L'actualité de la crise: le syndrome grec, par François Leclerc

Billet invité.

LE SYNDROME GREC

En Europe, la crise a élargi son terrain. Elle était celle d’un Etat devant faire face au refinancement de sa dette alors que ses taux obligataires grimpaient (ils sont toujours très élevés, même s’ils se sont détendus), elle est aussi devenue celle du système bancaire dans son ensemble.

Certes, certaines banques sont plus exposées que d’autres au risque grec – ou bien demain portugais ou espagnol – mais toutes sont en réalité menacées. Car quand elles ne le sont pas en raison de leurs filiales – toutes les banques du pays étant désormais tenues hors de l’eau par la BCE – elles le sont en raison de la dette souveraine qu’elles ont en portefeuille, toujours susceptible d’une décote en dépit de l’activation probable du plan de sauvetage, qui n’en prévoit pas. Enfin, elles ont subi des baisses en bourse, touchant indifféremment les valeurs financières, sans faire le détail. Aujourd’hui vendredi, le marché présenté comme serein est dans l’attentisme, suivant l’expression consacrée, les financières souvent encore à la baisse.

La crise des banques européennes va-t-elle être stoppée par le sauvetage de la Grèce ? Rien n’est moins sûr, car elles vont être désormais sous une triple menace : celle qu’un nouveau point faible de la zone euro soit pris dans une tourmente identique, celle d’une décote des obligations grecques, qui pourra ultérieurement s’imposer, celle d’une décote d’autres obligations à la faveur d’une extension de la crise à un autre pays et d’un plan de sauvetage l’impliquant.

La prochaine réunion de la BCE, prévue jeudi prochain à Lisbonne, est donc attendue avec beaucoup d’attention. L’un des enjeux est que celle-ci continue d’accepter en pension la dette souveraine de pays dont la notation continuerait à baisser, l’obligeant à revoir à nouveau le plancher qu’elle a fixé dans ce domaine. Pouvant aboutir à une situation où la BCE en viendrait à accepter systématiquement en pension la dette souveraine de la zone euro, ce qui reviendrait à totalement détourner – sinon dans la lettre tout au moins dans l’esprit – ses propres statuts et l’interdiction qui lui est faite de financer directement la dette des Etats.

Les chefs d’Etat et de gouvernement, qui devront encore entériner le 7 ou 8 mai prochains le plan de sauvetage de la Grèce à l’unanimité, ne s’en tireront pas à si bon compte. Non sans de grandes difficultés, ils ont fait de mauvais choix auxquels ils vont être confrontés. D’abord en plaçant la barre beaucoup trop haut pour le gouvernement grec. Combien de temps sera-t-il possible de ne pas le reconnaître ? Ensuite, en choisissant de protéger leurs banques sans se soucier du montant exorbitant de l’addition qu’ils veulent faire payer aux grecs. Les Allemands faisant preuve de plus d’intelligence politique en associant tout de même leurs banques au sauvetage.

Si l’on considère la Grèce, la tâche du gouvernement serait facilitée s’il pouvait laisser entrevoir aux Grecs une lumière au bout du tunnel. Des financements européens auraient pu lui permettre de lancer un programme d’investissement dans des activités génératrices d’une future croissance. Ce n’est pas le cas. Le plus probable est que le pays va s’enfoncer dans la récession, vu ce qui est exigé de lui.

Si l’on envisage la zone euro, une réflexion devrait être au plus vite engagée sur un mécanisme de sauvetage global afin d’éviter d’aborder par étapes une crise concernant toute la zone car mettant en cause l’euro, ce qui est le meilleur moyen d’augmenter son coût final. Le montant minimum qui circule à ce propos est de 500 à 600 milliards d’euros, une enveloppe dont la couverture ne peut pas être le résultat d’une nouvelle improvisation, ni la reconduction élargie du dispositif actuel.

La mutualisation de la dette européenne, sous une forme ou sous une autre, est la seule solution si les gouvernements veulent éviter ce qui sera sinon, au mieux, un long dérapage non contrôlé. Poser le préalable d’une politique économique commune, d’une Europe fiscale ainsi que sociale est un luxe qui n’est même pas envisageable, faute de temps et d’accord politique. Faute, également, d’un leadership européen qui fait totalement défaut, au vu de ce que la génération actuelle des femmes et des hommes politiques européens est capable de produire.

Sortir de la tendance déflationniste dans laquelle l’Europe se trouve, et va continuer de s’enfoncer en application du vide stratégique actuel, ne se réglera pas par l’opération du Saint Esprit. Cela suppose de prendre en compte la dimension sociale de la crise, et non pas de s’en tenir à des paramètres économiques et financiers désincarnés, qui masqueront l’accroissement des inégalités sociales et de la précarité ainsi que le déclassement d’une partie des classes moyennes.

Les dernières statistiques d’Eurostat viennent de sortir, qui font état pour mars d’un chômage au dessus de la barre des 10% au sein de la zone euro. Il s’agit évidemment d’une moyenne, calculée sur la base des chiffres officiels fournis par les gouvernements. L’augmentation du nombre de chômeurs, qui se poursuit, pourrait simplement croître moins vite, est-il pronostiqué. Mais la publication de cette statistique est éclipsée par les nouvelles se voulant apaisantes de la détente des taux obligataires, de la baisse du coût des CDS sur la dette. Comme pour la brasse papillon, on sort la tête de l’eau avant de la replonger.

Le syndrome grec va désormais hanter l’Europe.

93 réponses sur “L'actualité de la crise: le syndrome grec, par François Leclerc”

  1. François Leclerc,

    Ca me gêne quand vous dites ceci « Les chefs d’Etat et de gouvernement », car il s’agit d’une seule personne, d’un seul gouvernement et même d’un seul peuple: Merkel, l’Allemagne.

    Je pense qu’il faut arrêter les politesses quand les choses deviennent gravissismes à ce point.
    En effet, pourquoi rester solidaire en parole avec un pays qui ne l’est plus en acte depuis au moins dix ans ? S’il ne l’a jamais été d’ailleurs… Il faut commencer par tomber les masques et les hypocrisies européennes et ne pas avoir peur de désigner les coupables, d’autant moins quand ils ne peuvent plus être cachés à ce point !

    Maastricht, c’est l’Allemagne, l’ouverture des capitaux c’est l’Allemagne. Le dumping salarial et la politique économique souverainiste pour ne pas dire nationaliste et à courte vue, c’est l’Allemagne.

    Et bien avant cela, la privatisation du secteur public (services publics ET entreprises nationales), c’est encore et toujours l’Allemagne. Même, le désastre d’EADS, c’est l’Allemagne ! Et j’oublie foule de détails. Le ratage du mariage de la bourse de Paris avec Francfort, c’est une fois de plus l’Allemagne, etc etc etc.

    Le passif commence à devenir vraiment très lourd et je reste poli.

    Basta cosi maintenant !

    1. Et si…
      Et si les dirigeants allemands pensaient à leur pays avant leur carrière…???

      Contrairement à d’autres dirigeants (suivez mon regard…)

    2. C’est un peu fort ! comment peut-on accuser l’Allemagne de défendre ses intérêts. Je rappelle que l’Union Européenne n’est pas un état fédéral, même pas un état confédéral. C’est une simple association entre pays souverains. Ce n’est pas la faute de l’Allemagne si l’on a mis la charrue avant les boeufs, c’est-à-dire l’union économique et monétaire avant l’union politique. Tous les états portent cette responsabilité, la France, le Bénélux et l’Italie autant que l’Allemagne (Europe des 6). Mme Merkel défend les intérêts de son pays, comme nous défendons nos propres intérêts. Ne soyons pas naïfs au point de croire que nous essayons de sauver la Grèce par solidarité. Nous le faisons parce que les banques françaises sont les plus impliquées dans la détention de bons du Trésor grec, à hauteur de 51 Mds d’Euros, mais aussi parce que la France pourrait aussi, un jour, se trouver dans une situation proche de celle de la Grèce. Notre gouvernement plaide donc pour notre chapelle.

      Ceci dit, je reste convaincu que nous faisons un mauvais calcul. La Grèce ne peut plus emprunter. Or, la dette grecque vis-à-vis de l’étranger est supérieur à 200 milliard d’euros. Ce qui veut dire que la France va devoir prêter à la Grèce, plus de 40 milliard d’euros. Comme la France est déjà très endettée, et qu’elle ne dégage aucun excédent, ni budgétaire, ni commercial, la France va donc devoir emprunter davantage. Le coût de cet emprunt va peser très lourd sur les contribuables français. Tôt ou tard, lorsque les difficultés deviendront insupportables pour les Français les moins riches, il sera reproché au gouvernement se s’être endetté pour les Grecs au détriment des Français. Les risques politiques n’ont pas été appréciés par nos gouvernants, au contraire de Mme Merkel. Les Français peuvent accepter de se serrer la ceinture pour eux-même, mais pas pour l’étranger. Plutôt que de prêter des dizaines de milliards à la Grèce, que nous n’avons pas, et sur lesquels nous n’avons aucune garantie de remboursement, nous eussions mieux fait d’aider la Grèce à sortir de l’euro pour qu’elle puisse dévaluer sa monnaie, quitte à réévaluer sa dette en drachmes. Cela nous aurait couté infiniment moins cher, et cela aurait été moins dur pour les Grecs.

      Vouloir à tout prix maintenir la Grèce dans l’euro, n’est pas une action solidaire, mais idéologique. Nos gouvernants ont peur de perdre la face en reconnaissant que la création de l’euro, dans une zone économique très disparate, et sans union politique, fut une erreur.

    3. Hein, quoi, qu’entends-je, que lis-je ?

      C’est un peu fort ! comment peut-on accuser l’Allemagne de défendre ses intérêts. Je rappelle que l’Union Européenne n’est pas un état fédéral, même pas un état confédéral. C’est une simple association entre pays souverains. Ce n’est pas la faute de l’Allemagne si l’on a mis la charrue avant les boeufs, c’est-à-dire l’union économique et monétaire avant l’union politique. Tous les états portent cette responsabilité, la France, le Bénélux et l’Italie autant que l’Allemagne (Europe des 6).

      Alors lisez mon post ci-dessous, et surtout l’article du Diplo où vous trouverez le lien. Les néolibéraux allemands ont torpillé toutes les propositions de la France pour mettre une pincée de socialité dans le Traité de Rome. Je cite :

      Dès 1957, le député radical Pierre Mendès France soulignait que la seule solution « correcte et logique » à la constitution du Marché commun aurait été d’exiger « l’égalisation des charges et la généralisation rapide des avantages sociaux à l’intérieur de tous les pays du Marché commun (11) ». Le Quai d’Orsay avait d’ailleurs établi des propositions allant en ce sens. Ces velléités ne résistent pas longtemps à la détermination des négociateurs allemands. « La liste des revendications et réserves françaises était interminable, rappelle avec dédain Marjolin, alors membre du cabinet du ministre des affaires étrangères Christian Pineau. La négociation du traité de Rome consistera à en faire tomber le plus grand nombre possible, en n’acceptant que les demandes conformes à l’esprit du Marché commun (12). »

    4. Patrick-Louis Vincent.

      Qu’un pays sorte de l’Euro, et c’est l’Euro qui dégringole… car la perte de crédibilité nous toucherait de plein fouet.

      Il faudra, de toute façon, en arriver à faire comme tous les autres pays ou zones économiques du monde. Soit faire sauter les règles de Maastricht.
      Mais bon, d’ici là, les élections anglaises auront eu lieu.

  2. vous venez confirmer mes inquiétudes.
    je crains qu’un jour, en plein soleil de midi, on n’annonce qu’une banque grecque n’ait du déposer le bilan, par faute d’accès au financement, que ne prévoit évidemment pas ‘le plan’ (ce pourrait être un titre de zérie Z).
    Et en catastrophe, on fera encore de réunions, l’Allemagne jouera sa partition, la France itou, etc.
    Sauf que là, les choses n’attendront pas. Les banques ne sont pas des états. Puis paniques boursières, métastases, leucémie foudroyante : credit crunch.

    Il va falloir taper fort : stres test avec fermeture comme en 33, réouverture de celles qui fonctionnent sinon nationalisation, actifs pourris achetés par la BCE, etc.

    1. « …sinon nationalisation… » dites vous.
      ne serait ce pas la solution radicale ? Aux grands maux les grands moyens et puisque le peuple doit trinquer autant qu’il le fasse en récupérant le contrôle des banques. L’addiction aux jeux est une maladie bien trop sérieuse pour laisser aux joueurs le choix de leur guérison. Tel un père trop accro qui mène sa famille à la ruine, ainsi font les banques à l’égard des peuples.

  3. « … et l’interdiction qui lui est faite de financer directement la dette des Etats », écrivez-vous.

    Si j’en crois Jean-Luc Mélenchon dans son dernier post, « il existe dans le traité [de Lisbonne] des dispositions pour les cas de crise majeure. Ces mécanismes se situent dans la partie du TFUE qui traite de la politique économique et monétaire. Il s’agit des aides exceptionnelles à un État membre de la zone euro. L’article 122 alinéa 2 du TFUE prévoit que « lorsqu’un État membre [de la zone euro] connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d’événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l’Union à l’État membre concerné. Le président du Conseil informe le Parlement européen de la décision prise » ».

    Et de souligner que c’est là la raison de l’acharnement d’Angela Merkel, et à sa suite de toute la presse, à affirmer que si les Grecs sont dans le pétrin c’est leur très grande faute, et à eux seuls. À la lumière de cet article du traité de Lisbonne, l’attitude de l’UE est particulièrement répugnante.

    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2010/04/juste-la-veille-pour-le-lendemain/

    1. Je ne partage pas cet avis. La situation grecque ne relève ni d’une catastrophe naturelle, ni d’évènements exceptionnels échappant à son contrôle.
      Ce qui arrive à la Grèce est la conséquence de l’impéritie de ses gouvernements successifs qui ont laissé croire à sa population, que l’on pouvait vivre impunément au dessus de ses moyens.
      Je suis partisan de la responsabilité des personnes et des états.

    2. @Patrick-Louis Vincent : c’est incroyable à quel point votre opinion, sur ce post comme sur les autres, me semble une copie conforme de celle des médias « mainstream » ! Je ne vous le reproche pas, notez-le bien, il faut de tout pour faire un monde, et je suis content de trouver des gens qui ne sont pas de mon avis. Ca m’occupe de leur répondre et de faire valoir ainsi ma petite opinion perso. A l’avenir je vais vous suivre de près, je pourrai me constituer un catalogue de clichés sans avoir à me farcir des heures de télé.

  4. un autre syndrome : le syndrome de Goldman Sachs.
    http://www.latribune.fr/depeches/reuters/wall-street-finit-en-forte-baisse-avec-goldman-sachs.html

    Si les auditions de la SEC ont déjà pu favoriser la levée de l’opposition des républicains à l’examen du projet de ‘réforme financière’, les plaintes au civil et maintenant au pénal touchent là où ça fait mal à GS : -9% titre, -20 milliards en capitalisation. Comme avec Al Capone.

    «  »Ça fait peur, ça fait baisser l’ensemble du marché », commente Dave Rovelli, chez Canaccord Adams à New York « Nous sommes de retour dans la phase d’incertitude et quand il y a de l’incertitude, ce n’est jamais bon. »

    Qu’à cela ne tienne, on peut les ‘rassurer’ 🙂

  5. Bonjour M. Leclerc,

    Je suis souvent d’accord avec vos écrits, cependant lorsque vous écrivez « Des financements européens auraient pu lui permettre (la Grèce) de lancer un programme d’investissement dans des activités génératrices d’une future croissance. », n’est-ce pas ce qu’on fait tous les gouvernements des états d’Europe, d’Amérique et du Japon pour relancer leur croissance et pour en arriver à une dette souveraine excessive mettant en danger le système monétaire et économique mondial ?

    Ne vaut-il mieux pas arrêter cette fuite en avant et mettre les grecs (et les autres nations) devant les réalités et faire baisser les dettes, quitte à prolonger une récession douloureuse, mais salvatrice à terme ?

    Quant à l’Allemagne, si elle a mis en danger l’Europe en hésitant à dire OUI au plan d’aide, je pense qu’elle a agit bien plus logiquement dans ce monde d’économie de marché (qu’on le veuille ou non pour l’instant nous sommes dans une économie de marché) que les autres pays d’Europe.

    Reprocher à l’Allemagne d’avoir adapté son économie pour devenir un grand pays exportateur, c’est comme si on reprochait à un élève d’avoir de bonnes notes à l’école (n’est-ce pas Mme Lagarde).

    Cordialement…

    1. @Suricat qui dit « Reprocher à l’Allemagne d’avoir adapté son économie pour devenir un grand pays exportateur, c’est comme si on reprochait à un élève d’avoir de bonnes notes à l’école (n’est-ce pas Mme Lagarde). »

      Vous semblez donc considérer le fait d’être exportateur net comme une vertu particulière ?

      1/ Mais mon cher ami, il faudrait nous expliquer par quelle étrangeté mathématique, tous les pays de l’UE (puisqu’ils font l’essentiel de leur commerce entre eux y compris l’Allemagne) pourraient être exportateurs nets ?!

      2/ Quant au sort de l’Allemagne elle-même, être un exportateur net chronique, c’est fondamentalement ne JAMAIS voir la couleur de ce qu’on produit ! Réfléchissez un tout petit peu et peut-être vous verrez à quel point la chose est absurde.

      3/ et je reviens sur le premier point. Pour que tel pays exporte, il faut donc que d’autres importent. Jusque là, vous suivez ou vous êtes déjà largué ? Maintenant, pour que ces autres importent, il faut donc qu’ils aient les moyens d’acheter. Ce qui suppose que le pays importateur soit plus riche de façon chronique (sans trop savoir comment, à crédit dans le cas américain), et donc que le pays exportateur soit plus pauvre pour être compétitif (entre nations de niveau de développement égal ce qui est le cas dans la zone euro).

      Conclusions: Outre le fait que votre propos n’a ni queue ni tête, comment voulez-vous sur la longueur que de tels déséquilibres perdurent ? Sans que non pas le pays importateur fasse faillite, mais bien au contraire le pays exportateur et de façon retentissante !

      Le pays en europe qui pose un problème considérable, ce n’est pas la Grèce bien trop petite, ni la France dont la balance reste malgré tout assez proche de l’EQUILIBRE, mais l’Allemagne !!!!

      Vous avez noté le mot-clé au passage ? E-QUI-LI-BRE !

    2. Bien d’accord!
      « avoir de bonnes notes à l’école  » signifie « prouver sa capacité à intégrer la norme supérieure ».
      Cela n’est en rien un signe d’intelligence et relève davantage d’une allégeance simiesque.
      Surtout lorsque l’école en question est celle de Chicago, connue pour ses « adaptations » grandioses.

      Mais quels miracles économiques nous attendent en Europe, au sortir de « récessions douloureuses et salvatrices », au sortir d’une idéologie révolue ayant en France conduit au pouvoir l’incarnation de l’avarice la plus parfaitement dégénérée? Quel miracle au juste?
      Un miracle Japonais? Un miracle Argentin? Un miracle Chinois? Un miracle Américain?
      Puisse le peuple Grec nous montrer le chemin, et saper les stratégies criminelles de la guilde des usuriers.

    3. « Reprocher à l’Allemagne d’avoir adapté son économie pour devenir un grand pays exportateur, c’est comme si on reprochait à un élève d’avoir de bonnes notes à l’école » : C’est le point de vue dominant qui voudrait que l’on soit tous de « bons élèves ». Bonjour l’infantilisation, soit dit en passant, qui laisse entendre que Goldman Sachs, par exemple, serait un « très bon élève » puisqu’elle fait des mégas profits.

      Ce que l’on reproche à l’Allemagne, c’est d’avoir comprimé sa demande intérieure au détriment des débouchés commerciaux de ses partenaires européens qui, n’ayant pas l’heur d’être tous champions es machines-outils et berlines haut de gamme, ne produisent, disons par caricature, que des fruits et légumes. Ce faisant, l’Allemagne a mené une politique d’euro fort favorisant, chez ses partenaires, l’achat et l’endettement, donc les importations, au détriment de la production par soi-même et des exportations.

      Dans un contexte de concurrence mondiale acharnée, l’Allemagne avait seulement la chance d’avoir un atout dans sa manche, mais pensez aux petits pays dont l’industrie n’a jamais été florissante, (Grèce, Espagne, Portugal), et ceux comme la France et l’Italie dont l’industrie est concurrencée par l’Allemagne elle-même, mais aussi par les US, le Japon, la Chine : pour ceux-là, un euro fort est une calamité. Alors, si leur plus gros partenaire décide de réduire ses importations au maximum pour faire le bon élève, ils se trouvent condamnés à faire comme lui : réduire les dépenses, tailler dans le vif des aides sociales, etc. Bref, le modèle du « bon élève » ne conduit qu’à des bagarres toujours plus violentes sous le préau.

    4. Tant que l’on reste au niveau d’analyse de la désignation des « bons » et « mauvais » élèves, on ne progressera pas beaucoup…

      Voyons plutôt les chiffres, ou les « notes » : la dette de l’Allemagne (fin 2009) est de 74% du PIB, soit très proche de la moyenne zone Euro (France : 75%). Où est la vertu?

      Vous parlez du commerce extérieur excédentaire. Il faut y voir de plus près, et la segmentation des exportations allemandes par région du monde.
      Zone Euro : 45% des ventes
      Europe (Euro et non Euro) : 60%
      US : 7%
      BRIC : 10%
      Le reste étant dispersé.

      Donc, pour l’essentiel, c’est la zone euro qui reste la zone de chalandise principale de l’Allemagne. Les BRIC ne sont pas près de s’y substituer. C’est donc en majorité parce que les autres pays de l’Euro importent que l’Allemagne exporte.

      Donc, pour l’essentiel, l’Allemagne profite plus de de la zone Euro qu’elle ne la fait progresser. Le fait de vouloir que les autres pays de l’Euro adoptent le même chemin (la déflation), ou bien en soient exclus n’est pas soutenable à long terme. D’ailleurs l’Allemagne commence à s’en apercevoir, et à opérer un virage à 180° : ses banques sont très impliquées dans les pays du sud (un peu la Grèce, davantage l’Espagne et le Portugal). La « contagion » à ces 2 derniers pays a dû la ramener à la réalité. On notera que les sondages d’opinion viennent de se retourner en Allemagne…

      Cette référence tenace aux « bons » et « mauvais » élèves en lieu et place d’une analyse en terme de systèmes d’échanges a pour conséquence évidente d’introduire une tension forte entre pays de la zone Euro, préjudiciable à l’Allemagne elle-même. Car au lieu de mettre l’accent sur l’excellence de ses produits (qui est réelle et résulte notamment de capacités en termes de R et D), on se place dans un cadre moral qui n’a pas lieu d’être.

    5. Je partage votre point de vue.
      Une remarque toutefois. Il y a bien longtemps que les états n’emprunte plus pour faire des investissements (c’était le cas sous Pompidou et nous en gardons encore les fruits). Non, nous empruntons, depuis 30 ans, pour faire de la redistribution clientèliste. Mais, plus on emprunte, plus il faut rembourser. Plus il faut rembourser, plus on augmente les impôts. Plus on augmente les impôts plus le pouvoir d’achat diminue. Plus il diminue, moins l’on consomme. Moins l’on consomme, plus le chômage augmente. Plus il augmente, plus les rentrées fiscales diminuent, et plus l’on doit emprunter.
      C’est le cercle vicieux dans lequel presque toutes les démocraties sont tombées.
      Mais tout à une fin ; même l’état providence. Nous approchons de la conclusion.

    6. Je pense qu’effectivement l’on mélange tout et c’est le postulat de départ de cette Europe qui le veut.
      Au lieu de rapprocher démocratiquement peuples et économies pour, in fine, dans certains cas, parachever les synergies en fusionnant les monnaies, acte fort s’il en est, l’on a fait l’inverse. De même, l’objectif humain et social n’est-il que collatéral et non central.

      Globalement, comment concilier une monnaie unique avec, sur le plan économique, des intérêts économiques divergents qui ne peuvent que créer des tensions graves en cas de crise.

      Aucun des pays du sud n’aurait dû intégrer l’euro ; ce fut une faute gravissime. Aujourd’hui, l’on demande aux autres peuples européens, qui se serrent déjà la ceinture, de régler une ardoise à fonds perdus, sans même être sûr que cela servira à quelque chose et en se délestant de capitaux si précieux demain.
      La réalité est aveuglante : changer de système ou apurer les dettes au prix d’une boucherie économique inédite. Évidemment, l’on n’en fera rien et l’on creusera un peu plus le trou des crédits.

    7. Un poil de calme ne serait pas superflu.

      En fait vous avez tous les deux raisons, ken avo evoque l’equilibre et c’est cet equilibre qu’il faut rechercher en toute chose.

      Le probleme c’est qu’a l’exterieur de l’UE, l’equilibre n’est pas forcement souhaite par les autres etats.

      Et puis l’allemagne n’est pas responsable de tout, comme la grece n’est pas victime de tout.

    8. @ Ken Avo : vous êtes quand même bien sévère avec nos amis allemands -) Vos arguments sont certes solides mais remarquez que personne au sein de l’UE n’a empêché la France ou l’Italie par exemple de suivre la même politique que l’Allemagne ! Autrement dit, personne n’a empêché personne d’être comme l’Allemagne, le « bon élève » ! Par ailleurs, vous citez le cas d’EADS. OK il y a des problèmes, mais personne n’a obligé les Français a accepté le deal proposé par les Allemands et Daimler en particulier au moment de sa création. Si le montage était mauvais, pourquoi le gouvernement Jospin l’a t-il accepté ? L’erreur dans ce cas n’est elle pas à partager 50/50 et pas uniquement rendre les Allemands responsables ? Bref, le Allemands ont défendu leurs intérêts, mais qu’avons nous fait nous ?

    9. Bonjour Ken Avo,

      Je serais à moitié d’accord avec vous si le monde n’était que l’Europe, or nous le voyons tous les jours, nous sommes inondés de produits Made in China, Taïwan, Turquie…

      Il n’est effectivement pas possible que tout le monde soit exportateur net, mais quand vous parler d’équilibre, nous en sommes justement loin. L’Europe (sauf l’Allemagne, qui n’est pas pauvre par ailleurs) est-elle condamné à s’appauvrir en laissant partir toute son industrie dans les autres pays ? Ne peut-on pas se battre comme l’Allemagne pour la conserver un tant soit peu ?

      Nous sommes dans une économie de marché impliquant la compétition entre les sociétés et les pays. Dans ce cadre là, en parlant crûement, il y a les baiseurs et les baisés…

      Effectivement, dans l’absolue, il est préférable d’avoir un équilibre AU NIVEAU MONDIAL. Et pour que cet équilibre se fasse, le mieux est peut-être de passer au système BANCOR dont parle de temps en temps Paul JORION.

      Mais en attendant, je préfère faire parti des baiseurs que des baisés…

      Cordialement,

      Un Breton aussi 😉

    10. Normal que l’Allemagne soit le « bon élève » de l’Europe, celle-ci a été faite par elle et pour elle. Cet article du Diplo raconte l’histoire des débuts. En 1956, Jean Duret, de la CGT, déclare : « On invoquera les dures lois de la compétition internationale pour démontrer qu’un niveau d’emploi élevé ne pourra être assuré que si les travailleurs se montrent “raisonnables”. » Autrement dit, compression des salaires et des aides sociales au nom de l’emploi : exactement le refrain qu’on nous serine depuis 30 ans ! Mais en voilà bien soixante que « l’Europe est en marche », que « l’Europe politique et sociale » SUIVRA, mais qu’est-ce qui suit, monsieur suricat ? Que nous devons encore sacrifier le peu qui reste parce que nous avons toujours été trop cigale et pas assez fourmi ! Le fait est que cette Europe court à l’éclatement et que, lorsque ce sera fait, personne n’en aura rien à cirer que l’Allemagne fût ou non « bon élève » !!!

    11. Tiens… je ne pensais pas que nous étions autant de Bretons.

      Intéressant, d’ailleurs de se pencher (pas trop pour éviter de tomber) sur un système de régulation de différences.
      Mais sur quels critères…???

      Je me permets de vous rappeler que les Chinois ont demandé il y a environ un an, à avoir plus de droits de vote au FMI ainsi qu’à l’OMC et se sont fait envoyés sur les roses…

    12. @Surikat « sauf l’Allemagne, qui n’est pas pauvre par ailleurs) est-elle condamné à s’appauvrir en laissant partir toute son industrie dans les autres pays ? »

      C’est ce qui vous trompe !
      Quel a été l’effet:
      * des mesures de l’agenda 2010 (réformes « hartz ») décidées par Schröder (un socialiste ! Sur les bons conseils du patronat de Volkswagen)
      * de la TVA dite « sociale » (incroyable de mépris) décidée par Merkel
      Sinon appauvrir la population ? Dans son pouvoir d’achat, dans ses salaires, dans sa protection sociale. Comment vous appelez ça, vous ?!

      D’autre part, vous ignorez que la quasi-totalité des grandes villes allemandes sont aujourd’hui proches du dépot de bilan !

    13. @Surikat toujours,
      « Je serais à moitié d’accord avec vous si le monde n’était que l’Europe, or nous le voyons tous les jours, nous sommes inondés de produits Made in China, Taïwan, Turquie… »

      –> Mais l’Allemagne a un déficit commercial avec tous ces pays ! Comme nous !
      Ce n’est pas avec la Chine, que l’Allemagne réalise ses « énooooormes » excédents commerciaux, c’est avec les USA (à crédit) et l’europe.

      –> D’autre part, vous confondez deux choses, le commerce intra-européen (et notamment intra-zone euro) et le commerce vis à vis de l’extérieur. Les problèmes et les solutions ne sont pas les mêmes !

    14. @ crapaud rouge : L’Espagne a une industrie pas si « minable » que ça : leur problème comme le notre c’est de s’être laissé abusé par la croissance facile et improductive de l’immobilier (l’aspirateur à capitaux). En parlant d’aspirateur n’avez vous pas remarqué que nos problèmes de financement se sont brusquement accélérés depuis que les US aspirent à rythme élevé (les capitaux) ? « Les marchés » cela n’existe pas : il s’agit d’un ensemble d’acteurs aux buts, capacités, autonomie de décision et réactivités fort différentes et c’est bien pourquoi le domaine de la dette souveraine peut se retourner de manière si brusque.

    15. Ken Avo écrit :Le pays en europe qui pose un problème considérable, ce n’est pas la Grèce bien trop petite, ni la France dont la balance reste malgré tout assez proche de l’EQUILIBRE, mais l’Allemagne !!!! »

      Je vous rappelle que la France a un déficit de sa balance des paiements de 400 milliards d’euros, soit 20% du PIB. Vous avez une curieuse notion de l’équilibre.

  6. Comment faire règner la discipline monétaire dans la zone euro, telle est la question. Les gouvernements, notamment ceux du sud, sont toujours tentés par la fuite en avant en augmentant leur dette et en repoussant les fameuses réformes structurelles aux calendes grecques tout en espérant qu’une hypothétique croissance viendra renflouer les caisses. La France n’est pas la dernière à adopter cette voie.

    Il n’exite aucun moyen de coercition réel pour obliger un Etat à une certaine discipline. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne a conditionné son aide à l’entrée du FMI dans le jeu avec sa réputation de matraqueur. Finalement l’Euroland ressemble par certains aspects à la communauté des mégabanques, pas de discipline, pas de gouvernance et largement « too big too fail ».

    1. Et une discipline monétaire en temps de crise… Excusez-moi, mais tout était facile en temps de bulle de l’immobilier, d’argent facile et de crédit à outrance.
      Maintenant, c’est trop tard.

      En principe, on ne prend une mer houleuse qu’avec un bon bateau.

  7. Nous y sommes en effet…

    Voici un texte que j’avais écrit en 2007 lors de la campagne présidentielle:

    L’Europe fédérale

    D’après une dépêche d’agence :
    « M. Schröder a affirmé que la question de l’avenir de l’Union européenne était au coeur de la crise que traversent actuellement les « 25 ». « La question-clé est de savoir quelle Europe nous voulons. Voulons-nous une Europe unie capable d’agir, une véritable union politique (…) ou voulons-nous nous contenter d’être une grande zone de libre-échange?
    Dans son premier discours depuis l’échec du sommet de Bruxelles la semaine dernière, le chancelier allemand Gerhard Schröder a estimé mardi que l’Europe avait le choix entre devenir un continent politiquement uni capable de faire entendre sa voix dans le monde ou un bloc commercial affaibli. »

    En un mot êtes vous pour une forme de fédération européenne ou pas ?
    La vrai question est là, et non dans la fausse alternative du référendum : oui, vous êtes pour l’Europe, non, vous êtes contre.

    Maintenant que nous sommes débarrassés du carcan constitutionnel néo-libéral, on peut envisager sérieusement de construire l’Europe.

    Bien entendu on ne peut le faire à 25, car les anglais et les 10 nouveaux entrants ne veulent pas entendre parler d’intégration politique.

    Donc ce sont les six pays fondateurs de la CEE, et si possible les 10 de la zone Euro, qui doivent se mettre d’accord pour se doter d’un gouvernement économique commun, d’une défense commune. Dans le domaine économique ces pays viseront l’harmonisation de leurs politiques fiscales et sociales, ils demanderont aussi que le statut de totale indépendance de la BCE par rapport au pouvoir politique soit aboli : la mission prioritaire de cette dernière sera de mettre en oeuvre une politique monétaire permettant le plein emploi dans la zone Euro.

    Ces pays développeront aussi des coopérations renforcées dans les domaines industriels et de la recherche. Leur politique de défense devra être indépendante des USA.

    Ils pratiqueront entre eux la politique dite de la préférence communautaire.

    Les autres pays pourront intégrer ce noyau central, lorsqu’ils le désireront, mais à la condition expresse de ne pas remettre en question ce choix d’une organisation fédérale.

    Le principe de subsidiarité devra être clarifié, ne seront mises en commun que les politiques pour lesquelles, chaque Etat pris individuellement n’a pas la taille critique suffisante pour peser sur les affaire du monde. Pour le reste chacun gérera les questions locales ( nationales et régionales) comme il l’entend. Les cultures de chacun seront respectées.

    Une priorité de cette structure intégrée sera de créer un espace public commun, qui favorisera le débat démocratique. La priorité du système éducatif de chaque participant sera de rendre les enfants trilingues au minimum (une langue régionale, une langue nationale et une langue commune (à priori l’anglais), ou deux langues nationales et une langue commune, la connaissance des cultures des autres nations et de leurs coutumes devra être encouragée . Le but étant de faire à terme émerger une authentique citoyenneté européenne et d’approfondir les pratiques démocratiques dans cet espace pionnier.

    Ces pays devront se mettre d’accord pour n’avoir qu’un siège permanent commun à l’ONU.

    Lorsque le processus d’intégration sera suffisamment avancé ( il est probable qu’il faudra plusieurs années), les citoyens de ces pays élirons une constituante, qui aura pour mission de rédiger une Constitution commune, simple, lisible
    et qui ne décrira en aucune façon le type de politique économique à conduire dans cette entité fédérale, seuls seront traités les points concernant les institutions et leur fonctionnement, ainsi que les droits et devoir des citoyens.

    Personnellement je n’ai rien contre les anglais, mais étant donné qu’ils sont plutôt pour l’option du « bloc commercial affaibli », je ne pense pas qu’ils trouveront leur place dans cette Europe puissance capable d’action au niveau mondial, du moins aussi longtemps qu’ils ne changeront pas d’avis.

    Donc la question est : voulez vous d’une Europe fédérale ou pas ? Personnellement je ne voterai en 2007 que pour un candidat fédéraliste.

    Si nous n’acceptons pas de construire cette Europe là il ne faudra pas se plaindre sur la question du déclin français, car plus rien ne l’arrêtera et on n’aura que ce que l’on mérite.

    Aujourd’hui je corrigerais un peu, en particulier au vu de la gabegie actuelle, ce ne sont pas quelques années qu’il faudrait, mais plusieurs décennies, voire générations. Quant au déclin il guette non seulement la France, mais l’Europe dans son ensemble. Mais comme dit le dicton : »Comme on fait son lit on se couche. » Et merci au personnel politique des pays de l’UE, qui n’est quel que soit sa couleur sur l’échiquier politique, pas à la hauteur des défis de cette époque dangereuse. Mais comme dit un autre dicton « Quand les parents boivent les enfants triquent. ». Et actuellement les « enfants », ce sont les peuples à commencer par le peuple grec. Je n’aime pas cette comparaison teintée de paternalisme, mais les gouvernants avec l’aide des médias, font tout pour infantiliser les peuples et non pour en faire des citoyens éclairés.

    1. Mais qu’est-ce donc que tout ce programme ? Vous croyez peut-être que l’Europe est un avion à géométrie variable ? Qu’on peut la reconfigurer comme un système informatique ? La vérité est que soit elle tient le choc telle qu’elle est, soit elle éclate. Et si elle éclate, il y aura tellement de ressentiment partout que toute nouvelle entente sera remise sine die !

    2. Peut-être pas, Crapaud Rouge.

      N’oublions pas que les peuples sont tellement bercés d’illusions, de propagande et de culpabilité, qu’ils feront forcément confiance dans les « responsables » qui leur diront : « je vais vous sauver »

      En faisant sauter l’impossibilité par la BCE de racheter la dette des états.

      C’est ça OU la même situation accélérée que les états américains qui détruisent complètement leurs derniers services publics…

      Ce qui, en gros, était le but de la manœuvre de cette géniale crise…

    3. Je propose de piquer aux belges leur devise nationale pour l’Europe : « l’union fait la force ». Une force pacifique et stabilisatrice bien sur…

    4. Je suis assez d’accord avec Yvan, sans tomber dans théorie du complot. On peut
      penser que les politiques de dérégulation menées depuis les années 80, n’avaient
      comme autre objectif que de provoquer une crise systémique qui dans l’urgence permettrai
      de liquider l’état providence sur toute la planète. Que cet objectif ait été consciemment
      ou inconsciemment poursuivi, en tout cas l’objectif n’est pas loin d’être atteint : voir
      ce qui arrive au cobaye grec. Le capital mène depuis les années 80 une contre-révolution
      contre les peuples. Si c’est voulu c’est en effet « génial », en tout cas machiavélique, car il
      est certain que l’on ne peut faire avaler spontanément aux peuples des « réformes » qui portent
      du jour au lendemain l’âge de la retraite de 55ans à 67ans comme en Grèce, c’est plus facile
      quand la « main invisible » a préalablement ruiné le pays. Si le but poursuivi est celui décrit
      ci-dessus, alors il ne fait aucun doute que la tornade spéculative va s’abattre sur les pays de l’UE
      les uns après les autres dans les mois à venir, et au delà sur le Royaume-uni et les USA.
      Tout cela pour le plus grand profit d’une minorité mondialisée.
      Aujourd’hui les « bolchéviques » sont à Wall Street et dans les conseils d’administration des banques.
      Leur mot d’ordre « dictature de l’actionnariat », condition indispensable de la » nouvelle révolution capitaliste ». Si les peuples ne se réveillent pas il seront de nouveau réduit au servage, comme au temps des Tsars.

  8. « Déjà les Grecs restèrent éblouis face à la puissance de l’argent et aux ravages qu’il produisait dans la société. »

    Anselm Jappe.
    Préface au livre de Alfred Sohn-Rethel, la pensée-marchandise.
    Editions du croquant.

  9. La France « est totalement déterminée à soutenir l’euro et à soutenir la Grèce », dont le plan de sauvetage est « crédible », a déclaré jeudi le président français Nicolas Sarkozy, en visite à Pékin. « Nous faisons confiance au gouvernement grec et nous travaillons d’arrache-pied pour que tout ceci se mette en place sans délai », a ajouté le président.

    « La France prendra toute sa part. Nous serons au rendez-vous », a-t-il ajouté à la sortie d’un entretien avec Wu Bangguo, président de l’Assemblée nationale chinoise, au deuxième jour de sa visite à Pékin. Nicolas Sarkozy a, par ailleurs, insisté sur « la parfaite entente entre l’Allemagne et la France » sur les moyens de résoudre la crise de la dette grecque. « J’ai constamment la chancelière Angela Merkel au téléphone, on se voit », a ajouté Nicolas Sarkozy.

    « J’ai été très satisfait des déclarations de la chancelière sur la crédibilité du plan grec , sur sa détermination à mettre en application le plan européen de soutien à l’euro », a-t-il ajouté, alors que Berlin a été très réticent à venir en aide à la Grèce.

    Le Point

    Le plan grec doit faire passer le déficit public de 14 % du PIB à 4 % fin 2011.

    C’est « crédible » !

    Nicolas Sarkozy a raison d’insister sur « la crédibilité du plan grec » !

    « Nous faisons confiance au gouvernement grec » ! Bien sûr ! Le gouvernement grec atteindra son objectif de 4 % de déficit public fin 2011 !

    Bien sûr !

    Continuez, chers dirigeants européens.

    Continuez à nous prendre pour des cons.

    1. Il est évident que la Grèce ne pourra pas rembourser, et les chefs des états de la zone euro le savent fort bien. Alors pourquoi vouloir à tout prix ce plan dit de sauvetage. Sommes-nous, à ce point, masochistes pour risquer de perdre des dizaines de milliards d’euros. ?

      Il y a forcément une autre raison, et qui n’est pas qu’idéologique. Voici une hypothèse.

      La FED achète massivement (plus de 50%) des bons de trésor américain (100 Milliards de $ par mois), en faisant marcher à fond la planche à billets. La conséquence est la baisse programmée du dollar jusqu’à sa disparition en tant que monnaie de réserve. Quelle est la monnaie qui peut la remplacer. Actuellement, tant que les Chinois, les Japonais, les russes, les Indiens, les Brésiliens et les pays du Golf n’auront pas créé leur propre monnaie commune, il n’y a que l’euro. A vouloir soutenir absolument la Grèce pour sauver l’euro, je me demande si nos chefs d’état ne jouent pas la montre, en spéculant sur la disparition du dollar dans les 2 ans qui vont suivre. Il y aurait une logique dans tout cela. Si les marchés spéculent autant contre la Grèce, le Portugal et l’Espagne, c’est pour entraîner une explosion de la zone euro et la disparition de cette monnaie encombrante. Nous assistons à une guère sans merci entre le dollar et l’euro. Si ce que j’écris est vrai, alors la volonté de tenir la Grèce sous perfusion a un sens. Mais quand le Portugal et l’Espagne ne pourront plus emprunter, car les taux seront trop élevés, alors il faudra aussi perfuser ces 2 pays. La France et l’Allemagne devront alors débourser, à perte, des dizaines de milliards d’euros, non pour sauver les pays insolvables, mais pour sauver l’euro jusqu’à ce que le dollar s’écroule complètement. Quand le dollar aura disparu, alors l’on pourra changer les règles de la BCE pour qu’elle dévalue jusqu’à effacement de nos dettes.

  10. A suricat

    je suis de plus en plus gêné par le matraquage en règle de l’Allemagne qui une fois de plus est présentée dans le rôle du méchant. En ce sens je suis du même avis que vous. De quel droit la France se pose-t-elle (une fois de plus) en donneuse de leçon ? Qu’avons nous à présenter au bilan ? Balayons devant notre porte et refusons de nous laisser entraîner dans un courant qui fait le jeu d’une classe politique qui refuse de se remettre en cause et de reconnaitre ses propres erreurs et incompétences.
    Idem pour notre grand patronat qui justifie ses rémunérations par ses qualités exceptionnelles et un monde concurrentiel impitoyable rémunérant le talent. Vous connaissez beaucoup de ces patrons qui sont dragués par de grands groupes étrangers ?
    La réalité c’est que le pouvoir dans notre société est entre les mains de personnes à l’abri de toute concurrence, qui n’imaginent pas un instant devoir réellement contribuer aux efforts demandés au reste de la société tout en ne se privant pas de stigmatiser les « autres » à longueur de temps.
    Stop aux rafistolages, que ce vieux monde s’écroule et retrouve l’envie de re construire une vie collective sur d’autres valeurs et prenant en considération que nous vivons dans un monde fini.
    Un quinqua, père de famille, bien installé dans la vie.

    1. « je suis de plus en plus gêné par le matraquage en règle de l’Allemagne qui une fois de plus est présentée dans le rôle du méchant. En ce sens je suis du même avis que vous. » : c’est gentil, ça, de montrer tant de compassion pour « la victime », et surtout de subordonner votre jugement des faits à l’émotion que suscite chez vous le spectacle du « tous contre un », comme si nous avions affaire à une horrible chasse à l’homme.

      « De quel droit la France se pose-t-elle (une fois de plus) en donneuse de leçon ? » : parce que l’Allemagne n’en donne pas, elle, des leçons ? Pour le savoir, lisez mon postci-dessus. Merci.

  11. ces turbulences semblent effacer la lourde charge des pays de l’est ; ils ne devraient pas tarder à revenir sous les feux de la rampe.

  12. M. Leclerc

    Merci a vous ainsi qu’a M.Jorion de nous faire partager vos pensées libres,lucides et empreinte d’une humanité salutaire.
    quotidiennement avec vous,soutien et amitié.
    Pierre.

  13. Sur la crise , la Grèce et l’Europe , intéressant échange ce matin sur France Inter , entre 9 h et 10 heures avec Hubert Védrines .

    A noter que les présentateurs habituels de  » Rue de entrepreneurs » se seraient faits lourder pour des raisons que je ne connais pas .

    Retenu que cette crise grecque qui peut être celle de l’Europe , appelle , au delà des mesures financières , une réponse en terme de mise en perspective politique de l’ensemble européen sous le leadership et l’impulsion des 3 ou 4 pays qui comptent .

    On espère effectivement une réunion la plus proche ( si possible avant le G 20 ) de ceux qui ont à la fois une économie , une diplomatie , une armée et un territoire significatifs , pour tomber d’accord sur des objectifs communs à terme de 5 à 10 ans , qui donnent un peu de corps à cette ambition de peser comme l’un des cinq ou six pôles mondiaux .

    Un bel enjeu pour toutes les réunions et élections à venir .

  14. @ Ken Avo

    Un élément qui va dans votre sens : j’ai accompagné ma fille à des réunions d’écoles publiques et/ou privées dans le cadre de son orientation post baccalauréat, ces écoles préparant dans un premier temps au BTS de commerce international.
    Dans tous les cas les enseignants expliquent que les jeunes vont apprendre à exporter.
    Ce qui m’amuse d’autant plus que je suis agent commercial représentant en France des entreprises industrielles qui produisent dans des pays européens pour des clients français et que cette activité a été rendue florissante par le désinvestissement industriel en France lié à des « conditions de production plus intéressantes » dans d’autres pays de l’Union européenne.

  15. Non Ken Avo
    Soyez plus aimable.
    Le réalisme allemand qui va jusqu’à l’ostpolitik est efficace.
    C’était aux autres à ne pas vivre en cigales.
    Je vais schématiser (donc en partie trahir, je sais).
    Les « autres » s’endettent pour acheter des produits « concurrentiels et qualitatifs » à l’Allemagne, c’est leur erreur/faute!
    Au lieu de mépriser l’Allemagne tentons de l’imiter…sauf bien entendu quand les erreurs politico financières débouchent sur une bascule socio-politique extrêmiste….or l’histoire a déjà repassé les plats une fois….
    L’Europe çà aurait dû être économiquement…. l’Allemagne ;et nous n’avons pas su lui « résister », est-ce la très grande faute du Peuple allemand si la réussite a été au bout, Peuple qui a de plus accepté (syndicats réalistes) des restrictions afin de progresser?

    1. Complètement d’accord avec toi, AH. Le souci (ou l’un d’entre eux) est de considérer que l’on est meilleur que les autres (nombrilisme aussi un peu) et de plonger à pieds joints dans cette rhétorique imbécile du pays qui aura la plus lon… pardon, la plus forte augmentation de « PIB »…
      Montrant par là sa « puissance » face aux autres et imposant ses vues lors des « sommets »…

      Ce désir vaudrait peut-être le coup d’être analysé du point de vue de sa justification réelle.

    2. @Tartar « Peuple qui a de plus accepté (syndicats réalistes) des restrictions afin de progresser? »

      Evidemment si vous en êtes à louer la régression sociale, le dialogue s’annonce difficile entre nous.
      « Progresser », dites-vous ?!

    3. « syndicats réalistes » et tout le reste : écoutez, ami steack haché, comme l’on vous surnomme gentiment ici, ne nous bassinez pas une fois de plus avec ces mots que Libé a imprimé en des millions d’exemplaires. Merci.

    4. Ken Avo, si vous considérez que vivre au-dessus de ses moyens ne se finit pas en catastrophe, c’est nous deux qui allons avoir un dialogue difficile.

      Soit, TOUT comme en micro-économie, si l’on s’endette pour les dépenses courantes et non pour les investissements, l’autopsie de la société n’est pas loin.

      Et cela commence par une éducation laïque, gratuite et obligatoire. Tout Breton que je suis.

    5. @Yvan,

      Oui oui. Mais puisque c’est vous qui mettez ce sujet sur le tapis (les cons qui sont nés quelque part), j’ai toujours eu une admiration sans borne pour le sens inné du sacrifice du pêcheur breton accablé consciemment ou inconsciemment de catholicisme de m.rde.
      Vous irez au paradis, Yvan c’est sûr !

    6. Bonjour,

      Je crois que quand Tatar parle de « syndicats réalistes », il parle de syndicats qui prennent conscience du monde dans lequel on vit (qui est certes loin d’être parfait).

      Il faut prendre conscience que l’on ne peut pas vivre éternellement au dessus de nos moyens, et que pour vivre bien, il faut créer la richesse permettant de financer notre mode de vie. Car défendre les acquis pour défendre les acquis ou pour obtenir toujours plus sans penser à comment produire la richesse pour pouvoir la partager, nous voyons bien ce que celà donne en Grêce.

      Je suis désolé, mais avoir pour les fonctionnaire en Grêce un 13ème et un 14ème mois de salaire, une retraite à 53 ou 55 ans, une prime pour arriver à l’heure au travail et j’en passe… C’est sûr, ça donne envie de prime abord, mais quand on a pas les moyens de payer tout celà, voilà ce que ça donne. –> un exemple à la loupe de ce que peuvent donner des syndicats irréalistes : ça vous donne envie ? Pas à moi.

      Cordialement…

    7. C’est quoi vivre au dessus de ses moyens réellement ? A qui sont ces moyens dans un Etat ? la richesse a baissé depuis 50 ans en Occident ? Comme s’est elle partagée ?

      Il suffit de regarder la courbe des dettes publiques pour s’apercevoir que c’est précisément quand le modèle néolib s’est imposé qu’elles ont explosé, installant alors cette hypocrisie éhontée des ordo-libéraux qui recherche la vertu au sein d’un système qui pousse au vice. Cela commence à bien faire !

      Je n’ai jamais été anti-allemand, malgré la demi-finale de foot de 1982 (:oB) mais la politique menée depuis Shroeder est tout simplement pitoyable de la part d’un pays qui avait un modèle social respectable. J’avoue que je ne comprends pas la docilité des allemands à accepter des sacrifices qui ne leur rapportent qu’une paupérisation croissante.

      Bien entendu, j’ai autant d’amertume à l’égard des politiques français qui ont abandonné notre propre modèle et je vise plus particulièrement le Ps.

      Quoiqu’il en soit, essayer de lutter dans un espace mondialisé en acceptant les règles les plus régressives, c’est nous mener tout droit vers la violence. Ceux qui font mine d’être de bons pragmatiques joviaux auront peut-être une opinion différente quand ils en subiront personnellement les dégâts…

    8. @ Louise 1 mai 2010 à 18:16

      Dans le cas que vous évoquez, vous laissez un peu quelque chose à vos enfants. Dans le cas où vous vivez au dessus de vos moyens vous leur laissez vos dettes.

      Songez à la vieille dame de 95 ans qui vous procure un emploi en n’ayant pas vécu au dessus de ses moyens, pourtant très limités à sa naissance.

      Elle n’avait pourtant pas fait de longues études en commençant à travailler à 13 ans.

    9. @Nickss : « C’est quoi vivre au dessus de ses moyens réellement ? » : vous avez bien raison de poser cette question, d’interroger ces formules toutes faites qui donnent l’impression à certains de raisonner avec bon sens. Elles ont en commun de « se tenir les unes les autres » de façon à nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative. Ce « vivre au-dessus de ses moyens » est le complément direct de « la main d’œuvre coûte trop cher », qui justifie des salaires toujours plus bas. Aussi à cause de la mondialisation, « il faut être réaliste », on n’y peut rien. Et ainsi de suite.

  16. La Grèce pourrait rester pendant 10 ans sous contrôle du FMI

    Mis en ligne le 01/05/2010 à 10h07

    La Grèce, qui devrait accepter dès dimanche un accord sur un plan de sauvetage international pour sortir de sa crise financière, pourrait rester pendant 10 ans sous contrôle du Fonds monétaire international (FMI), selon le magazine allemand Spiegel. Le FMI, qui négocie actuellement aux côtés des Européens les conditions d’austérité imposées à Athènes en échange d’une aide massive, « se prépare à rester 10 ans dans le pays, jusqu’à ce que les réformes économiques soient réalisées et portent leurs fruits », selon le magazine à paraître lundi qui ne cite pas ses sources. L’accord en vue prévoit des prêts de la zone euro et du FMI atteignant jusqu’à 45 milliards d’euros la première année, dont 30 milliards pour les pays ayant adopté la monnaie unique. Pour les trois premières années du plan de sauvetage, le FMI consentirait 27 milliards d’euros à la Grèce. Des parlementaires allemands ont évoqué une aide globale allant jusqu’à 120 milliards d’euros sur trois ans, qui permettrait selon plusieurs économistes d’écarter le spectre d’un défaut de paiement de la Grèce sur le moyen terme. (VIM)
    Agences diverses

  17. Sur le thème « prêter à la Grèce », un petit texte de Paul Dontigny, dans les commentaires d’un billet (je ne corrige pas les coquilles).

    « Cher xxx, après réflexion, je crois que vous avez raison et j’aimerais vous emprunter de l’argent pour faire croître mes dépenses. Bien sûr je vais investir aussi mais pendant quelques années je devrai emprunter un peu plus de vous pour assurer que ma croissance me permette un jour de vous rembourser. Qu’en pensez-vous ? J’aimerais amortir le prêt sur 40- ans à un taux flottant basé sur les bons du trésor de 3 mois »

    Plaisanterie mise à part, bien sûr qu’il faut aider la Grèce. Autrement, pourquoi ne pas sortir le Cantal, la Creuse, la Seine Saint Denis ou Saint Etienne de la France, de l’Europe et de l’Euro.

    Mais cette aide doit se limiter à protéger la Grèce du supplément de punition infligée par les récentes opérations financière spéculatives. Il s’agit de la soulager, pas de l’absoudre totalement.

  18. A l’heure ou il faut choisir son camp, entre néo libéralisme et humanisme, on peut franchement se demander des raisons de certains d’accabler la Grèce. La Grèce subit une attaque, et à travers elle l’UE, dans le contexte de guerre économique sans merci. L’accabler, c’est se mettre du côté des assaillants.
    On ne peut que constater la fascination que provoque, auprès de notre intelligentsia, la ‘puissance’ teutonne, le maitre n’est plus ‘so British’, il fallait néanmoins le remplacer.
    J’ajouterais enfin que personne ne note la particularité synchronistique de la visite de Sarkozy en Chine et de l’attaque orchestrée par les agences de notations.

    1. Nul ne doit donc vous faire remarquer le virage à 180° des critiques américaines sur la sous-évaluation du Yuan…
      Ainsi que le sourire béat du dictateur chinois face à Obama en courbette…

      Ce virage politique a été rendu possible par ceux qui ont déclenché cette géniale crise… provoquant tous ces trous dans la lourde tenture que l’on nous mettait devant les yeux.

      Les pires vautours vont fuir en Chine : la terre du profit promis.

    2. @yvan: « Nul ne doit donc vous faire remarquer le virage à 180° des critiques américaines sur la sous-évaluation du Yuan… » : c’est quoi, ce virage ? Jamais entendu parler. Si vous aviez un lien en français ce serait super.

    3. Pareil, j’ai pas tout compris de ce virage. Par contre que Obama ait compris que l’arrogance face aux chinois ne lui apporterait rien, peut être.
      Il reste que le jour où Sarkozy déclare en Chine qu’il faut fonder un ‘nouvel ordre multipolaire’ (on peut apprécier au passage le glissement sémantique) l’ancien ordre unipolaire attaque l’UE.
      C’est un peu gros à mes yeux.

    1.  » Il y a deux sortes de constance en amour : l’une vient de ce que l’on trouve sans cesse dans la personne que l’on aime de nouveaux sujets d’aimer , et l’autre vient de ce que l’on se fait un honneur d’être constant ».

      Et parfois les deux se conjuguent .

      Vis à vis de la Grèce ,j’évoquerais d’ailleurs plutôt la relation à un ami authentique , un compagnon avec lequel on ressent un destin commun .

      Toute ma raison et ma sensibilité , tout mon esprit de géomètrie et de finesse , m’affirment ce destin commun .

      On peut et doit être exigeant avec un ami comme avec ses propres enfants .

      On peut et doit conforter un ami pour pousuivre ce destin commun .

      Car les amis sont chose rare .

  19. Des incidents ont éclaté samedi en Grèce lors des manifestations du 1er mai, qui ont mobilisé des milliers de personnes lors d’une journée sous haute tension, à la veille de l’annonce d’un plan de sauvetage financier imposant à ce pays une cure d’austérité sans précédent.

    L’accord négocié par l’Union européenne, le Fonds monétaire international et la Grèce, permettant le déblocage de 100 à 120 milliards d’euros sur trois ans pour aider le pays à faire face à une dette colossale, doit être annoncé dimanche à Athènes.

    Mais ce plan exige en contrepartie du gouvernement grec de nouvelles mesures d’économie draconiennes, par avance dénoncées par les syndicats, qui voulaient faire de ce 1er mai un premier test des résistances sociales avant une grève générale le 5 mai dans le public et le privé.

    Des incidents ont éclaté entre jeunes et forces anti-émeutes en marge des défilés à Athènes ainsi qu’à Salonique, la grande ville du nord, où environ 20.000 personnes au total ont manifesté, selon la police.

    « C’est l’attaque la plus grave contre les travailleurs depuis des siècles. Ils veulent un retour au 19ème siècle », s’indignait Ericos Finalis, un imprimeur venu manifester. « Cela ne va pas être une bataille mais une guerre qui va durer pendant des mois, ou même des années ».

    « Aucun sacrifice, la ploutocratie doit payer pour la crise », proclamait une banderole du front syndical communiste (Pame), dont plusieurs milliers de militants, sous des drapeaux et ballons rouges, étaient rassemblés sur la place Syntagma, dans le centre d’Athènes.

    A Salonique, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour repousser des groupes de jeunes qui s’en prenaient à des vitrines de banques et commerces. Des scènes semblables se sont produites à Athènes, où le gros des manifestants s’est dispersé en début d’après-midi.

    Face à la gravité de la crise, à la menace d’une contagion à d’autres pays faibles de la zone euro et au risque d’un défaut de paiement de la Grèce, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont réaffirmé samedi leur détermination commune à « agir vite » pour mettre en oeuvre le plan de soutien financier à Athènes.

    Ce plan prévoit le déblocage de 45 milliards d’euros la première année. Selon la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, il atteint 100 à 120 milliards d’euros sur trois ans.

    L’accord Grèce-UE-FMI doit être annoncé dimanche, « probablement le matin », en Conseil des ministres, selon une source gouvernementale grecque.

    Selon des syndicalistes, les économies exigées pourraient atteindre 25 milliards d’euros en deux ans, pour ramener le déficit public des bas-fonds qu’il a atteints l’an dernier, autour de 14% du produit intérieur brut (PIB), à environ 4% fin 2011. Il s’agirait d’un effort de rigueur sans équivalent dans la zone euro.

    Le Point

  20. C’est intéressant. Depuis qq temps on voit ressurgir toutes sortes de nationalismes qui ne disent pas leur nom. « C’est la fautes aux grecs », « c’est la faute aux allemands » etc… Le tout sur fond de crise économique. Bon, l’histoire ne se répète pas, parait-il. Pourtant il est évident qu’après avoir longuement tapé sur les étrangers, les plus faibles, lorsque la situation atteint un certain point de dégradation tel qu’aujourd’hui, il faut bien que ce soit le fait de ce sale type de l’autre cote de la frontière qui nous a regarde d’une manière qui ne nous plait pas. Il se trouvera toujours des tribuns capables d’exploiter ce climat. Sale temps.

    1. Lépoard blanc: « Depuis qq temps on voit ressurgir toutes sortes de nationalismes qui ne disent pas leur nom. « C’est la fautes aux grecs », « c’est la faute aux allemands » etc… »

      –> Non, il n’y a pas d’équivalence de valeur, entre accabler un pays faible et taper sur le pays qui gouverne l’UE.
      Vous oubliez que le modèle européen est entièrement calqué sur le modèle allemand. Concrêtement tous les pays ont sacrifié leur modèle (c’est à dire leurs valeurs) à commencer par la France sur l’autel européen sauf l’Allemagne par définition.
      Aujourd’hui, il s’avère que ce modèle ne fonctionne pas et que la solidarité européenne n’est qu’un leurre, ce que les français normalement constitués ont compris depuis longtemps déjà.

      D’où une rancoeur légitime à double titre.

      Il n’est pas possible d’exiger que certains peuples soient insultés depuis plus de 20 ans (club-med, porcs, planteurs d’oliviers etc) sans que ceux qui profèrent ces insultes RACISTES ne soient pas également NOMMES, DESIGNES !

      Je refuse d’être solidaire au nom de l’Europe avec un pays, l’Allemagne, qui méprise ouvertement la moitié de l’Europe et ne respecte pas le PACTE européen, l’acte fondateur de la « réconcilation franco-allemande » élargi à toute l’europe.

      L’UE s’est construite sur les ruines de la seconde guerre mondiale et de l’idéologie nazie en particulier, ne l’oubliez jamais !

    2. Il faut donc comprendre que défendre sont modèle social c’est du nationalisme arriéré, bientôt du terrorisme?
      On arrête pas le progrès….

    3. @Ken avo (on se connaît non, sur un autre blog ?)

      Je ne crois pas que l’Allemagne n’ait rien sacrifié de son modèle. Shroeder a beaucoup fait pour que le libéralisme purement anglo-saxon s’implante chez nos voisins germanique. Conjugué à l’ordo-libéralisme, cela donne des résultats catastrophiques en matière sociale. Si les allemands ne cessent de parler de sacrifices, c’est bien qu’ils ont abandonné un certain nombre de choses. Plutôt que d’accuser les autres de ne pas avoir fait comme eux, je préfèrerais bien sûr qu’ils se questionnent à propos de leur acceptation docile…

      Pour en revenir à votre propos, si l’euro a donné lieu à une germanisation monétariste, la libre concurrence non faussée elle est bien plus anglo-saxonne. Ce qui reste pour finir, c’est bel et bien le renoncement de la France à lutter pour garder quelque chose et qui fait que nous sommes un des pays qui doit concéder le plus de changements au contact de l’Union néolib.

  21. Un petit aparté si vous me le permettez sans trop de lien avec le sujet.
    Mais les symbolismes sont parfois révélateurs des mobiles inconscients qui se cachent dans le cerveau de ceux qui les ont choisis. Alors qu’est ce que cette bestiole que l’on nomme l’euro.

    € s’inspire de la lettre grecque epsilon et est emprunté à la première lettre du mot «Europe». Les deux lignes parallèles symbolisent la stabilité à l’intérieur de la zone euro.

    Dans le roman d’Aldous Huxley, l’epsilon c’est la caste inférieure, la plus basses des cinq.

    « On ne peut demander qu’à un Epsilon de faire des sacrifices d’Epsilon, pour la bonne raison que pour lui, ce ne sont pas des sacrifices: c’est la ligne de moindre résistance »

    Les grecs aujourd’hui, les portugais demain, peut être nous bientôt, seront sommés de faire des sacrifices pour sauver l’europe. Nous ne sommes malheureusement pas encore programmés pour devenir des epsilons servant de simple variable d’ajustement nécessaire à la stabilité du système.

  22. Je me permets de redonner ici les chiffres d’exposition des banques et assurances européennes, qui ne laissent pas d’etre préoccupants:

    Grèce 193 mds de $, Portugal 240 milliards de $, Espagne 832 milliards de $, soit, grosso modo, Lehman Brother x 2, d’autant que selon certaines informations,
    il y aurait des tensions sur le marché interbancaire, ce qui était également le cas lors du krach de
    fin 2008.

    Par ailleurs selon la presse financière allemande, il est envisagé que le FMI demeure en
    Grèce pendant 10 ans, pas le meilleur allié des investissements que vous appelez ( il serait
    intéresant à ce titre d’évaluer l’effectivité des sommes recues de l’UE au titre de ‘pays les plus pauvres pour la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Irlande durant des années ) avant de songer
    à une refonte du role et du budget de la BEI, en meme temps que la (les ) réforme qui s’ imposent pour la BCE. Revient alors à l’esprit les « eurobonds »initialement proposés par Guy Verhofstadt et refusés par les Allemands

    Now it’s a European banking crisis

    1. En fait de reconsidération des rôles de la BCE ou de la BEI, Angela Merkel a annoncé qu’un groupe de travail allait être mis en place au niveau des ministres des finances de l’Eurogroup.

      Selon elle, sa mission serait de réfléchir à la révision des traités européens, afin que puissent être sanctionnés dans l’avenir les pays qui ne respecteraient pas le pacte de stabilité. La chancelière voudrait notamment qu’il puisse leur être provisoirement retiré leur droit de vote.

      Voilà les leçons que, pour l’instant, elle tire de la crise actuelle.

    2. François Leclerc dit « Angela Merkel a annoncé qu’un groupe de travail allait être mis en place au niveau des ministres des finances de l’Eurogroup.

      Selon elle, sa mission serait de réfléchir à la révision des traités européens, afin que puissent être sanctionnés dans l’avenir les pays qui ne respecteraient pas le pacte de stabilité.  »

      –> Voila c’est clair, sans ambiguïté. C’est Merkel qui décide de l’agenda européen ET du contenu.

    3. @François Leclerc

      Autant dire qu’elle est destinée à continuer si pour la solutionner , on renforce les éléments qui l’ont permise, voire provoquée…

      J’ai toujours pensé que la crise actuelle signifierait, si le rapport de force politique se maintient au profit d’un système économique défaillant, que la démocratie va disparaître. Merkel avance un nouveau pion en ce sens…

    4. merkel est une ex ossie..pas étonnant finalement…..quand on a vécu dans l’océan rouge si longtemps…alors le concept de démocratie….faut pas trop demander

    5. Et je crois que sur un autre fil quelqu’un (reveil je crois ?) me répondais que l’on ne pouvait pas comparer le risque (que je qualifie volontiers de systémique) bancaire vis-à-vis de la Grèce à Lehman Brothers de non pertinent, du fait que 600 milliards s’étaient évaporés dans la nature avec sa faillite.
      Je crois qu’on tient un début de réponse (x2 LB). Mais un début seulement.

  23. Il y a des situations quelque peu surprenantes tout de même …

    Les investisseurs (non résidents) qui prêtent à la France seraient asiatiques, du moyen orient et du magreb (d’après le peu de renseignements que l’on a),
    or les agences de notations étant américaines, la confiance de ces investisseurs dans ces agences me paraît ressortir du mystique lorsqu’on constate depuis plus de deux ans l’étrange fonctionnement des institutions financières aux Etats unis ….

  24. Amha, Mme Merkel a de nouveau perdu la boussole, i.e une réflexion dans le cadre de l’Ecofin,
    dont la réunion extraordinaire demain à Bruxelles incluera deux ministres des Finances de
    gouvernments démissionaire ( Belgique, Pays-Bas ) et au moins un autre en ‘sursis’ ( W.Schäuble ),
    ne semble pas la meilleure solution, au vu de l’incurie des précédentes réunions de cet aréopage,
    série en cours depuis la réunion de Décembre 2009 marquant la fin de la présidence tournante de
    la Suède..

    Malgré mon peu de sympathie pour Ollie Rehn, aussi prolixe ces derniers jours que Barroso est
    silencieux ( au confessional du néo-libéralisme, amha,ca peut durer.. ), le « Monetary Affairs
    Commissioner ‘en titre avait déclaré que ces réformes devaient etre l’oeuvre de la Commission
    Européenne ??

  25. la crise financière globale est lancée pour le mois de JUIN
    Pendant que les agences de notation continuent d’oser donner leur avis sur une crise qu’elles ont contribué à provoquer par leur laxisme, pendant que les dirigeants européens continuent de tout faire pour ne rien prêter à la Grèce, tout en prétendant le contraire, pour garder leurs ultimes ressources pour leurs propres banquiers, pendant que la crise financière avance à grands pas, des millions de gens continuent de perdre leur emplois à travers le monde, et menace une récession pire que celle de 2008.
    Vain G20
    Pendant ce temps, le G20 continue à ne servir à rien. Après les discours ronflants qui avaient précédé et suivi les premiers G20, à Londres et à Pittsburgh, les réunions suivantes sont passées de plus en plus inaperçues. Jusqu’à celle de Washington, la semaine dernière, qui fut un échec total. Cette indifférence s’explique aisément: presque plus personne n’en attend quoi que ce soit.
    Et pourtant, depuis qu’on a, avec tant de fanfares, lancé ce nouveau forum, qui devait installer une véritable gouvernance mondiale, bien des choses ont été promises par les dirigeants de ces pays, entre deux photos et trois conférences de presse: installer une réglementation financière pour contrôler la spéculation; obliger les banques à augmenter leurs fonds propres; faire disparaitre les paradis fiscaux; contrôler les bonus; distinguer les activités spéculatives de la gestion de l’épargne; faire en sorte, enfin, que les instruments d’assurance ne servent plus à faire des paris. Le G20, promettait-on, allait rendre moral le capitalisme.
    Le retour du chacun pour soi
    De tout cela, il ne reste rien. Plus personne même n’en parle. Ou, plus précisément, chacun n’en parle plus que pour lui-même. Les Etats-Unis tentent, dans la grandeur de leurs institutions démocratiques, de mettre à nu un système dont ils n’ont pas les moyens de contrôler l’évolution, dans le seul but de sauver leur propre système bancaire. Les Européens gardent en fait leur argent pour financer leurs propres déficits, et ne veulent pas le voir disparaître dans le puits sans fonds de la dette grecque, puis espagnole. Et les Chinois, de réunion en réunion, font valoir leurs nouveaux pouvoirs.
    Une fois de plus, la dette souveraine est au cœur de la géopolitique. C’est elle qui dicte l’avenir des nations. C’est elle qui pousse au chacun pour soi.
    Il faut bien comprendre ce qui se joue là. Une véritable dépression mondiale est devant nous. Non par les nécessités de l’économie. Mais par la lenteur, la myopie, l’égoïsme, de ceux qui conduisent le monde en ces moments difficiles. Les victimes seront d’abord les Européens, parce qu’ils sont divisés, parce qu’ils ne réalisent pas l’urgence, parce que les chefs de gouvernement européens ont mieux à faire que de se réunir autour du 10 mai! Puis viendra le tour des Américains, parce qu’ils sont cigales. Puis le reste du monde suivra, parce que nul ne pourrait survivre à la faillite de la moitié la plus riche du monde.
    Une urgence: muscler l’UE
    Il est encore possible de l’éviter. Avec beaucoup d’audace. Il est temps, pour les Européens, de comprendre l’urgence de leur unité: ils sont le maillon faible du monde. Il est temps de penser à mettre en œuvre à l’échelle du monde ce qui a été soi-disant décidé dans les précédentes réunions du G20. Sinon, il ne restera bientôt plus rien à faire que de mettre en place une caisse d’amortissement planétaire de la dette mondiale, comme on l’a fait en 1930 pour la dette allemande, alors qu’il était déjà trop tard pour éviter la catastrophe.
    Le prochain sommet du G20, à Ottawa, à la fin du mois de juin (précédé du New York Forum, où se retrouveront les principaux dirigeants des plus grandes entreprises mondiales), sera le sommet de la dernière chance. Il importe de le préparer très vite, très sérieusement. Si on ne veut pas qu’il ressemble à un repas de funérailles.
    Jacques Attali

  26. Il y a principalement en jeu deux modèles de développement: le banksterisme oligarchique ou le développement social durable; deux politiques: le diktat des banques rentières omni-spéculatives et des paradis fiscaux ou la prise en compte prioritaire des peuples qui vivent de leur travail (95% de la population). La droite allemande, la CDU de Merkel soutient clairement le premier modèle mais les autres gouvernements ont avalisé l’acte unique (libéralisation totale des mouvements de capitaux à court terme) Maastricht et le traité de Lisbonne= TCE à peine modifié. Les banksters en dépouillant les « Etats » veulent en fait progressivement diminuer et si possible supprimer le salaire indirect, c’est à dire la protection sociale (retraites, santé) et les services publics qui représentent en moyenne 40% du salaire net direct. Il s’agit aussi de liquider les gouvernements même vaguement de gauche et d’installer au pouvoir leurs larbins les plus dociles des partis de droite qui prendront le plus rapidement les mesures les plus anti-sociales. A moins que les citoyens travailleurs ne marchent plus dans leurs combines et refusent de se laisser dépouiller.

  27. Dimanche 2 mai 2010 :

    Grèce : « Eviter la faillite est notre ligne rouge nationale ».

    Le Premier ministre grec Georges Papandréou a déclaré dimanche qu' »éviter la faillite » était la seule « ligne rouge » que s’était fixé son gouvernement, lors d’un conseil des ministres extraordinaire pour annoncer l’accord avec l’Union Européenne et le FMI sur le plan d’aide à la Grèce.

    Romandie

  28. Une fessée à l’Europe.

    L’Histoire (la grande) retiendra ce détail loufoque : tandis que le projet européen affrontait sa plus grave crise depuis un demi-siècle, les instances de Bruxelles s’appliquaient à légiférer solennellement sur l’usage de la fessée dans les familles du Vieux Continent. On pourrait éclater de rire, et certains de mes confrères ne s’en sont pas privés. Je retiens pour ma part l’orage que porte en lui cet enlisement inexorable de l’Europe, enlisement dans l’impuissance, le chacun pour soi, la mollesse politique, la dépression économique, le fétichisme procédural, et j’en passe.

    Le fait est qu’on est entré, au sujet de la construction européenne, dans une phase de « décroyance » qu’il faut avoir l’audace de regarder en face. Ce n’est pas totalement fichu, mais nous n’en sommes pas loin. Je suis frappé de voir aujourd’hui des « europhiles » aussi militants que pouvaient l’être des gens comme Michel Rocard ou Jean-Louis Bourlanges reconnaître à mi-voix qu’ils n’y « croyaient plus ».

    L’eurosceptique que je suis – depuis Maastricht en 1992 – pourrait s’offrir le luxe de pavoiser. Je n’en ai ni le goût ni l’envie. Au point où nous en étions arrivés, confrontés à un monde transformé et redoutable (Chine, Inde, etc.), il devenait urgent de conforter pour de bon une Europe politique. On a fait l’inverse.

    Cet échec annoncé nous expose à toutes les tempêtes, comme un bateau démâté. Nous avons perdu les nations mais nous n’avons pas gagné l’Europe. Nous sommes comme des nageurs qui se noient entre deux rivages. Les tergiversations européennes devant le sauvetage d’un de ses membres (la Grèce) et le dérèglement du « moteur » franco-allemand ne sont, après tout, qu’un point d’aboutissement. Il nous force à constater que le « projet européen » a déraillé.

    Il devait à l’origine nous aider à protéger un modèle économique spécifique et fort différent du système anglo-saxon. Or, c’est le contraire qui s’est produit.

    L’affaiblissement délibéré des souverainetés nationales, au profit d’une souveraineté européenne qui s’éloignait sans cesse à mesure qu’on avançait, a permis au loup d’entrer dans la bergerie. Le libéralisme d’outre-Atlantique – qui ne correspond ni à notre histoire ni à notre mode de vie – s’est peu à peu imposé chez nous. Recul de l’État, dérégulation, privatisation, liquidation des services publics… Chose étonnante, ce triomphe progressif du tout-marché, puis de la finance, s’est poursuivi après la crise de septembre 2008 qui, en théorie, aurait dû stopper net le processus et remettre en selle le modèle européen, plus équilibré, plus protecteur, plus social.

    Il est vrai qu’entre-temps l’Europe, imprudemment et trop hâtivement élargie, était devenue une chose bien trop flasque, bien trop hétérogène pour avoir du ressort. Dans l’interprétation britannique des choses, l’Europe n’est pas vraiment un continent ou une puissance mais un « espace » de libre-échange. Or un « espace » ne saurait avoir de personnalité propre, et encore moins de détermination politique.

    Quand on morigène aujourd’hui les Allemands – et notamment la chancelière Angela Merkel – en stigmatisant leur manque de solidarité avec les Grecs, on raisonne à trop bon compte en psychologisant une réticence qui a ses raisons. La solidarité est la règle quand il s’agit d’une famille ou d’une communauté nationale. Si, chez nous, un département comme l’Ardèche ou l’Hérault faisait faillite – hypothèse d’école -, tous les Français trouveraient normal que la solidarité joue à plein. Or, l’« espace de libre-échange » qu’est devenue l’Europe n’est ni une famille, ni même une communauté historique. C’est un lieu sans cohérence, un champ de manœuvre que ne réunit aucun dessein partagé.

    Le grand mensonge des dernières années aura été de faire croire aux citoyens européens que les procédures institutionnelles et les « traités », ces prothèses, pouvaient pallier ce manque. Vous dites qu’il faut interdire la fessée en Europe ? Projet grandiose, en effet…

    Jean-Claude Guillebaud

  29. Tout va très bien Madame la Marquise!:
    L’on prete pour la Grèce à 5% avec de l’argent emprunté à 3,5%.La Grèce pourra donc
    rembourser sa dette en pretant à 7% à l’Espagne qui elle meme pourra alors preter à
    9% au Portugual ainsi lui meme prétera à l’italie à 10%.Elle meme pretera à l’Irlande à
    11%.Pour terminer,le bon Goldman Sachs rachete le tout en prenant simplement pour garanties
    .le trafic aéroportuaire de Roissy et d’Orly ainsi que la loterie nationale.
    Ouf!Le chateau de Versailles et la tour Effel sont sauvés!..

  30. Ouf, le chapeau de la cîme n’est pas tombé dans l’abime, il était moins une.
    6 mois que ça durait, c’était ardu.

    Un article du Monde du 30/4 intitulé « Questions sur la crise grecque : pourquoi, jusqu’où ? » nous rappelait :
    . le gouvernement de Georges Papandréou a décidé à l’automne 2009 de faire la vérité sur le déficit budgétaire du pays : -12,6% du PIB et non 6%
    . la crise grecque hante les marchés depuis l’automne
    . signal ultime : le 27 avril par l’agence de notation Standard & Poors
    L’Europe a tergiversé.

    Dans l’émission « Les questions du mercredi » du 28/4 (France Inter & Le Monde), Gérard Larcher s’exprimait.
    Un article du Monde du 29/4 en résumait l’essentiel :
    . Il faut soutenir la Grèce, mais sous certaines conditions
    . l’intervention du FMI avec l’UE est assez logique, il a des outils de contrôle qui nous manquent et qui sont nécessaires.
    . la situation du Portugal n’est pas comparable à celle de la Grèce, nous n’avons pas de poker menteur sur les statistiques

    Et nous ?
    . nous devons préparer un budget qui maîtrise la dépense et optimise les recettes : revoir un certain nombre d’avantages fiscaux
    . pour les retraites : pas forcément de remise en cause de l’âge légal mais de l’augmentation de la durée des cotisations, taxation des revenus financiers et élargissement de l’assiette non exclus, très fortes inégalités selon les métiers, se dire la vérité, partager un modèle de solidarité
    Même à droite on sait faire la part des choses, à suivre.

    http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/questions-du-mercredi/

    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/04/29/gerard-larcher-il-faut-soutenir-la-grece_1344685_3232.html

    Rappel : je viens de relire un article du Monde diplomatique de MARS suite au premier coup de semonce de fin février et qui souligne les excès ou le laxisme grec : « Comment l’injustice fiscale a creusé la dette grecque »

    « Pour le fisc, les plus riches sont les ouvriers, les employés et les retraités » !!!
    En remarque : « 7,5% des membres des professions libérales et 13% des chefs d’entreprise et commerçants ont déclaré plus de 30.000 euros ». Ta Néa 30/12/2009. Et les autres une misère sans doute !
    On comprend les atermoiements de nos voisins allemands pour lesquels les fonctionnaires ont déjà eu à subir des mesures de restrictions comme la suppression du 13° mois et de primes.
    Un de mes proches m’en avait parlé il y a bien 2 ans.
    A cela il faut ajouter le déficit croissant des caisses d’assurance sociales.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2010/03/KADRITZKE/18886

    Toujours dans un article du Monde, du 29 avril, Jean Pisany-Ferry alertait tout autant que Paul :
    « une sortie de l’euro créerait le chaos en Grèce, sans parler des effets sur les autres pays » et soulignait les 2 problèmes majeurs grecs :
    . déficit de 13,6% & dette de 115% dont l’évolution est explosive
    . compétitivité en raison de l’écart d’inflation accumulé depuis son entrée dans l’Europe
    « La Grèce va devoir faire en 3 ans ce qu’elle n’a pas fait en 30. Cela va être exceptionnellement dur »

    Bon courage à nos amis grecs, en espérant que les gros poissons ne passeront pas trop entre les mailles du filet fiscal surtout compte tenu des antécédents.

  31. F.Leclerc dit : Si l’on considère la Grèce, la tâche du gouvernement serait facilitée s’il pouvait laisser entrevoir aux Grecs une lumière au bout du tunnel. Des financements européens auraient pu lui permettre de lancer un programme d’investissement dans des activités génératrices d’une future croissance. Ce n’est pas le cas. Le plus probable est que le pays va s’enfoncer dans la récession, vu ce qui est exigé de lui.

    Bref, de droite comme de gauche, la pauvreté intellectuelle, le manque d’imagination, le prêt à penser des économistes me laisse une fois encore pantois ! Point de salut hormis la croissance matérielle ! Relire ou lire Georges Roegen, économiste icônoclaste et physicien. L’entropie est inéluctable, même si elle est loin, la décroissance est inéluctable, car tout ce que l’on prélève maintenant est perdu à jamais. Croissance de quoi ? Voitures, canons, plastiques, écrans plats, débilités télévisuelles ? Non, heureusement, les banques s’effondrent, il faudrait les pousser plus vite, les états s’effondrent, ils se sont soumis aux banques, effet boomerang, attendons encore un peu et nous aurons peut-être la joie de voir les multinationales s’effondrer, la grande distribution s’effondrer, etc. Je ne voudrais pas mourir avant d’avoir vu de mes yeux l’effondrement prédit par Marx et que le capitalisme a toujours su repousser jusqu’à ce jour. Que je puisse enfin planter un brin de muguet sur sa tombe !

  32. Pour votre concours des déclarations inconséquentes, Barroso est sorti du confessional ( de fait, il était en Chine, plutot un purgatoire ) et redonne de la voix:

    Barroso juge « solide et crédible » le programme d’austérité grec. Le plan de sauvetage financier négocié avec la Grèce est crédible et Athènes remplit les conditions requises pour le déblocage d’une aide de la zone Euro, a déclaré dimanche le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. »La Commission considère que cet ensemble de mesures constitue un paquet solide et crédible », dit-il dans un communiqué. »La Commission considère que les conditions requises pour répondre favorablement à la requête du gouvernement grec sont réunies et recommande que le mécanisme européen coordonné d’assistance à la Grèce soit activé sur la base de ce programme d’ajustement pluri-annuelle convenu », ajoute Barroso.

    Ollie Rehn: « «La stabilité financière de la zone euro» en jeu »

    Le montant est très élevé, sans précédent pour le sauvetage d’un pays au niveau mondial, mais les pays de la zone euro sont poussés à agir pour éviter une contagion de la crise, au Portugal ou à l’Espagne notamment. «Il ne s’agit pas seulement de la Grèce. Il s’agit aussi de la stabilité financière de la zone euro», a justifié le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn.

    Toute cette sémantique est passionante / pathétique

  33. Les ministres des finances de la zone euro ont décidé, dimanche 2 mai, « d’activer » sans délai un plan d’aide à la Grèce de 110 milliards d’euros, dont 80 milliards à leur charge, et le reste apporté par le FMI.

    Le Monde

    Prenons les quatre pays qui devraient prêter le plus :

    – 1- L’Allemagne devrait prêter à la Grèce 27,92 % du prêt total, soit 22 milliards 336 millions d’euros.

    – 2- La France devrait prêter à la Grèce 20,97 % du prêt total, soit 16 milliards 776 millions d’euros.

    Vous avez bien lu : la France devrait prêter à la Grèce 16 milliards 776 millions d’euros.

    – 3- L’Italie devrait prêter 18,42 % du prêt total, soit 14 milliards 736 millions d’euros.

    – 4- L’Espagne devrait prêter 12,24 % du prêt total, soit 9 milliards 792 millions d’euros.

    Les Etats européens vont maintenant emprunter sur les marchés internationaux.

    Ensuite, ils vont re-prêter ces sommes à la Grèce.

    Enfin, ils ne reverront jamais ces sommes car la Grèce ne pourra jamais les rembourser.

    Cette folie a un nom : ça s’appelle un suicide collectif.

    1. Le prêt se fait par tranches, sur 3 ans. Si la Grèce ne rembourse pas les premières tranches, m’étonnerait que les suivantes arrivent. Ce n’est donc pas cette somme au total que les prêteurs risquent de perdre.

  34. Pour faire écho à votre pertinente catégorisation des chefs de banques centrales comme les Princes
    , aussi dangereux soient-ils dans cette partie occidentale du monde, un très curieux discours
    de Trichet à New York devant le Council of Foreign Relations à New York le 26 Avril:

    Global Governance; today

    « In conclusion I would like to stress four points:

    First, global governance is of the essence to improve decisively the resilience of the global
    financial system. We avoided a major depression but it was a close call. Governments had to
    support the financial sector by putting at risk taxpayers’ money for the equivalent of around
    25 % of GDP on both sides of the Atlantic. This as unprecedented. I am convinced that, if we
    do not reinforce significantly the resilience of the financial system, our democracies will not
    accept for a second time such a very large scale of rescue operation.

    Second, a characteristic of the recent turbulences is not only that they displayed a high level
    of unpredictability but also an extreme rapidity in the succession of events characterising the
    unfolding of the crisis. Global governance today must demonstrate a capacity to coordinate
    with agility and, where necessary, to decide extremely swiftly. This is also unprecedented.

    Third, the crisis has had some paradoxical effects: on the one hand it has unleashed a
    tendency to reengage in financial nationalism if not mercantilism; on the other hand it had
    contributed to the recognition that a very high degree of interdependencies between
    economies called for a much higher level of cooperation. These two opposing forces are
    presently competing. It is imperative that effective global governance preserve the level
    playing field which is indispensable to foster global stability and prosperity. It is a major
    challenge. Both sides of the Atlantic have a very important responsibility in this respect in
    many domains, in particular in prudential and accounting rules.

    And fourth, as we have seen the crisis has driven an historic change in the framework of
    global governance. In my view this transformation was overdue. But there are two immediate
    reasons for this change. One is positive: the emerging economies are now economically and
    financially so important and systemically so influential that they must have a full and proper
    ownership of global governance. But the second reason is negative: the industrialised
    countries have proven particularly clumsy in their handling of global finance before the crisis
    at the time when their responsibility in global governance was obviously overwhelming.
    There was therefore no reason to confirm their exclusive prime responsibility. This calls for
    the industrialised countries to be now particularly irreproachable in the delivery of their
    present and future contribution to the stability and prosperity of the global economy within the
    new, more inclusive framework. »

  35. Attention ! Le syndrome grec peut en cacher un autre.
    Il semble évident que la Grèce ne se sortira pas de si tôt de la spirale de l’endettement. L’organisation de son système étatique n’est pas des plus performant. En dégraissant sa fonction publique comme l’exige la doxa libérale des prêteurs UE et FMI, on voit mal comment pourrait s’effectuer le bon contrôle nécessaire à ses rentrées fiscales et donc le mécanisme de remboursement aux prêteurs « idiots ou pervers » (on ne sait qu’en dire, j’en reste sur le cul). Je vois mal le FMI déployer des milliers de fonctionnaires dans toutes les îles du Péloponnèse pour surveiller les activités et le commerce. On peut penser que cette aide coûteuse et le « service compris » qui va avec ne soient pas reçus avec de grands sourires d’amabilité. Qui s’en étonnera ? On se dirige donc avec une logique implacable vers le gouffre. L’enchaînement fatal, dettes privées dettes publiques dopé par l’innovation des systèmes spéculatifs défendus par les marchés.
    Je suis de l’avis Patrick-Louis Vincent qui pense qu’un train peu en cacher un autre. Il semble que la guerre des monnaies soit le prochain sujet d’actualité. Tous les Etats vont faire la quête, beaucoup de main tendue mais peu de bourses déliées. Tout l’argent du monde ne suffirait pas à la demande. De ce fait, c’est sur la monnaie que va se focaliser l’avidité, sur la monnaie la plus ceci la plus cela et à ce jeu d’appréciation tout les coups sont permis, comme au poker.
    Chaque jour qui passe le temps se gâte un peu plus.

  36. Que ceux qui sont « gêné par le matraquage en règle de l’Allemagne qui une fois de plus est présentée dans le rôle du méchant » , peuvent lire cet article de ContreInfo, ils comprendront pourquoi l’Allemagne est devenue le grand méchant loup de l’Europe.

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