L'actualité de la crise: pourraient nettement mieux faire !, par François Leclerc

Billet invité.

POURRAIENT NETTEMENT MIEUX FAIRE !

La réussite de l’émission obligataire grecque de 5 milliards d’euros – saluée avec un soupir de soulagement ou enregistrée non sans une certaine incrédulité – ne vaut pas solde de tout compte. La crise de la dette publique, tant grecque qu’européenne, vient de connaître un simulacre de dénouement, en attendant d’autres épisodes qui ne vont pas manquer d’intervenir, et dont la forte dynamique va dorénavant rythmer l’actualité.

Que savons-nous de cette souscription des obligations grecques ? Que la demande aurait été presque trois fois supérieure à l’offre et que son rendement a atteint 6,3%. Permettant de comprendre, à ce prix-là, que le gouvernement grec n’ait pas cherché à profiter d’une aubaine si coûteuse, au-delà de l’objectif de 5 milliards d’euros qu’il s’était fixé. Pour mémoire, le rendement des obligations allemandes était le même jour de 3,1%, plus de deux fois moins.

On saisit mieux, dans ces conditions, que le gouvernement a commenté le résultat de cette souscription en menaçant de faire prochainement appel au FMI – dont les taux seraient bien moindres – si un soutien affirmé des Européens ne lui est pas octroyé. Un refinancement de la dette grecque à un tel taux serait en effet difficilement tenable, accroissant la charge budgétaire de la dette au moment où il faut réduire le budget, ce qui imposerait un surcroît de mesures impopulaires.

Nous ne savons pas, par contre, qui a bénéficié de cette bonne affaire financière. Car s’il est apparu qu’instruction avait été donnée par le gouvernement grec aux banques chargées de placer l’émission de ne pas servir les hedge funds, suspectés d’être à l’origine de la hausse des taux obligataires, on ne connaît pas pour autant l’identité des investisseurs. Tout au plus peut-on supposer, sans pouvoir l’affirmer, qu’un sérieux coup de pouce a pu être donné par des banques amies, avec lesquelles des achats de l’émission ont pu être préalablement programmés.

Cela se fait entre gens du monde et relativiserait alors le spectacle offert à Berlin d’une Angela Merkel et d’un Georges Papandréou assurant qu’il n’était pas question, pour la première, de donner un seul centime d’euro et, pour le second, d’accepter quoique ce soit de la première, car il n’était pas demandeur. Des dispositions auraient pu en effet être prises pour que l’émission passe contre une lettre à la poste, afin qu’il ne soit pas nécessaire d’activer des mesures publiques de soutien faisant politiquement problème en Allemagne.

Mais, dans ce monde si opaque, ce n’est qu’une hypothèse, dont il est seulement possible de se dire qu’elle aura arrangé – si elle est exacte – ceux qui tenaient les cordons de la bourse et ont fait à leur guise, les Grecs n’ayant plus eu qu’à faire contre mauvaise fortune bon coeur.

Un premier obstacle maintenant franchi, le sort des prochaines émissions, qui devraient se succéder d’ici fin avril, n’en reste pas moins posé. Car le prix qui est déjà à payer en Grèce, en application des mesures d’austérité annoncées par le gouvernement socialiste, suscite déjà de fortes réactions, en dépit de premiers sondages qui croyaient pouvoir faire état d’une grande résignation des Grecs. D’où le chantage au FMI – n’ayons pas peur des mots – qui vient d’être fait et la réaction peut-être un peu trop rapide de Jean-Claude Juncker, le chef de file des ministres des finances des pays de l’eurozone, qui s’est à la fois félicité qu’un plan de sauvetage n’ait pas été nécessaire et a exclu dans un même mouvement qu’un recours au FMI puisse être envisagé.

La file d’attente des pays qui pourraient prendre la succession de la Grèce à la une de l’actualité de la crise n’est pas pour autant résorbée. La candidature de l’Espagne continue d’être sérieuse, tandis que celle, hors zone euro du Royaume-Uni, ne l’est pas moins. La dégringolade vis à vis du dollar enregistrée ces derniers jours par la livre sterling en témoigne, dans l’attente d’une élection dont les marchés craignent qu’elle ne résolve rien, lisez qu’elle n’aboutisse pas à la mise en place d’un gouvernement fort et d’un plan sévère d’austérité.

Ces mêmes marchés – ceux qui les animent – ne font-ils pas actuellement preuve d’une certaine candeur, la dernière chose que l’on pouvait attendre d’eux? Ils ont comme unique perspective de tenter d’imposer à tout prix des mesures de choc destinées à faire solder par les Etats, dans les meilleurs délais, le coût de l’addition de la première phase de la crise. Seuls les Grecs ont en Europe le bénéfice de l’entrevoir. Sans qu’une croissance économique – introuvable – vienne en diminuer le fardeau ; ces mesures ayant comme effet de réduire la masse salariale globale, ainsi que le montant des retraites, puis au bout du compte d’atteindre encore plus la consommation et donc la croissance. Voilà la dynamique qui est promise.

En attendant, le test grec n’a toujours pas répondu à ses attentes et produit de démonstration éclatante. Pour l’instant, il a seulement mis en évidence – la rigueur mise à part – que les gouvernements européens n’avaient pas d’autre ambition que d’improviser des bricolages de circonstance. Puis que, effrayés par une spéculation qui rétrécit leurs marges de manoeuvre, ils en venaient à envisager des mesures contre celle-ci, sans toutefois en avoir la réelle volonté ou s’en donner les moyens.

Que penser, en effet, de cette découverte tardive des malfaisances des CDS, si ce n’est qu’elle exprime chez ceux qui sont au pouvoir une bien dérisoire tentative de faire croire – ainsi que cela a été le cas pour les paradis fiscaux – que ces gouvernements vont prendre le taureau par les cornes et interdire l’accès au poulailler où sont pondus les oeufs d’or de l’industrie financière. Toutefois, de dérobades en dérobades, et de réformes repoussées en mesures émoussées, ce n’en est pas moins l’un des nerfs mêmes de la spéculation qui est maintenant clairement désigné. Encore un effort !

De la même manière qu’apparaissent aujourd’hui des issues hier impensables (ce qui ne veut pas dire qu’elles seront empruntées), telle par exemple la perspective de soulager la dette publique, le FMI procédant par voie de création monétaire pour prêter des fonds à des taux préférentiels, est-il concevable que l’on puisse obtenir du Congrès américain une régulation des CDS, qu’il se prépare pourtant à éluder ?

De passage à Berlin, Paul Volcker, conseiller de Barack Obama et architecte de sa dernière réforme financière, vient d’évoquer la nécessité « d’encadrer les excès sur les marchés dérivés,en particulier le nouvel instrument des Credit Default Swaps »: « Les révélations récentes sur l’utilisation et l’abus de dérivés complexes pour masquer l’ampleur des obligations financières grecques renforcent la nécessité pour plus de transparence et moins de complexité », a-t-il ajouté, sans indiquer les mesures qui selon lui devraient être prises afin d’y parvenir.

Plus on s’avance dans la crise, plus l’on croit percevoir qu’il va être nécessaire que celle-ci s’approfondisse encore pour que des mesures de ce type puissent être sérieusement envisagées.

De la même manière, il faudra bien un jour un l’autre reconnaître à voix haute ce que certains admettent déjà tout bas, à savoir que l’avenir de l’euro va devoir être repensé sur d’autres bases qu’à l’abri des digues submergées du déficit et de l’endettement, alors que se réfugier à nouveau derrière elles semble illusoire. Une autre construction va devoir être entreprise, faute de laquelle il sera inévitable d’assister à l’éclatement de la zone euro, avec toutes les conséquences économiques que cela aura pour ses pays membres, y compris pour les plus fortunés d’entre eux.

C’est au début de cette dernière que nous sommes en train d’assister. Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, va en effet préconiser dans Welt am Sonntag de demain dimanche la création d’une institution européenne du type du FMI. Tandis que Alexander Dobrindt, secrétaire général de la CSU (Bavière), devrait déclarer dans le Bild am Sonntag de demain dimanche: « Nous avons besoin d’un Fonds monétaire européen sur le modèle du Fonds monétaire international », une idée qui a reçu sans attendre le soutien de Christian Lindner, secrétaire général du FDP (le parti libéral membre de la coalition).

Mais, dans l’esprit de ces nouveaux bâtisseurs, ce nouvel instrument ne se justifiera que s’il vient en appui de la rigueur, telle qu’ils la conçoivent et veulent l’imposer. Ne mettant pas en cause la répartition inégale de la richesse, favorisant le développement de la sphère des activités privatisées au détriment des publiques.

69 réponses sur “L'actualité de la crise: pourraient nettement mieux faire !, par François Leclerc”

  1. Peut-on au moins savoir si les banques publiques allemandes et la caiise des dépots côté français ont ou pas acquis de la dette grecque comme il en était question ? D’où l’intérêt de conservez le secret. C’est ce que vous suggerez François ?

    1. Des rumeurs invérifiables circulent, des banques privées sont également évoquées, rien n’est établi et public.

    2. Réponse à M. François Lelerc.

      Vous ne pouvez pas dire que des rumeurs invérifiables circulent sur la souscription par la CDC ou des banques privées françaises de la dette grecque. Il suffit d’analyser les documents comptables de chacun de ces établissements pour le savoir. C’est rébarbatif, mais c’est un exercice nécessaire pour éviter que les rumeurs enflent. Pour ma part, je pense que des établissements financiers « proches » de l’Etat français sont porteurs d’obligations grecques. Et ça n’a rien de choquant.

      Une dernière remarque : soutenir que les produits dérivés permettent de masquer un endettement n’est pas sérieux. Ils ne sont un paravent qu’aux yeux de ceux qui le veulent bien. Bien cordialement,

    3. Rien n’est public, je reprends vos propos François Leclerc, mais alors justement comment peut on nous obliger à en porter le poids ? c’est comme signer un contrat sans ne l’avoir jamais lu.

      Dans les banques qui ont acheté, ce n’est pas bien difficile d’imaginer, toutes 6% ça ne se refuse pas quand en plus on peut se refinancer à 1% car il y a certainement une possibilité de mise en pension de ces derniers à la BCE, ni vu ni connu puisque RIEN n’est PUBLIC RIEN

      En résumé, ils nous prennent pour des ….. et continuent à faire massivement de l’argent à partir des contribuables, du peuples

      Elle n’est pas belle la vie financière d’en haut !!!

    4. Je peux le dire, car je n’ai pas accès à ces documents: seuls les bilans annuels sont publics et ils ne détaillent pas les comptes !

    5. @ M. Gauvin :
      « Il suffit d’analyser les documents comptables de chacun de ces établissements pour le savoir. »

      A priori, cela ne suffit pas.
      Le DDR 2008 (Document De Référence), si vous voulez lire 200 pages. Pas vu trace d’obligations ‘grecques’ (mais j’ai sans doute mal lu …).
      http://www.caissedesdepots.fr/le-groupe/relations-investisseurs/presentation-investisseurs.html

      Concernant les documents ‘grand public’, c’est là : http://www.caissedesdepots.fr/actualite/mediatheque/rapports-annuels.html).
      Les indications géographiques se font par zone (France, Europe, …), pas par pays.

      La seule ‘notification’ de présence d’obligations grecques ne se trouve pas sur le site de la CDC ni dans ses publications mais dans les publications de ses filiales.
      A la CNP :
      http://www.cnp-finances.fr/documents/pdf/ResultatsAnnuels2009Presentation.pdf
      Page 24 : 113 M€ d’obligations pour la Grèce détenues par CNP.

      Mais si vous voulez, vous pouvez aussi prendre en compte les multiples partenariats que le groupe CDC a sur cette zone, que ce soit par la biais de sa filiale CDC IXIS (avec Natixis) en Ltd ou par d’autres acquisitions de ‘filiales-partenariats’ d’investissements financiers, via Chypre par exemple.

      Si vous y ajoutez des banques françaises, vous aurez du mal à retracer les détentions, entre Société Générale et CASA en direct, sans compter leurs filiales en Grèce même (dont la plus connue est Emporiki pour CASA, qui peut, aussi, détenir des obligations grecques, sans être comptabilisée dans une dénomination ‘France’).

      La CDC et Kfw sont déjà partenaires, notamment pour des projets d’investissements long terme … sur le bassin méditerranéen et partagent même des bureaux locaux proches des institutions européennes.

      Mais concernant les achats d’obligations grecques, il n’y a que des rumeurs. Si vous avez des preuves, faîtes le nous savoir.
      Et concernant le récent achat d’obligations du 05 mars, vous aurez du mal à en trouver dans leurs documents comptables (à moins que vous n’y ayez accès ?).

      Enfin, concernant votre phrase : « Pour ma part, je pense que des établissements financiers « proches » de l’Etat français sont porteurs d’obligations grecques. Et ça n’a rien de choquant. »
      De deux choses l’une. Ou ces établissements sont plus que proches, cad qu’ils ont des LIENS juridiques et statutaires avec l’Etat, et là, oui cela me choque que l’Etat français dont je suis le contribuable n’assume pas ses positions officiellement et les fassent passer par l’arrière-cour (je ne signifie pas que j’y suis opposé forcément mais que je souhaite en être informé et que l’Etat assume ses décisions). Ou ces établissements n’en ont pas mais il faudrait connaître la teneur des ‘deals’ passés en notre nom (puisque l’Etat, c’est nous) pour que cela se fasse. Car il n’y a rien sans rien.
      Dans les deux cas, je suis concerné, comme citoyen et contribuable : si l’Etat paye pour acquérir ou faire acquérir des obligations grecques, je souhaite en être informé.
      Excusez du terme, mais le ‘merdoiement’ avec Dexia passé par pertes sur les comptes de la CDC, ça suffit !

      Et n’allez pas me dire que l’on fait bien pire en la matière. Ce n’est pas un argument.
      Cordialement.

      PS : « nous ne communiquons pas ces données »
      http://www.journaldunet.com/economie/finance/dette-grece/caisses-des-etats.shtml

    6. Réponse à Zébu.

      Je suis d’accord sur à peu près tout ce que vous dites.

      1/ Ce n’est pas choquant que des établissements financiers proches de l’Etat soient porteur de dettes grecques ; ce qui l’est, en revanche, c’est de ne pas en être informés, en tant que citoyens.

      2/ Vous voyez bien qu’en cherchant un peu, on trouve la réponse qui permet d’éviter les « rumeurs » évoquées par M. Leclerc pour se concentrer sur ce qui est réel.

      3/ Je ne comprends pas votre formule « Et n’allez pas me dire que l’on fait bien pire en la matière. Ce n’est pas un argument ». Je dis bien ce que je veux, démonstration à l’appui, et à visage découvert, avec ma vraie identité, pas sous un pseudo.

      En tout cas merci pour votre réponse.

      Bien cordialement,

    7. Mon cher Monsieur,

      Je parierais bien que beaucoup de monde aura de la dette grecque en portefeuille via les assurance-vie et autre sicav afin de « dynamiser » les rendements. Les lendemains obligataires vont êtres « énaurmes ».

    8. @ M. Gauvin :
      Sur le point 1/ : être en accord sur la forme (la nécessité d’être informé) ne signifie pas que je sois en accord sur le fond. Car il ne suffit pas de dire que je n’y suis pas ‘automatiquement’ opposé. Je suis opposé à ce qu’un institut public (CDC en l’occurrence) vienne prendre des positions sur le marché des obligations grecques, pour de multiples mauvaises raisons. Parce que cela fragilise des organismes dont le but est justement l’inverse de ce genre d’actions (investissements sur l’économie réelle à long terme), cf. missions de la CDC. L’Etat a déjà passablement dépassé la mesure, en forçant la CDC a reprendre les positions pourries de Dexia, pour éviter de la faire lui-même. Résultat ? Un bilan net négatif, première foi depuis la création de la CDC en … 1816 !! Lamentable. Ensuite parce que l’Etat français se cache derrière son petit doigt, sous prétexte que les traités européens interdisent à la BCE de prêter à la Grèce. Ce qui ne l’empêche nullement soit d’acheter des obligations grecques soit de les garantir, directement ou via la CDC, officiellement.
      Vous ne répondez pas non plus sur la question du ‘combien’, si deal il y a entre l’Etat et les ‘banques amies’ car rien n’est gratuit en ce bas monde. Et ça, c’est aussi une question de fond et pas uniquement de forme.
      A l’inverse, s’il avait été question d’assurer la solidarité entre états membres en achetant ou garantissant des obligations grecques par la CDC, à la vue et au su de tout le monde, pour ce type d’action, j’aurais été probablement favorable à cela et pas que parce que la forme aurait été respectée : parce que l’objectif (le fond) m’aurait semblé légitime et pertinent.
      Donc oui, cela me gêne, sur le fond comme sur la forme (et vous ne répondez que sur la forme).

      Sur le point 2/ : non, mon post ne prouve pas ce que vous en concluez. Justement, ce post tend à prouver que même en cherchant, vous ne trouverez pas ce que vous prétendez pouvoir obtenir. Et je dis ‘prétendez’ à bon escient (« Il suffit d’analyser les documents comptables de chacun de ces établissements pour le savoir. »). Puisque justement en effectuant des recherches, je n’ai pas pu obtenir grand chose d’autre que ces ‘malheureux’ 118 M€ d’obligations détenues parla filiale de la CDC, la CNP, en … 2007 !! Il ‘suffit’ donc de bien plus que cela, M. Gauvin, pour obtenir ces données. Car vous ne répondez pas non plus sur l’article mis en bas de mon post, à savoir la réponse qu’a pu faire la CDC sur ce type de données (« qu’elle ne délivre pas »).

      Bref, sur le fond de la question, vous ne répondez pas.

      Ce qui fait qu’effectivement, on peut être d’accord sur la forme mais que je ne suis pas en accord avec vous sur le fond et je le démontre. De votre part, vous n’avez rien démontré sur le sujet : j’attends vos données sur les obligations grecques, si faciles à obtenir semble-t-il.
      « Vous ne pouvez pas dire que des rumeurs invérifiables circulent sur la souscription par la CDC ou des banques privées françaises de la dette grecque. » : si M. Leclerc ne peut pas le dire, alors il faut le démontrer. En prouvant que ce ne sont QUE des rumeurs et qu’elles ne sont PAS vérifiables. Et quoi de mieux que d’apporter des DONNEES, des FAITS, des SOURCES, M. Gauvin, pour ce faire ?

      Enfin, votre répartie sur ‘visage découvert etc.’ me fait rire. Si vous souhaitez avoir mes coordonnées, c’est très facile : demandez les à M. Jorion, je lui autorise à vous les fournir.
      Pour ma part, mon pseudo n’est pas un masque, c’est un respect à la règle sur les forums, qu’apparemment vous ignorez. Afin d’éviter les boursouflures de l’ego.
      Votre remarque m’apparaît donc assez déplacée.

      La remarque que vous avez relevé de M. Leclerc me semblait frappé au coin du bon sens et mes (faibles) recherches et résultats tendraient à le prouver.
      Je ne comprends donc pas votre intention de vouloir polémiquer, sur un sujet somme toute assez trivial. C’est dommage.

      Cordialement.

      PS : s’il est déjà ‘suffisamment’ difficile d’obtenir de bien maigres données pour les résultats passés publiés publiquement pour … 2008, imaginez ce qu’il doit en être pour le récent appel d’offre du 05 mars !! Car les positions d’hier n’indiquent absolument rien des positions d’aujourd’hui et encore moins de demain. Demandez à la CDC ce qu’elle en pensait (et ce qu’elle avait) de Dexia avant que de devoir à lui ‘sauver la mise’ …

    9. @ M. Gauvin:
      Par ailleurs, je serais aussi ravi d’obtenir votre réponse quant à ma question sur l’indexation (ou plutôt la libre indexation) : http://www.pauljorion.com/blog/?p=8822#comment-63188

      Il me semble néanmoins que sur ce point spécifique, aussi, le double discours des politiques soit bien présents …
      😉

      PS (sans jeu de mots) : il me semble que la situation du Conseil Général de Seine Saint Denis s’apparente à ce genre de chose, puisque M. Bartolone a ‘découvert’ que les crédits à terme étaient basés sur une indexation de spread entre livre et yen je crois. Si ces prêts étaient antérieurs à l’ordonnance en question (début 2009), ceci expliquerait pourquoi toutes les banques ont accepté de ‘renégocier’ les termes des contrats …
      ‘A voleur, voleur et demi’.

    10. @ Zébu

      Lorsque tu réclames le droit d’être informé des prises de position des pouvoirs publics dans certaines opérations/montages financiers, ce en tant que citoyen et contribuable, je trouve que tu abordes un sujet de toute première importance. Essentiel, même.

      Lorsque nous serons suffisament nombreux, convaincus et déterminés…que ce genre d’informations, ainsi que la pédagogie qui va avec, sont un DU de nos dirigeants : nous aurons fait un pas dans la bonne direction.

      Cordialement,

      Frédéric

  2. La démonstration est désormais faite qu’il faut maintenant se résigner à patienter jusqu’à la prochaine réplique de cette Grande Crise systémique tout en souhaitant sa rapide occurrence étant entendu que le temps joue pour les spéculateurs contre les peuples.
    Quelle douloureuse ironie de l’Histoire que celle, judéo-chrétienne, dans laquelle les hommes sont condamnés à trouver le salut dans le châtiment… En rémission du péché consumériste ?

  3. Il me semblerait utile et ce, le plus rapidement possible, la mise en place d’une Gouvernance financière au sein de l’euro. La politique de l’Euro est inachevée, le traité de Lisbonne? de la poudre aux yeux, une déclaration uniquement politique au service d’un homme politique et qui financièrement n’apporte aucune solution. L’eurogroupe de J.C. Junker.? Un impuissant financièrement. L’euro est le jouet des autres monnaies car il n’a aucune puissance politique donc financière et il reste pour le moment la plus belle cible des spéculateurs financiers, en particulier de ces vautours de la finance, les « Hedges Funds ». Mais peut-on interdire aux spéculateurs de ne pas profiter de l’occasion si la cible leur est offerte.? Finalement c’est une leçon de « Travaux pratiques » que l’Europe vient de recevoir.

  4. spéculons contre les spéculateurs !
    tous puissants qu’ils soient les hedges funds ne sont pas pour autant les maitres du jeu .
    la BCE avec l appui des pouvoirs politiques pourrait porter un coup important aux fonds spéculatifs par biais des CDS et ainsi les prendre a leurs propre piège !
    en effet si angela merkle annonce de manière définitive qu’il n y aura aucune aide de la Grèce de quelque manière la cote des CDS sur un défaut de la Grèce va s envoler, dans le meme temps la BCE pourrait acheter la contre partie perdante de manière plus ou moins détournée puis quand elle en aura accumulé un très grand nombre faire proclamer par nos édiles un soutient indéfectible a la Grèce , occasionnant alors de lourdes pertes a ces fonds vautours et réaffirmant par la meme le prima du pouvoir politique sur la finance.
    en plus les gains réalisés couvriraient largement les frais a engager en Grèce, ferait redescendre le cout de refinancement de l état hellène et désamorcerait les risques pesant sur les soit disant PIGS (i=Irelande et non pas pas Italie comme les lobbys anglo-saxon essais de s en convaincre!) car les spéculateurs échaudés qu’ils seraient , ne se risqueraient pas contre le vrai maitre du jeu!
    se serait tellement facile que la vrai question est de savoir pourquoi ne le font il (BCE+politique) pas ?

    1. Rusé mais c’est l’inverse qui se produit en général.
      Les fonds sont introduits dans les sphères politiques et sont les premiers « initiés » dans ce genre d’affaires.
      Bonne idée mais elle fonctionne déjà dans l’autre sens….

  5. Mais c’est avant qu’ils parviennent à leurs fins qu’un grand mouvement mondial populaire devrait se mettre en mouvement… ils sont en train de sauver leur système véreux sur notre dos à tous, petits et « moyens »… et tout le monde le sait, et rien n’arrive pour l »instant…
    Je veux bien que l’homme moyen se laisse faire sans crier, si ça lui chante (aucune fierté!), mais pas moi.
    D’ailleurs je crois que les Grecs ont déjà décidé de se rebeller…à quand la suite? C’est une menace réelle… une réponse de la bergère au berger!

  6. Comment voulez-vous que ce système serait « réformable » en luttant contre certaines spéculations via les CDS ou en luttant contre es paradis fiscaux?
    Car le principal « paradis fiscal », à savoir le retrait de liquidités et de capitaux se maintiendrait inchangé. Et ces même spéculateurs brandissent la menace du rtrait liquide comme « arme de destructio massive » de l’économie, tout simplement parce que individuellement, c’est rationnel quand bien même cela est une folie collective.
    En effet, pas besoin d’aller au Bahamas pour frauder le fisc comme font les plus efficacement les plus fortunés. Pas besoin non plus d’exporter les capitaux ailleurs quand il suffit de les réserver aux seules spéculations.
    Les citoyens sont champions de la fraude fiscale, semble-t-il, mais il s’agit, là, de savoir si trous ces fraudeurs sont réellement pauvres. Sans aucun doute, la majorité des grecs est pauvre, mais il y a en Grèce comme ailleurs aussi des gens très riches qui ont déjà tout pris. Pour les faire payer, eux, le seul moyen serait de rendre le signe monétaire inapte à toute forme de spéculation, en émettant justement le SMT.
    Il nous faut un signe monétaire différent, le SMT, seul capable de circuler convenablement et de mettre un terme aux boucles d’attente des liquidités que constituent les fonds spéculatifs.
    Cest seulement quand les banques centrales se résolvent d’émettre un signe monétaire marqué par le temps que la spéculation et soeur jumelle, la thésaurisation, iraient prendre fin et que le mystère des déficits publiques insolubles pourraient commencer à se résorber.
    Mais tant que cela ne sera pas même l’enjeu du débat, je ne vois pas vraiment à quoi peuvent rimer les diagnostcs tout à fait exacts de François Leclerc et de Paul Jorion:
    L’interdiction des paris sur les fluctuation des prix de certains actifs et des matières premières ou le démantèlement des paradis fiscaux ne pourront être une solution suffisante, car le principal problème qui surgit déjà c’est le fait que le signe monétaire actuel ne circule plus réellement dans le sens où il créerait des richesse ou des emplois.
    La cure d’austrité grecque, au contraire, ne fera que ralentir la consommation grecque et européenne, moyennant quoi, encore davantage de moyens capitaux iront dans les circuits spéculatifs.
    Et si le Grecs ne faisaient rien, le même problème se poserait via l’insolvabilité immédiate de ce pays et d’autres.
    Autrement dit, il n’y a vraiment aucune issue du dilemme actuel qui est causé par le signe monétaire tel qu’il est!

  7. Le dépouillement partiel des bulletins de vote du référendum islandais sur le plan de remboursement aux britanniques et hollandais suite à la faillite du système bancaire en Islande montre que le projet prend la voie d’être rejeté selon skynews – reuters.

  8. @ F. Leclerc :
    Concernant le chantage au FMI du gouvernement grec, vous avez oublié la réaction de Trichet.

    Mais aussi le locataire de l’Elysée :
    « «Dominique Strauss-Kahn et Georges Papandréou se téléphonent tous les jours », assure-t-on à Athènes. Une rencontre officieuse entre les deux hommes ne serait pas exclue, en marge de la visite d’État à Barack Obama.
    Devant un tel chantage poli­tique, l’Élysée a décidé de monter au créneau. Nicolas Sarkozy recevra Georges Papandréou dimanche à l’Élysée, avant le départ de ce dernier pour Washington. Pour lui rappeler quelques vérités européennes… »

    Vérités européennes ou vérités personnelles ?
    C’est dire le niveau actuel des préoccupations politiques de nos représentants élus …

  9. REYKJAVIK — Les Islandais ont rejeté par référendum samedi l’accord financier impopulaire baptisé Icesave, selon des résultats officiels partiels annoncés par la télévision publique islandaise.

    C’est une bonne nouvelle… 🙂

    Je relisais ces derniers jours un sondage parut fin 2006 en Islande concernant l’adhésion (58% de oui et entrée dans l’euro-zone) donc leurs volontés de rentrer dans la communauté européenne ne date pas de la crise.

    Cordialement

  10. Bref, tout se passe comme prévu. Le capitalisme bat de l’aile tandis que les nervures continuent de pousser.

    A chaque étape de la Grande crise son lot de petites révisions conceptuelles chez nos dirigeants, qui préparent à leur tour d’autres révisions. Mais jusqu’où iront-ils ? Quand franchiront-ils le rubicon ? A quel prix, pour les peuples, sera-t-il franchi ?

    Leur manque d’assurance devrait d’une certaine façon nous rassurer et augurer de transformations plus grandes. Ils n’ont pas de plan B car le projet néo-libéral bute sur ses propres contradictions. Sans l’avoir voulu ils sont déjà en marche vers un monde nouveau abandonnant malgré eux leurs repères habituels.
    La sagesse voudrait qu’ils fassent dés maintenant le deuil du monde ancien pour se tourner résolument vers le nouveau, évitant ainsi bien des souffrances inutiles.

    Quel clin d’oeil de l’Histoire tout de même que la Grèce, berceau de la démocratie, refasse parler d’elle en Europe deux mille ans après son invention au moment même où la civilisation se remet en question !

    1. malheureusement une des nervures qui semble pousser c’est le reflux de la démocratie. Les exemples commencent à abonder:
      -remplacement du TCE (désapprouvé par les électeurs français et hollandais) par le traité de Lisbonne (adoté sans vote du peuple).
      -des Irlandais (mais des Danois aussi, souvenez-vous) que l’on fait voter plusieurs fois pour obtenir le résultat escompté.
      -Papandréou applique un programme pour lequel il n’a pas été élu (ce que lui reproche notamment les Grecs; mais est-il le seul à qui l’on peut reprocher cela?).
      -Le vote des Islandais n’empêchera pas les tractations de continuer entre les gouvernements néerlandais/britanniques et islandais.
      Ajoutez à cela le désintérêt croissant des électeurs pour le vote, notamment en France (cf les Européennes hier, les Régionales demain) et l’on est droit de se demander si nous ne sommes pas en train de sortir de la démocratie telle que nous la connaissions. On le sait, Todd avait revenu cette hypothèse: nous sommes peut-être déjà après la démocratie. Ce blog ne fait-il pas déjà le même constat depuis longtemps: il y a une ligne idéologique chez nos gouvernements que les conseils ou même une simple observation du réel ne peut remettre en cause. Nos dirigeants sont redevenus ces géants, ces dieux des cosmogonies des premiers temps: il sont intouchables, ils savent. Le peuple ne peut que supposer ce que serons leur décisions (ce que fait régulièrement François Leclerc) mais ne peut jamais participer à la décision.
      Oui, je le crois, l’avenir verra, si l’on ne réagit pas, la démocratie devenir un sinistre simulacre.

    2. Complètement d’accord aussi avec Olivier.

      Sauf que, au vu des dernières lois votées et des élections spectacles, je crains que la Démocratie soit déjà sur la mauvaise pente…

    3. Vous abordez la face sombre de la Grande crise, je ne nie aucun des faits que vous mentionnez.
      Seulement cette inertie, cette aggravation, le refus des politiques de prendre en compte le changement à la hauteur des enjeux et au mépris de la démocratie, c’est précisément la manifestation des contradictions dont je parlais plus haut. Le propre d’une crise c’est bien l’exacerbation des contradictions, contradictions qui sont inhérentes à la logique du système. Une crise c’est l’ancien monde qui ne veut pas mourir et le nouveau qui ne veut pas encore naître.

      Pourquoi ne pas essayer de voir cette crise de façon plus dialectique ?
      C’est la seule façon que nous ayons de ne pas laisser toute l’initiative à l’adversaire. Si nous théorisons notre propre défaite alors effectivement l’avenir sera sombre.

      Il est faux de dire que les politiques, tous, se font la même vision de l’économie et de la finance que celle qu’ils avaient avant que la Grande Crise. Tous les cas de figure existent. Certains demeurent obtus, mais un plus grand nombre s’agite dans un marais dont il ne voient pas la sortie. Ils voient bien que quelque chose ne fonctionne plus, mais ils n’ont pas ou ne veulent pas encore prendre le large en abandonnant leurs vieilles idées.

      Pendant ce temps les peuples ne demeurent pas inertes, leur perception de l’économie et de la finance change aussi. Les « décideurs » peu à peu en viennent à manquer d’arguments pour justifier l’intolérable, les sacrifices. Ils en ont encore, mais déjà quelques uns ont d’ores et déjà été relégués au Musée du néo-libéralisme. « L’état ne peut pas tout » avait dit un certain Jospin, eh bien on a vu qu’il peut beaucoup lorsqu’il y a feu en la demeure, qu’il s’agit de renflouer des banques et que le système est au bord de l’effondrement. Bref l’idée d’un Etat en retrait a été battue en brèche. Impossible désormais à ceux-ci de se défausser de leurs responsabilités. Car ce qu’ils ont su faire pour les banques ils doivent pouvoir le faire pour les peuples.

      Au total cela crée une configuration inédite. Le Même rode toujours aussi arrogant, mais dans les interstices, insensiblement quelque chose est déjà en train de changer dans les esprits et c’est cela qui fait toute la différence lorsqu’à certains moments décisifs de la Grande Crise les forces de l’adversaire se verront affaiblies ou que le doute se sera emparés d’eux.

      Peut-être avez-vous raison, nous allons tout droit vers l’enfer. Pour ma part je ne peux m’y résigner et je pense que nous allons seulement vers de nouveaux chocs. Encore une fois ne théorisons pas notre impuissance.

    4. @ Pierre-Yves D
      « Pourquoi ne pas essayer de voir cette crise de façon plus dialectique ? » dites-vous.
      Sans doute parce qu’historien de formation, et donc aux prises en premier lieu avec les faits plus qu’avec leurs interprétations, je peine à être aussi hégélien que vous. Si je me relis, je ne fais que ça d’ailleurs : énoncer des faits.
      Mais oui, d’une certaine façon vous avez raison, je redoute l’écroulement. Je rencontre encore des gens qui m’expliquent que finalement « la crise, ça n’existe pas ». Je rencontre encore des gens pour prendre parti pour ceux qui les gouvernent et bien souvent contre leurs propres intérêts. C’est désespérant, mais cela aussi c’est un fait : l’idéologie néolibérale a véritablement imprégné les esprits. Si je reprends la fameuse dialectique maître-esclave si cher à notre hôte, on n’a l’impression que l’esclave n’a guère envie d’en découdre. Pour des raisons multiples sans doute : peut-il s’imagine-t-il davantage maître qu’il ne l’est réellement ? Peut-être aussi aime-t-il sa servitude? Sans doute n’est-il pas encore assez malheureux ou bien la Grèce est-elle trop loin? Mais en disant cela je suis déjà dans l’interprétation : en fait je ne sais pas, je ne sais rien.
      En revanche, je crois savoir une chose: ce blog a moins bougé les choses que nous voulons le penser. Je ne nie pas les efforts (nécessaires) et les réussites (réelles) de Paul et de François Leclerc sur le plan idéologique, mais depuis près de deux ans que je suis ce blog, nous avons, collectivement, toujours le même problème : traduire ces avancées idéologiques en termes politiques. En termes politiciens même devrais-je dire, cela sera plus clair. De ce côté-là, et malheureusement c’est encore un fait, cela n’avance pas. (Ou pas beaucoup) On retrouve les mêmes discussions en ce moment sur la nécessité de faire bouger les choses et sur les modes d’action qu’il y a deux ans (Encore qu’on parle plus de Sarkozy comme un recours ce qui est déjà pas mal). C’est sans doute abrupt de dire cela comme ça, sans doute cela semble-t-il amer et en rabat un peu trop au noir. On m’en excusera: je ne veux surtout pas décourager les bonnes volontés. Mais je pense qu’il faut être lucide. Le chemin est encore long. Il ne sera pas parsemé de roses. Et surtout, il ne se fera pas sans investissement du champ politique. Keynes sans Roosevelt, c’est un livre rangé dans une bibliothèque et des Français qui parlent allemand. Jorion sans traduction politique c’est… Cessons de parler agissons!

    5. Le Bourgeois est un Esclave reconnu, mais reconnu dans sa servitude (quoiqu’il n’ait plus de Maître proprement dit : le Bourgeois est un Esclave sans Maître-humain, qui se cherche donc un Maître et qui le trouve en Dieu d’abord et dans le Capital ensuite qu’il « sert »).

      Alexandre Kojève, Esquisse d’une phénoménologie du droit, Paris : Gallimard, 1981, p. 542

    6. @ Paul Jorion
      « un bourgeois est un Esclave reconnu, mais reconnu dans sa servitude » faites vous dire à votre ancien « maître ».
      C’est un joli oxymore, reflet de la vraie contradiction de notre époque (de notre système?). On pourrait même « filer l’oxymore » en s’étonnant que le dit bourgeois ne se reconnaissent ni dans le mot « bourgeois » ni dans le mot « esclave ». C’est ici que commence le déni, c’est ici que bute la raison. Comment convaincre quelqu’un de changer quand il ne consent pas même à accepter les mots qui le désignent? Comment soigner quelqu’un qui ne se pense pas malade?
      Le déni de réalité, dont finissent par souffrir tous les systèmes idéologiques, se manifeste toujours par une crise du langage. En même temps, autre oxymore, le système finit toujours par en tirer parti. Quelle autre solution alors que de l’affronter avec ses mots, ses propres mots? Quelle autre solution que de faire de la politique?
      J’en profite Paul, puisque vous adressez directement à moi, que vous évoquez Kojeve et que je parle engagement, de faire une petite remarque qui j’espère ne vous blessera pas (ce n’est pas le but): Kojeve, votre « maître » a fini par intégrer « professionnellement » les institutions européennes, considérant sans doute (je m’avance peut-être) que la construction de l’Europe en tant qu’Etat correspondait à la fin de l’histoire. Vous, si vous convoquez Hegel, si vous vous rendez au Parlement de européen, c’est parce que vous n’y croyez pas. Vous croyez que l’Histoire est encore à faire. L’étudiant (l’esclave) n’a plus besoin du maître. Lui-même est devenu maître. N’est-il pas temps, alors, de s’engager?

    7. Par un renversement curieux de perspectives, explicable si l’on admet qu’à un moment donné de son évolution, Hegel a pensé comme Marx à une suppression effective de l’aliénation de l’homme, puis a dû y renoncer en méditant sur certains événements historiques, c’est Hegel qui paraît ici entraîné dans un mouvement dialectique sans fin, où se miroite l’Idée, tandis que Marx prévoit une fin de l’histoire.

      Jean Hyppolite, Études sur Marx et Hegel, Paris : Marcel Rivière et Cie, 1955, p. 132

    8. @Olivier

      Les idées ne mettent pas à un jour, ni même deux ans – c’est un temps bien court en vérité, et je m’étonne qu’un historien de formation puisse l’avoir oublié ! – pour changer le cours des choses.

      Sortir du virtualisme, des mirages du « comme » (le crédit comme l’argent, la vie-à-crédit comme la vie, les génériques comme les originaux, mon clone comme moi, etc.), ne se fera probablement pas en un jour.
      C’est frustrant mais c’est un fait : l’histoire dépasse toujours la mesure de nos vies.

      Ne croyez-vous pas cependant qu’il existe des bifurcations idéologiques qui méritent mieux qu’une trépignation politicienne, y compris et peut-être même surtout, quand l’urgence de la situation nous réclame. Ne pensez-vous pas que le seul fait de converser aux intellectuels le temps précieux des livres, du recul et des fondations, le temps du sens des mots, ce soit cela aussi, lutter politiquement contre la dictature des rendements, de tous les rendements, à court-terme ?

    9. @ Martine Mounier
      très joli…Pour ce qui est de l’éloge de la lenteur, non seulement j’adhère mais j’applique depuis longtemps. Mais en même temps, quand le vient le temps de l’urgence, c’est dérisoire. Mes années de formation en tant qu’historien, puisque vous en parlez, m’ont appris que l’on oublie les idées qui ne nous trouvent pas de débouchés. Combien de petits Hegel oubliés? Passionnant souvent d’ailleurs ces petits Hegel! Mais ces petits intellectuels se voient souffler la mise par d’autres bien plus insignifiants. L’histoire des idées vues par un philosophes, c’est une série de grands noms tous plus intelligents les uns que les autres. L’histoire des idées vue par un historien, c’est-à-dire l’histoire des idées qui ont effectivement eu un impact, c’est l’histoire de petits scribouillards de seconde main, aux pensées bien plus courtes que celles auxquels ils les ont empruntés. Mais eux ont un avantage sur les premiers. Ils ont compris que l’histoire est faite de le sueur des hommes. L’histoire n’est pas la belle mécanique finaliste des philosophes. Elle n’a souvent de sens que d’ironique. Finalement un philosophe n’est guère plus qu’un historien: il ne se manifeste qu’au crépuscule, accompagne le début de la nuit, puis fait comme tout un chacun: il va se coucher.

  11. Pour Volcker ( et Obama), vous allez un peu vite. Les mots – et sans doute les plans dressés par l’architecte- sont là, mais pas les réalisations. Obama, et ses conseillers, causent et font des déclarations sympathiques mais sans suites tangibles. Je sais bien que l ‘inertie d’Obama pousse à des accusations faciles. Mais, deux remarques:
    -Paul donne des extraits de discours de Roosevelt; Une fois en situation, Roosevelt a eu à coeur de les réaliser, malgré une opposition féroce.
    -Une affiche républicaine anti-Obama fait scandale parce que le Président a été grimé en une quelconque vedette de cinéma symbole de méchanceté ( « les républicains se disent embarrassés »). En réalité, l’ affiche montre bien un Obama reconnaissable, mais accompagné du mot accusateur ‘socialist’.

    Obama n’a pas la partie facile parce que l’opinion US est malade d’une idéologie déraisonnable. Roosevelt était-il en moins bonne situation ? Et il faut malheureusement reconnaitre que nous, Européens, sommes dépendant de ce que Obama réalisera , ou ne réalisera pas…

    1. Hhmm…
      Je ne suis pas spécialiste des US, mais je ne peux que constater que les grandes réformes voulues (ou juste annoncées pour le spectacle) sont systématiquement bloquées.
      Et la montée des tea party est une autre preuve de malaise.

  12. Seule une faible partie de la population est impactée par la Grande Crise..j’étais cette après-midi dans un centre commercial et je me suis fait la réflexion…crise,quelle crise??Le lieu était noir de monde et il y avait foule aux caisses….en fait à peine 15 à 20 pct de la population active est touchée par la crise…uniquement dans la secteur privé concurrentiel…plus dans l’industrie que dans les services…les plus précaires sont touchés(cdd,intérim etc)mais comme ils l’étaient déja..ils ne sont pas prêts à se révolter..quant aux autres il ne sont absolument pas concernés…de plus on a fait remonter la bourse artificiellement,la reprise est purement fictive et financière…mais tant que la majorité de la population se sera pas touchée (plan de rigueur?)il n’y aura aucune révolte…
    De plus la propagande/méthode coué des média ‘mainstream’fait son travail depuis mars 2009…seules quelques révélations croustillantes via le net par exemple de ‘repentis’..annoncant par exemple que toutes les banques US sont en fait virtuellement en faillite et que le changement des règles comptables leurs a permis de gonfler leur bilan de 25 à 40 pct….mais qui osera ‘parler’??Couverts de bonus pour acheter leur silence,peu probable que cela vienne d’un trader….idem chez les politiques tous financés en tout ou en partie par ces financiers…qui sont leurs sponsors de campagnes….la situation n’est pas encore assez grave..pour le politique une crise qui n’impacte que 15 à 20 pct de la population (et de toute façon pas leurs électeurs),cela peut durer même 10 ans s’il le faut…une stagflation de cette durée ne leur fait pas peur…

    1. Disons pour arrondir, qu’il y ait 7 millions de « précarisés » (chomeurs, petits boulots, petits revenus…etc)
      Nous sommes 65 millions / 7 = 9,28. Un Français sur 9 est effectivement impacté par la crise. Mais ce n’est que l’apparence, il faut quand même subvenir à ses besoins essentiels, donc le nombre de consommateurs n’est que peu influencé, seule la quantité et le montant total de la dépense est en régression.
      D’autre part, les amortisseurs sociaux en France fonctionnent mais attention, les fins de droits vont être nombreux, les précarisés et la baisse générale des revevnus vont amplifier la crise qui au niveau Français ne fait à peine que commencer.
      Les annèes à venir vont être douloureuses si le peuple se laisse faire et s’illusionne du mouvement au supermarché.
      Les premières remontées des stations de sport d’hiver, de la fréquentation, mais 30% de CA en moins.
      Même ceux qui ont les moyens, dépensent mais au plus juste, c’est aussi le tournant de la société de consommation éperdue.

    2. Je complète, selon certaines estimations nous serions plus proche des 10 millions de « précarisés » soit

      1 Français sur 6,5, le seuil masse critique va bientôt apparaitre aux yeux de tous. Tous unis dans l’adversité, le seul mot d’ordre qui fera corps.

    3. @dissy: « Le lieu était noir de monde et il y avait foule aux caisses…. » : évidemment, tous ne sont pas touchés, ou du moins pas encore. Car ce qui apparaît, au fil des articles de François Leclerc, c’est que la crise est loin d’être finie. On a évité le collapsus mais pas éliminé les causes qui continuent donc d’agir en sourdine. Lire aussi: En Amérique, les choses ne sont pas en train de s’arranger et La situation de l’immobilier américain s’aggrave – oui, c’est possible !

  13. Si j’avais gagné 56 millions d’euros à l’euromillion vendredi soir, ce qui n’est pas le cas, j’aurai acheté de la dette grecque avec des yens que j’aurais acheté avec un taux de 2 %, assuré d’un différentiel de plus de 4 %. Une excellente affaire ! De plus le gain est certain, contrairement à la bourse qui peut rechuter lundi. Lundi matin, je revend la dette grecque que j’avais acquis vendredi et j’empoche mes gains. Avec 56 millions d’euros j’aurai gagné environ 2,5 millions d’euros. C’est exactement ce qu’ont fait des banques japonaises ou australiennes, des banques cryptiques dans un paradis fiscal perdu au milieu des océans, voire chinoises ou la banque du Vatican, après tout les grecs sont des orthodoxes… Il n’y a même pas besoin de produits financiers complexes pour réaliser ce type d’opération. Morale de cette histoire fictive : quelque part dans le monde, un gain de 250 millions d’euros a été réalisé en quelques minutes sur le dos du peuple grec et je ne vois pas quelle institution supranationale, quel gouvernement, quelle loi, quel décret peuvent empêcher ce type de pratique qui n’a rien à voir avec les CDS. Les débats actuels font fausse route : il faut revenir le plus vite possible à un étalon métal qui a l’avantage d’être concret, inclure dans le calcul du capital des entreprises la force vive de travail, c’est-à-dire les employés, c’est aussi du concret. Exemple : imaginez que les pilotes d’Air France fassent partie, avec leurs compétences, du capital de l’entreprise, celle-çi verrait ses comptes miraculeusement bénéficiaires ! Mais qui, au niveau mondial, pourrait imposer de tels changements, peut-être le FMI, j’en doute… Il faudra un changement radical des mentalités.
    Merci François, Paul et les autres pour votre excellent blog.

    1. Du temps de « l’étalon métal » il y a eu autant de crises spéculatives historiques. Googlez « speculation ». La spéculation n’existe que dans le cadre des marchés, c’est donc ce cadre qu’il faut modifier.

      D’autre part comment voulez vous « capitaliser » le travail … c’est à dire l’accumuler, le réifier (c’est « du concret »: le boulot devient stockable comme des boulons), en faire un signe monétaire au bilan (et un moyen de paiement).
      L’esclavage en était une ébauche, le commerce triangulaire une ébauche de cette globalisation du travail transféré comme des capitaux.
      Donc, il faut monétiser le travail et le globaliser en un seul marché régulé par les mêmes ! Mais évidemment. Avec « leur compétence » les employés d’Air France dégagent une chouette plus value. La France pourrait compenser son déficit commercial en livrant une centaine d’équipages en Chine! Les enfants seraient une forme d’intérêt par le taux de reproduction, la compétence étant fortement endogamique. Il y a donc des populations, pardon des ressources, plus rentables avec des échéances calculables. On pourrait alors établir des « spreads » sur ces différentiels de taux de fécondité et donc spéculer sur des déportations de populations. On appellerait Staline pour la déflation en cas de bulle.
      Oui les débats font fausse route.

      Mais le pseudo est dans une lignée, c’est donc un gag: Henri38 de la génération d’Henri VIII?

      « In 1521, Henry VIII had proposed a national effort to establish a company to work the oceans, but it was protested that this would annoy Spain and Portugal and imperil existing business. There would in fact be a trade depression by 1550 or so, and relations between England and the Hapsburg states would cool. England by 1550 had to find new markets. However, Thorne (presumably Thorne of Bristol) had about 1531 collaborated with Roger Barlow to write The Declaration of the Indies, a plan for empire-building in the Pacific, by way of a northern passage – an idea not well-received. »

      Bravo vous m’avez bien eu !

  14. A la lecture de ces post, je ne comprend pas cette volonté de vouloir demander aux dirigeants politiques européens de prendre des mesures de régulation du système financier.
    Croyez vous que les dogmatiques Mrs Trichet, Barroso, Van Rompuy et Juncker iront jusqu’à se déjuger? Ils se sont assis sur les résultats référendaires des peuples consultés.

    Ils ont, au mieux, baissé les bras depuis longtemps et, plus sûrement, sont les complices objectifs du système, par idéologie dogmatique, par compromission, par intérêt et même par lâcheté.
    Sans la pression des peuples il ne se passera rien et le système continuera jusqu’à l’absurde.
    Que les peuples souffrent ou meurent n’est pas leur souci premier.

  15. Il était symptomatique d’écouter la conférence de presse mensuelle de Sieur Trichet cette semaine:
    je botte en touche, ceci est du ressort de l’Union Européenne, il faut des réformes structurelles, y-aura-t-il la volonté politique ? Le taux d’interet payé par la Grèce n’est pas soutenable, il sera sans doute celui des prochaines émissions des autres pays en danger, Espagne, Portugal, comme dirait
    Simon Johnson on repeint les transats du Titanic ou du navire Europe

  16. Bilan: les fonctionnaires et les retraités grecs ont perdu plus de 10% de leur pouvoir d’achat pendant que les spéculateurs (les moins doués) voient leur rémunération monter à + 6.23% !
    Nos gouvernants sont lâchement satisfaits, qui soumis « aux marchés » ont vu ceux ci interpréter favorablement le « message qui leur est adressé » par le gouvernement grec (dixit Angela Merckel probablement au nom de tous les autres).
    Quel message saurons nous enfin adresser aux « marchés » (euphémisme signifiant capitalisme financier spéculateur).

  17. « En supprimant d’un coup sa dette, un Etat au bord de l’asphyxie retrouve immédiatement un bol d’oxygène conséquent, correspondant au montant annuel des intérêts versés à ses créanciers (…) Pour les prêteurs, le moment serait certes dur à passer : il consisterait en effet à payer d’une seule traite le montant des arriérés d’impôt qu’ils ont accumulé depuis vingt ans en préférant des gouvernements qui s’endettent auprès d’eux plutôt que des gouvernements qui lèvent l’impôt sur eux « .Laurent Cordonnier

  18. L’expression « passe[r] contre une lettre à la poste » devrait passer dans les annales ! 🙂

    Toute blague mise à part, puis-je reformuler ici la question qui me turlupine: quel intérêt y a-t-il à vendre des CDS, hormis empocher le prix de la vente ? Il faut être fou pour prétendre assurer des risques dans un contexte où rien n’apparaît comme sûr.

  19. Si j’étais Papandréou, je n’hésiterais pas à solliciter le FMI afin de mettre ces messieurs de la zone euro au pied du mur! Qu’ils le créent, le FMI européen, même s’ils souhaitent en faire le père fouettard de l’UE. De toute manière, la surabondance de dette actuelle ne peut guère empirer. Et l’on obtiendrait peut-être le commencement du début d’une gouvernance économique de la zone euro, ce qui ne pourrait que nuire au dollar, et dévoiler au grand jour la nudité de la « valeur » du billet vert. Un tel scénario serait-il si catastrophique?

  20. Histoire du financement d’une centrale qui met bien en relief la question de la légitimité de la dette des Etats .

    Pourquoi le gouvernement devrait-il payer un intérêt à un système bancaire privé pour l’usage de sa propre monnaie, qu’il peut émettre lui-même, sans intérêt? C’est exactement ce que les créditistes du journal Vers Demain soutiennent, lorsqu’ils demandent au gouvernement fédéral de reprendre son pouvoir de créer l’argent du pays. L’inventeur américain Thomas Edison, qui était loin d’être un fou (quoique n’ayant fréquenté l’école que 3 mois, il comptait plus de 1000 brevets d’inventions à son actif), est aussi d’accord avec cette demande des créditistes. Voici ce qu’il disait dans une interview publiée dans le New York Times en 1928, alors qu’il était de retour d’une inspection à la centrale électrique en construction Muscle Shoals, sur la rivière Tennessee:

    «Si la monnaie est émise par la nation, 30 millions $ pour le financement de Muscle Shoals, ce sera la bonne chose à faire. Une fois cette méthode d’émettre l’argent pour les développements publics essayée, le pays ne retournera jamais à la méthode des obligations…

    «Maintenant, il y a (Henry) Ford qui propose de financer Muscle Shoals par une émission de monnaie (au lieu d’obligations). Très bien, supposons un instant que le Congrès suit sa proposition. Personnellement, je ne pense pas que le Congrès ait assez d’imagination pour le faire, mais supposons qu’il l’ait. La somme requise est émise directement par le gouvernement, comme toute monnaie doit l’être.

    «Lorsque les travailleurs sont payés, ils reçoivent ces billets des Etats-Unis. A l’exception peut-être que ces billets porteraient la gravure d’un barrage au lieu d’un train ou d’un bateau, comme certains billets de la Réserve fédérale l’ont, ils seront la même chose que n’importe quel autre numéraire émis par le gouvernement, c’est-à-dire, ils seront de l’argent.

    «Ils seront basés sur la richesse publique existant déjà à Muscle Shoals; ils seront retirés de la circulation par les salaires et bénéfices de la centrale électrique. C’est-à-dire le peuple des Etats-Unis recevra tout ce qu’il a mis dans Muscle Shoals et tout ce qu’il pourra y mettre durant des siècles… le pouvoir sans fin de la rivière Tennessee… sans taxes et sans augmentation de la dette nationale.

    — Mais supposez que le Congrès n’y voit pas, qu’arrivera-t-il? demanda-t-on à Edison.

    «Alors, le Congrès doit retourner à l’ancienne méthode. Il doit autoriser une émission d’obligations. C’est-à-dire, il doit aller chez les prêteurs d’argent et emprunter assez de notre propre monnaie nationale pour achever ces travaux, et nous devons payer de l’intérêt aux prêteurs d’argent pour l’usage de notre propre argent.

    «C’est-à-dire, sous l’ancienne manière, chaque fois que nous voulons augmenter la richesse nationale, nous sommes forcés d’augmenter la dette nationale.

    «C’est ce qu’Henry Ford veut empêcher. Il pense que c’est stupide, et je le pense aussi, que pour le prêt de 30 millions $ de son propre argent, le peuple des Etats-Unis soit obligé de payer 66 millions $ — le montant total à payer avec les intérêts. Des gens qui n’ont pas levé une pelle de terre ni contribué pour une seule livre de matériel vont ramasser plus d’argent des Etats-Unis que le peuple qui a fourni les matériaux et le travail.

    «C’est ce qui est terrible avec l’intérêt. Dans toutes nos importantes émissions d’obligations, l’intérêt à payer est toujours plus gros que le capital. Tous nos grands travaux publics coûtent plus de deux fois le coût réel. Tout le problème est là.

    «Si notre nation peut émettre une obligation d’une valeur d’un dollar, elle peut émettre un billet d’un dollar. L’élément qui fait que l’obligation est bonne est le même qui fait que le dollar est bon. La différence entre l’obligation et le dollar est que l’obligation permet aux prêteurs d’argent de ramasser 2 fois le montant de l’obligation plus un 20 pour cent additionnel, alors que l’argent mis en circulation ne paye que ceux qui ont directement contribué à la construction du barrage de quelque manière utile…

    «Il est absurde de dire que notre pays peut émettre 30 millions $ en obligations, et pas 30 millions $ en monnaie. Les deux sont des promesses de payer, mais l’un engraisse les usuriers, et l’autre aiderait le peuple. Si l’argent émis par le gouvernement n’était pas bon, alors, les obligations ne seraient pas bonnes non plus. C’est une situation terrible lorsque le gouvernement, pour augmenter la richesse nationale, doit s’endetter et se soumettre à payer des intérêts ruineux à des hommes qui contrôlent la valeur fictive de l’or.»

    Thomas Edison

    http://www.michaeljournal.org/annexD.htm

    1. Pas mal du tout. On comprend assez bien que, la monnaie étant retenue en des mains privées, celles-ci n’ont intérêt à le distiller qu’au compte-gouttes sur le marché pour maintenir sa valeur aussi haut que possible, préserver le capital de l’érosion, et empocher les intérêts. D’un autre côté, l’on devine que si un état émet de la monnaie pour financer tout et n’importe quoi, elle perd rapidement de sa valeur et l’inflation apparaît comme un « fléau ».

  21. Les Islandais n’ont pas eu besoin d’un sondage pour s’exprimer, les Grecs si, qui sortent tout juste des élections.

    Que dit ce sondage publié ce week-end en deux parties par le quotidien To Vima (l’équivalent du Monde) ?

    Si les réactions au plan d’austérité adopté par le Parlement sont partagées, 48,8% des sondés s’y opposant tandis que 46,6% se déclarant d’accord avec ses mesures, il n’en va pas de même lorsque sont détaillées ces dernières.

    67% des sondés s’opposent au gel des retraites et 64,2% sont contre la hausse de la TVA de deux points. 60% contre les réductions des 13éme et 14éme mois dans la fonction publique et 74% contre celle de 200 millions d’euros dans le budget de l’éducation.

    Par contre, 94% d’entre eux sont favorables à une taxe sur les produits de luxe, la question de la fraude fiscale n’ayant pas été posée !

    La suite du sondage est encore plus éclairante : 85,2% des sondés estiment que les pauvres vont devenir plus pauvres et les riches plus riches. L’éventualité d’une « rupture sociale » est considérée comme probable par 81,5% des sondés. La durée de la récession est estimée à 3 ou 4 ans pour 38% des sondés, 5 à 9 ans pour 19%, dix ans pour 22 %.

    Si 55,6% des sondés ont déclaré approuver la mobilisation syndicale en faveur de la grève générale du 11 mars prochain, seuls 37,5% ont déclaré qu’ils vont y participer.

    1. Il me semble que les grecs sont assez pessimiste sur l’effectivité du mode de réaction proposé, à savoir la grève générale. Ce qui indique bien combien il est nécessaire de repenser les modes d’action collective sur ce type de problèmes …
      Pas de solution pour ma part.

  22. s’il existait une psychologie des peuples et sa nosographie, on dirait de ce peuple qu’il est lucide et déprimé

  23. petit commentaire sur le financement de l’emprunt grec…forcément les banques ont massivement souscrit, tout comme elles le font depuis 1 an1/2 pour les émissions de dettes de la zone euro !…les banques se financent pour presque rien auprès des banques centrales et souscrivent aux emprunts des états sur-endettés..et doivent aussi bien sûr financer les économies (c’est à dire prêter aux particuliers et aux entreprises)…j’ai du mal à imaginer des chefs d’état dicter des règles aux banques alors que ce sont elles qui financent leurs dérives !

    1. Elles ne financent pas leurs dérives, vous n’y êtes pas du tout, c’est la dette des Etats qui fait la puissance et la richesse des banques.
      Malheureusement, réfléchissez donc un peu.
      I/ Dette des Etats du à quoi : pas assez d’impôts où l’argent se trouve pour de multiples choix de nos gouvernants qui vont à l’avantage justement des banques aussi pour de multiples raisons : une partie des placements c’est de l’impôt absent et rien d’autre.
      commerce de ces derniers via un tas de supports
      relais par les Etats des déficits de nos sociétés : emplois et salaires pour permettre le profit maximum pour une minorité ect….
      2/ abandon de l’accès à la banque centrale au profit des banques.
      ect…

      La liste est trop longue réfléchissez donc par vous même et vous serez surpris.
      L’Etat est devenu le garant des intérêts privés et non des intérêts communs au profit de l’accumulation par une minorité au détriment des autres.

      Il faudrait une réforme agraire de l’argent, ni plus ni moins.

    2. @l iervol:
       » une partie des placements c’est de l’impôt absent et rien d’autre. »
      ( et tout le paragraphe 1): c ‘est très important, un fait
      clair et évident. C’est une affaire entièrement politique.

      La lecture du ‘programme’ du parti actuellement dominant
      pour les régionnales place en premier: » pas de hausse d’impôts. »
      Evidemment toutes les taxes, TVA, et TVA sur taxes ne sont pas
      des impôts!!!
      Nous devrions réclamer la fin du bouclier fiscal et le rétablissement
      de la progressivité de l’impôt.
      La classe moyenne est amenée à se faire complice
      d’une idéologie dont elle est la victime principale.
      La baisse des impôts pour relancer l’ activité est une vieille
      lune dont la fausseté est prouvée dans le monde entier.
      ( en particulier en Allemagne et aux USA).
      Restreindre ces masses de capitaux à la recherche
      de placement est aussi une lutte contre l’ économie casino.
      Et nous devons protéger, comme étant anti-spéculatif,
      le système d’ assurance sociale par répartition.
      Il est décevant que votre affirmation reste sans suite.
      Patience et longueur de temps…

  24. Bonjour,
    a la question de savoir si les allemands vont payer, la réponse de la coalition Merkel est « Notre argent contre Corfu » (article du Bild am Sonntag).
    En poussant un peu le raisonnement on s’apperçois que les allemands on été très malin, transformant l’euro en banque expropriatrice.
    Je trouve cette réaction proprement ahurissante dans le cadre de l’Union Européenne, on pouvais espérer que notre fabuleux « machin » aurait reléguer à des temps révolus les ambitions territoriales dans l’Europe des douze.
    N’en déplaise au politiquement correct je trouve cette réponse des conservateurs allemands très inquiétante quand à leurs ambitions géopolitiques, et si l’on songe à que cette ambition n’est pas moins planifiée qu’opportuniste, toute analyse de la situation doit se référer à cette ambition.
    L’explication par l’opposition marché / état apparait alors un peu courte.

  25. Réponse au fameux « Zébu ». Je ne peux répondre à toutes vos intéressantes questions. Et disons que vous aurez le dernier mot. Bonne journée,

  26. Alors, la crise Grecque…c’est fini ?

    Plus de raison de s’inquiéter ?….Les États sont, tout d’un coup, redevenus insubmersibles ?

    Vous et Monsieur JORION vous étiez-vous trompés ?

  27. @Daniel, vous parliez de la TVA, à juste titre aussi, vous souvenez vous d’une époque où le luxe était à 33,33% de taxes? Après tout ce n’était que justice de faire payer une TVA à ce taux sur une Breitling, une Rolex, une voiture de luxe ect…. étant donné que ce n’était pas des choses essentielles mais superflues et de toutes manières nous aurions eu les mêmes ventes de ces types de produits vu que l’homme est capable de se damner non seulement pour l’argent mais aussi pour les signes extérieurs de richesse.

    La classe moyenne sont grand problème, c’est qu’elle se la joue, la classe moyenne du moins celle qui survie encore, elle se croit elle aussi supérieure aux autres, quand elle se réveillera il sera trop tard, de plus elle croit toujours parvenir plus haut et donc profiter un jour à son tour pleinement du bouclier fiscal, elle est dans un piège abscons la classe moyenne.
    Elle croit encore que le costume fait le moine.

    Je me souviens d’une relation simple infirmière libérale qui dans sa tête s’imaginait plus près du Baron Seillière que du smicard courant. Son mari était un fou de la bourse et je ne sais plus combien exactement il a perdu mais certainement le prix d’un appartement sur la côte.
    Oui mais mon infirmière, elle votait à droite toute, libéralisme à fond, haro aux profiteurs de mes impôts ect…

    Oui, une grosse partie des placements, c’est de l’impôt absent et rien d’autre.
    Mais ils sont tellement heureux de les contempler les chiffres sur les comptes, et tant pis si pendant ce temps ils vivent mal dans un monde de plus en plus violent de plus en plus indifférent, de plus en plus en manque de sourires et de rires, en manque de joie de vivre, d’ailleurs savent ils encore ce qu’est la joie de vivre ? Non, ils savent qu’ils vont avoir du 4% sur leur assurance vie, c’est tout ce qu’ils savent et c’est désolant et ils sont là à pleurer parce qu’ils ont pratiquement 1 millions d’euros sur ces comptes et qu’ils ne veulent pas payer de frais de gestion, ils ne veulent pas payer 1000 euros mais pas les donner à quelqu’un dans le besoin non plus, non, ils veulent les contempler sur le compte…

    Comme changer la stupidité humaine ???

  28. La dette de la Grèce s’est vendue comme un petit pain !
    ( http://www.marianne2.fr/La-dette-de-la-Grece-s-est-vendue-comme-un-petit-pain_a189712.html?TOKEN_RETURN )

    … facile! les banques se refinancent à 1% auprès de la banque centrale (monnaie centrale) et elles achètent tout ce qu’elles veulent comme titres de dette grecque qui leur rapportera du 6,25% sans risque (qui pense que la Grèce ne paierait pas les intérêts?)

    Le vrai problème est là, dans l’interiction faite aux banques centrales de l’eurozone d’acheter directement des titres de dette souveraine, plus que dans la spéculation!

  29. @ Olivier et à Paul Jorion

    Dans Le Livre il est question de la vie assez « décousue » qui prévalait jusqu’au déluge meurtrier. Là,symboliquement bien sûr,il n’a fallu que 40 jours pour « régler » (noyer) les problémes….
    Plus sérieusement : notre civilisation est érigée sur les bases gréco-romaines. Plusieurs siécles de constructions.

    Puis surgit le christianisme lequel constitue toujours d’ailleurs,bon gré mal gré, la trame de notre civilisation européenne.
    Ce modéle a été répandue à partir d’une poignée d’illettrés et d’un féru des Lettres : Paul de Tarse.
    Modéle qui tient toujours la route depuis 2000 ans et qui a de l’avenir…
    Alors,par comparaison,comme l’incendie se propageant à partir d’un lumignon hésitant,et partant des idées radicales et ouvertes exprimées ici depuis deux ans,n’est-il pas imaginable d’espérer un séisme salvateur ?
    Beaucoup le désirent,beaucoup doutent aussi.
    Mais tous en avons plus qu’assez du désastre économique et social, et ce blog est en lui-même un contre-pouvoir aux malfaisants de la finance où qu’ils se trouvent.
    Je parie que l’Histoire le retiendra forcément.

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