qui font obstacle à un dénouement plus que jamais considéré à l’extérieur comme inévitable et souhaitable, pourraient ainsi être contournées. L’adoption du nouveau budget d’austérité renforcée pour 2011, qui doit pour l’instant intervenir le 7 décembre prochain, est incertaine. Le contraire ouvrirait la voie à une campagne électorale, en vue d’élections générales et inquiéterait davantage les marchés, au lieu de les rassurer comme espéré. Ce contexte implique une solution sans attendre.

Une autre hypothèse circule au Portugal, selon laquelle le pays pourrait monter dans le même train que les Irlandais, afin de ne pas attendre d’y être obligés seuls demain.

Sur le front grec, l’incertitude monte parallèlement. Le résultat des élections locales va-t-il aider le gouvernement du Pasok, qui va recevoir pendant une dizaine de jours la « troïka » (Union européenne, BCE et FMI), afin d’étudier l’application des engagements qu’il a pris et n’a pas tenus en raison d’une révision à la hausse du chiffre de son déficit 2009 ? 50% des électeurs se sont abstenus au second tour de celles-ci, témoignant d’une impressionnante désaffection de l’électorat. Ce rendez-vous avait pris l’allure d’un référendum à propos de la politique d’austérité suivie par le gouvernement, le premier ministre Georges Papandréou ayant menacé de mettre sa majorité en jeu en cas de défaite.

La réponse qui a été donnée peut difficilement passer pour un soutien, même si le désaveu peut être ignoré. La « troïka » va-t-elle dans ces conditions débloquer les fonds de la troisième tranche du prêt, en attendant que, plus discrètement, son rééchelonnement puisse être négocié, comme l’a pour la première fois évoqué Georges Papandréou ?

Avec la réponse des marchés, plutôt attentistes dans l’immédiat en attendant de voir le tour que vont prendre les choses sur ces deux fronts, voici donc les trois enjeux européens de la semaine à venir. Pour la suite des opérations, seules des hypothèses peuvent bien entendu être formulées. La concomitance des deux crises peut se révéler être une chance pour la Grèce, incitant ses mentors à ne pas mettre de l’huile sur le feu en manifestant leur intransigeance. Face au spectacle dégradant de cette mise sous surveillance, elle peut par contre renforcer les Irlandais dans leur refus de s’y engager. D’autant que les conditions auxquelles il faudrait souscrire impliquent des mesures d’austérité toutes aussi dures. Enfin, il semblerait que l’une d’entre elle soit considérée comme inacceptable par l’équipe irlandaise en place, ses interlocuteurs européens exigeant que soit augmenté le très bas taux sur les bénéfices des entreprises, qui a fait la fortune de l’Irlande. Aux yeux des Irlandais, cela reviendrait à abandonner tout espoir de rebond futur et condamner le pays à revenir tout en arrière, quand ils n’avaient pas encore rencontré la prospérité qui en a résulté.

Le chemin qui a été pris comporte des tournants de plus en plus serrés. Expression de la dialectique du maître et de l’esclave, le dos au mur, les gouvernements des pays de la zone des tempêtes parviennent à négocier ou renégocier les modalités de leur soutien, car ils n’ignorent pas que leurs interlocuteurs le sont également.

La seule dynamique du plan actuel est celle d’une fuite en avant. Elle repose sur une croissance économique qui n’est trouvée que sur le papier, mais il n’y a pas de plan B.

67 réponses sur “L'actualité de la crise : UN TUNNEL AUX VIRAGES SERRÉS, par François Leclerc”

  1. Lundi 15 novembre 2010 :

    « Inquiétudes » de la Commission européenne pour la zone euro.

    Tout en spécifiant qu’aucun plan de sauvetage de l’Irlande n’était en cours de négociation, la Commission européenne s’est inquiétée lundi 15 novembre de la situation budgétaire irlandaise et de ses répercussions pour la stabilité financière « dans l’ensemble de la zone euro ».

    « Il est clair qu’il y a des tensions sur les marchés » et « il est clair que la situation est sérieuse en ce qui ce qui concerne les comptes publics irlandais », a déclaré à la presse le porte-parole de l’exécutif européen pour les dossiers économiques, Amadeu Altafaj, soulignant que « les taux d’intérêt pour emprunts obligataires de l’Irlande, de la Grèce et du Portugal ont beaucoup grimpé ».

    « Il y a des inquiétudes concernant la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble, mais il est exagéré de dire qu’il y a des pressions pour pousser l’Irlande en direction d’un quelconque mécanisme » d’aide financière européen, a-t-il ajouté.

    Il répondait à des rumeurs faisant état de pressions de responsables européens sur Dublin pour que les autorités irlandaises acceptent une telle aide afin de ramener le calme sur les marchés financiers de la zone euro.

    « Nous devons résoudre nos problèmes nous-mêmes. Nous devons calmer cette histoire et nous atteler à résoudre nos propres problèmes », a insisté le ministre irlandais des Affaires européennes, Dick Roche lundi au micro de la radio privée Newstalk.

    Le ministre a ainsi joint sa voix au concert de dirigeants politiques assurant que l’Irlande pouvait se passer de l’aide européenne et n’avait pas demandé à en bénéficier, sans calmer pour autant les spéculations sur un recours imminent au fonds de sauvetage mis en place par l’UE et le Fonds monétaire international (FMI).

    « Nous présenterons à la fin du mois un plan d’austérité sur quatre ans », qui vise à ramener le déficit sous 3% du PIB en 2014, contre 32% prévu cette année, a-t-il rappelé, ajoutant: « c’est totalement irresponsable d’alimenter sans cesse cette histoire et de générer une telle agitation ».

    Même tonalité à la banque centrale européenne. Le vice-président de la Banque centrale européenne Vitor Constancio a estimé lundi qu’il revient au gouvernement irlandais de décider « s’il pense avoir besoin du dispositif d’aides européennes et quand ».

    Les autorités européennes ont évalué la situation du pays et sont « prêtes » à l’aider, s’il en fait la demande, a ajouté le Portugais en marge d’une conférence financière à Vienne.

    Le ton était nettement plus pressant à Lisbonne. Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a demandé lundi à Dublin de prendre en considération les autres pays de la zone euro, dans un appel indirect au gouvernement irlandais pour qu’il accepte une aide financière extérieure.

    « Je ne voudrais pas faire la leçon là-dessus au gouvernement irlandais, mais je veux croire qu’il décidera ce qui est le plus approprié à la fois pour l’Irlande et pour l’euro. Je veux croire qu’il saura prendre la bonne décision », a assuré le ministre dans une interview à l’agence de presse financière Dow Jones Newswires, évoquant la crainte d’une « contagion » pour le Portugal de la hausse des taux des obligations d’Etat irlandaises.

    Challenges

  2. A l’exception de Mrs Schäuble et Trichet, qui se refusent à voir la vérité des chiffres. la situation
    de l’Europe est l’occasion pour certains de ses partenaires, d’une bonne partie de rigolades.

    Dernière opinion indépendante en date, celle d’Eric Maskin, prix Nobel d’économie en 2007
    dans El Pais, hier: « A couper dans les dépense publiques, l’Espagne fait le contraire de ce qui devrait être fait  »

    Al recortat gastos, España hace justo lo contrario de lo debido

    1. Ce type d’article (celui du telegraph) n’apporte strictement rien si ce n’est creer la panique. A croire que c’est le but recherche …

  3. Monsieur Leclerc.
    Je ne sais pas trop comment le dire, mais…
    Va falloir sortir des petits problèmes de l’Europe…
    Faut arrêter le nombrilisme.

    Monsieur Jorion.
    Vous citiez les CNR.
    Il nous faut des schémas complets à la fois de comités locaux de neuf personnes responsables au sein de chaque commune assurant la protection et la sauvegarde des populations tant pour l’alimentation en eau saine que l’alimentation en nourriture.
    L’éducation ainsi que la médecine sera assurée par des bénévoles qui viendront naturellement par un reste de culture non encore complètement détruit.

    Mais il le faut TOUT DE SUITE.
    Désolé de devoir imposer, mais là, y’a le feu.
    Si vous ne faites pas ces schémas, je les fais. Je suis trop habitué aux situations d’urgence pour rester fasciner par le malheur des autres.

    1. Monsieur Leclerc.
      Je précise.

      L’actualité de l’Europe ne peut être importante que SI l’Europe peut encore avoir un certain exemple d’humanité qui peut servir au reste du monde.
      Sinon, autant se replier sous notre coquille face à ce qui va se passer.

      Vision optimiste, à nouveau.

    2. Vos adresses à Monsieur Jorion devraient être prises au sérieux ; nous sommes en effet en état d’urgence, une urgence qui ne prendra bientôt plus la peine de se dissimuler.

    3. VB, depuis le temps, tu pourrais me tutoyer, de dieu.
      J’ai une suspicion de respect qui me dérange.

      Je viens à nouveau d’entendre que les banques écossaises sont les plus sûres car d’intérêts locaux pour utilisation locale…
      Je suis de plus en plus effondré par la connerie générale.
      Bordel : mort à la propagande générale.

    4. @ Yvan,

      J’ai du mal à tutoyer les gens que je ne connais pas très bien, et même alors, ça me reste toujours un peu difficile ; j’en suis désolée, vraiment.
      A banque locale, monnaie locale ? Bonne question n’est-ce pas ?

      Cdt.,

    5. la proposition concrette c est quoi ??
      la prise du pouvoir par le peuple ?
      fermer les portes et nous nous débrouillont ?

    6. Je vais défaillir.

      Après le stockage de la mozarella pour garantir les revenus des producteurs, le Vénézulla fait une spéculation monstre sur le cacao.

      Bon, les gars et les filles, va falloir trouver des personnes de BONNE VOLONTE D’URGENCE.

    7. Non, VB, pas monnaie locale.

      Tontine.

      La tontine est une spécialité asiatique. Très proche de leur fric.

      Tu (pardon, je ne tutoie pas des directeurs généraux qui veulent me gonfler en essayant de me rouler même si j’aurais envie de … les injurier, mais je tutoie des personnes vraies comme tu l’es) n’as pas complètement tort par rapport à l’internet.

      Rassemblement de personnes et mise en commun de moyens. Avec jugement interne des résultats et adhésion fonction du besoin de protectionnisme.

      Je dois partir, j’ai une urgence. Des logements de la commune sont sans eau.

    8. @ Yvan,

      Tontine : « Groupement dont les membres, par des versements, constituent un fonds commun destiné à être capitalisé durant un certain nombre d’années et réparti entre les survivants à l’échéance convenue (opération soumise au contrôle de l’Etat). »
      =>
      pas susceptible de servir de monnaie !!!

    9. Oui, c’est aussi à ce genre de choses auxquelles je pense.
      Nous avons un formidable maillage de structures : mairies, collectivités, associations……..
      Il serait temps d’activer des schémas de sauvegarde.

    10. La tontine officieuse n’est pas soumise à la loi, VB.
      Ni les dealers ou financiers.

      Tu te mets à plusieurs personnes dont la confiance est obligatoire, et tu fais tout ce que tu veux.

      Essaies le tutoyage, tu verras, c’est facile.

    11. Affolement déjà réglé : le hameau était privé d’eau par rupture de canalisation.
      Dire qu’il sera bientôt trop cher de réparer…

      Monsieur Jorion… ???

    12. yvan, tu peterais pas un peu les plombs des fois (respectueusement) ?
      Le systeme financier est sur le point de collapser depuis … 2 ans maintenant. La chute va arriver c’est sur, mais elle va etre longue et progressive (trop de puissants auraient tout a perdre d’une chute rapide).

    13. bien rassurant, ça, romain, pour les millions de gens
      qui se retrouvent à la rue, du jour au lendemain
      … heureusement qu’ils sont là, ceux-là, pour freiner la chute des !? puissants ?!

    14. @ Domini
      Desole si cette opinion vous parait tres pessimiste. Par ailleurs je ne crois pas qu’annoncer des lendemains joyeux aide concretement les gens mis a la rue.
      Si les politiques avaient accepte l’idee d’une restructuration des dettes etatiques, les marches et l’economie en general auraient connu un gros choc certes, mais nous pourrions envisager un apres-crise (si cher a Mm Lagarde) en repartant sur des bases plus saines. Au lieu de cela, on prolonge l’agonie des etats surrendettes avec impossibilite de modifier quoique se soit du systeme. Et ce uniquement pour maintenir le statut d’une poignee.

  4. J’ai bien vu les virages .

    Je n’ai pas vu le tunnel … juste un chemin , sur la fin .

    Gaffe aux formules faciles .

  5. en 2006 et 2007 j’annonçais que la spéculation immobilière en france qui avait plus que doublé les valeurs en – de 10 ans serait la mort obligatoire de l’économie comme la rue vers l’or avait laissé des villes mortes , tout le monde se moquait de moi , nous y sommes , faillite des particuliers , des banques et des états……la solution déspéculer , déspéculer,déspéculer en cascade mais çà c’est trop intelligent pour les veaux.

    1. Déjà oser d’exiger de baisser les loyers, soit de les caler plus en rapport des salaires …
      (sinon au moins exiger des conditionalités sociales avant de verser l’allocation logement directement sur le compte d’une agence immobilière qui franchement vraiment exagère…)

  6. Dans la même page, deux nouvelles côte à côte: la ministre de l’Économie espagnole nie que l’Espagne fasse pression sur l’Irlande pour qu’elle sollicite l’aide de l’UE, et le ministre d’Économie portugais fait pression sur l’Irlande pour qu’elle demande l’aide de l’UE.

    http://www.cotizalia.com/

  7.  »
    Il restera pour ultime redoute aux amis de la finance le trémolo apocalyptique qui annonce l’effondrement bancaire généralisé si la dette publique venait à être répudiée. Pas faux. Mais pas triste non plus. Car par la même inversion de point de vue que celle qui amenait à l’instant à requalifier la part prise par la dette dans le budget de l’Etat, il faudra leur faire savoir que cette fois-ci l’effondrement bancaire, on l’attend. De pied ferme et même avec une légère gourmandise [14]. »

    F.Lordon

  8. Un élément de réponse a ma question d´hier±

    Selon une estimation de la banque R.B.S, les banques des pays hors periphéries détiendraientt
    pour plus de deux trillions d’euros de la dette des pays en difficulté.L´abbé Trichet s´est retranché
    dans l´abbaye….

  9. Vu la guerre des monnaies actuelle,
    j’imagine que la planche à billet va tourner , pour l’euro , aussi .
    C’est quand même un moyen super pratique de rembourser ses propres dettes:-)

    A lire certains commentaires, le déluge est pour demain
    C’est idiot de flipper à ce point .
    L’argent n’est qu’un moyen et ce qui ce passe actuellement n’est rien d’autres qu’une redistribution des cartes , avec pour perdants les plus pauvres .
    Pour rappel, une part essentielle de qu’est censé représenter l’argent est toujours là : de l’activité et de la vie .
    Un drame écologique , une épidémie mortelle à l’échelle de la planète, un astéroîde percutant la terre , une guerre mondiale , une chanson de carla bruni , là d’accord , il y aurait de quoi penser que l’économie et le monde vont sombrer…

    Quand , en l’espace de dix ans, les maisons doublent de valeur , cela crée une nouvelle donne au niveau des pouvoirs d’achats. Soit cette nouvelle donne est favorable à l’activité, soit elle ne l’est pas .
    J’en parlait hier encore avec mon radiateur préféré : à trop lire de nouvelles négatives, on finit par voir la vie en noir …
    http://www.youtube.com/watch?v=99phlP_e2Rw

    Comme si nous n’étions jamais à l’abri d’une bonne nouvelle .

  10. Non François, je gardais en mémoire que vous l´aviez mentionné dans l´un de vos billets.

    Ceci dit, si c´est le bon chiffre ,il va faire son apparition publique, et si la chute des dominos s´enclenche, cela signifie que l´Euroland est ´toast´, que le contribuable allemand fera payer lors des prochaines élections partielles dans le Land du Baden-Württemberg en mars prochain la «facture.» à Mme Merkel, ce qui lui faudra la perte de sa majorité parlementaire, et, surtout, comme l´ami Willem Buiter l´avait envisagé, que la BCE est en théorie insolvable, et devra etre recapitalisée. Comme disent les Mexicains, VAYA DESMADRE…

  11. C’est le monde à l’envers. Le spectacle est surprenant : tous ou presque, ils s’y sont mis les uns après les autres pour inciter les Irlandais à demander une aide, qu’ils déclarent être prêts à accorder aussi vite que possible ! Depuis les pontes de la BCE jusqu’aux ministres des finances des pays qui craignent d’être à leur tour emportés, en passant par le leader de l’eurogroup, le FMI et les autorités de Bruxelles.

    L’arme au pied, les marchés patientent en attendant.

  12. Juste pour rire, une petite brève entendue ce matin à la radio.

    Mme Lagarde Christine évoque « un gouvernement révolutionnaire, avec un tour complet à 360° ».

    Lapsus révélateur ou vraie idiotie d’une ministre qui ferait rougir son prof de géométrie? Le tour à 360°, Madame la ministre, est celui qui ramène les choses à leur état initial. Ce gouvernement est donc, de l’aveu même de la ministre, tellement « révolutionnaire » qu’il ne va rien changer.

    (Les habitués remarqueront ici un argument que j’ai déjà évoqué à plusieurs reprises à propos de l’idée même de révolution. Ceci dit, je dispose désormais d’une référence ministérielle sur laquelle m’appuyer. Ça en impose. :-D)

    1. Attention ! Ex-championne de France de natation synchronisée la Cri-cri ! L’a dû en faire des révolutions et des 360° dans l’eau pourtant…

  13. Il n’y a pas que l’Irlande ou la Grèce, ou les états américains qui ont des soucis d’argent, les département français aussi (ainsi que les villes et communes) :

    Depuis des mois, des dizaines de conseils généraux alertent l’Etat sur le niveau de leurs finances. La crise a fait exploser les dépenses sociales, dont ils ont la charge, et creuser le déficit français, si bien que le gouvernement a gelé les dotations aux collectivités locales. Plus de dépenses et moins de recettes : les départements se retrouvent coincés entre les lames d’un ciseau parfaitement affûté.
    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/les-departements-veulent-faire-entendre-leur-colere_929474.html#xtor=AL-447

    Et puis surprise : même l’Europe réagit contre la mondialisation! Surtout à sens unique. Réaction très modeste mais l’idée est dans l’air :

    Bruxelles travaille à une législation qui permettrait d’interdire certains marchés de l’UE aux exportateurs des puissances émergentes, en cas de concurrence déloyale, de dumping ou de protectionnisme à demeure. La directive en travaux, attendue pour l’été, vise principalement la Chine et son énorme marché des investissements publics, resté la chasse gardée des entreprises nationales. Au nom de la réciprocité, le texte autoriserait les pays européens à fermer chez eux des marchés équivalents aux soumissionnaires chinois.
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/11/11/04016-20101111ARTFIG00522-l-europe-veut-proteger-ses-marches-publics.php

    Californie :
    Il n’y a pas que les Etats européens qui croulent sous les dettes. La Californie, premier Etat des Etats-Unis en terme de PIB et de population, fait face à un déficit budgétaire de 25 milliards de dollar sur les 18 prochains mois, dont 6 milliards prévus pour l’exercice en cours, et 19 milliards pour celui de l’année prochaine, selon sfgate.com. . C’est près du double que ce que certains experts avaient prédit il y a une semaine.
    Pour financer ce trou, la Californie a décidé de lancer ce lundi une émission d’obligations s’élevant à environ 14 milliards de dollars avec un rendement censé être suffisamment attractif pour faire oublier aux investisseurs l’ampleur de ses difficultés financières.
    http://www.lexpansion.com/economie/la-californie-fait-appel-au-marche-pour-financer-ses-deficits_242497.html

    ‘ curieux de voir le taux d’intérêt proposé… ce sera une bonne indication de la santé d’un des états fédéré parmi les + en difficulté.

    1. HP.
      Concernant les US, une partie de QE2 est déjà réservée à la recapitalisation d’un certain nombre d »états, comme l’a été QE1, dont bien entendu, la Californie. Pour les taux, il faut se méfier, car les Primary Dealers deviennent les réels porteurs des muni bonds, et comme ils sont financés à taux 0 par la Fed, les taux des nouvelles adjudications ne sont plus réellement représentatifs.

    2. Pour mémoire, déficit de l’exercice 2002/2003 de l’État californien avant l’arrivée de Schartzy et après la bulle internet : 38 Mrds de $ (pour un budget de moins de 100 Mrds… ) C’est pas nouveau les déficits là-bas. Rappel déficit 2008/2009 : 24 Mrds; déficit 2009/2010 : 20 Mrds.
      Mais maintenant, étant données les laminages budgétaires depuis 7 ans et l’endettement, à part augmenter franchement les impôts ou faire sécession (le « Golden State » participe pour 313 Mrds au budget fédéral et n’en reçoit que 224…), j’vois pas de solution.

  14. Plutôt rassurant ce qui se passe en zone euro en ce moment.
    Focus : en début d’année, chacun devait se débrouiller dans son coin, impossible de faire autrement, les tables de la loi étaient on ne peut plus claires, chacun sa dette, chacun ses spreads, bref chacun sa merde. Puis les marchés se fâchent, bras de fer, pression médiatique Anglo-Saxonne énorme (et Française… c’est pareil), la Grèce fait face à des échéances immédiates impossibles, la zone euro explose, retour au bon vieux mark et… miracle, les financements émergent, inimaginable, un fond européen voit même le jour, la merde des autres intéresserait-elle finalement tout le monde, Alléluia. La pression tombe, zut, les capitaux cherchent, s’ennuient un peu, les journaux financiers aussi, ah!, un petit QE2 entre temps, l’euro remonte, mais rien de bien passionnant. Et puis le G20 approche, le $ ne doit quand même pas trop descendre, idée ?, allez on en remet une couche sur les spreads en zone euro, mais ce coup là, faut aider Obama, donc on voit large, sur les Pigs, surtout l’Irlande et le Portugal. Ca monte, comme prévu, mais tout le monde le voit venir de loin, pas de quoi s’affoler car il n’y a pas d’échéance significative à CT. Les marchés ne se fâchent plus vraiment, « dites-nous quelque chose de rassurant, rapidement et on se calment ». Et là, l’Europe dit ok messieurs, on ne va recommencer, on a compris la leçon, si l’Irlande en a besoin, on est là, 90M€ bien au chaud, rien que pour eux. Les marchés entendent ce qu’ils voulaient, se calment… avant très certainement de revenir à la charge, pour en redemander encore bientôt un peu plus, c’est le jeu. Mais ça avance comme ça n’a jamais avancé, la zone euro anticipe une faiblesse et dit haut et fort qu’elle est prête, impensable il y quelques mois à peine. L’Irlande entend, apprécie, et attend. Pourquoi se presser, ce sera une négociation, et si nécessaire seulement, regardons maintenant les taux, laissons les choses venir car rien ne sera gratuit dans cette histoire, logique. Entre temps, les choses évoluent : c’était constitutionnellement impossible, puis ça l’est devenu sous la pression, et maintenant on anticipe. Bien sûr, il y a encore un long chemin, 2 ans au minimum, et les analystes doivent surtout continuer à voir le verre à moitié vide, ne pas baisser la garde, expliquer ce qui ne va pas, menacer, sinon… on connait la suite, des vrais fainéants ces Européens, il est même indispensable que de temps en temps les marchés mettent un petit coup de fouet, comme au cirque, ça plait au public, l’adrénaline monte et c’est tant mieux, au moins ça vit. En coulisse, l’idée futuriste et bien entendue impossible, d’un endettement commun, suit tranquillement son chemin, au rythme de l’Europe, c’est à dire très doucement. Tiens, ce matin, Boursorama, média pourtant à la solde des financiers Anglo-Saxon, commençait à rapprocher le mot obligation du mot européenne, intéressant… au passage l’édito de la semaine comporte quelques bons paragraphes :
    http://www.boursorama.com/votreinvite/interview.phtml?num=8743921

  15. Les marchés sont les ennemis de la démocratie
    Encore une fabuleuse synthèse de.F.Lordon.
    http://blog.mondediplo.net/2010-11-15-Crise-europeenne-deuxieme-service-partie-2

    « ….la subordination à la financiarisation apparaît en définitive comme l’unique principe directeur du modèle européen de politique économique…..
    Or le groupe des créanciers internationaux réclame de la politique économique des orientations par construction hétérogènes, et en fait même antagonistes à celles qui correspondraient aux intérêts des communautés politiques nationales……
    On ne s’étonnera pas que, dans l’état présent d’incrustation idéologique du néolibéralisme et d’interpénétration des élites politiques et financières, l’opportunité historique de la crise ait été saisie pour réaliser… l’exact contraire de ce qu’elle aurait appelé, à savoir une double ou triple peine pour les corps sociaux du fait de l’austérité, une entreprise d’approfondissement du démantèlement néolibéral de la sphère public lato sensu sous couleur de réduction des déficits et, au niveau proprement européen un renforcement de l’appareil des règles et sanctions confirmant l’orientation générale qu’il s’agissait précisément de renverser…

    Si en effet le cœur du problème, spécialement du problème européen, réside dans l’exposition permanente des politiques publiques aux marchés financiers, c’est-à-dire à la fois dans la normalisation technique des politiques économiques et dans la contestation par une communauté extérieure des prérogatives fondamentales de la communauté politique nationale, si le cœur du problème est bien celui-là, alors la seule solution à la hauteur consiste à mettre un terme à la dépendance aux marchés de capitaux.

    1. Lordon :

      « … peut-être même chialeront un coup à l’évocation de « nos enfants » ceci cela, à donner des idées d’infanticide de masse pour voir ce qu’ils pourraient raconter privés de cet argument-là. »

      Excellent !

  16. Lundi 15 novembre 2010 :

    La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé avoir augmenté ses achats d’obligations publiques la semaine dernière, les portant à 1,073 milliard d’euros, contre 711 millions d’euros la semaine précédente.
    La BCE avait renoué il y a quinze jours avec l’achat d’obligations d’Etat après une pause de trois semaines, dans un contexte de regain de tension sur les marchés obligataires.

    Boursorama

    La BCE rachète les obligations pourries des Etats européens surendettés.

    Sacré Jean-Claude Trichet !

    Les Etats-Unis ont Helicopter Ben. Nous, nous avons Jean-Claude Canadair.

    Mais avec quelle efficacité ?

    Le Titanic « Zone euro » est en train de couler ? C’est pas grave : juste au-dessus du Titanic, Jean-Claude Canadair déverse des milliards de litres d’eau !

    1. BA.
      Il faut savoir raison garder, comparer le petit milliard ridicule et en plus « stérilisé » de la BCE aux trilliards que la Fed s’est mis dans le ventre… comme si tu comparais la capacité de destruction d’une sourie avec celle d’un éléphant.

    2. Un milliard et 73 millions d’euros par semaine !

      De plus, tous ces milliards d’obligations pourries ne sont pas stérilisés : ils dégradent encore plus le bilan de la BCE.

      Depuis des mois, le bilan de la BCE est pourri de plus en plus : il faudra bien un jour demander un audit COMPLET de la Banque Centrale Européenne.

      Bien entendu, Jean-Claude Canadair et les autres dirigeants de la BCE sont des adeptes de la transparence : ils ouvriront leurs livres sans aucune hésitation. Ils montreront sans aucune hésitation quel est l’état réel de la BCE.

    3. Effectivement, attention aux amalgames, ce que la FED et le BCE font, sur ce sujet là en tout cas, c’est effectivement la sourie et l’éléphant.

      Le montant global des rachats effectués par la BCE doit s’élever globalement à environ 65 milliards au cumul depuis le début de la crise :

      http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20100816trib000539427/les-rachats-d-obligations-par-la-bce-sont-insignifiants.

      Pour la FED, pas vraiment le même film :

      http://criseusa.blog.lemonde.fr/2010/10/29/le-fed-les-banques-et-la-planche-a-billet-aux-usa-realite-et-fiction/

  17. Le simple fait que, désormais, soit envisagée l’hypothèse d’une affectation partielle des 440 Milliards d’euros de l’EFSF au renflouement de banques irlandaises montre clairement que le problème est global et qu’il est vain de rechercher des solutions à effet « one shot » au gré des circonstances. On avance à grand pas vers une solution de mutualisation généralisée du risque, ce qui est la bonne voie pour l’UE. C’est pourtant loin d’être suffisant. J’attends avec beaucoup d’intérêt le moment où le maelström des « marchés » clairvoyants et omniscients (quand on connaît les traders….) spéculeront à la baisse sur les T-bonds.

    1. Yes sir, ça fait plaisir à lire…

      Si la zone arrive à mutualiser sa dette, espérons dans les 2 ans, les prochaines cibles seront très certainement les T-B.

  18. Lundi 15 novembre 2010 :

    La Grèce négocie un étalement de ses remboursements.

    La Grèce négocie avec ses créanciers européens un étalement du remboursement du prêt accordé en mai par la zone euro et le FMI, en échange de nouvelles mesures d’austérité dans le budget 2011, tout en excluant un défaut de paiement.

    Boursorama

  19. Et les banques françaises, elles ne seraient pas un peu touchées par l’explosion de la « bulle irlandaise » ? Dans le cas des subprimes, les banques à l’échelon mondial avaient pourtant été touchées… Qu’en pensez-vous, M. Leclerc ?

    1. D’après les chiffres fournis en juillet dernier par les banques au Committee of European Banking Supervirors, en charge des stress tests, les banques basées en France seraient exposées à la dette souveraine Irlandaise à hauteur de 2,4 milliards d’euros (source Financial Times).

  20. François, this is a fascinating thriller you’re writing here. I dread the outcome, but can’t wait to read the next episodes …

    1. Bonjour,

      Savez-vous que les banques allemandes, pourvues alors de beaucoup de liquidités dues à leur balance des paiements fortement excédentaire, ont été les premiers à investir avec avidité dans les nouveaux instruments financiers (liés à la titrisation) made in USA ; les banques françaises ont fait de même mais avec quand même un peu plus de retenue, et un peu plus tard. J’ajoute qu’alors personne ne savait ce que les subprimes supposaient, et aucun investisseur européen ne s’était donné la peine de le chercher : la confiance et le comportement moutonnier, ou bovin, au choix, ont suffit à l’affaire. Je tiens cette information d’une source bancaire bien au fait.
      Les allemands sont toujours pleins de principes et toujours prompts à suivre ces derniers avec aveuglement et droits dans leurs bottes, quant à les comprendre et à en apprécier les conséquences, alors là, c’est une autre histoire.

      Cdt.,

    2. Très juste, Valérie.

      Sauf sur un point. Ce n’était pas un comportement moutonnier ou bovin, mais une arnaque particulièrement bien montée dans laquelle chaque personne qui en a compris le sens a fait en sorte de maximiser ses gains.
      Une sorte de tontine (mise en commun de moyens financiers) improvisée par des acteurs ne se connaissant pas forcément. (contrairement aux tontines où chaque participant doit être connu pour pouvoir se joindre au groupe). Le désir de participation s’est résumé à l’appât du gain. Point.

      Vois, pour appuyer mes dires, ce que les agences de « notation » sont capables d’attribuer comme note à une entreprise en ne voyant que les résultats financiers (voir chapitre : maquillage de bilans en tous genres) alors qu’elles n’y ont JAMAIS MIS LES PIEDS…

      Ce n’est plus de l’impressionnisme ou du cubisme, c’est de l’abstrait complet.

    3. @ Yvan,

      Je vous assure (je tiens malgré tout au vouvoiement 😉 ), que la plupart des intervenants sur les marchés ne connaissaient rien aux dessous des subprimes, ce qui ne les a pas empêché d’investir à fond dedans. D’ailleurs, la doc explicative fournie (roborative au possible comme savent le faire les anglo-saxons) était inintelligible.
      Dès que les choses sont inintelligibles, il faudrait toujours prendre collectivement l’habitude (le réflexe pavlovien serait encore mieux) de se méfier et de demander des explications claires (ce que je fais avec PSJ 🙂 ).

      A bientôt,

    4. @ Yvan,

      Suite :

      Entièrement d’accord avec vous concernant les « évalueurs » d’entreprises : le règne des conseilleurs qui ne sont jamais les payeurs. Je pense qu’une entreprise ne peut être sérieusement évaluée qu’au moyen de critères internes et par les gens y travaillant : c’est une autre affaire, sur laquelle il serait pertinent de s’interroger, collectivement j’entends.
      Tout est décidément fictif dans ce beau monde du règne de la finance.

      Cdt. (j’y tiens car « ce qui va sans le dire va encore mieux en le disant  » Talleyrand, Congrès de Vienne 1814 😉 )

      PS : une autre citation de Talleyrand : « Les financiers ne font bien leurs affaires que lorsque l’Etat les fait mal »

  21. Irish banks bought billions of euros of Government bonds after being recapitalised by the taxpayer last year, the Irish Mail on Sunday can reveal…

    AIB’s holding of Irish bonds went from € 165m in December 2007, the last figures before the bank bailouts began, to € 4.1bn in July this year – a 25-fold increase…

    The revelation that the State’s two biggest banks spent € 5.8bn between them buying bonds now begs the question whether Mr Lenihan has put pressure on the banks to buy Irish bonds – a claim his officials denied last night.

    Daily Mail

    1- Les contribuables irlandais ont dû payer des milliards d’euros pour recapitaliser les banques irlandaises.

    2- Avec cet argent, les banques irlandaises n’ont pas prêté aux entreprises irlandaises. Avec cet argent, les banques irlandaises n’ont pas prêté aux citoyens irlandais.

    3- Mais en revanche, avec cet argent, les banques irlandaises ont prêté … à l’Etat irlandais.

    Conclusion : en Irlande, l’Etat renfloue les banques, l’Etat sauve les banques … et à la fin, l’Etat paie les banques pour qu’elles lui re-prêtent l’argent de l’Etat !

    L’Etat paie les banques pour qu’elles lui re-prêtent son propre argent !

    Conclusion numéro 2 : les dirigeants politiques allemands, et aussi les contribuables allemands, ne veulent plus payer d’impôts pour aider les autres Etats européens surendettés. Et ça vous étonne ?

  22. L’Europe du chacun pour soit plus que jamais! Rejet par les gouvernements des pays de l’UE
    d’une augmentation du budget communautaire, qui est déjà étriqué. A un moment où il faudrait
    justement des moyens pour mettre en œuvre une politique de solidarité entre pays de l’UE.
    Je ne regrette pas d’avoir voté NON lors du référendum pour le Traité Constitutionnel Européen.
    La question budgétaire y était déjà traitée par dessus la jambe, prouvant s’il en était besoin que
    le projet sous-jacent n’était pas basé sur la solidarité, mais plutôt sur la concurrence soit disant « libre et non faussée ». Les Irlandais en ont bien profité en taxant de façon dérisoire les entreprises, mais ça ne les empêche pas maintenant d’être dans la panade et il faut tout un montage financier abracadabrantesque pour leur venir en aide, de toute façon pour l’instant ils mettent un point d’honneur à dire qu’ils n’ont pas besoin d’aide: jusqu’à quand ??? Vraiment c’était couru d’avance, pas la peine de faire les grandes écoles ou Harvard pour se rendre compte que cette Europe allait dans le mur, avec comme recette une monnaie commune, pas d’harmonisation sociale et fiscale (une horreur pour les britanniques!!!), pas de budget communautaire conséquent, pas de gouvernance économique commune et une Banque Centrale indépendante obsédée par la phobie de l’inflation allemande etc …
    Et pourtant la plupart des gens (tous partis confondus) qui nous ont mené dans cette impasse, paradent toujours dans les diverses institutions et dans les médias vendus. « Misère, misère… » Comme chantait Coluche!

    1. Ces video. / Michea, soulignent , en effet, pour moi,l’extrême> différence entre un nomadisme Hi Tech choisi, et réalisé dans les meilleures conditions pour soi-même, au bon moment de sa propre vie …et un nomadisme forcé, violence faite à la vie d’individus et de familles, sur-vivants dans des conditions hasardeuses, n’ayant nullement la possibilité d' »accomplir une oeuvre », bonne ou mauvaise, mais étant des « totons » baladés et impitoyablement livrés aux aleas du divin marché .
      Le libéralisme ainsi conçu transformant l’autre en marchandise, chose, objet et non sujet de sa propre vie .L’autre étant celui qui n’appartient pas à l’oligarchie, et qui ne le souhaite pas, car ses valeurs sont tout autres.
      Cela rejoint ce que je disais je ne sais plus où …de la différence fondamentale entre une grosse amibe avançant et absorbant des pseudopodes sur son passage, et nous menant à l’indifférentiation, donc à la régression ( le divin marché ), et la connaissance de sa propre culture et de celle des autres permettant une meilleure harmonie entre les peuples, ce qui veut dire avoir ses propres limites, ne pas être dans une « forteresse », mais métaphoriquement parlant, être plus proche de la membrane semi-perméable, qui garde en son sein ce qui est essentiel à sa vie, mais qui autorise les échanges nécessaires…

    2. M, ne seriez-vous pas Regis Debray en train de promouvoir son dernier ouvrage « Éloge des frontières » , 🙂 D’accord avec vous pour réhabiliter le local. A ce propos, dans l’entretien indiqué par Yvan, Michéa considère que « l’universel ce n’est pas la disparition du local, mais le local sans les murs » !

    3. Dans cette même veine du « local sans les murs », voire également cet article de Bernard Cassen publié dans Le Monde diplomatique en 1996 et bigrement d’actualité, moyennant quelques mises à jours !
      Titre : Et maintenant… démondialiser pour internationaliser

      Extrait :
      « Si l’internationalisation est considérée par tous comme une étape naturelle entre le sentiment national et la conscience que l’humanité et la Terre sont unes, pourquoi, diront certains, faudrait-il voir la mondialisation d’un mauvais œil ? N’est-ce pas finalement une autre façon d’exprimer un concept identique ? Non, ce n’est pas du tout la même chose, cela n’a même rien à voir, et, à cet égard, il faudrait peut-être revenir à l’emploi de « globalisation », qui a le mérite de ne pas inclure de référence à la nation. Car telle est bien l’essence de la mondialisation : elle nie et contourne la nation, en tant que seul espace concret d’exercice de la démocratie, au lieu de la dépasser en l’englobant, comme le fait l’internationalisation. »

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