L'actualité de la crise: le mirage aux alouettes de l'ajustement du yuan, par François Leclerc

Billet invité.

LE MIRAGE AUX ALOUETTES DE L’AJUSTEMENT DU YUAN

Que peut-on voir dans l’annonce par la banque centrale chinoise de son ajustement prochain du taux de change du yuan ? Un geste politique symbolique, à la vieille du G20 de Toronto de la semaine prochaine, devant la montée de la pression exercée en faveur d’une telle décision ? Le début d’un réel ajustement favorisant, comme il est espéré par ceux qui le réclament le plus fort, la croissance américaine  ?

Cette décision est présentée comme pouvant réparer la panne dans laquelle se trouve l’économie occidentale, en réduisant le déséquilibre global caractérisé de manière superficielle comme commercial. Voulant tenter, dans les faits, de corriger les effets de la mondialisation telle que le capitalisme financier l’a brutalement dessinée. Qui a abouti à une désindustrialisation rapide des pays développés, et au processus inverse dans les pays émergents. Non sans provoquer d’important dégâts. Sociaux des deux côtés, lourdement environnementaux dans les seconds.

De ce point de vue, une convergence a pu être décelée, des deux côtés, dans l’aggravation des inégalités sociales, cachées dans les pays émergents par l’amélioration des conditions de vie de classes intermédiaires qui s’y développent, bénéficiant des retombées de la croissance du produit intérieur brut (PIB). Au contraire encore dissimulée dans les pays développés, en raison de l’importance de celles-ci, en dépit de la détérioration du statut de leurs couches inférieures.

Après avoir crié au miracle économique, il a finalement été reconnu que les émergents devaient développer leur marché intérieur. Non pas parce que leur modèle de croissance fondé sur les exportations était générateur d’un déséquilibre aggravé de la distribution de la richesse. Mais parce qu’il rendait insoluble – la machine à fabriquer de la dette ne pouvant plus y pourvoir comme auparavant – le problème de la compensation de l’inégalité de cette distribution dans les pays développés. Induisant des déséquilibres qui n’ont rien de commerciaux, mais seront sociaux et politiques.

A court terme, la recherche du retour à un équilibre commercial est vue d’une manière encore plus étroite, afin de favoriser le retour d’une croissance permettant de réduire la bulle de la dette publique. Une perspective qu’il va falloir abandonner, parmi d’autres.

Un rapport de l’OCDE intitulé « Le basculement de la richesse » vient d’être publié, dont la conclusion est sans équivoque. « La crise financière et économique a accéléré cette transformation structurelle de l’économie mondiale », déplaçant le « centre de gravité économique de la planète (…) vers l’Est et le Sud, des pays de l’OCDE vers les pays émergents ». Le poids de ces derniers est en train, si ce n’est déjà fait, de dépasser celui des pays occidentaux. Plus inquiétant encore, c’est le commerce que l’on dénomme Sud-Sud, qui est en plein essor. Contournant ces mêmes pays et apportant à la demande occidentale une réponse qui n’est pas exactement celle qui est espérée.

Tout occupé à l’analyse de ses moyennes statistiques, l’OCDE néglige une constatation essentielle : le basculement de la richesse n’est pas uniquement un phénomène géographique. Il est aussi un phénomène social, induisant non pas la réduction mais l’accroissement de la distribution de celle-ci.

Toutes les conséquences, comme on pouvait s’y attendre, n’ont toutefois pas été tirées du changement stratégique que représente le rééquilibrage global. Il est plus commode d’en rester à ce niveau d’analyse des flux commerciaux – et des parités des monnaies – plutôt que d’aborder la problématique des modèles de développement économique, ce qui aboutit à une remise en cause inacceptable du système.

Les financiers ne l’entendent pas ainsi, entendant – après avoir induit la délocalisation de la production industrielle – agrandir leur casino en y rajoutant une gigantesque aile consacrée à la finance émergente. Etant déjà parvenus, à force de bons conseils et de saines pratiques, à favoriser l’émergence d’une formidable bulle immobilière en Chine. Les travaux pratiques de l’école du capitalisme financier y commencent mal.

La question angoissante devant laquelle tous se trouvent au sein du bloc occidental est désormais la suivante : sur quels gisements d’activité va donc bien pouvoir repartir la croissance ? Amenant certains, comme les Britanniques, à défendre bec et ongles leur industrie financière en raison de sa forte contribution au PIB. D’autres à chercher dans la poursuite de leur modèle exportateur leur salut, comme l’Allemagne et le Japon. Conduisant tout le monde à s’engager sur une étroite planche de salut, le « green business », préparant dans ce secteur une grosse bousculade dont les pays « émergents » pourraient tirer les marrons du feu, compétitivité oblige.

Les plus lucides fondent leur espoirs dans l’élévation du niveau de vie et des salaires dans les pays émergents afin de réduire l’avantage compétitif qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer. S’illusionnant sur le temps qui sera nécessaire pour que ce rééquilibrage soit effectif. Sous-estimant les dégâts qui entretemps devront être enregistrés.

L’issue serait de remettre en cause la mondialisation telle qu’elle a été engagée et de la remettre sur la voie d’une coopération économique visant à combler – et non pas à reproduire – les inégalités de toutes natures qui sont à l’origine des profonds déséquilibres actuels, qui ne seront sinon pas surmontés, continuant de produire les mêmes effets.

A l’inverse, toute idée de protectionnisme et de refuge derrière des murs, quels qu’ils soient, est dans la pratique illusoire – le point de non retour a été dépassé – et renvoie à une détestable interrogation : quel sera le sort de ceux qui n’auront pas le bénéfice d’être réfugiés à l’intérieur de la citadelle ?

La décision des dirigeants chinois ne modifie pas la donne actuelle. Elle va nécessairement être cosmétique, ne modifiant pas substantiellement les flux commerciaux internationaux, comme espéré par les Américains. L’appareil industriel américain serait-il vraiment en mesure de prendre le relais et de relancer une production nationale confiée aux Chinois ? On peut en douter.

Le développement du marché intérieur chinois, qui viendrait en substitution de leurs exportations, est par ailleurs un lent processus parsemé de nombreux obstacles. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler comment l’Union soviétique, qui s’était sous Krouchtchev assignée le même objectif, n’y était pas réellement parvenue avant son effondrement. Les sociétés bureaucratiques, cet étrange mode de production pour lequel Karl Marx avait ébauché une analyse avec le mode de production asiatique ne brillent pas par leur grande souplesse et capacité à évoluer. La Chine d’aujourd’hui n’étant pas, bien entendu, l’Union soviétique d’hier.

L’impasse de la situation actuelle – l’emploi récurent de ce mot est malheureusement inévitable – s’exprime de deux manières similaires : les solutions monétaires qui sont envisagées ne sont plus opérantes. Les banques centrales ne parviennent pas à relancer la croissance en maintenant très bas leurs taux – en contradiction avec la théorie – tandis que les Etats n’ont aucune chance de régler l’angoissante disparition de leur croissance. Que ce soit en modifiant aujourd’hui les parités monétaires, ou en réformant demain le système monétaire international. Si les faits sont rebelles à la théorie, que faut-il changer des deux ?

L’équilibre de la terreur – appelé aussi la guerre froide – a pu être maintenu tandis que la capitalisme financier faisait la démonstration de sa supériorité sur les pauvres avatars d’un socialisme qui avait eu le mauvais goût d’émerger dans des pays à faible niveau de développement économique, contrairement aux prévisions des révolutionnaires. Dans le camp des vainqueurs, les idéologues croyaient que c’était acquis pour toujours. Car il est bien connu que ce sont toujours ceux-ci qui écrivent à leur façon l’histoire, dans l’attente que la vérité historique puisse être établie.

Avec la mondialisation, un autre équilibre était revendiqué, économique et financier et non plus militaire. Mais il n’a pas été trouvé et nous en sommes-là. Sans qu’il soit encore reconnu – et pour cause – que remédier au déséquilibre qui se poursuit, sans qu’il soit même nécessaire de prédire de nouveaux épisodes de crises aiguës, est une tâche hors de portée si l’on ne se résout pas à de sérieuses mises en cause.

Ce que nous vivons va bien au-delà de la fin des Trente glorieuses. Dans l’immédiat, vu le simulacre de régulation financière qui est en cours, les clefs de la maison sont toujours confiées à ceux qui y ont mis l’incendie. Triste et inquiétante constatation.

135 réponses sur “L'actualité de la crise: le mirage aux alouettes de l'ajustement du yuan, par François Leclerc”

    1. En effet, « la gestion et l’ajustement du taux de change du remimbi (le yuan) doivent être faits de façon graduelle », a déclaré à l’agence Chine nouvelle le porte-parole de la banque centrale chinoise.

      Sa « stabilité fondamentale » va être maintenue », les autorités gardant le contrôle des « fluctuations des taux de change ».

    2. Blague à part dont personne ne parle :
      Bien entendu que les taux de change avantage les exportations chinois ou même indienne, mais imaginons que le Yuan vienne à parité avec le dollar à cause de son développement économique et de la dépression dont ne sort l’ancien monde, idem pour l’inde, et tous ces pays du sud qui émergent, imaginons que la chine, plus d’un milliard et demin de compte en banques même avec peu, ça fait combien en masse monétaire potentiel vis à vis des vieux continents avec leur 600 millions d’habitants si on va à la parité : simplement de quoi racheter x fois le vieux monde développé, et hop un autre problème sur le tapis !!!!

    3. Bonjour,

      je crois que ça s’écrit « renminbi » en pinyin et 人民币 en chinois simplifié.

      Cdlt,

    4. Dont acte , cela ne se discute pas (pour l’écriture que je peux déchiffrer) !

    5. Très juste et si le yuan/renmimbi semble trop haut il y a plein des « souplesse » possible pour le ramener à la raison : un exemple autoriser les citoyen chinois à détenir des dollars ou des euros ; effet garanti à la baisse….la guerre (pardon l’harmonisation) économique ne vient que de s’étendre à un nouveau terrain.

    6. A Bernique,

      Vous avez tout à l’envers ? Le yuan est très bas, car les chinois exportent en dollars et sont payés en yuans (les pauvres du moins).

      Jamais le yuan ne montera. Sinon l’occident sera en faillite totale. Ce sont les chinois qui financent l’occident par leurs exportations à bas coûts.

      Souvenez vous le jeu du Go !!! La victoire par l’encerclement. Bientôt nous allons comprendre qu’ils sont les champions du monde du jeu de Go.

    7. à Paul

      Non, c’est la même chose que ce que je dis : le yuan est à la valeur que le gouvernement chinois veut pour lui. Et s’il est officiellement libéralisé le gouvernement chinois a de nombreuses manières de le « maintenir » bas de façon « libéralement correcte ». Et enfin nous ne serions pas ruiné mais juste obligés de consommer de manière plus raisonnable, le problème étant alors de savoir si tous le monde, et en particulier les plus influents sur les décisions politiques, accepterai ce nouvel état de fait.

  1. « Triste et inquiétante constatation » en effet…
    Mais puisque personne ne les leur réclament, ces clés.

    Puisque personne ne s’oppose aux ‘incendiaires’…

    ‘Qui ne dit mot consent’. NOUS CONSENTONS.

    Alors ne nous plaignons pas.

    1. Pas d’accord.
      Pas d’accord du tout.
      Qu’ils nous donnent les clefs nous sauront en faire bon usage.
      Un bon reset sans attendre qu’une guerre ne s’en charge, avec son lot d’inégalités et de morts encore plus grands.

    2. Le point de basculement c’est quand plus personne ne veut des clés….(je plaisante bien sur!)

  2. Merci pour cet excellent article.
    Dans le cadre de la mondialisation, il y a deux « idéaux » qui à mon avis s’affrontent.
    D’un côté, un gouvernement mondial avec une culture, une idéologie unique (pensée unique), un marché unique, une défense (paix) unique, une monnaie unique….
    De l’autre côté, des continents et pays avec différentes cultures, idéologies pensées, religions, traditions, marchés locaux et monnaies locales….
    Pour moi, la deuxième option est la plus enrichissante, la plus digne de l’Homme, la plus dangereuse (risque de conflits) mais aussi la plus « réaliste » vu la nature humaine et sa diversité.
    Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que la mondialisation est irréversible : je crois au contraire que si nous ne renversons pas nous-mêmes la tendance mondialiste, les conséquences économiques et politiques de cette mondialisation seront catastrophiques, et inéluctablement, la fin dans la douleur de cette utopie.

    1. avec une monnaie unique, nous ne faisons pas non plus le poids, nous sommes 600 millions Europe USA et ils sont des milliards, donc même avec peu sur leurs comptes en banque nous sommes vaincu, pensez y aussi !!!

    2. A lire les fils, tous semblent baisser les bras en affichant le sens d’une fatalité, celle de la mondialisation, comme si ce processus destructeur reste incontrolable et donc irréverssible. En cet anniversaire du 18 juin, un certain général nous a démontré qu’avec un immense sens du devoir adossé à des valeurs humanistes, un seul homme pouvait rassembler ceux qui refusent de sombrer face à ce qui semblait à l’époque une force armée indestructible défrichant tout sur son passage.

      Un exemple de ce que devrait redevenir la POLITIQUE ou ce qu’un homme digne de la représenter, redonne ses lettres de noblesse au « REVE » des hommes au travers d’un leadership et d’une force universelle qui peut tout contre vents et marées.

      Le poids et le frein de nos sociétés occidentales ne sont pas au fond ces crises et ce pseudo-pouvoir financier, mais les « nains » politiques qui nous dirigent depuis maintenant 30 ans.

      Quand les citoyens trouveront leur guide politique porteur d’un projet digne de ce nom, la nation entière le suivra … elle y aspire de toute ces forces aujourd »hui. Ce jour-là , les lobbies financiers et conservateurs frileux seront relégués à la page « nécrologie »

      La solution viendra d’Un politique et non des économistes ou des blogs de tout poil !

    3. L’appel du 18 juin on en parle et reparle chaque année dans les médias comme si De Gaulle se résumait à cela, ou comme si on voulait occulter tout le reste.

      La conférence du 4 février 1965 du général De Gaulle par contre on n’en entends jamais parler dans les médias, pourtant elle porte en elle toutes les racines qu’elle identifie de notre situation à venir et dont nous faisons les frais aujourd’hui en Europe.

      Mais sans doute est ce tabou d’y faire référence… trois points de suspicion

    4. Si ce discours de De Gaule est « gauliste », alors soit Sarkosy n’est pas « gauliste », soit s’il prétend l’être, .. (avec la « politique des revenus » , et ….), on peut comprendre qu’il préfère éminemment parler d’autre chose ….

  3. D’après ce que j’ai glané comme informations de multiples sources, (mais pas en direct, dommage), les Chinois vivent dans la promesse que leur ont faite leurs dirigeants de vivre comme les occidentaux…
    Déjà, rien que ça est un point commun gigantesque par rapport à l’URSS.

    Je ne sais plus quel pays avait un « dream » similaire… rafraichissez-moi la mémoire 😉

    Rêver. N’est-ce pas merveilleux…???

    1. Tout comme le  »Travailler plus pour gagner plus » … Un autre rêve qui tourne au cauchemar au point de pousser au suicide …

    2. Il doit y avoir des gascons dans le gouvernement chinois. Ce type de promesse est strictement irréalisable (comme vous le notez) pour la simple et bonne raison que les ressources disponibles sont insuffisantes (en particulier l’énergie). Il existe une solution tout de même, et c’est celle qui va se réaliser, le niveau de vie de des occidentaux va rejoindre celui des chinois.

    3. Et en sous-main on les empoisonne à coups de milk-shakes et hamburgers. C’est l’avis d’un spécialiste (l’ancient chef du US Food and Drug Administration tant sous les républicains que sous les démocrates…) qui parle ici de la vague d’obésité comme d’un problème d’addiction exactement parallèle à celui dû aux drogues « connues ». Il parle de « cerveau kidnappé » (hijacked brains) mais ne semble pas avoir de compassion pour les pays où Macdo et KFK s’implantent, tout juste dit-il que c’est à nous de nous désaccoutumer (avec une voix de type en manque, à ne pas rater).

      http://www.bbc.co.uk/worldservice/programmes/2009/03/000000_interview.shtml

    4. à Jeanne
      Sur cette question d’accoutumance, nos bigmac-s français ne sont pas comme les bigmac-s canadiens, …
      je me demande donc si l’accoutumance des bigmac-s ne serait pas plutôt liée à l’usage d’une viande aux hormones , ou quelque chose de ce registre (autorisé au Canada, interdit en France…)

    5. Jeanne, il n’est pas nécessaire d’envisager des hormones ou des additifs. Le sucre naturel est la première addiction. On n’absout plus le fructose (sucre de fruits) ! Le gras donne du goût ! Tout comme la mort et le cancer sont naturels, il n’est pas nécessaire d’inventer autre chose que le naturel. C’est comme si on disait : quelles sont les causes humaines des éruptions volcaniques ? D’ailleurs, certains pensent toute la journée à des trucs pareils. Cela relève de la pensée primitive qui croit que la nature est si bien faite que si un malheur arrive, c’est à cause de l’homme, raisonnement éminemment anthropocentrique ! Même le GIEC est anthropocentrique, mais c’est pour taxer les gens ! D’où la cause « religieuse » de l’écologie !
      Non, la nature suffit. Personne n’a inventé les plantes toxiques, les serpents venimeux, la gourmandise, la dépendance à la boisson ou à la nourriture ! On peut les exacerber, mais ils existent déjà à l’état naturel ! Le goût immodéré du sexe, la violence, la prédation ! Tout cela est naturel !

  4. bonjour,

    je voulais vous demander si par hasard, derrière cet ajustement, il ne pouvait pas y avoir le début d’une désolidarisation non pas seulement de la parité avec le dollar, mais surtout avec le dollar lui-même… comme tous les bons du trésor américains détenus par les Chinois sont en dollar, quelle influence cet ajustement peut-il avoir sur la valeur de ces bons, s’il y en a une ?

    1. En dépit de craintes toujours présentes, les obligations américaines continuent d’être des valeurs refuge, comme l’est toujours le dollar. Pour combien de temps ? Toute la question est là.

      Allan Greespan vient d’expliquer, dans un entretien remarqué avec le Wall Street Journal, que les taux obligataires pouvaient à tout moment se mettre à grimper fortement, en raison selon lui de l’énorme dette publique américaine.

      Les Chinois n’ont pas attendu pour commencer à diversifier leurs avoirs, mais il ne peuvent brusquer le mouvement, au risque de précipiter la chute de la valeur des bons du Trésor, à leur détriment.

      Ils jouent à moyen terme la réforme du SMI, mais des accidents de parcours sont prévisibles.

      Cette situation est comme le reste très instable. Les entrechats des dirigeants Chinois à propos de l’ajustement du yuan sont des épiphénomènes, à côté.

    2. La réponse est :
      Je te tiens par la barbichette, tu me tiens par la barbichette et nous ne pouvons pas ouvrir le parachute

    3. Les usa ne sont pas (malgré les apparences) en conflit avec la Chine. Ils ont délocalisé leurs Latinos, voilà tout.

      Le yuan bas, ne fonctionne que si les usa continuent d’être la monnaie de référence et font marcher la planche à billet.

      Tout cela est orchestré et très bien organisé. Quelle sera la prochaine étape ?

      La pose d’une hypothèque sur le monde occidental. C’est cela le but des bons du trésor.

  5. Un gouvernement mondial, un nouvel ordre mondial ne peut qu’être suspect.
    Vouloir tout contrôler de manière de plus en plus centralisé au niveau mondial rappelle des mécanismes très connus : on commence par centraliser sous couvert d’égalité de répartition entre les revenus collectés.
    Quand l’apogée est atteinte, c’est à dire que l’argent de la collecte n’est plus suffisante pour assurer le bonheur de tous alors les politiques présentent le remède revenir à une décentralisation, mais elle a toujours lieu sans redistribution totale de l’argent centralisé au départ.
    Il faut donc empêcher le gigantisme, politique, économique, sauf à souhaiter que l’humanité ne soit qu’une fourmilière, et encore l’analogie s’arrête là car dans une telle structure, même si certains sont plus privilégiés que d’autres, la nature a fait que des gardes fous existent.
    Quand une fourmilière est trop grande elle ne se parasite pas elle colonise un territoire vierge de fourmis.

  6. Le basculement de la richesse entraîne une autre conséquence amusante: Alors que l’empire, qui sait bien qu’il ne peut survivre sans guerres, fait tout ce qu’il peut pour en fomenter aux quatre coins de la planète, les émergés font, eux, tout ce qu’il peuvent pour rendre les divers plans guerriers sans objets.

    1. C’est que l’Empire guerroie rarement sur son propre territoire, donc la localisation du champ de bataille …

  7. Dans deux ans, la monnaie de réserve mondiale sera une monnaie créée par le Bric.

    à bientôt, deux ans cela passe vite.

    1. Bonjour Paul*
      Alors nous aurons un système « Briques , sacs, balles » que chaque français connait par coeur ! gros avantage!

      cordiales salutations.

  8. La loi actuelle de gravitation veut que centre pondéreux se déplace désormais la Chine tandis que l’Amérique n’a pas encore trouvé la loi de l’antigravitation..
    Le dynamisme du capitalisme occidental fait encore illusion et donne pour encore quelques temps les moyens de souffler sur les braises, leur regain d’incandescence faisant croire que des bûches sont encore prêtes à s’enflammer. Il me semble d’autre part, que des difficultés intérieures posent semble-t-il des questions délicates à la Chine, leur résolution devant engager son avenir et elles marqueront incontestablement le destin de la planète. Il y a donc actuellement une sorte de flottement, comme si le monde retenait son souffle et laissait jouer innocemment les enfants dans le jardin, sans faire de bruit, ceux-ci se chamaillant ici où là afin que la pitance ne leur soit pas comptée ou oubliée..
    Reste que je rejoins votre avis François, il me semble très aléatoire que de penser à une redistribution des revenus dans le pays et à un mode de redistribution généralisé. Cette théorie me parait illusoire, sans doute pour des raisons « techniques », mais aussi pour des causes idéologiques.
    Ces mutations gigantesques auxquelles nous assistons sont, compte-tenu des enjeux tout aussi gigantesques qui s’y attachent, facteurs d’hésitations, prudences, délais, freins, attentes… et seront, au bout du compte, le résultat de décisions de quelques pouvoirs en place, c’est à dire de quelques uns, un très petit nombre en réalité, de dirigeants.
    François, ne pensez-vous pas que cet étrange climat n’est que le résultat de ces pouvoirs déjà en partance, tous, les prétendants comme les tenants actuels des trônes, ayant un regard et un point de vue sur le monde, une question qui devient obsédante: qui sera « en charge » demain ?

    1. Si ces dirigeants ont une certitude, une seule, c’est qu’ils tiennent au pouvoir et en conséquence s’y accrochent ! Expression politique d’un système qui témoigne de l’incapacité qui est la sienne à s’auto-réformer, après n’avoir n’a pas su s’auto-réguler.

    2. Pour faire un peu de politique fiction, bien évidemment le transfert des usines et de la production vers les pays émergents entraine le transfert de la richesse.

      L’économie de service ne fonctionne qu’avec une industrie forte, jusqu’à présent la chine a permis une augmentation virtuelle de la richesse grâce aux prix faibles de ses exportations, c’est pour cela qu’on a regardé avec bienveillance sa montée en puissance, maintenant les dirigeants occidentaux se rendent compte de leur funeste erreur, enfin depuis hier seulement…

      La Chine profite de l’expérience du Japon et de la Corée, elle a en plus un poids énorme tiré de sa population, elle ne commettra pas les mêmes erreurs, la vitesse est un allié nécessaire pour culbuter l’ennemi que nous sommes, ennemi au sens de la planète, nous ne pouvons pas tous consommer comme nous le faisons actuellement en Europe, la prise de position de la Chine sur les matières 1ères dans le monde démontre que ce n’est pas une vue de l’esprit de ma part.

      Nous savons inconsciemment que le monde ne peut vivre comme nous le faisons actuellement, la production de pétrole est stable depuis 10 ans, quand diminuera-t-elle, de toutes manières elle ne pourra jamais suivre le demande et ce n’est que par l’exploitation insensée du charbon par les USA et la Chine que la croissance perdure.

      Bref seule solution pour la Chine, nous mettre dans une situation telle que nous ne puissions plus consommer, je pense que la vitesse de la Chine est volontaire, mettre KO L’Europe.

      Quant aux USA, grâce au dollar, ils font financer par la planète leurs déficits en faisant fonctionner la planche à Billet, l’Euro pouvait être une refuge contre le dollar, tuons l’Euro, au passage ce n’est pas l’Allemagne qui a le plus intérêt à quitter L’Euro mais la France, notre industrie est moribonde face à l’Allemagne si nous ne pouvons dévaluer…

      Bref les USA font payer au monde leurs déficits, pas d’inflation pour eux, c’est le monde qui voit sa richesse en dollar fondre, mais que faire d’autre..

      Et c’est là que je me dis que si tu es Président des USA, que tu sais que ton industrie ne pourra jamais concurrencer la Chine désormais, que tu sais que le pétrole, même si son pic n’est pas atteint, ne pourra jamais suffire à la planète, que cette guerre économique ne peut que mal finir, alors tu soignes ta finance qui permet de maintenir le Dollar fort et faire payer aux autres tes déficits, tu te dis que tu est quasi une ILE et que demain tu partageras ce qu’il reste des richesses de la Planète avec la Chine, l’Europe est un intrus, détruisons le…

      En attendant il est trop tôt pour réévaluer le Yuan surtout avec l’Euro qui baisse, par contre il faut achever l’Europe et créer un Euro à deux vitesses, une avec les allemands qui réévalueront donc et l’autre avec le sud de l’Europe.

      Bref Chinois et Américains ont intérêt à ce partage du monde, ils sont alliés pour l’instant, les chinois ne sont pas encore prêt à assumer leur hégémonie sur le Pacifique et les USA doivent encore affaiblir l’Europe pour régner sur l’Atlantique.

      La Finance dans tout cela est l’allier des plus forts, l’Europe pense qu’elle peut rivaliser avec US et Chinois avec des banques puissantes, voilà la faiblesse, l’Europe est forte de son histoire et de son industrie et de sa culture, elle doit sacrifier ses banques si elle veut survivre.

    3. @ Bourdon
      Le Japon et la Chine ont des histoires différentes (et complémentaires). Le Japon vaincu n’avait pas d’autre choix pour « rebondir » économiquement que de devenir le fournisseur de son vainqueur (en valorisant ses propres capacités) et en souhaitant que ce vainqueur n’exploite pas judicieusement sa victoire, ce qui a été le cas. Ceci laisse la « porte ouverte » au Japon pour de profondes évolutions.

    4. @ Bourdon
      L’Europe est morte avec la naissance des USA. La flamme lui a été ravie à cet instant, la GB a décliné, la France également, le partage du monde à l’issue du 2nd conflit mondial n’a fait que de valoriser la qualité et l’habileté propres des « négociateurs ».
      La seule issue était de créer une Europe fédérée, cela ne s’est pas fait. Tout observateur impartial ne pourra que le regretter amèrement.

    5. 1. « Maintenant les dirigeants occidentaux se rendent compte de leur funeste erreur, enfin depuis hier seulement… » :
      Ce n’est pas dit qu’ils s’en rendent compte maintenant seulement. Tous les politiciens ne sont pas bornés. Ce qui compte pour un politicien, c’est de faire une carrière, le reste a-t-il de l’importance. Je pense que l’intérêt des politiciens qui nous ont conduits là où nous sommes n’était en rien commun avec le nôtre. Ce qui compte pour eux , c’est leur carrière et cela leur suffit.
      D’ailleurs, un politicien peut-il avoir raison contre tout le monde ? Il ne serait pas élu, même s’il était le seul à avoir la bonne réponse ! Les électeurs sont toujours les coupables responsables ! Quand les banquiers se servent rapidement, sachant que l’avenir est incertain, cela confirme pour moi qu’ils sont bien clairvoyants !
      2. « L’Europe est un intrus, détruisons-le » !
      Cela a déjà été fait depuis longtemps ! Nous ne sommes qu’un territoire désarmé et sans puissance autre que celles de nos consommateurs ! Sauf, quelques exceptions comme les usines qui restent ! Nous n’avons plus de pouvoir depuis les accords de Yalta ! Nous pouvons même retourner aux projections que certains ont déjà faites en 1941 après Stalingrad. Les jeux étaient faits. La décolonisation de l’Afrique était déjà programmée. Certains avaient même prévu de transformer l’Allemagne en zone exclusivement agricole !
      Si ce ne fut pas le cas, c’est que les intérêts des vainqueurs américains étaient autres vu la concurrence hardie de l’URSS.

  9. On peut dire que nous avons tous le désir de nous maintenir en bonne santé, de nous préserver des guerres et des catastrophes naturelles. Et parce que cela nous facilite la vie, nous consommons les mêmes produits : voitures, électroménager, électricité (ou autre) pour nous éclairer. Nous avons besoin d’eau et de nourriture en qualité et en quantité suffisante.
    Ce qui fait qu’en commun nous avons : la santé, la paix, la sauvegarde et la connaissance de la nature, l’agriculture, l’énergie, l’eau et certains produits de consommation. Cela fait pas mal de sujets et il ne me semble pas impossible de trouver un principe organisateur commun sans toutefois nous croire emprisonner dans « une pensée unique ». Ce principe organisateur imposerait-il forcément une manière de conduire notre vie et notre pensée de façon unique, hormis le respect de la vie ? L’organisation sociale commune viendrait-elle gommer toutes nos différences individuelles et régionales. Nous sommes aussi influencés par notre climat, la végétations dans laquelle nous vivons, les animaux qui nous accompagnent.

    1. peut-être faudrait-il considérer localement en rapport aux salaires locaux comme -la capacité pécuniaire des chacuns de subvenir à la nécessité quotidienne, -la capacité d’épargne des chacuns de l’acquisition par exemple d’un logement …
      comme un paramètre pour une autre piste de réflexion dans ce grand questionnement de l’évaluation « comparative » de nos différentes devises

  10. La réévaluation du yuan n’est qu’un cache-misère de l’impasse sino-américaine, un os à ronger pour les diplomates impuissants, un leurre pouramuser les chroniqueurs et les peuples,
    Que je sache, le reminbi à été nettement réévalué dans la décennie 2000, sans plus de résultats sur les balances commerciales ou de paiements!

    PS: François, un détail. Je sais que c’est un contre-sens généralisé, mais venant de vous, ça me défrise un peu. Celui qui tire les marrons du feu, c’est celui qui se brûle les doigts. Soit le chat dans la fable de la Fontaine. Et le singe qui les mange avant que le propriétaire des marrons ne les fassent fuir.

    1. Je m’étais déjà laissé surprendre par des coupes claires qualifiées à tort de sombres

  11. « A l’inverse, toute idée de protectionnisme et de refuge derrière des murs, quels qu’ils soient, est dans la pratique illusoire – le point de non retour a été dépassé »

    Evacuer le protectionnisme d’une phrase, sans argumentation, c’est un peu court, car il y a bon nombre d’économistes qui font l’analyse inverse.

    1. C’était, je le reconnais volontiers, expéditif ! Mais la phrase que vous citez partiellement poursuivait ainsi :

      …et renvoie à une détestable interrogation : quel sera le sort de ceux qui n’auront pas le bénéfice d’être réfugiés à l’intérieur de la citadelle ?

      .
      Je n’ignore pas que la dénonciation du protectionnisme sert de repoussoir pour justifier la mondialisation telle qu’elle est pratiquée. Mais je n’ai toujours pas compris en quoi et comment elle en représentait une alternative. Ma question précédente restant posée.

    2. @François
      Pardon, je vais passer pour un fâcheux foutu pinailleur, et dieu sait si l’usage en est général aujourd’hui, mais quand même.
      Une alternative est un choix entre DEUX possibilités. Et non pas une possibilité simplement. Il faudrait donc dire possibilité, option ou choix dans le cas où on emploie le plus couramment, et faussement, le terme alternative.

      Je pense que la confusion provient du double sens préexistant pour le mot choix, ainsi que du double sens équivalent en anglais. TINA peut se traduire par « il n’y à pas d’alternative » dans le sens de « il n’y à pas le choix » ou, à la limite « il n’y à pas d’autre choix possible », mais en aucun cas par « il n’y à pas d’autre alternative ».

      Bien sur le message peut être, néanmoins, correctement transmis, mais un risque de méprise persiste, et surtout on appauvrit l’outil de notre langue, en perdant la singularité du terme alternative dans son acception originale.

      Pardon encore, je suis un peu confus de ce « tatillonnage », mais ce détail peut être diabolique, comme tous ceux que vous traquez si bien.

    3. A mon avis, le protectionnisme peut revitaliser l’ économie d’un continent s’il dispose d’un marché (des consommateurs ) et de ressources naturelles. La grande Europe (avec la Russie) est dans ce cas de figure.

    4. @ le marin,

      « A mon avis, le protectionnisme peut revitaliser l’ économie d’un continent s’il dispose d’un marché (des consommateurs ) et de ressources naturelles. La grande Europe (avec la Russie) est dans ce cas de figure. »
      =>
      Tout dépend de comment ces ressources sont gérées, par qui, pour qui et comment sont réparties les ressources et leurs fruits.

    5. Hhmm.. Monsieur Leclerc…

      Vous devez peut-être ignorer que les semences montsantos ont ruiné les paysans africains et de certains pays asiatiques en plus de l’Inde…
      Ainsi, tout comme dans le cas d’union carbide en Inde, la société américaine pouvait parfaitement tuer 25 000 personnes sans avoir trop de soucis. Même si elle a été rachetée.
      Par contre, 2 ou 3 Chinois se sont fait exécuter pour le lait mortel… image commerciale à défendre.

      Le protectionnisme est une chose mortelle pour les multinationales, et, complètement bénéfique pour les PME ainsi que la population.
      C’est de la micro-économie.
      Mais il se fera naturellement en conséquence de l’effondrement du système. Comme l’écologie et le social.

    6. @ Yvan

      J’ai vraiment du mal m’exprimer ! Qu’ai-je donc pu écrire qui laisse supposer que je suis favorable à la mondialisation ?

    7. @ Vigneron

      C’est moi que j’suis le nouveau professeur de Français dont on vous a causé…

    8. Monsieur Leclerc, je dois avoir autant de mal à m’exprimer, je pense.

      Si j’essaie de résumer :
      – vous considérez que le protectionnisme n’est pas une solution. (ceci dit, je pense comme vous qu’il n’est qu’une conséquence)
      – je considère que le protectionnisme est une bonne chose, car, tout comme la montée du prix de l’or, il montre que le système coule.
      (protectionnisme dans le respect de l’autre, bien sûr, car le sujet que vous aviez initié qui a donné une discussion ouverte sur TOUS les aspects du protectionnisme devrait être enseigné dans les écoles)

      Si je me trompe, comme d’hab, n’hésitez pas à me rectifier. Si je détenais la vérité absolue, … oui, notez, il ne vaudrait mieux pas. Ca me gènerait. 😉

    9. yvan écrit:

      « Le protectionnisme est une chose mortelle pour les multinationales, et, complètement bénéfique pour les PME ainsi que la population.
      C’est de la micro-économie.
      Mais il se fera naturellement en conséquence de l’effondrement du système. Comme l’écologie et le social. »

      voilà qui est intéressant, mais qui risque de faire claironner au nationalisme la presse appartenant aux multinationales.

      ceci dit les choses étant ce qu’elles sont il est naturel que se pose de plus en plus la fameuse question.

      seuls les escrocs peuvent encore faire croire à la construction européenne dans les conditions actuelles.

      autant y aller en bon ordre plutôt qu’à ‘marche forcée’… espérons qu’il y ait encore des gens lucides dans les sphères du pouvoir (ce dont je doute).

    10. Comme il le rappelle, François ne s’est jamais revendiqué de la mondialisation (libéralisation des échanges dans le cadre de l’économie marchande, capitaliste) contre le protectionnisme. Il faut relire intégralement le paragraphe concerné:

      « L’issue serait de remettre en cause la mondialisation telle qu’elle a été engagée et de la remettre sur la voie d’une coopération économique visant à combler – et non pas à reproduire – les inégalités de toutes natures qui sont à l’origine des profonds déséquilibres actuels, qui ne seront sinon pas surmontés, continuant de produire les mêmes effets. »

      Le mot clé ici est « coopération », ce qui n’est possible de mon point de vue – je ne sais pas ce que François en dirait- que sur la base du contrôle public du commerce extérieur, et donc de l’appropriation sociale des grands moyens de production. Rappelons-nous qu’environ 40% des échanges se déroulent à l’intérieur des multinationales. En fondant les échanges sur des objectifs politiques de développement social et écologique équilibré de la planète, on est aux antipodes de la mondialisation libérale, dont le protectionnisme n’est qu’un avatar de crise.

      PS. Il semble qu’il y ait déjà eu une discussion sur le protectionnisme sur le Blog. Je suis arrivé trop tard sans doute. J’aimerais avoir la référence pour un cours de rattrapage. Avec qui s’approfondit, le sujet va devenir un enjeu très important.

    11. http://www.pauljorion.com/blog/?p=6480

      Dans ce sujet, des commentateurs très pertinents avaient fait le tour de tous les aspects de ce que l’on appelle le protectionnisme.
      Ainsi, cette notion est loin de se cantonner au simple aspect financier puisqu’elle touche autant à l’individu (avec ce qu’il veut mettre en commun avec les autres au sein de son quartier, sa ville, sa région, son pays, son continent et la planète et ce qu’il peut ou veut refuser afin de garder son individualité, sa langue, ses coutumes, ses croyances, ses moyens matériels, son auto-détermination,..)
      Notez, en tant que Breton, je passe le bonjour à nos amis Corses.. 😉

      Ce qui m’ait apparu, bizarrement, est que l’argent n’a qu’un faible pouvoir par rapport à l’indentité de l’humain. Quoique certains essaient de nous faire croire (parce que ça les arrange)

      Si j’en avais la capacité, je ferais une synthèse de ce débat, mais je suis trop court pour rendre compte de toutes les dimensions décrites.

    12. autant à l’individu, disais-je, qu’à la dimension d’entreprise, de région, de nation ou de continent dont les humains veulent mettre une certaine part d’eux-même en commun avec d’autres.
      (j’avais zappé vers l’idée de faire une synthèse du sujet, désolé).

      Et c’était Paul Jorion qui avait lancé le sujet.

  12. ont pourrait concidérer cette optique d’ajustement comme une dévaluation de l’euro et du dollar et d’une réévaluation du yuan.

  13. 12 navires de guerre americains dont 1 porte-avions e 1 corvette israelienne ont franchi le canal de suez , c’est sur zero hedge,j’aime pas ca du tout !

    1. Confirmé par ailleurs.

      Ca sent la guerre nucléaire à plein nez. Pourvu que les Iraniens soient prêts.

    2. A brandir la menace de réplique qui seule pourrait arrêter la « guerre de civilisation » engagée par le complexe militaro-industriel et pétrolier, dont personne ne devrait rendre responsable Bush ou Obama, simples acteurs.
      Plus ou moins doués d’ailleurs.
      Obama, lui, mérite son cachet.

    3. Bomber le torse et exposer ses muscles saillants (bien que conditionnés à un régime sur-protéiné dispendieux et des injections massives de stéroïdes anabolisants) font pâmer d’aise les demoiselles effarouchées (les spéculateurs flageolants) et ravivent les atours compromis (le $)!

  14. Les pays émergents sont eux aussi dans une impasse.
    Les occidentaux n’ayant plus assez d’argent, les brics et autres commercent entre eux.
    Mais :
    -chez eux aussi ce sont toujours les mêmes qui se servent en premier et prennent la plus grosse part du gateau.
    -il faudrait qu’ils développent un marché intérieur pour absorber une production croissante
    -cela impliquerait une hausse des salaires donc ils deviendraient moins compétitifs entre eux
    -la spéculation sur les matières premières ou les produits alimentaires peut à tout moment anéantir leurs revenus
    -ils n’ont plus les pays occidentaux pour absorber leurs excédents
    -la raréfaction de l’énergie les touchera eux aussi

  15.  » le seul problème c’est l’euro, c’est pas la mort ,mais ça m’a amputé mon budget de 15% en l’espace d’un mois .
    Témoignage d’un proche,quelque part en Chine,
    Parité Euro/Yuan

    1. Piotr. Camarade.

      Si chacun regarde par le petit bout de sa lorgnette, on continuera tout ce bordel ambiant.
      Ton proche, et s’il passait en dollars ou en lingots, ça pourrait peut-être l’arranger, non..???

      Sinon, pour le reste, il y a Master Card depuis que Madoff a déposé le bilan.

    2. Il ne s’agit pas de faire pleurer Margot,mais de constater qu’il se passe quelque chose sur les marchés monétaires.
      Ps:Il faut croire que le jeune homme n’est pas rompu au carry-trade!

    3. J’ai mal interprété, Piotr. Désolé. Franchement.

      Je deviens maintenant extrème lorsque l’on vient se plaindre de « manque » d’argent… virtuel.
      En effet, si comme moi ce proche perdait 15% de ces revenus mensuels, je comprendrais la douleur de l’absence de plus de 500 Euros.
      Que je viens de dépenser dans une location de villa avec piscine la semaine dernière. Un extra, juste comme ça.

      L’Euro vient de chuter de 15%. Oui. Mais pour tout le monde. Pas de jaloux… 😉

      Et avec les manoeuvres actuelles, au niveau mondial, tout donne l’impression que les US veulent forcer le peuple européen dans son ensemble à une guerre civile générale.
      Cela les arrangerait, vu les élections midterm de novembre qui devraient voir les tea party gagner largement.

  16. Puis je me permettre ?
    Je suis ce blog avec une certaine assiduité, pour ses articles de qualité et ses commentaires intéressant.
    Je ne suis pas capable de rivaliser avec les niveaux d’analyse de certains intervenants, donc je bois vos paroles, j’essaye de synthétiser du mieux que je peux.
    Et ce n’est pas évident !
    Mais j’aimerais émettre une remarque simple et poser une question ( Mieux vaut poser des questions et passer pour un con, que ne rien dire et le rester )…

    Je ne suis pas tout a fait d’accord avec Albert la phrase « « A l’inverse, toute idée de protectionnisme et de refuge derrière des murs, quels qu’ils soient, est dans la pratique illusoire – le point de non retour a été dépassé » » est tout a fait logique et cohérente (peut être est elle mal employer, certes).
    Que peut on espérer de politiques qui ne prennent aucune décisions valable (aussi minime soit elle)?
    Cet politique de « stagnation » a-t-elle une chance d’aboutir ?
    Un (énième) sommet du G20 se réunissant pour dire « ça va mal que faisons nous ? -Il va falloir mettre en place un plan d’austérité … » n’est ce pas la solution facile ?
    Cela ne résout pas les problèmes pour autant…

    « il y a bon nombre d’économistes qui font l’analyse inverse. » si vous aimez le cinéma je vous citerais « l’inspecteur Harry » avec Clint Eastwood : » Les avis c’est comme les trous du c** tout le monde en a un ».

  17. Dans un livre publié Il y a plus de 20 ans la « Nouvelle Alliance » Ilya Prigogine et Isabelle Stengers étudient la dynamique des systèmes et aboutissent à ce constat : les systèmes fortement intégrés, dans lequel le sous-systèmes sont très interdépendants ont du mal à évoluer. Ils proposent une explication : une évolution doit d’abord prouver son efficacité « discrètement » en étant testée sur un sous système relativement isolé avant de se propager et de faire basculer l’ensemble.

    C’est je crois un des problèmes de la mondialisation : le système est mauvais mais, dans le circonstances actuelles, tout pays qui tenterait de se comporter en suivant d’autres lois que celles qui sont imposées à tous (performance financière, compétitivité) ne survivrait pas. Ainsi nous savons que l’austérité généralisée en Europe n’est pas bonne mais elle nous est imposée par notre appartenance au système mondial et à ses marchés.

    C’est je pense un argument fort en faveur de mesure protectionnistes. Il ne s’agit pas de bâtir une citadelle mais de se permettre de tester d’autres modes de fonctionnement que celui que nous vivons actuellement.

    Contre le protectionnisme on nous dit souvent : si nous n’achetons plus autant aux chinois ils cesseront d’acheter des Airbus.

    Plaçons nous dans 10 ou 20 ans, après le peak oil quand l’énergie sera devenue vraiment chère. L’aéronautique sera en crise (qui achètera des avions dont chaque vol coûtera une fortune?) et le tourisme international aussi. Il faudra bien que la France ait appris à vivre d’autres industries que du tourisme et de l’aérospatial !

    Nous ne savons pas ce qui succèdera à la mondialisation effrénée, mais un repli marqué de chaque pays sur ses productions propres est plus que vraisemblable. L’Europe n’atteindra pas l’autarcie, faute de matière première, donc un repli total dans une forteresse est impensable mais une évolution vers plus de productions locales serait une bonne chose. La concurrence déloyale que nous font les pays émergents sans lois sociales ni environnementales nous empêchent d’entamer cette évolution. Des quotas sur certains produits que nous ne fabriquons plus nous permettrait de redémarrer les industries correspondantes et d’être prêts le jour où l’approvisionnement extérieur deviendra problématique.

    Nous pourrions aussi taxer les fruits et légumes exotiques ou à contre saison qui sont une source stupide gaspillage énergétique. Les pays exportateurs pourraient alors cultiver leur propre nourriture.

    1. « Nous ne savons pas ce qui succèdera à la mondialisation effrénée, mais un repli marqué de chaque pays sur ses productions propres est plus que vraisemblable »

      J’acquiesce, c’est ce qui me trotte dans la tête depuis quelques jours, en discussion avec des proches ce jour on évoquait cette hypothèse de retour aux sources progressif.
      Principes simples, non exhaustifs :
      balance commerciale équilibrée
      tous au boulot, tous un salaire décent permettant de vivre sans assistanat
      autosuffisance si nécessaire

    2. Des mesures protectionnistes appelent des mesures parallèle de rétorsion (dont une partie appelées dans le jargon commercial « mesures compensatoires »), ce qui conduit effectivement, dans la situation de crise aigue attendue, sur la pente de l’autosuffisance ou autarcie. Or c’est trop tard, sauf à imaginer de retourner au mode de vie antique. Un seul exemple: la Chine contrôle l’essentiel des terres rares, dont quelques unes indispensables à l’industrie. De même, sans échanges de métaux précieux, quantité de production indispensables disparaissent.

      La protection de l’environnement passe beaucoup de mesures radicales, telles la relocalisation d’activités, l’intégration dans le coût des produits des externalités dues au transport, et en général la remise en cause de la mondialisation capitaliste. Elle passe donc par le contrôle de bien des productions et échanges, et à partir de là, par la coopération entre nations. Pas par des mesures protectionnistes unilatérales dont la spirale serait dévastatrice.

    3. Moi aussi.
      D’autant que quelques (rares) entreprises commencent à relocaliser car la qualité de la production n’était pas au rendez-vous.
      Donc cela doit être possible.
      Ainsi que de taxer des aliments produits hors saison au détriment des cultures vivrières des pays du tiers ou quart monde.

    4. autosuffisance si nécessaire ……au moins pour les produits indispensables.
      Je crois même qu’un pays comme la Suisse y parvient en partie, et pourtant.
      OK pour ne pas passer d’un extrême à l’autre mais pour trouver le bon équilibre ou le déséquilibre minimum, profitables à l’intérêt de tous et qui permettent aux populations pauvres, miséreuses d’émerger et pas seulement à une minorité bien émergée; tiens ça me rappelle les icebergs.

    5. @Charles A
      Pourquoi le protectionnisme serait-il nécessairement conflictuel ? La Chine sait voir à plus long terme que nous car ses dirigeants ne sont pas perturbés par les échéances électorales et peut comprendre que nous devons ensemble prépare ce retour vers le local. Je sais bien que nous dépendons de ressources naturelles nombreuses que nous devons importer, notamment de Chine. Pourquoi croire que toute tentative d’inflexion de notre politique commerciale, correctement expliquée et négociée avec nos partenaires déclenchera immédiatement une réaction violente de type embargo sur les terres rares ?

      Le salut de notre espèce est dans la coopération, et ce que je propose est de définir une évolution de la faire accepter par le plus grand nombre et de l’entamer en douceur.

    1. A part une chute du commerce mondial, je ne vois pas ?
      Mais ils s’évertuent à nous dire le contraire, on nous dirait pas tout ???

    2. On peut remarquer que les sursauts du BDI sont cycliques depuis quelques temps, il n’est pas toujours aisé de les relier à des phénomènes objectifs (fêtes de noël, saison du blanc, mondial de foot, collection d’été).
      Je crois savoir que de nombreux navires ont pu être utilisés pour stocker des matières premières afin de constituer des réserves ou provoquer des pénuries artificielles. Nous assistons à un phénomène de déstockage. Il n’est pas impossible que le pétrole soit de la partie et que les évènements du golfe entraînent un déstockage au moins temporaire.

  18. Et pendant ce temps, les patrons du CAC 40 ramassent le pognon.
    Qu’en pensent-ils, de ce miroir aux alouettes? Vont-ils d’urgence en parler à Sarkozy?
    A quoi pensent-ils?
    A quoi rêvent-ils?
    A quoi jouent-ils?

  19. Je ne suis pas d’accord avec Bourdon, les USA ont besoin de l’Europe.
    Le dollar a besoin de l’euro contrairement à ce que l’on peut penser, un monde où il ne resterait que l’Asie face aux USA signifierait la fin des USA car évidement qu’on s’acheminerait encore plus vite à la réévaluation de toutes les monnaies d’Asie et si un peu peut faire l’affaire des deux, beaucoup ce n’est plus la même chose : pour l’Asie le commerce serait moins compétitif, pour les USA la masse monétaire en Asie du fait de son nombre d’habitants pourrait racheter facilement le reste du monde plusieurs fois. Essayez donc de transformer tous les petits avoirs chinois en Yuan en dollar : 10 yuans 10 dollars et voyons donc qui des 300 millions ou des 1 milliard et demi a les moyen de racheter l’autre.

  20. Tout va très bien… madame la marquise ..devinez de qui je parle ?

    Croissance: Lagarde maintient la prévision à 2,5% pour 2011

    La ministre de l’Economie Christine Lagarde a maintenu dimanche sa prévision de croissance de 2,5% pour 2011, même si elle est « ambitieuse et peut-être un peu audacieuse ». Lire la suite l’article

    « Je maintiens ma prévision de croissance », a déclaré la ministre lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, jugeant qu’il était encore « trop tôt dans l’année pour envisager de la réviser ».

    « Attendons d’engranger ce qui, je l’espère, sera un bon résultat du deuxième trimestre », a-t-elle souhaité, rappelant que les chiffres de la croissance du Produit intérieur brut au deuxième trimestre étaient attendus à la mi-août. « Puis on verra si, début septembre, il faut réviser ou non la prévision de croissance ». AP

    1. Ca fait plaisir, Dissy, de voir qu’il y a encore au moins une personne en France qui l’écoute.

    2. Oui, quand madame Lagarde affiche son optimiste, j’ai des bouffées d’angoisse.

    3. J’accueille les allocutions de Christine Lagarde à la façon d’un sketch. J’apprécie beaucoup son humour…. involontaire. Comme on dit: il vaut mieux en rire qu’en pleurer.

    4. Si vous aimez les sketches de Mme Lagarde, avez vous regardé sur Arte, il y a 5 ou 6 jours, un débat en multiplex entre notre Christine nationale et le ministre allemande des finances (Schauble ?)

      Ils ont donné un numéro d’union franco-allemande extraordinaire, Mme Lagarde allant jusqu’à dire, en pensant aux réunions marathons de Bruxelles qui se terminent si tard :

      « Quand je pense à toute les nuits que nous avons passées ensemble… en tout bien tout honneur » (ouf!)

      M. Schauble étant en fauteuil roulant on tombait dans l’humour grinçant.

  21. Ce qui confirme le propos de votre article si besoin était…

    http://fr.news.yahoo.com/4/20100620/tbs-chine-yuan-7318940.html

    La Chine maintiendra le taux de change du yuan à un niveau stable, a déclaré dimanche la banque centrale, ce qui laisse penser que son nouveau régime de change devrait beaucoup ressembler à l’ancien.

    On se demande vraiment ce qu’il faut pour qu’ils baissent ceux la …

    Les marchés boursiers américains pourront profiter d’une dynamique favorable dans les jours à venir, même si le moral des investisseurs reste fragile, et les commentaires de la Réserve fédérale sur l’économie américaine seront étudiés avec une grande attention.

    http://fr.news.yahoo.com/4/20100620/tbs-usa-marches-7318940.html

  22. Nous sommes devenus des sociétés de service et bientôt nous serons des société de serfs.
    Ah la mondialisation heureuse, heureuse pour qui au fait ?

    1. Allez, tant qu’il y aura internet et le blog de Paul Jorion je serais heureux.
      Vive la crise.

    2. @Salva je serai heureux, sans s, sinon tu mets ton bonheur au conditionnel; il est plus grand à l’indicatif.

  23. Une analyse des relations en plein développement Chine – Amérique Latine (en espagnol)
    http://puntodevistainternacional.org/spip.php?article315

    Les trois conclusions:

    1. La RPC no tiene ningún interés en dañar su relación económica y política estratégica con los EEUU. Su relación con los gobiernos de Venezuela, Bolivia, Ecuador y Cuba se restringe principalmente a acuerdos comerciales en los que ella resulta prácticamente la única beneficiaria.

    2. La relación entre la RPC y América Latina no es una relación entre iguales debido al potencial económico de la primera y los límites de la segunda. Esto es una fuente de conflictos constantes con las economías emergentes —como México y Argentina— que tienen planes para desarrollar una industria independiente y establecen barreras para defender a sus productores locales de las exportaciones chinas.

    3. Otra fuente de conflicto con las inversiones directas chinas es el hecho de que éstas buscan altos niveles de retorno sin preocuparse por las condiciones sociales, laborales o de medio ambiente. Esto ya creó conflictos con las poblaciones nativas en Ecuador, Perú, Venezuela y Argentina.

  24. Si j’en crois certains chiffres, la dette brute US se situe autour de 9 à 10 trillions de dollars (10 000 milliards de dollars). En comptant le engagements futurs (éducation, recherche,santé, armée, police, infrastructures, retraites, …), il faut multtiplier ce montant par 4 ou 5, soit au minimum 3 à 4 ans de PIB.

    Personne ne peut envisager de rembourser de telles dettes en continuant à vivre, même très chichement. On ne peut dans ces conditions que s’appauvrir et rendre encore plus difficile, puis impossible le paiement de la facture.

    L’état US est en résumé insolvable, corrigez moi si je me trompe.

    1. C’est aussi ce que j’ai lu par-ci par-là ! J’attends aussi une réponse ! Mais, j’ai l’impression que personne n’a cette réponse ! Si déjà, on savait pourquoi on n’a pas de réponse, cela ferait déjà avancer la solution possible. Est-ce parce qu’il y a trop de facteurs qui entrent en cause ? C’est bizarre. Dès qu’on sort du possible en matière de calculs, on ne trouve plus personne ! Delà à considérer qu’il ya, en fait, trop de gens qui calculent et trop peu de gens qui pensent, il n’y a qu’un pas.

  25. @François Leclerc

    Vous avez évacué le protectionnisme comme déjà inadapté puisque le point de non retour est dépassé, et vous vous préoccupez du sort de ceux que nous laisserions hors de la citadelle.

    Paul Jorion a présenté le capital comme ce qui manque et qu’il faut payer si cher, alors qu’il est présenté le plus souvent comme ce dont on dispose et qu’il est légitime de faire fructifier. Cette simple inversion de point de vue permet de mieux comprendre ce qui est en cause.

    Dans le même esprit, je vous propose de voir le protectionnisme comme le moyen de protéger plus faible que nous-mêmes, et non pas comme le moyen de tenir en respect les hordes faméliques. Je pense que, ce faisant, nous irions mieux, nous aussi, et qu’il n’est pas question de construire des citadelles.

    C’était pourtant un beau mot, protectionnisme, quand et pourquoi est-il devenu synonyme de repli égoïste sur soi? Quand les marchands occidentaux ont ouverts les marchés orientaux à coup de canonnière? Il faut croire que l’idéologie a été bien vendue, pour nous faire accepter une telle inversion de sens!

    La démolition, tenace et au besoin violente, des protections légitimes et souveraines que les peuples se sont données, est consubstantielle au développement du capitalisme libéral. En vérité, chaque ouverture de marché s’est toujours accompagnée, aussi, d’un viol culturel. Le commerce libre, ce n’est pas forcément la paix. Le protectionnisme, ce n’est pas forcément la guerre…

    Il est temps de protéger à nouveau, les peuples, les cultures, la diversité humaine, la nature, et, ce faisant, nous-mêmes. Nous sommes menacés de tout perdre.

    1. En économie, on parle de mesures protectionnistes pour désigner des restrictions, interdictions ou avantages ayant pour but de préserver l’industrie et les produits nationaux de la concurrence étrangère. Nous sommes loin de la PMI (Protection Maternelle et Infantile…)

      De fait, dans le monde d’aujourd’hui, ces barrières sont encore très nombreuses. Il suffit de suivre l’actualité de l’OMC pour s’en convaincre. Ou bien la guerre commerciale permanente qui oppose Airbus et Boeing, illustration accomplie des procédés détournés qui élargissent la définition classique du protectionnisme.

      Il ne s’agit donc pas d’opposer la levée de barrières à leur suppression, les deux présentés comme des buts en soi. Mais d’élaborer une vision de la répartition mondiale du travail et de la production selon deux critères.

      1/ Qu’elle soit la plus fonctionnelle possible (cette notion devant être elle-même définie, intégrant par exemple des paramètres environnementaux tels que des allocations de ressources)

      2/ Qu’elle répartisse la plus égalitairement possible la quantité de travail disponible correspondant.

      Deux manières d’évacuer les critères actuels d’optimisation financière exclusive : le capital, en effet, est une ressource comme une autre.

      Ce qui n’est pas, tout au contraire, incompatible avec l’adoption de mesures de protection (des espèces menacées, de l’enfance, des minorités culturelles, des langues en voie d’extinction…)

      La question la plus délicate est, bien entendu, de savoir qui décide et selon quelles procédures ! Ce qui renvoie à l’idée d’une constitution de l’économie et à la notion d’appropriation sociale.

    2. @François Leclerc

      En situant le problème au niveau de la répartition mondiale du travail et des ressources, vous acceptez d’emblée l’idée d’un océan économique mondial dans lequel, bon gré mal gré, il nous faut tous nager.

      Si vous avez raison, dans cet océan là, il n’y aura bientôt plus que que du krill, et quelques baleines, car de très puissants mécanismes de concentration des richesses et de réduction des diversités s’y expriment sans contrepoids. Une gouvernance mondiale, hypothétique et très improbable, ne serait pas en mesure de s’y opposer.

      La diversité est la vraie richesse. Si la vie est un modèle valable, nous sommes portés à croire que cette diversité s’exprime de préférence dans des environnements relativement cloisonnés et protégés, et qu’elle dépérit dans des milieux ouverts à toutes les concurrences.

    3. @françois,
      Magistral!
      Avec peut-être pour chapeauter le tout un système de pilotage complexe pour piloter ce système complexe des échanges commerciaux et monétaires mondiaux.

      Afin de lui donner un sens, là où ne règne que la compétition. Afin d’instaurer une coopération, là où ne règne que l’intérêt de chaque sous-système, le laisser-faire, les passagers clandestins, les représailles ou l’opportunisme protectionnistes, les déficits souverains et l’hypertrophie financière au secours des déséquilibres commerciaux.

      Et la guerre tout court comme régulateur ultime!

      Faudra t’il encore faire subir aux peuples ce passage obligé avant de mettre en place le bancor et le système vertueux coopératif qu’il participerait à instaurer?

    4. L’existence de l’espèce humaine permet tout de même d’envisager que les milieux ouverts ne le soient pas seulement à la concurrence ! D’ailleurs, dans ce que l’on appelle la nature, c’est également réducteur.

      La diversité est certes une richesse, le rapprochement et l’échange le sont également.

      L’éloge du cantonnement n’a pas de limite : il y a toujours un refuge plus restreint possible, quelle est la bonne échelle  ?

    5. La bonne échelle ?

      C’est quand vous pensez à la génération suivante, implicitement au moins (ou surtout).

      LA « fractalité recherchée (entre protectionnisme sans fin et ouverture sans fin) découle alors « naturellement » des singularités de chacun, singularités en tant qu’individu, en tant que membre d’un groupe, et en tant qu’espèce.

      C’est du rousseau-isme fractal pour faire court. Pas d’acc ?

    6. @François Leclerc

      Je suis en plein accord sur vos derniers arguments :
      – Le contact et l’échange sont évidemment des moteurs sociaux très positifs
      – et par ailleurs, l’échelle du cantonnement pertinent est une question toujours ouverte.

      Néanmoins, je perçois, -et je vous demande à tous de percevoir avec moi- une tendance angoissante et une menace gravissime sur la diversité en général, humaine en particulier. Ce dernier demi-siècle a vu se produire deux catastrophes majeures et définitives, auprès desquelles la crise actuelle apparait comme une péripétie terminale :

      – Une extinction de masse des espèces vivantes, qui, si l’on en croit sa vitesse d’évolution, peut se comparer aux bouleversements majeurs de la vie, dont la récurrence se compte en dizaines ou centaines de millions d’années ;

      – La disparition en cours de la plupart des façons d’être au monde de l’humain, au profit d’homo oeconomicus occidentalis.

      Claude Levi-Strauss a exprimé son angoisse sur cette homogénéisation de l’humain, au cours d’une de ses toutes dernières interventions publiques, avec une solennité qui donne à son propos la valeur d’un testament intellectuel. Ignorerons-nous ce message? Les considérations à champ étroit, purement économiques, sont-elles plus pertinentes?

      Il ne s’agit pas de se contenter de réserves d’indiens ou de dogons, de musées des arts premiers et de réglementations de respect du patrimoine. Il s’agit de donner aux divers ensembles humains leur chance de vivre et de se développer en harmonie dans leur diversité, et pas en confusion.

      L’érosion de la diversité est relativement lente à l’échelle de notre perception humaine et politique, et, comme nous sommes occidentaux et que notre modèle est dominant, elle concerne surtout les autres. Elle est aussi facilement masquée par d’autres phénomènes sociaux. C’est pourquoi nous ne la percevons pas comme une menace imminente et vraiment grave.

      Elle l’est. C’est, à mon sens, la plus grave.

    7. @timiota
      Vous êtes très pertinent avec cette idée de fractalité. J’avais proposé aussi la notion de membrane semi-perméable.

      Ceci montre que la discussion du protectionnisme ne doit pas se faire dans des oppositions pour ou contre. Comme le fait remarquer François Leclerc, le protectionnisme existe toujours, sous différentes formes.

      Ce qui est important, c’est en premier lieu de dé-diaboliser l’idée même, que le libéralisme a toujours combattue, et ensuite, d’en déployer intelligemment les termes, comme ceux d’un vocabulaire politique appuyé sur des considérations humaines.

    8. @ Marc Peltier

      Vous vous placez là sur un tout autre terrain. Celui de la préservation de la diversité opposée au nivellement par le bas et la perte qu’une mondialisation bâclée produit.

      C’est une problématique parfaitement fondée, mais elle nous emmène assez loin du protectionnisme économique conçu comme la réponse à lui apporter. De quoi parle-t-on  ?

      Le protectionnisme se veut une riposte face aux inégalités de développement, avec pour objectif de préserver les enclaves plus favorisées.

      Or, il y a un rapport entre les inégalités sociales – que ce soit dedans ou au dehors de ces zones – et l’existence même de ces dernières. La question peut donc est légitimement posée  : comment associer la résorption des unes et des autres  ?

      Devons-nous, à l’inverse, prendre pour modèle de protection les peuples indiens d’Amazonie auxquels l’accès est restreint pour leur éviter toutes les contaminations qui les menacent ? Où s’arrête l’échange et où commence la protection  ? Cela ne renvoie-t-il pas à la nature de l’échange  ?

    9. @timiota

      « La bonne échelle ?
      C’est quand vous pensez à la génération suivante, implicitement au moins (ou surtout). »

      Parce que vous croyez vraiment que l’échelle de l’individu « pensant, » miraculeusement, sa génération suivante est en mesure de révolutionner le système global de mondialisation des échanges? Bel acte de foi!

      C’est donner me semble t’ il beaucoup d’importance à ce qui n’est qu’un infime sous-système multiplié par 7 Milliards.

      Non, cela ne peut être induit, en partie, que par une action de contrôle sur le système le plus complexe, c’est à dire celui qui englobe tous les autres et dont le total des éléments, des informations et des liens qu’il contient est supérieur à la somme de ceux des sous-systèmes.
      Toute action autonome, unilatérale, des éléments intermédiaires, États, entreprises, individus, ou même cellules vivantes pour améliorer le fonctionnement du système global est vouée à l’échec et à la simple accélération du processus de décomposition de l’ensemble systémique, par diminution de la coopération interne, certes résiduelle.

      Ensemble systémique qui se reformera, si rien de catastrophique ne se produit, avec très vite les mêmes dysfonctionnements, car aucun système de pilotage efficient et stable car auto-adaptatif n’aura été intégré.

    10. Je replace ici donc les idées d’un libéral… moi qui suis de gauche.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Vilfredo_Pareto
      En affirmant qu’il ne faut pas lutter contre les inégalités MAIS les réduire à une dose raisonnable. Acceptable, dirais-je.

      Et ceci peut être fait à l’échelle d’un quartier, d’une région, d’un pays ainsi qu’à l’échelle d’une planète.
      Et si 20% d’humains ont plus de 80% de richesse, on leur coupe les vivres.

      Parenthèse Paretorienne : un libéral qui veut un état fort au point d’imposer la liberté à l’individu… J’appelle ça une irrationalité illogiquement anti-contradictoire… 🙂
      (n’oubliez pas que son père a eu des démélés avec l’état italien. Et ça l’a marqué, le fils)

    11. Le protectionnisme se veut une riposte face aux inégalités de développement, avec pour objectif de préserver les enclaves plus favorisées.

      C’est précisément pour vous inviter à complexifier cette définition du protectionnisme, que son énoncé dans ces termes suffirait à disqualifier, que je vous ai interpelé. Il faut voir aussi la possibilité de préserver les enclaves les moins favorisées, et , partant, à contrecarrer, volontairement c’est à dire politiquement, les effets puissamment destructeurs et homogénéisateurs du capitalisme mondialisé, quand on le laisse faire.

      Nous avons nous-mêmes, français, fait valoir bec et ongles notre droit à l’exception culturelle. C’était bel et bien une mesure protectionniste dans le meilleur sens. Refuserons-nous des droits de même nature à d’autres, quand la forme d’exception qu’ils pourraient revendiquer est, le plus souvent, tout simplement vitale? Je parle ici de la plus grande partie de l’humanité, que nous menaçons, et pas seulement du BRIC, qui nous menace…

      Vous évoquez ensuite de la réduction des inégalités sociales, dans et en dehors des zones économiques. Il me semble qu’il y a une différence de nature essentielle entre ces deux cas, car l’inégalité est intrinsèquement une notion relative, dans un même système. C’est précisément la mise en contact économique de zones économiquement non comparables qui crée des court-circuits dévastateurs, et qui peut faire croire que nos pauvres sont trop riches, et que nos travailleurs sous-payés le sont encore trop pour être compétitifs. La notion même de richesse ne peut se définir que dans un référentiel particulier, associé à un modèle de développement, qui caractérise lui-même une zone économique homogène.

      Il y a une façon de présenter la réduction des inégalités dans le monde qui est en fait un laminoir des diversités, et qui sert de faux-nez à des prédateurs dont l’action est en fait d’accroitre ces inégalités, partout, en prétendant qu’elles se réduisent en moyenne, c’est à dire nulle part…

      Il me semble que l’institution du bancor est un des outils qui peut permettre de concevoir des rapports harmonieux entre zones économiques, à condition de considérer comme légitimes les protections semi-perméables qui s’établiraient entre ces zones.

      François Leclerc, l’excellence de vos analyses sur ce blog fait de vous un leader d’opinion, c’est pourquoi je cherche à influencer votre perception des questions liées au protectionnisme, pour que des formulations définitives comme celle qui apparait dans votre billet deviennent plus … « ouvertes ».

      Le débat à ce sujet est en effet légitime, et si des questions de terminologie ou de diabolisation du concept de protectionnisme ne sont pas éclaircies, des oppositions artificielles, à front renversé, pourraient surgir…

    12. @ Marc Peltier

      D’accord sur l’initiative intellectuelle de votre dernier post. Au passage, je veux bien un débat/mise à jour sur les idées de Todd dans ce domaine (qu’il a exprimées en 2007 2008 avec un économiste). Il n’a peut être qu’une minime légitimité dans la chose financière, mais vu de la démographie, il y a de quoi s’exprimer…

      @vigneron

      Toute action autonome, unilatérale, (…) pour améliorer le fonctionnement du système global est vouée à l’échec et à la simple accélération du processus de décomposition de l’ensemble systémique, par diminution de la coopération interne, certes résiduelle.

      Quand j’ai écrit « implicitement (…)(surtout) » , c’est bien pour répondre à cela.

      Simondon, Stiegler et sûrement qqs autres (par chez Derrida ?) ont parlé « d’individuation psychologique et collective », le fait que le collectif se tisse en enchevêtrement avec l’individuel. Le langage est l’Exemple le plus simple, appris à vous par les autres, et vecteur de votre individualité, quand votre conscience s’y accroche. Freud essaye d’accrocher ses wagons à ce train là (ca se discute), Aristote, dans l’Organon relu par Jorion, arrive grosso modo a tracer les lignes de force de cette synthèse psycho-sociale qu’est le langage, définissant une linguistique qui semble éclairante à notre hôte PJ.
      Stiegler en rajoute (après Husserl ?) avec les rétentions « tertiaires », après les secondaires (qui définissent l’individu dans le long terme) et les primaires (idem dans le court terme, pour simplifier) . Exemple de rétention tertiaire, une idée telle la nation, et ça marche « diablement » bien, même pour transformer 10 ou 20% d’une génération en chair à canon (14-18). Mais rétention qui permet aussi une sublimation, qui permet l’élévation laïque que vont souhaiter les hussards noirs.

      Les moments de « bonne action » de ces sublimation et rétentions tertiaires sont toutefois intermittents, nous apprend l’histoire. Après de tels constats, sans souhaiter le bonheur, il me semble que la querelle qui vaille est d’éloigner la « désublimation » complète, la désaffectation des individus, l’abaissement des savoir-faire, etc. En ceci quelques affaires de « faits divers » ont été prises comme « phares » (beacons) par Stiegler : Affaire des époux Cartier, affaire Maxime Brunerie, affaire Durn, émeutes des banlieues en 2005 avec incendies d’écoles de leur propres quartiers. Vous ne m’entendrez pas faire mon Finkielkraut, mais il me semble que oeuvrer à l’intelligibilité de la descente dans l’individualisme, que tout un chacun puisse se rendre compte que la gondole d’hypermarché (et sa caisse automatique) EST une privation de savoir-vivre, que les politiques de recherche publique actuelles sont des négations des savoir-faire, que celles de management dans les groupes comme France Télécom sont des crimes contre les individus, etc…

      Bon j’arrête, mais je conclus en disant que, un peu à la façon dont PJ interloque Elkabbach à la bib Médicis, nous avons notre chance dans le grand jeu des sommes d’individus. Sinon quoi ?

    13. @ François

      Le protectionnisme n’est pas toujours destiné à protéger les enclaves les plus favorisées. La théorie économique admet que des économies émergentes aient besoin de protection pour laisser à leurs industries en gestation le temps de prendre leur envol avant d’affronter la concurrence. Il s’agit là de protéger des pauvres? Et ce sont les pauvres en devenir que nous sommes que j’entends protéger des nouveaux puissants et futurs riches (les chinois pour commencer).

      Par ailleurs, si le protectionnisme protège les enclaves les plus favorisées, le mondialisme entraîne toutes les sociétés vers des inégalités croissantes : le capital infiniment mobile met en concurrence tous les régimes et s’installe là ou les travailleurs sont les plus pressurés et l’investisseur le mieux rémunéré.

      Au fond c’est sans doute la circulation sans limite du capital qui est le pire obstacle au développement harmonieux de notre planète.

      J’ai cité il y a un mois Keynes disant que le plus grand succès de Bretton Wood avait été de permettre aux états de contrôler les échanges financiers internationaux. Pourquoi nos dirigeants pensent-ils exactement le contraire aujourd’hui et se félicitent-ils de l’existence d’un marché mondial des capitaux totalement incontrôlable.

      J’ai été heureux d’entendre Lundi soir M. Jouyet, chef de l’autorité de contrôle des marchés financiers souligner les effroyables risques que nous continuons à courir à cause de ce manque de régulation internationale. Un peu de lumière au milieu de ténébres.

      P.S. A propos des décisions contestables prises par les chambre américaines, je rappelle cette formule entendue à Washington : « Capitol Hill est un milieu très spécial ou les bruits se propagent plus vite que la lumière »

    14. Qui (ou quoi) protéger, de quoi et comment ?

      Le protectionnisme est largement ressenti comme une réponse rassurante et universelle, faute d’en avoir d’autre à disposition.

      Elle trouve sa justification dans des dangers montants du moment (que la Chine représente au mieux aujourd’hui), ou comme alternative sans appel aux conséquences de la mondialisation financière.

      Elle est présentée comme étant la défense des faibles contre les forts, la revanche des peuples contre la finance. Comme si le choix était entre l’ouverture et la fermeture des barrières douanières. Et non pas entre l’asservissement et la liberté, des femmes et des hommes et non de la circulation des capitaux

      Certes, il est nécessaire de substituer au laisser-faire incontrôlé de l’optimisation financière l’expression de choix conscients et démocratiques. Mais cela n’implique-t-il pas de définir une division de la production et du travail, dont le marché n’est décidément pas le levier d’excellence?

      Abandonner au marché, au prétexte de la difficulté de l’exercice et de la caricature qu’a représente la planification bureaucratique, l’organisation de la vie économique, c’est croire encore dans des Dieux tout puissants dont nous sommes les victimes sacrifiées…

      En termes très généraux, cela signifie préserver la diversité tout en favorisant l’échange. Et ne pas s’opposer aux mélanges, aux croisements, aux déplacements, car l’histoire est là pour montrer que c’est ainsi que l’humanité s’est construite.

      Ceci fermement posé, il est ensuite possible de favoriser par des mesures adaptées la protection de ceux qui le nécessitent. Des espèces comme des cultures, de la culture comme des langues, des minorités comme des opprimés.

      Pas de faux débat, pas d’ambiguïté !

    15. @ François Leclerc

      La voix de la paix et de la raison sonne bien faiblement dans le tintamarre de nos périodes agitées et vengeresses…
      La colombe et le tambour….
      Jaurès et Zweig contre Barres et Mauras…

  26. Ce qu’on peut souhaiter, c’est que la tentative d’équilibre se poursuive sur le champ économique car si elle s’aventurait sur le champ militaire, ce serait plus problématique avec rien que pour la Chine une armée active de plus de deux millions d’hommes.

  27. La notion de protectionnisme me semble être un écran de fumée utilisé par les serviteurs des multinationales.
    Les vraies questions sont : que produisons nous, pour satisfaire quels besoins, pour quel usage ?
    Une partie de la réponse consiste à favoriser les productions locales et régionales pour les produits, et non les marchandises, d’usage.
    F. Leclerc a raison d’évoquer le protectionnisme qui règne dans la concurrence entre les deux constructeurs d’avion, mais cette question seule est un exemple de ce que je nomme « écran de fumée. »
    La vraie question est : avons nous besoin de tous ces avions et pourrons nous DURABLEMENT les utiliser ?

  28. Je vous le donne en exclusivité :
    La question que posera MR Jorion pour BFM est : Ne sommes nous pas tous un peu des Jerome Kerviel ?

    1. En effet, si l’on prend un modèle « spatio-temporel » pour fixer l’horizon des conséquences de nos actes, l’acceptation massive du court-termisme signifie que là où nous faisons nos gains, nous ne voyons pas les conséquences au-delà d’un temps court et d’un espace limité.
      Au-delà de la « culpabilité » de l’homme blanc, du consommateur (vous boycotterez BP comme j’ai boycotté Total depuis l’Erika ?), ou autre (qui serait simplement quantitative, ce qui reste un aspect évident de la question , notamment pour l’environnement), je vois plutôt la question de la désublimation telle que la pose Stiegler.

      Nous sommes dans un capitalisme pulsionnel , les spasmes orgasmiques des marchés ont rapporté des satisfactions au staff de la SG (je viens de lire le roman de Flore Vasseur « Comment j’ai liquidé..; », éloquent aussi, j’ai pensé à la citation de Stendhal, le roman comme « miroir qu’on fait voyager le long de la route »), mais rien de tout cela ne « lie » les pulsions vers un « bien commun », une « rétention tertiaire », comme le furent les idées de « nation », de « justice » dans les meilleurs moments de notre histoire.
      Donc rien qui respecte savoir-vivre et savoirs-faire. Vive la main qui sait ( allusion à R. Sennett).

    1. Le Yuan est maintenu par les autorité chinoises dans une zone de fluctuation de + ,ou – 0,50 % par rapport au dollar ; aujourd’hui à 11h15, il s’est évalué de 0,30% par rapport à vendredi.

      L’annnonce d’une politique d’assouplissement (spéciale G20) devrait néanmoins conduire à une réévaluation d’environ 2% d’ici fin 2010.

      Les bourses s’envolent aujourd’hui en fonction du « vieil adage » : Acheter la rumeur, vendre la nouvelle. La rumeur est l’illusion d’un flottement complet du Yuan, la nouvelle c’est François Leclerc qui l’analyse dans ce billet (avec la maigre précision que je donne ci-dessus).

      Sauf autre rumeur (je ne vois pas de bonne nouvelle), la bourse devrait corriger une fois l’illusion dissipée.

    2. Arrêtez avec ces balivernes de cours du Yuan! Entre 2005 et 2008, il est monté de 21%, sur décision bien sur des autorités chinoises! Résultats: néant ou à peu près!
      Cette appréciation n’a pas eu d’effet notable sur la balance commerciale américaine. Le déficit courant des États-Unis s’est même creusé en 2006 et est resté important jusqu’en 2008, année durant laquelle il s’est réduit en raison de la récession.

  29. Dès qu’on parle des économies émergentes et de leur formidable croissance, on a tendance à voir cette évolution comme la fin de la domination de l’Occident. Je suis toujours désolé de voir qu’on reste finalement dans le registre de la peur. A mon avis, nous vivons un phénomène de rattrapage du reste du monde, et l’on devrait s’en réjouir quand on voit les Chinois accéder à la société de consommation. Quand un agriculteur passe au tracteur, quand la mécanisation vient se compléter au travail de l’homme, il ne faut pas s’étonner de voir ces pays atteindre des taux de croissance époustouflants au fur et à mesure que ces technologies se diffusent dans l’économie.
    La problématique des pays développés est différente car la frontière technologique limite notre potentiel de croissance. Tout l’enjeu pour un pays comme la France est d’entrer ou de rester dans le club fermé de pays qui déplace cette frontière technologique en lançant les prochaines grandes innovations de demain. Notre job n’est pas donc pas de s’apitoyer sur notre sort en voyant les autres sortir de la misère mais de nous concentrer sur ce que nous avons à faire en réalisant que nous restons les seuls maitres de notre avenir.
    Ceci étant dit, une nouvelle organisation monétaire est nécessaire dans le sens où ses défaillances sont à l’origine d’une montée des tentations protectionnistes face aux répercussions sociales engendrées par les déséquilibres commerciaux à travers le monde. Ricardo, en présentant sa théorie des avantages coopératifs, n’aurait jamais pu imaginer que la valeur d’une monnaie ne serait plus déterminée par les seuls échanges de biens et services. Au début des années 80, les échanges de biens et services correspondaient à 80% des flux monétaires contre 20% pour les mouvements de capitaux. Aujourd’hui, le phénomène s’est inversé, les mouvements de capitaux représentent 80% des flux monétaires. Il ne faut donc plus s’étonner de voir le taux de change d’une devise s’écarter durablement de son niveau d’équilibre qui assurerait l’équilibre des échanges. Les déséquilibres commerciaux peuvent devenir durables et destructeurs d’emplois. Est-ce qu’une monnaie internationale réservée aux seuls échanges financiers serait la solution ? je crois qu’effectivement que cette question reste une des clés de la crise actuelle et de la reprise de demain.

    1. Intéressant, Gribouille.
      En tant que cartésien, je vais retourner votre raisonnement sur la notion d’ « équilibre ».

      Imaginons que notre niveau de vie soit largement supérieur à celui des pays émergents et qu’il nous faille, tout simplement parce qu’ils « émergent », en venir à vivre comme des Chinois ou des Indiens…??
      Hors, vous n’êtes pas sans savoir qu’un ré-équilibrage qui amènerait la planète ENTIERE à vivre comme les occidentaux est impossible. Pour cause de ressources naturelles et de pollution de l’atmosphère.

      Ou peut-être voulez-vous que nous continuions à produire de la richesse virtuelle sur papier pour que chacun s’estime « riche »..???
      Mais sans pouvoir s’acheter quoique ce soit, l’intérêt va vite être limité…

      Ca coince dans tous les sens, là, non?

  30. Tiens, c’est la première fois que je vois l’expression «mirage aux alouettes» au lieu de «miroir aux alouettes»…

    Estelle, sursautant: Une plaque rouge, quelle horreur! Où ça?
    Inès: Là! là! Je suis le miroir aux alouettes; ma petite alouette, je te tiens! Il n’y a pas de rougeur. Pas la moindre. Hein? Si le miroir se mettait à mentir? Ou si je fermais les yeux, si je refusais de te regarder, que ferais-tu de toute cette beauté? N’aie pas peur; il faut que je te regarde, mes yeux resteront grands ouverts. Et je serai gentille, tout à fait gentille. Mais tu me diras: tu.

    Jean-Paul Sartre, Huis clos.

  31.  » Ce que nous vivons va bien au-delà de la fin des Trente glorieuses. Dans l’immédiat, vu le simulacre de régulation financière qui est en cours, les clefs de la maison sont toujours confiées à ceux qui y ont mis l’incendie. Triste et inquiétante constatation. »

    Ce qui ne semble guère mieux à voir aussi dans le monde du football aujourd’hui, quelle bien triste coupe du monde pour la France, c’est surtout toujours la belle coupe du monde de l’égoisme et de l’individualisme forcené elevé au petit lait dans la plupart des clubs du monde, toujours en fait pour les belles valeurs de l’argent et de la seule réussite personnelle en société comme publicitaire.

    Pauvre Yohan Gurcouf je me demande bien ce qu’il fait dans cette équipe de petits caïds gagnant sans doute pas encore assez d’argent pour montrer de meilleures valeurs de conduite, en espérant quand même que la prochaine fois on sélectionne de meilleurs bonhommes pour représenter le pays c’est important je crois surtout en période de crise pour le pays et pour les enfants aimant beaucoup le football et pas du tout pour le beau monde de la finance mondiale et des banquiers.

    Moi c’est surtout cela qui m’attriste le plus en ce moment, même plus de pains ni de jeux pour le pays mais où va-t-on ?

  32. Cher Monsieur Leclerc,

    Je suis d’accord avec votre affirmation :
    « L’issue serait de remettre … la mondialisation … sur la voie d’une coopération économique visant à combler …les inégalités de toutes natures qui sont à l’origine des profonds déséquilibres actuels, qui ne seront sinon pas surmontés, continuant de produire les mêmes effets. ».

    Co-opérer, opérer avec les chinois, les asiatiques, les africains signifie co-créer ensemble dans l’équité et le respect des intérêts individuels et collectifs de chacun, les structures et processus de création d’un développement économique et social qui soient harmonieux.

    Le talent, l’intelligence, la créativité sont les trois piliers sur lesquels les acteurs de chaque pays et régions cités doivent oeuvrer avec leurs partenaires occidentaux.

    Saurons-nous ensemble co-créer un monde viable pour nous tous et les futures générations ?

    Que les leaders et éclaireurs des nouvelles voies à explorer s’engagent et démontrent concrètement que cela est possible. Cela est déjà le cas. Je vous invite à voir pour preuve :

    – Le livre 80 hommes pour changer le monde
    http://www.amazon.fr/hommes-pour-changer-monde-Entreprendre/dp/2709627140
    Les vidéos d’un des deux auteurs, Mathieu Leroux :
    http://www.youtube.com/watch?v=uYbylf3qoj0
    http://www.youtube.com/watch?v=mzp5piJey1w

    – Le film de Coline Serreau : Solutions locales pour un désordre global
    http://www.solutionslocales-lefilm.com/

Les commentaires sont fermés.