L'actualité de la crise : La Grande Crise, par François Leclerc

Billet invité.

LA GRANDE CRISE

La crise de la dette publique va toucher les uns après les autres et sans distinctions tous les pays occidentaux, (« ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » – Jean de la Fontaine). La Grèce a eu l’honneur, dont elle se serait bien passé, d’en faire la première les frais. Les pays membres de la zone euro en sont déjà la victime, pour ne pas vouloir y faire face, succombant à la tentation de s’y dérober, et cela ne peut que se poursuivre ainsi, selon une lente et inexorable montée vers un on ne sait quoi. Quant au sort des Britanniques et des Américains, ils sont appelés à rejoindre le bal des vampires, selon de plus en plus nombreux Cassandre (jamais crue mais ayant toujours raison, selon la légende). En attendant, la crise financière, devenue économique puis politique, acquiert progressivement toute sa douloureuse dimension sociale, dans une Europe qui était encore épargnée par rapport aux Etats-Unis.

En raison de l’énormité des déficits actuels et à venir et de la politique suivie pour y faire face, nous sommes entrés – avec des variantes, mais pas davantage – dans une longue période faite d’une stagnation économique qui ne dit pas son nom et d’un surenchérissement progressif et irrésistible du marché obligataire. Celui-ci accroissant encore le coût de la dette et réduisant les marges de manoeuvre budgétaires. La croissance, condition supposée de la sortie de crise dont on ne parle d’ailleurs plus, n’a dans cet environnement aucune chance d’être au rendez-vous.

Car quel pourrait bien être son moteur ? Une relance par le crédit privé n’est pas vraisemblable, car les banques n’en ont pas les moyens et ne veulent pas en prendre le risque, dans une période de crise atteignant les entreprises et les particuliers. Par la dépense publique ? il n’en est plus question autrement qu’à la marge, en raison de la pression maximum qui s’exerce sur les Etats, afin qu’elle soit au contraire diminuée. Enfin, la voie de la création monétaire est déjà très abondamment utilisée, à considérer l’augmentation faramineuse de la taille des bilans des banques centrales (telles des bad banks n’osant pas dire leur nom, dont on serait curieux de connaître la valorisation des actifs pris en pension). Elle suscite de vives réactions des milieux financiers qui agitent l’épouvantail de l’inflation, sans s’apercevoir que le film a changé. Quant à la perspective d’une relance s’appuyant sur la croissance des pays émergents et entraînant le monde occidental dans son sillage, aucun signe tangible n’en l’accrédite la venue.

Le spectre d’une relance en « W » est réapparu, alors qu’en réalité c’est plutôt celui d’une relance en « L » – qui n’en est donc pas vraiment une – qui devrait être évoqué. Si cette hypothèse devait comme c’est prévisible se confirmer, c’est le pire facteur possible de poursuite de la crise qui s’installerait alors, probablement pour longtemps. Amenant dans l’impasse – et nous avec – ceux qui ont fondé leurs espoirs dans la perspective d’une croissance retrouvée, avec pour objectif d’évacuer progressivement les miasmes de la crise. Car une situation où seule l’activité financière serait florissante alors que l’économie resterait en détresse serait-elle tenable longtemps  ?

Les gouvernements et les banques centrales ont effectué un pari. Celui de concentrer l’essentiel de leurs moyens sur un objectif prioritaire : sauver un système financier en chute libre (ce sont leurs propres termes), afin d’être à leur tour sauvés. Hélas, ils sont sommés – au nom des intérêts de ce même système – de résorber sans attendre une dette publique qui est la conséquence directe de leur choix de départ, leur interdisant de renouveler leurs programmes de relance de l’économie. Sans que le système financier soit pour autant véritablement assaini, et donc susceptible – comme selon leurs calculs initiaux – de prendre le relais. Leur pari semble avoir été perdu, la grenouille ayant voulu se faire aussi grosse que le boeuf (encore Jean de la Fontaine). En conséquence, nous sommes plantés en plein milieu du gué.

Quelle que soit la direction vers laquelle l’on se tourne, des signaux alarmants sont visibles. En premier lieu, l’épée de Damoclès des marchés hypothécaires résidentiel et commercial américain, qu’il est superflu ici de rappeler. Si l’on se tourne vers l’autre point particulièrement faible de la zone euro, l’Espagne, c’est également son marché hypothécaire qui est menaçant pour son réseau de caisses d’épargne : 70 milliards d’euros de pertes seraient déjà enregistrés, alors que le taux de défaut des ménages continue de grimper sans qu’il soit possible de l’arrêter, dans un contexte de chômage et de crise économique. Si l’on revient aux Etats-Unis, on voit venir la crise budgétaire de nombreux Etats (on parle de 180 milliards de dollars de trou pour l’année fiscale 2011), induisant des coupes budgétaires très sévères dans les programmes sociaux et des licenciements massifs. Au Japon, l’endettement du gouvernement est annoncé comme devant atteindre 226,2% du PIB fin 2010, alors que les banques sont déjà gorgées d’obligations de la dette publique, financées à tire larigot par la Bank of Japan. Ce ne sont que quelques exemple de ce qui serait sans cela une longue litanie. L’apurement du passé est loin d’être terminé. Il s’accompagne de son cortège de malheurs, pour les banques et les budgets publics en premier lieu, pour les particuliers aussi, en dernière instance.

Pour entrer en résonance avec La Grande Guerre, celle de 14-18, on devrait désormais appeler La Grande Crise celle que nous connaissons actuellement. D’évidence, ce ne sont pas les bricolages concoctés dans l’improvisation qui préfigurent les solutions qui vont devoir être trouvées pour faire face à la nouvelle dimension que La Grande Crise est en train d’acquérir. Surtout lorsqu’ils s’accompagnent de replis sur soi illusoires.

Les Européens vont soit devoir se résoudre à un éclatement de la zone euro, dont aucun pays ne sortira renforcé, soit s’engager sur la voie de son renforcement, ce qui supposera dans un premier temps de mettre au point un mécanisme de sauvegarde destiné à ses membres. Dans l’épreuve, ils pourront avoir au moins cet avantage par rapport aux Américains, aux Japonais et aux Britanniques : ne pas être seuls s’ils le décident. Mais même cela n’y suffira pas, s’ils parviennent à le maintenir. Un autre verrou devra immanquablement sauter, afin de financer une dette publique qui ne pourra pas l’être sous les auspices de la seule rigueur budgétaire, la croissance n’y contribuant pas. Puis, pour sortir de la Grande Crise, il faudra aussi croiser le fer avec le système bancaire, pour qu’il prenne toute sa part des dégâts. Vaste programme par rapport auquel les gouvernements européens ne semblent pas excessivement taillés pour le décider et le mener à bien, s’ils ne sont pas aidés…

99 réponses sur “L'actualité de la crise : La Grande Crise, par François Leclerc”

  1. « Vaste programme par rapport auquel les gouvernements européens ne semblent pas excessivement taillés pour le décider et le mener à bien, s’ils ne sont pas aidés… »

    Aidés par qui, en fait? Puisqu’il semble acquis que les milieux financiers ne feront aucun effort dans ce sens…Et qu’il est évident que la simple sagesse ne peut pas avoir sa place dans ce débat (ça se saurait depuis longtemps!)…

    Les militaires ? (on n’a pas oublié la Grèce des colonels).
    Une brusque détérioration des relations internationales?
    Une hypothétique révolte des populations?

    C’est quand rien n’est possible, que tout devient d’un coup possible…(Levinas, sur un autre sujet, parlait du « possible de l’impossible ».)

  2. Ce qui me fascine c’est qu’il y ait tant de gens individuellement intelligents, conscients que la situation est grave, mais que collectivement nos comportements soient d’une stupidité confondante. L’être humain atteint-il en ce début de 21ième siècle ses limites, face à une complexité qu’il a en grande partie engendré et qui maintenant le dépasse au risque
    d’amener l’espèce à sa perte.

    1. Attendez de voir la faillite des assurances vies et certains qui se croyaient à l’abri comprendront trop tard.

    2. « L’être humain » n’existe que dans l’Idée, pratiquement ce sont les classes qui déterminent, et sur-déterminent qui est qui.
      Pareil pour les femmes, n’existent que comme construction-assignation sociale.
      Les hommes sont leurs rapports sociaux.
      Il n’y pas l’homme dans une société de classes, une société scindée. Il y règne la séparation réelle entre les producteurs et leurs produits, la subsumation d’un pôle du rapport d’exploitation par l’autre, implication réciproque des deux classes ici et maintenant en présence. Le produit, c’est-à-dire la société elle-même dicte sa loi (l’économie, la lutte de classes, la valeur) aux producteurs du rapport social, c’est l’auto-présupposition. Les deux pôles sont également aliénés, mais la classe capitaliste exploite l’ensemble de la classe prolétarienne à son profit, c’est sa spécificité.

    3. Ne vous inquiétez, si je peux parler en ces termes, les effets reels sur la population, ils vont très bientôt se faire sentir : chômage, baisse des patrimoines financiers et immobiliers pour ceux qui en possèdent etc…une fois la confrontation avec la réalité réelle (et pas seulement la réalité abstraite, C.A.D l’analyse que la crise est là) çà peut allez très vite. Maintenant on peut faire comme le Docteur House, et rappeler ironiquement, en écrivant sur un tableau, les différents étapes du processus de deuil (refus, marchandage, colère, acceptation….), mais je suis prêt à parier que concernant l’argent et les conditions matérielles qui nous touchent tous directement, ce processus va aller très vite. Quel scenario ensuite ? çà je suis incapable de le dire, ni même, peut-être, incapable de l’entendre, mais çà ne pourra être difficilement autre chose qu’un scenario de type création monétaire (inflation pour résorber la dette), ou bien une forme de guerre, l’un n’excluant pas l’autre.

  3. Oui, sans être économiste, j’ai vraiment l’impression d’une croissance en L, c’est à dire pas de croissance du tout. Ce modèle de société est en train de disparaître lentement mais sûrement. Etant chômeur, je vois depuis un an la courbe des offres d’emplois chuter vers zéro et quand je dis offre d’emploi, j’y inclus les CDD, l’intérim et même les emplois aidés, ce qui veut dire que tout chômeur à venir ne fera que grossir cette « armée de réserve » sans utilité aucune, la sortie ne se faisant que par le bas soit par découragement soit par fin de l’indemnisation. Remarquez, cela va nous laisser le temps de réfléchir à un autre type de société, même beaucoup de temps. Jorion, dans un précédent billet, évoquait l’optimisme des gens, eh bien, il va en falloir beaucoup. Pour les russes, la différence entre l’optimiste et le pessimiste tient à ce que le pessimiste pense qu’on ne peut pas aller plus bas, alors que l’optimiste pense le contraire…
    Cela dit, c’est sur les ruine du vieux monde que l’on bâtit un autre monde, malheureusement, cela va prendre probablement beaucoup de temps…

    1. … »tout chômeur à venir ne fera que grossir cette « armée de réserve » sans utilité aucune,… »
      L’utilité de l’armée de réserve : la diminution de la part salariale.
      La crise présente s’annonce comme crise du rapport salarial :crise (jugement) du rapport de production social capitaliste, crise de la valeur.
      « C’est quand rien n’est possible, que tout devient d’un coup possible… » c’est-à-dire : » comment une classe (le prolétariat) du mode de production actuel peut sur les bases de ce qu’elle est (une classe du mode de production capitaliste) abolir les classes en s’abolissant elle même : auto-négation dans la communisation.

  4. sur l’éclatement de la zone €
    cette interview de Jacques Sapir sur « j’ai dû louper un épisode »

    « Aujourd’hui deuxième partie de l’entretien réalisé le 12 janvier avec Jacques Sapir, directeur de recherche à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.

    Je vous rappelle le contexte, j’étais allée voir Jacques Sapir, un an après notre entretien précédent pour faire le point sur la crise, et j’avais orienté notre conversation, à la fin de cette première partie, sur le chômage. Peut-être vous souvenez-vous des dernières paroles alors de Jacques Sapir : «  Tout parti qui se bat pour le maintien du libre échange et pour le maintien de la politique monétaire telle qu’elle est aujourd’hui est en contradiction avec l’objectif du plein-emploi ». Eh bien, c’est sur cette question du plein- emploi que je l’ai relancé, un peu candidement sans doute. Et ça nous amène, vous le verrez, à l’Union Européenne, à la perspective de l’éclatement de la zone euro, au questionnement sur l’éventualité de la sortie de la France de celle-ci, et au Front National. Bonne écoute !

    Pascale Fourier : Est-ce qu’il y a eu un renoncement au plein-emploi pendant un certain temps par les politiques ? Et avec à ce moment-là quelle vision de l’architecture économique internationale ? Je n’ai jamais trop bien compris…
    1983 : le choix politique du chômage de masse, transitoire, espérait-on…

    Jacques Sapir : Il n’y a pas de cohérence, mais il est clair que, en 1983, une partie du gouvernement français fait le choix du chômage de masse, en considérant que ceci est un épisode, que l’on espère transitoire à l’époque – personne ne pensait que ce chômage de masse durerait 25 ans -, que l’on espère à l’époque limité afin de provoquer un phénomène de désinflation en France. On va parler de « résignation au chômage »… Mais ce n’est pas du tout une résignation ! C’est une volonté délibérée de provoquer du chômage dans la société française. Il n’y a aucune résignation, il y a bien une politique. Mais cette politique visait un certain objectif, et de ce point de vue-là avait une cohérence. Je ne dis pas cela pour excuser les gens, mais je dis qu’ils étaient cohérents avec eux-mêmes: ils avaient fait de la désinflation le principal axe de leur politique, et donc pour cela ils devaient passer par le chômage.

    Le problème, c’est que cette politique est devenue structurelle. Ce qui aurait dû être grosso modo un mauvais moment à passer de quelques années s’est transformé aujourd’hui en une politique structurelle, car on voit bien que, de désinflation en désinflation, nous sommes entrés dans la zone euro, et dans la zone euro nous sommes entrés dans une logique de basse pression économique généralisée.

    La zone euro: une zone de basse pression économique généralisée.

    Par rapport à cela, il y a toujours des arguments. On va dire que si le franc était resté en dehors de la zone euro, nous aurions été obligé de payer au marché une surprime en termes de taux d’intérêt par rapport à l’Allemagne et par rapport à la zone euro. C’est absolument incontestable. C’est absolument vrai. Mais le vrai problème, c’est la question de savoir pourquoi on a ouvert l’économie française aux marchés financiers ? Pourquoi n’est-on pas resté dans le système de marchés segmentés et extrêmement contrôlés que nous avions dans les années 70 dans la mesure où la France n’a pas besoin de capitaux étrangers puisqu’elle est exportatrice de capitaux. La balance nette des investissements français est positive politiquement; elle est négative économiquement, c’est-à-dire que il y a plus d’argent qui sort que d’argent qui rentre, et donc cela veut bien dire que nous n’avons pas besoin de l’argent étranger. Il y a des pays qui, eux, en ont besoin ! Et là d’une certaine manière, ils n’ont pas d’autre choix que d’entrer dans cette logique des marchés financiers, mais ce n’était pas le cas de la France. Et ça, c’est bien une responsabilité qui a été prise de nous faire entrer dans la zone euro… On peut toujours justifier avec cette « histoire des taux d’intérêt », mais qui elle-même est liée à l’ouverture de l’économie française au marchés financiers.

    La zone euro se caractérise aujourd’hui par une politique monétaire extrêmement récessive en réalité, et puisque l’on sait que, dans la charte de la Banque Centrale Européenne, on a fixé comme objectif 2% d’inflation, je signale qu’il n’y a aucun objectif d’inflation qu’il soit nommément fixé aux États-Unis et que la banque centrale des États-Unis, la Réserve Fédérale, se fixe des objectifs en fonction de la situation. Et deuxièmement, nous avons surtout une clause de non-secours mutuel, ce qu’on appelle la « no bail out », clause de non-secours mutuel qui veut dire que chaque pays doit affronter ces problèmes budgétaires seul. D’abord, c’est d’une incohérence totale par rapport à une zone monétaire comme la zone euro et d’une stupidité absolue dont on comprend quand même les racines: grosso modo, les Allemands ne voulaient pas payer pour les autres… Mais fondamentalement, ce problème vient du fait que l’on a fait entrer dans la zone euro des pays qui n’étaient pas prêts et des pays qui étaient hétérogènes d’un point de vue économique. Alors soit en prend ça en compte et l’on dit: « Oui, il doit y avoir une clause de secours mutuel », soit in fine ce problème porte en lui l’éclatement à terme de la zone euro.

    Mais concrètement aujourd’hui la zone euro est bien la cause d’une tendance à la dépression globale, et en fait on voit bien que depuis 1999 les pays européens qui ne sont pas entrés dans la zone euro ont crû plus vite que l’économie de la zone euro, et que l’économie américaines a crue elle-même plus vite que celle de la zone euro, sans parler de l’économie japonaise etc. etc. Donc aujourd’hui la zone euro est très certainement l’un des facteurs de récession et de dépression les plus importants en Europe.

    Pascale Fourier : Sans qu’il y ait d’espoir que cela change ?…

    Vers la crise de la zone euro

    Jacques Sapir : Vous savez personne ne sait ce dont le futur sera fait. Nous allons très certainement affronter une crise grave de la zone euro vers la fin de 2010 ou le début de 2011. Nous en voyons d’ores et déjà les prémices avec le cas de la Grèce, le cas de l’Irlande, le cas de l’Italie. Ces situations locales ne feront que s’aggraver et nous serons face à une vraie crise de la zone euro. Je pense qu’il est raisonnable de se donner comme horizon le printemps de 2011, même si on ne peut pas exclure que cette crise arrive plus vite ou qu’elle arrive à la fin de 2011. Si vous voulez, je ne prends pas de paris sur les dates précises. Par contre, la question de cette crise est absolument indubitable. À ce moment-là il y a deux solutions. Soit on décide de réformer la zone euro et cette crise peut servir à quelque chose – mais concrètement aujourd’hui on ne voit pas se dégager entre la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne un consensus qui soit réellement efficace pour réformer la zone euro. Soit cette crise sera le début de la fin de la zone euro.

    Et là je pense qu’il est important de comprendre que, d’une certaine manière, ça pèsera sur l’élection présidentielle française. Nous serons à ce moment-là très probablement confrontés au choix suivant : soit accepter une nouvelle vague de politique d’austérité qu’impliquera la politique monétaire européenne, soit prendre la décision politique de sortir de la zone euro.

    Le maintien ou non de la France dans la zone euro

    Et j’ai très peur que face à ce choix le conservatisme l’emporte et que vous ayez des discours du genre : « Oui, la zone euro, ce n’est effectivement pas très confortable, mais nous serions dans une situation encore plus délicate si nous étions dehors ». Chose que je conteste absolument ! Je conteste ça absolument: je pense que si nous étions hors de la zone euro, mais évidemment avec des conditions financières un petit peu différentes de celles que nous avons aujourd’hui et en particulier une convertibilité réduite à la convertibilité dite « en compte courant » ( c’est une convertibilité uniquement basée sur les importations et les exportations et pas sur les mouvements de capitaux), nous aurions traversé cette crise dans des conditions qui n’auraient pas été plus mauvaises et qui aurait été globalement meilleures que les conditions dans lesquelles nous l’avons réellement traversée. Je crois donc que le maintien ou pas de la France dans la zone euro sera l’un des thèmes importants de la campagne présidentielle de 2012.

    Pascale Fourier : Parfois, dans les moments fort peu gais que je peux avoir en pensant à l’économie, j’ai impression qu’à long terme on ne pourra avoir qu’un déclassement définitif de l’Europe par rapport aux autres grandes zones régionales…

    Le rééquilibrage de l’économie mondiale

    Jacques Sapir : Ce n’est pas un déclassement, mais c’est d’une certaine manière un rééquilibrage. Si nous raisonnons sur le très long terme, il faut savoir qu’au XVIIe et au XVIIIe siècle, l’Europe qui est d’une certaine manière pour nous l’horizon dans lequel nous raisonnons, même si cet horizon ne correspond pas à l’Europe institutionnelle – ça veut dire avec la Russie, avec l’empire ottoman, etc. – ne représentait qu’une part relativement réduite de la production mondiale parce que la Chine et l’Inde représentaient des parts extrêmement importantes à l’époque. Ce qui a été anormal, c’est que, dans le courant du milieu du XXe siècle, des pays comme la Chine, comme l’Inde soient tombés aussi bas dans leur part du PIB mondial. Aujourd’hui, ils sont en train de remonter; autrement dit, il y a un rééquilibrage qui se fait et ce rééquilibrage est normal.

    L’autre problème, c’est de savoir si ces pays sont en train effectivement de nous rattraper d’un point de vue technique et technologique ? Oui, dans un certain nombre de domaines, ce qui pose d’ailleurs le problème de la concurrence faussée. La Chine et l’Inde disposent de réservoirs de manœuvre extrêmement importants, et il en sera ainsi pour environ une génération, grosso modo sur 25, voire 30 ans, ce qui va maintenir les salaires à un niveau relativement faible et, en même temps, ils sont en train de nous rattraper du point de vue de leur capacité à maîtriser les techniques de production, ce qui veut dire qu’ils vont pouvoir produire à peu de choses près les mêmes produits que nous, mais à des coûts qui vont être très sensiblement inférieurs.

    Prédateur du commerce international…

    Et c’est là où il faut dire: « Ecoutez, ceci n’est pas possible. Ou plus exactement vous ne pouvez pas vous constituer en prédateur du commerce international de manière durable ». Un pays comme la Chine doit normalement avoir une balance commerciale équilibrée, c’est-à-dire qu’il doit importer autant, à peu de chose près, que ce qu’il exporte. Et ça, c’est une évidence quand on voit la taille du pays. Même chose pour l’Inde. Si ce n’est pas le cas, c’est que vous avez là encore une dimension de concurrence injuste qui joue massivement en faveur de ces pays.

    De la nécessité d’un protectionnisme européen…

    C’est bien pour ça que je dis qu’il va falloir mettre des droits de douanes et des droits de douanes relativement importants, en comprenant aussi que les pays du cœur de l’Europe, les pays du cœur historique, peuvent très bien fonctionner d’une certaine manière en circuit fermé. Nous avons peu de choses à exporter vers le reste du monde, sauf peut-être évidemment des avions, et encore, parce que nous sommes aussi un gros consommateur de mode de transport etc. Donc je pense qu’il faut abandonner cette attitude où l’on dit: « Mais si l’on met les droits de douane, alors nous n’exporterons plus vers la Chine ». Oui, bien sûr, nos exportations vont baisser, mais elles vont baisser de toutes les manières. Il vaut mieux anticiper ce phénomène et se donner comme objectif une consolidation et une reconstruction de nos industries dans le pays du cœur de l’Europe.

    Cette reconstruction de toutes les manières est nécessaire dans la mesure où il s’agit bien de définir aujourd’hui un nouveau paradigme dans l’usage des ressources. Et il est clair qu’il va falloir passer progressivement à des processus de production dont l’impact technologique global, que ce soit en termes de carburant, que ce soit en termes de déchets, etc., sera plus réduit. Là encore, il est clair que c’est des choses qui vous coûter de l’argent, et si l’on veut réellement passer à cette industrie d’un nouveau type, il faut protéger le marché intérieur européen.

    …passant par l’éventualité d’un protectionnisme unilatéral de la France…

    C’est pour cela, si vous voulez, que je suis un ferme partisan d’un protectionnisme européen. Maintenant, concrètement, il faut comprendre que chaque pays va, d’une certaine manière, voir midi à sa porte, qu’un certain nombre de pays d’Europe va dire: «Non, il n’est pas possible de passer au protectionnisme », ou « Vous vous avez peut-être des problèmes, mais pas nous » – pour l’instant… , ils en auront peut-être d’ici quatre ou cinq ans… Dans ce type de situation, il y a un vieux principe que connaissent bien les juristes : il vaut toujours mieux « plaider saisi », autrement dit plaider en ayant le contrôle de la situation. Et c’est pour cela que je dis qu’il n’est pas du tout impossible que nous soyons obligés de mettre en place des droits de douane au niveau français pour obliger les autres pays à se poser le problème du protectionnisme européen. Parce qu’une fois que nous aurons des droits de douane au niveau français, ça va pas poser de tels problèmes à nos voisins qu’ils seront obligés de rentrer dans une négociation avec nous. Très concrètement, si nous mettons aujourd’hui des droits de douane de 20 ou de 30 % sur tous les produits qui viennent de l’étranger, c’est une catastrophe pour l’Allemagne. Évidemment, les Allemands vont protester très violemment. Et là, ou vous êtes sur une position de libre-échange fondamentaliste, eh bien vous restez dans le libre-échange – nous ne le sommes pas, vous vous l’êtes, tant pis ! -, ou vous menacez de mettre des droits de douane en rétorsion – et cela veut dire que vous n’êtes plus sur une position de libre-échange fondamentaliste: alors très bien, mettons des droits de douane coordonnés au niveau des pays peut-être du cœur de l’Europe et puis progressivement au niveau de la totalité de l’Europe !

    Il y a là un argument politique d’une très grande force. Le problème évidemment, c’est que ça va passer par un moment d’affrontement. Mais c’est pour cela que, là encore, je pense que l’élection présidentielle de 2012 sera probablement décisive de ce point de vue-là.

    Pascale Fourier : Vouloir mettre en place des droits de douane suppose qu’on a – je vais le dire d’une façon un peu bête… – quelque intérêt pour les gens… Vous savez comme moi que vous êtes singulier dans le paysage des économistes et fort peu repris par les politiques… Si les politiques cherchent plus l’intérêt – c’est peut-être un petit peu caricatural – des multinationales ou les intérêts des grandes forces financières plutôt que du salarié qui a besoin d’un travail (et donc on a besoin d’avoir le plein-emploi !), il n’y aura jamais de mesures protectionnistes qui pourtant effectivement me semblent logiquement nécessaires…

    Jacques Sapir : Si vous voulez, comme je suis quelqu’un qui croit en la démocratie, je continue d’espérer dans le fait que les gens qui votent se rendront compte où se trouve leur intérêt, se rendront compte que leur intérêt se trouve dans le protectionniste, du moins pour une majorité des français.

    La « classe de loisir », dominante, est la seule à ne pas avoir besoin du protectionnisme

    Bien sûr il y aura toujours des Français qui n’ont pas intérêt au protectionnisme, et pas simplement les multinationales. Il y a une couche ou une classe de gens – je ne sais pas si on peut parler de « classe », peut-être…. -, mais il y a une classe de gens qui correspond grosso modo à ce que Veblen appelait la « classe de loisir » et qui, elle, n’a absolument pas besoin de protectionnisme. Au contraire, elle a besoin du libre-échange, elle a besoin d’un euro fort, etc. Ça représente quoi? Ca représente 15 %, 20 % de la population au grand maximum, probablement moins. Et il est très frappant que, idéologiquement, c’est cette classe qui a hégémonisé le débat. Il faut aujourd’hui briser cette situation qui est non-démocratique en redonnant la parole, d’une certaine manière, à la majorité des salariés.

    Le risque Front National

    Et il faut savoir une chose, c’est un phénomène qui aura lieu qu’on le veuille ou non, mais il peut prendre des formes extrêmement déplaisantes… Une chose serait effectivement d’avoir une politique économique cohérente qui soit réellement conçue en fonction des intérêts du salarié, etc., et une autre chose, c’est d’avoir une politique xénophobe. Aujourd’hui, si les forces de gauche ne préemptent pas cette question rapidement, à la fois sur la question du protectionnisme et sur la question de la monnaie, il est à craindre, non pas en 2012, mais peut-être en 2017, que ce soit le Front National qui le fasse. De ce point de vue-là, je n’ai jamais cru dans l’histoire de la mort du Front National, ou plus exactement la mort du Front National s’est comme celle de Marc Twain- « la nouvelle de ma mort est quelque peu exagérée ». Le Front National continue d’être un acteur politique en France, et cet acteur verra s’ouvrir politiquement devant lui une avenue, et peut-être même plus qu’une avenue, si en 2012 nous ne sommes pas capables d’intégrer ces dimensions de protectionnisme et la dimension monétaire dans le cadre d’une politique de gauche.

    Ça, il faut être très très clair aujourd’hui. D’ores et déjà on voit que le discours de l’UMP sarkoziste est en train de perdre de sa crédibilité très rapidement. Il va y avoir un retour de balancier vers les socialistes et tout dépendra de la nature du discours qu’ils tiendront. S’ils continuent à développer un discours lénifiant sur l’Europe, qui présente l’Europe en fait comme la somme des bonnes volontés et non pas comme un combat, et parfois un combat violent du point de vue de la construction des institutions, alors, d’une certaine manière, ils vont eux ouvrir ce véritable boulevard au Front National. Nous sommes dans une situation qui est assez complexe, qui est assez préoccupante, et c’est pour cela que je dis que les enjeux politiques de l’élection de 2012 me semblent tout à fait considérables…

    Pascale Fourier : Et voilà, c’était la deuxième partie de l’entretien réalisé le 12 janvier avec Jacques Sapir qui est directeur de recherche à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. À bientôt ! « 

    1. Le protectionnisme n’est pas du tout la solution même si le reste de l’article est OK. Disons que c’est une solution totalement myope, qui ne rendra à aucun pays sur la terre un marché d’exportation.

      C’est ici que nos chemins se séparent.

      Si nous n’achetons pas chinois, cela ne nous créera pas un marché supplémentaire. La vérité est ailleurs

    2. @ Lisztfr

      Je ne vois pas en quoi appliquer des droits de douanes vis-à vis de certain pays seraient une solution myope?

  5. lorsque vos colonnes, monsieur Leclerc, quittent les voies de la béatitude, nous sommes face à la Vérité de notre monde à l’agonie. Ce billet répond à une précédente question sur l’euro, merci de porter brillamment la lumière sur nos écrans.

  6. Monsieur leclerc, je ne comprend la fin de votre billet ; quel est ce second verrou qu’il faut faire sauter ? et qui peut aider les gouvernements de la zone euros ? Est ce de la BCE qu’il s’agit ? merci de bien vouloir éclairer ma lanterne svp

    1. Je n’avais pas l’intention d’être énigmatique, mais plutôt de solliciter des réponses. Les miennes n’étonneront pas.

      J’aurai pu écrire « ferment pousser » au lieu de « d’aider » les gouvernements à avancer ! Et faire état, concernant le verrou qu’il faut faire sauter, de la capacité qu’à la BCE – au statut près – de prêter aux Etats au même taux qu’elle le fait aux banques. Le verrou, c’est donc le statut, fruit d’une décision politique sur laquelle il peut être revenu.

      Pas besoin, comme vous le constatez, d’employer des grands mots pour dire des choses très simples, qu’il suffit de faire partager.

  7. une partie des libéraux pur jus (type the market ticker) suggèrent de laisser faire faillite aux établissements too big to fail, quitte à supporter une crise systémique: est-ce que aujourd’hui on a le choix? les états ne peuvent plus sauver un système bancaire qui se tient seulement grâce au truquage des bilans: le pb de Enron est devenu le pb global de l’économie, même une stagnation me semble une perspective optimiste maintenant.

    par contre, ce qui pestent contre les « keynesiens » (types Loïc Abadie) oublient que la relance par la dette chez Keynes était censée soutenir des politiques de la demande, pas le sauvetage des banques, ne les politiques de l’offre qu’on continue à nous administrer depuis 30 ans, et que depuis 30 ans ne marchent pas.

    il faut une refonte du système globale, les suggestion de Paul Jorion et F. Lordon, sont intéressantes, mais ne suffiront pas; relire Marx peut aider, peut-être (dit par une ancienne et convaincue anti-marxiste)

  8. Je me répète encore une fois, ne payons pas cette dette, faisons immédiatement défaut sur le paiement. Quels sont véritablement les risques de cette option, l’Europe n’est pas l’Argentine, la déflagration serait dévastatrice et radicale. Où est le problème ? (à part bien entendu que cette idée a autant de chance de voir le jour dans la réalité que de trouver de l’eau liquide sur le soleil)

    1. La dette de la France, elle se trouve en grande partie dans les fonds euro des heureux et inconscients détenteurs d’assurances vies, vous savez les 4% de rendements annuel, c’est ça. D’ailleurs si les taux remontent, il y en a qui vont avoir du soucis. Des tas de bons à 3, 4% qui vont automatiquement perdre de valeur si les taux sont à 5 ou 6% sur les prochains…

  9. Je lis cet article comme un appel fait aux Etats pour refuser de payer les intérêts de la dette, ou même len totalité.
    Y a-t-il un exemple récent où des états ont fait couler des banques volontairement afin de se prémunir des velléités du monde de la finance ? Après tout, et si l’une des solutions de la crise, ce n’était pas de faire couler Goldman Sachs, Morgan Stanley and cie ?

    1. Il ne s’agit pas de faire couler les banques dans ce cas là, on fait couler tous le système les petits épargnants en fond euro avec…. ce n’est malheureusement pas si simple. c’est refaire aux détenteurs d’assurances vies le coup de l’emprunt russe, ni plus ni moins.
      Mais on y viendra car je ne vois pas d’autre solution peut être pas tout mais une belle partie quand même.

    2. Il faut se résoudre à accepter que nous serons globalement moins riches dans quelques année. La question est comment répartir cet appauvrissement entre les détenteurs d’obligations d’Etat, les salariés, les rentiers (retraités), les détenteurs d’assurance vie et…..les institutions financières. Vincent a écrit un post très intéressant sur le sujet il y a quelque jours.

  10. J’ai le sentiment que la dernière phrase de votre billet nous laisse elles aussi au milieu du gué.Comme je ne peux imaginer ( et vous le dites dans votre articles ) que vous songiez à une aide du système financier, il ne reste que celle …….des citoyens !!! Je ne vois pas comment vous la concevez dans la mesure ou toutes les castes politiques européennes considèrent depuis bien longtemps la démocratie comme une contrainte dont il faut s’affranchir du mieux possible (à rapprocher du contournement des lois par le système financier ). Est ce à dire que vous prôner un soutient massifs des administrés à leur gouvernant (supposant pardon et abnégation des peuples) dans cette période difficile. Car je ne vois pas bien ce que nous pourrions apporter d’autre à nos gouvernant.

  11. Les aidés NON et NON, les contraindre OUI….OUI….OUI par la volonté Populaire qui sera souveraine, dans le calme froid d’une colère sourde canalisée, la démocratie doit avoir le dernier mot.
    Répudions les banquiers et leurs intérêts.

  12. « Vaste programme par rapport auquel les gouvernements européens ne semblent pas excessivement taillés pour le décider et le mener à bien, s’ils ne sont pas aidés… »

    mais à époque médiocre ,homme politique médiocre …

  13. Excellente analyse. Mais cela montre que les Européens devront encore mouiller la chemise.

    Soit 2 (deux) choix. (note, choix, c’est à partir de deux)

    Plier ou faire plier.

    Pour ce qui est de tuer du banquier, je suis complètement volontaire. Par contre, devenir hipocrito-américain, là, je ne peux. Désolé. Pour tout l’or du monde.

  14. Le ministre grec des Finances compare la Grèce au Titanic !

    C’est une comparaison osée, mais lucide !

    Lisez cet article :

    Face aux appels de ses homologues, le ministre grec des Finances George Papaconstantinou a prévenu qu’il ne fallait pas demander à son gouvernement, qui doit faire face à d’importantes résistances sociales, des résultats trop vite trop tôt.
    « Nous cherchons à changer la trajectoire du Titanic. Cela ne peut pas se faire en une journée », a-t-il dit.
    « Si des mesures supplémentaires sont nécessaires, nous les prendrons. Aujourd’hui c’est la Grèce, demain cela pourrait être un autre pays. N’importe quel pays européen peut être en proie aux forces spéculatives », a-t-il poursuivi.

    Reuters

  15. Il n’y a aucune raison d’être optimiste. Et pourquoi l’être ? Il y a encore tant à faire pour parachever la révolution néolibérale ! Trop de services publics, de fonctionnaires, etc.
    Sur son blog aujourd’hui, Evans-Pritchard, qui s’inquiète des taux des Gilts (en hausse), appelle à réformer le NHS (le service de santé britannique, étatisé), « à la machette », et à réfléchir sur les fonctions de l’Etat… Intéressant, quand on sait que le NHS est l’un des derniers vestiges de l’Etat-Providence au Royaume-Uni, et que les dépenses de santé dans ce pays sont parmi les plus basses des pays de l’OCDE (bien en dessous de la France, par exemple).
    Conclusion : dans tous les pays d’Europe, il y a encore du boulot pour les héritiers de Thatcher-Reagan !

  16. Nous sommes probablement dans un cycle de déflation et de surproduction depuis déjà qq années: les masses monétaires en circulation n’empêchent pas la stagnation des prix, hormis les bulles sporadiques et manipulées. L’hypothèse qui se fait jour, est que seule l’inflation pourrait maintenant sortir les Etats de leur endettement, mais au prix d’un redoutable krach obligataire qui affaisserait fortement l’épargne (notamment en assurance-vie).
    Peut-être l’avant-dernière cartouche, est-elle la nationalisation du sytème bancaire, et la réalisation des mesures de séparation des activités proposées par M.Allais, il y a 10 ans; de façon concomitante, l’élévation de barrières douanières pour défendre à minima l’industrie et ses employés.

    1. Pour les assurances vies le compte à rebours est déjà en marche, pourquoi croyez vous qu’il y a une tentative de diversification sur les unités de comptes.
      Et n’oubliez pas on vient de vieux bons à 17% vers 3% actuellement, et on repart à la hausse, quand ? c’est juste une question de timing mais plus on traine plus on accumule des 3% en fond euro qui ne vaudront plus grand chose et plus ils seront nombreux plus ça va faire mal.

  17. Et ce sera pire pour l’Europe si la Fed décide de ré-augmenter son taux directeur, ce qui ne devrait tarder.
    Je me demande juste si les Américains augmenteront leurs taux aussi dans le but de lapider l’Euro et ainsi de permettre au dollar de conserver son statut de monnaie de référence !

  18. Qui a lu Raymond Philippe : le drame financier de 1924 1928. il avait fait un sort aux spéculateurs juste pour servir d’exemple en février et mars 1924.

  19. Les dangers du statu quo actuellement en deux phrases :

    Après vous mon cher Alphonse,
    Pas du tout mon cher Gaston, après vous…

  20. reprenons :

    -pousser fermement les Etats à modifier le statut de la BCE pour que celle-ci prête aux dits Etats au même taux qu’elle prête aux banques.
    Tout ca pour rembourser LA DETTE.

    ou

    -répudier la dette et les banquiers-escrocs.

  21. Lisant votre billet, je pense à cette formule de Guy Verhostadt, début 2009, sur laquelle il a construit son livre: 27 pays, 27 plans différents ( Sortir de crise; comment l’Europe peut sauver le monde, janvier 2009, traduction francaise juin 2009, Actes Sud ) , Guy Verhofstadt qui a renoncé à briguer le mandat, malgré le soutien du gouvernement allemand, sans doute à cause de la réélection de Sieur Barroso, plus vraisemblablement dans le sentiment que, vu les
    forces en présence, la bataille ne pourrait etre gagnée. La crise grecque est un test et un tournant dans l’histoire de l’UE: réforme forcée ou implosion ?

    Albert Edwards penche pour un éclatement inévitable ( Greece debt bailout leaders split over euro-crisis ), j’ ai traduit hier l’analyse de David Rosenberg qui évalue à 2 trillions de $ la restructuration de la dette souveraine des pays européens, qui font face, comme vous le soulignez justement à une crise monétaire et à une crise économique, le Financial Times Allemagne rapporte que l’UE cherche un moyen de lutter contre les spéculateurs…
    Un plan de sauvetage de 200 mds d’euros, 100 mds pour couvrir la crise monétaire, et 100 mds pour des plans pour l’emploi, 27 + 1 banques centrales, contre 2 trillions de $ comme épée de Damoclès….

  22. Je ne vois pas bien comment faire sauter le verrou. Sauf à mettre en place une procédure de révision du traité de Lisbonne … lui-même dépendant du Conseil européen (unanimité et/ou ratification). Un ou d’autres verrous, plus gros encore.

    1. Très juste !

      Où l’on voit l’intelligence de tous ceux qui ont défendu le traité constitutionnel et ensuite voté ou laissé voter le traité de Lisbonne…

      L’Union européenne est l’organisation politique au monde la plus acharnée dans la libre concurrence, elle a donné deux directeurs du FMI, plus libéraux l’un que l’autre et un directeur de l’OMC qui ne connaît que la concurrence libre (non faussée, il ne sait pas ce que cela veut dire !).

      C’est le rêve réalisé de Reagan et de Thatcher réunis.

  23. @ Sophie : merci!

    Le compte-rendu de Sophie d’une interview de Jacques Sapir (voir plus haut) est vraiment intéressant…

  24. Magnifique billet , et pessimiste : nous allons souffrir;
    les choix positifs ou contraints seront couteux.
    La dernière phrase est réaliste et mystérieuse:
     » Vaste programme par rapport auquel les gouvernements européens
    ne semblent pas excessivement taillés pour le décider et
    le mener à bien, s’ils ne sont pas aidés… ».
    Qui pourraient « aidés » les gouvernement européens ?
    Il n’y a pas d’organisme à côté , ou au-dessus d’eux, qui pourraient
    venir en aide à des gouvernements bien vélléitaires,
    sans énergie et sans imagination.
    deux idées:
    organismes internationaux:
    Il n’ y a rien à attendre d’organismes tels le FMI.
    D’ abord, ses moyens sont insuffisants, et de loin.
    Une opinion publique enfin éveillée ?
    C ‘est du rêve.

  25. Lundi soir, au sortir de la réunion de l’Eurogroup, son chef de file Jean-Claude Junker a annoncé les prévisions de croissance de la zone pour 2010 : fragile, selon ses propres termes, celle-ci devrait être positive autour de 1%. On a connu plus d’enthousiasme.

    Il a également précisé qu’il avait été décidé, probablement à la suite d’un débat acharné – étant donné les déclarations contradictoires rendues publiques ces derniers jours – de ne demander à la Grèce des mesures complémentaires de rigueur, qu’en mars prochain lors de son prochain examen de passage, « si des risques devaient se matérialiser » (que les objectifs de réduction des déficits ne soient pas atteints).

    A propos d’éventuelles mesures d’aide financière, sur lesquelles les désaccords se sont exprimés publiquement et avec virulence ces derniers jours, Jean-Claude Junker s’est réfugié pour les masquer derrière un argument systématiquement utilisé depuis le sommet de Bruxelles : il ne serait pas « sage » de les détailler publiquement (donnant des armes aux spéculateurs). On peut douter, tout simplement, que quoi que ce soit ait été mis au point et décidé.

  26. Le verrou de la monétisation sautera, la Grandt Allemagne n’aura pas envie de se retrouver toute seule avec un deutchmark ûber alles et des exportations hors de prix.

    D’ailleurs, comme il n’y aura jamais de « reprise », même l’Allemagne aura un mal terrible à rentrer dans les clous budgétaires, elle finira donc elle aussi par voir qu’il est dans son intérêt de faire gentiment tourner la planche à billet pour s’acheter un minimum de paix sociale. Et cela ne déclenchera pas d’inflation, la classe de Mr Buffet a bel et bien gagné la guerre.

    Ce que ni vous ni LEAP n’avez compris c’est que personne ne veut d’un grand soir, surtout pas les asiatiques qui découvrent les joies de l’Ipod. Lorsque les occidentaux monétiseront à tour de bras, les asiatiques aboieront par principe mais ne feront rien (ce qui fait d’ailleurs déja la Chine avec les USA tout en gardant sa monnaie arrimée).

    Ils se foutent pas mal de leurs « épargne » en devises occidentales, au final ce qui les intéresse ce sont les technologies.

    Les banques centrales ne retireront jamais les liquidités et les taux resteront au plancher pendant des années, pendant ce temps la feue la classe moyenne qui se contentera de crier à cause des mesures d’austérités. Elle ne réélira pas Sarkozy en France et cela ne changera rien, les politiques ne tirent plus les ficelles.

    Et puis un jour le « decoupling » des émergeants tant vanté à l’époque arrivera, ils se mettront à croitre sans nous.

  27. @ F. Leclerc :

    J’ai une idée ‘bouffonne’, sur le « sautage de verrou » (nouvelle activité, homologuée par le CIO des jeux divers).
    Il me semble que faire sauter le verrou de l’accès par les états membres au crédit de la BCE est juridiquement impossible et politiquement très restreint, pour des raisons liés aux verrous posés par le traité de Lisbonne lui-même : révision par le Conseil européen (unanimité) et ratification par les 27 pays membres. J’en rigole d’avance. A moins d’une révolution, ce qui reste toujours envisageable.
    Bien. ça, c’est fait.

    Par contre, rien n’interdit à ce qu’un état ne propose des obligations pour sa dette. C’est ce qu’il fait tous les jours.
    En particulier auprès d’autres institutionnels mais surtout de banques d’investissements, notamment.
    Concernant des obligations pour des personnes physiques, la chose est plutôt rare. La dernière était l’emprunt Balladur et le prochain, celui de Sarkozy.
    Le gros problème avec ce type d’emprunt, c’est qu’il faut un taux d’intérêt élevé pour intéresser les français, ce qui induit des coûts importants pour l’Etat, plus importants en tout cas que d’emprunter sur le marché à court terme (durée moins longue que les emprunts d’état, de plusieurs années et aux taux moins élevé).
    Il faudrait donc réaliser un emprunt national comme si l’Etat empruntait à la BCE, à taux quasi nul ou nul, afin :
    – de rembourser immédiatement le capital restant dû,
    – réduire le service de la dette,
    – éviter le danger menaçant de l’augmentation des taux d’intérêts, qui feraient exploser ce service de la dette,
    – en finir avec cette dette à un terme échu (disons à moyen terme, 20 ans), libérant ainsi les générations futures du poids de cette dette.
    Mais pour ce faire, deux problèmes :
    – attirer les français avec un taux à 0%,
    – emprunter 1350 milliards d’euros (rien que ça).

    Le premier point est complètement délirant mais bon, je vais tenter :
    OAT à taux fixe (0%), avec un coupon annuel à date d’échéance de la déclaration d’impôt sur les revenus, car le dit coupon serait un crédit d’impôt sur le revenu à taux fixe (‘x’ %), portant sur le montant acquis de l’OAT (valeur faciale). Exemple : si M. ‘Z’ possède 10 OAT de 10€ en valeur faciale et de 15% de crédit d’impôt, il pourra faire valoir 15€ chaque année de crédit d’impôt sur sa déclaration d’impôt sur les revenus.
    L’acquéreur de ces OAT d’un style particulier fonde donc son intérêt sur :
    – le remboursement, à 20 ans disons, de son capital intégralement,
    – d’un crédit d’impôt, valable à chaque échéance annuelle, en même temps que sa déclaration d’impôts.
    Ce type de fonctionnement permettrait « d’économiser » plus de 44 milliards d’euros (chiffre 2009) rien que pour les intérêts versés par l’Etat sur sa dette (le capital étant ‘remboursé’ par l’emprunt national).
    Ces 44 milliards d’euros seraient alors réinjectés, chaque année, dans l’économie, sous forme :
    – d’investissements,
    – d’allocations,
    – de soutien à l’activité économique.
    Cette réinjection permettrait de générer des recettes (fiscales, cotisations, taxes, etc.) qui financeront les crédits d’impôts liés aux OAT chaque année, en parallèle à une ‘optimisation’ des recettes fiscales, par une réduction des niches fiscales financières.
    L’avantage de ce système est de replacer la fiscalité directe progressive au centre du fonctionnement économique, financier et démocratique, les OAT ne pouvant être détenues que par des contribuables, personnes physiques, fiscalisés en France sur leurs revenus Il n’est d’ailleurs pas exclu non plus de pourvoir lors du lancement de cet emprunt national (du siècle) une partie de ces OAT gratuitement à certains contribuables (critères et nombre d’OAT à déterminer), avec un nombre d’OAT gratuites dégressives selon les revenus (‘gratuité’ du crédit d’impôt dégressif).
    Pour tous les autres contribuables, la possibilité d’acheter les OAT à prix fixe lors du lancement leur permettra de payer moins d’impôts sur leurs revenus pendant 20 ans (par exemple). Enfin, un marché secondaire de revente d’OAT après le lancement pourra être mis en place, avec un prix plancher fixe de vente minimal (celui de la mise sur le marché), pour que ceux qui ont reçus des OAT ‘gratuits’ puissent les revendre selon la demande avant chaque échéance.
    Ces OAT pourraient aussi être intégrées aux OPVCM pour ‘liquidifier’ le marché, notamment par les contrats d’assurances vie.

    Le gros souci, c’est le montant de ce type d’emprunt : colossal (1350 milliards) !!
    Quasiment la moitié des actifs financiers détenus par les ménages français en 2005 (source INSSE) …
    D’où la nécessité « d’ouvrir » ce type d’emprunt aux personnes morales domiciliées et fiscalisées en France, qui paieraient notamment l’impôt sur les sociétés, afin d’orienter l’épargne disponible sur ce type d’emprunt national, en évitant très soigneusement de permettre aux personnes morales non domiciliées et non fiscalisées en France :
    – d’en acheter,
    – pour celles qui les possèdent, de les revendre autrement que sur le marché secondaire spécifique créé pour cette occasion, en France.

    En contre-partie, l’Etat fera voter une révision constitutionnelle qui interdira de produire un budget en déficit tant qu’un emprunt national sera en cours, permettant aux épargnants de garantir que leurs crédits d’impôts ne seront pas grignotés par le services d’autres dettes dans le futur. Un accord moral en quelque sorte entre l’Etat et ses citoyens sur le financement du fonctionnement de l’Etat et des services que l’Etat rend à ses citoyens, en contre-partie de l’investissement financier de ceux-ci (qui peuvent aussi le faire pour la génération future, afin d’éviter qu’ils aient à payer ‘leurs’ dettes dans 20 ans).

    Qu’en pensez-vous ? (prière de pas trop rigoler, vu que ‘vous sollicitez des réponses’).

    PS : à titre d’info, l’impôt sur le revenu net a ‘rapporté’ 51 milliards d’euros à l’Etat en 2008. A comparer aux 44 milliards d’euros d’intérêts versés pour le service de la dette.

    1. Alain Lambert, ex-ministre du budget (gouvernement de droite) y a fait référence, avec il est vrai d’autres postulats et d’autres mécanismes (exonération de droits de succession, durée de 5 ans) :

      Bien que l’objet et le fonctionnement soient différents, ce type d’idée a quand même été ‘effleurée’ par certains.
      Le ‘lobby’ de Bercy avait cependant fait son poids :
      « Je conserve le souvenir de discussions homériques avec le corps incroyablement expert des hauts fonctionnaires de Bercy qui m’instruisaient du caractère désuet et contraire au droit européen de mon idée. »

      Si on reprenait cette idée mais orientée très clairement pour réformer la fiscalité et augmenter les recettes (et non, évidemment, comme l’écrit A. Lambert, pour réduire les dépenses), il me semble que ce pourrait être une solution à la crise de la dette hors effectivement de l’économiquement correct.

    2. C’est à discuter certainement !

      Mais je poserais en préalable, un nettoyage de la dette : il y a des emprunts dont on a certainement déjà payé en intérêts beaucoup plus que le capital emprunté…
      Ceci est usuraire et il faut déclarer ces emprunts éteints !

      D’autre part, les budgets de l’Etat, sur la longue période et sans le service de la dette, sont à l’équilibre… Ce qui les déséquilibre systématiquement c’est le fait que l’Etat ne puisse pas monétiser ses dettes ou emprunter à la BCE…

      Après cela je veux bien regarder votre proposition !

  28. En Europe, les actifs le plus sujets à des craintes majeures dans le compte des banques sont les obligations d’états à l’exception de l’Espagne (sic) qui cumule le tout explosif …Oui, il reste encore une étape car la BCE va engager en catimini la « monétisation rampante ». Bien sur cela est encore un peu tôt mais je fais confiance à nos chers politiques pour mettre le feu aux poudres avant le printemps, et mains dans les mains bulle après bulles ils pourront crier haut et fort que la crise est finie !!… Alors, à l’image de la FED et sous couvert de « l’intérêt d’état et celui des banques » ces sauvetages resteront secrets banques, assurances la grande orgie est à venir …

    L’objectif est clair, reprendre en catimini et de façon non transparente des obligations espagnoles, voire allemandes à l’actif des banques et en contrepartie, leur octroyer des prêts à taux ZERO qu’elles pourraient à leur tour refiler aux grecs, espagnols, permettant ainsi à ces pays de s’en tirer avec des plans de rigueur plutôt softs. Ce jeu d’écriture pourri et non transparent permet aussi à la banque techniquement en faillite de tenir ses engagements vis-à-vis de ses créanciers. Après bonus, augmentations de salaires et stock options la banque pourrie peut de nouveaux « faire mumuse » et provoquer des bulles euphorisantes sur les actions du CAC comme celle que nous venons de vivre entre mars et décembre 2009 créant ainsi l’illusion de la tout cela pour le bon plaisir du peuple accro à la dette Bon évidement, le petit épargnant, et le gestionnaire de fonds indépendant, qui ignorent tout de la supercherie risquent bel est bien de passer à la trappe mais bon en attendant ils se gavent sur le FOREX

  29. Zébu écrit qu’il faudrait que la France lance un grand emprunt d’Etat de 1350 milliards d’euros : l’Etat versera 0 % d’intérêt, mais donnera 15 % de crédit d’impôt.

    Le problème, ce sont justement les crédits d’impôts.

    Cela fait des années que l’Etat distribue des crédits d’impôts aux Français. Pour quel résultat ?

    Le résultat est le suivant :

    – l’Etat se prive de recettes fiscales ;
    – le déficit budgétaire explose ;
    – la dette publique explose.

    D’après le Fonds Monétaire International, en 2014, quelle sera la dette publique par rapport au PIB ?

    La dette publique de l’Allemagne sera de 91,4 % du PIB.

    La dette publique de la France sera de 95,5 % du PIB.

    La dette publique du Royaume-Uni sera de 99,7 % du PIB.

    La dette publique de la Belgique sera de 111,1 % du PIB.

    La dette publique des Etats-Unis sera de 112 % du PIB.

    La dette publique de l’Italie sera de 132,2 % du PIB.

    La dette publique de la Grèce sera de 133,7 % du PIB.

    La dette publique de l’Islande sera de 134,1 % du PIB.

    La dette publique du Japon sera de 239,2 % du PIB.

    Ce constat est très intéressant car il montre une grande nouveauté historique. Cette grande nouveauté historique est la suivante :

    même les Etats que l’on croyait invulnérables sont surendettés.

    Hypothèse : même les Etats que l’on croyait invulnérables vont se déclarer en défaut de paiement.

    A partir du moment où tous les grands Etats occidentaux seront en défaut de paiement, il ne restera plus que 4 solutions pour les chefs d’Etat occidentaux :

    1- L’inflation.

    2- La guerre.

    3- Le défaut de paiement coordonné : les chefs d’Etat décident de faire défaut le même jour. Ils remettent les compteurs à zéro tous ensemble, au même moment, par exemple lors d’un G20.

    4- La privatisation de tout : les chefs d’Etat privatisent tout. Ils ne gardent dans le giron de l’Etat que l’armée, la police, la justice.

    Peut-être qu’il existe d’autres solutions à cet hyper-endettement des Etats. Il va falloir imaginer d’autres solutions.

    1. @ BA :
      Bien reçu. Les 15% de crédit d’impôt, ce n’était qu’un exemple. Ce peut être évidemment bien moins (c’est même le cas, cf. calcul plus ‘précis’ plus bas).
      Mais justement, sur la base des chiffres que vous citez, il me semble qu’il est nécessaire de sortir de cette logique des intérêts de la dette et de la dette tout court.
      D’où ma proposition de lier :
      – le remboursement immédiat de la dette avec un emprunt, afin d’éviter de verser chaque année quasiment l’équivalent de l’impôt sur le revenu en intérêt (et encore, au taux actuel, fort bas et qui pourrait soudainement remonter et faire exploser ce service de la dette),
      – l’emprunt à la ‘préemption’ pour chaque citoyen d’une partie des futures recettes fiscales, soit en moins sur leur feuille d’impôt, soit en plus s’ils ne sont pas imposables ;
      – l’emprunt à l’interdiction de déficit budgétaire inscrit dans la constitution, afin de favoriser la mise sur le marché des OAT de cet emprunt.
      L’idée est de supprimer le poids fiscal des intérêts de la dette par un remboursement anticipé, qui pèse de toute manière sur l’impôt des contribuables (directement ou non) et de le remplacer par un pari collectif sur l’avenir, lié aux recettes de l’Etat. Ce pari est aussi un pari sur l’avenir puisqu’au bout de 20 ans (par exemple), la dette est définitivement remboursée. Ce qui libèrera encore plus de recettes pour l’Etat : actuellement, le service d ela dette représente, capital + intérêts 118 milliards d’euros chaque année. Imaginez ce que l’on pourrait faire avec cette somme, chaque année, une fois libérés de son remboursement !!
      Par ailleurs, comme il serait interdit de produire un déficit budgétaire, cela n’exclue évidemment pas d’optimiser fiscalement les recettes, en particulier les niches fiscales. En gros, remplacer une bonne partie de ces niches par ce crédit d’impôt généralisé.

      Quand bien même vous auriez un budget en équilibre et même un excédent avec une optimisation fiscale maximale sur les recettes, vous ne réduiriez pas le service de la dette ou peu, qui pèse lourd dans les dépenses de l’Etat. A supposer donc que vous dégagiez des excédents budgétaires, ces excédents ne devraient être utilisés que pour rembourser le capital mais progressivement, ce qui n’annulerait pas la dette et donc les intérêts qui seraient toujours dû (certes réduits mais réduits faiblement). Il faudra des dizaines d’années d’excédents pour arriver à rembourser de cette manière, en ‘perdant de l’argent’ (taux d’intérêt du marché en lieu et place d’un taux d’intérêt à 0%), sans compter le risque, énorme, de voir un jour les taux d’intérêts augmenter et faire exploser le service de la dette, mettant ainsi en péril, chaque année, l’obligation d’avoir un budget équilibré ou même excédentaire. Très incertain, voir impossible …

      A l’inverse, un emprunt pour remboursement immédiat de la dette avec préemption en crédit d’impôt sur les recettes de l’Etat permet, à budget constant (ce qui est différent d’avoir un budget excédentaire chaque année) :
      – d’investir l’équivalent de l’impôt sur le revenu chaque année (44 milliards) ou de provisionner pour les crédits d’impôts annuels à verser,
      – tout en remboursant le capital chaque année,
      – et en optimisant les recettes fiscales, pour dégager plus de recettes au regard des dépenses (‘recettes supplémentaires’ à la disparition du remboursement annuel des intérêts).

      Un rapide calcul montre que les 44 milliards d’euros économisés par le remboursement des intérêts de la dette représente, sur 1350 milliards d’emprunt, un intérêt annuel FIXE de 3,25%. En portant ce pourcentage du crédit d’impôt à 4%, on obtient un ‘rendement’ pour les épargnants, net d’impôt (c’est le cas de le dire) très intéressant en ce moment, qui plus est sûr (puisque préempté sur les recettes de l’Etat), fixe et sur 20 ans (pas de variabilité des taux d’intérêts, comme cela peut l’être pour les contrats d’assurance vie ou d’autres investissements, comme des Livrets A, qui ont aussi des taux d’intérêts moins élevés).
      Ce taux de 4% de crédit d’impôt est légèrement supérieur au 3,25% mais étant donné que la dette de l’Etat augmente sans cesse, on peut penser, à taux constant, que le service de la dette augmentera lui aussi, ainsi que les intérêts remboursés. Si l’on tient compte cette fois d’une hausse (très probable, à moyen terme et quasi certaine, à long terme) des taux d’intérêts, ce taux de 4% serait même favorable à l’Etat …

      Bref, tout le monde aurait à y gagner, à la fois en sécurité (interdiction de déficit budgétaire contre ‘annulation’ des intérêts de la dette), en placement à long terme et in fine (avec un rendement ‘honnête’ pour l’Etat comme pour les épargnants), en liberté d’action (chaque année, comme in fine). Sans compter l’avantage indéniable de replacer la fiscalité, qui plus est directe et progressive, au centre des débats, en lieu et place de l’endettement de l’Etat (qui lui est préempté par les banques, de plus en plus). Et donc un meilleur débat démocratique, qui concernerait l’ensemble des citoyens (qui sont tous ‘soumis’ à l’impôt sur leurs revenus).

      Qu’en pensez-vous ?
      Cordialement.

    2. @ BA (suite) :
      Le choix de créer des excédents budgétaires et de les affecter au remboursement de la dette publique a été réalisé par les Etats-unis sous les présidences de Clinton notamment, qui avaient bénéficié d’exceptionnels taux de croissance (5,8% je crois en 2000). A l’époque, selon des calculs (faux par ailleurs car se basant sur la pérennité de ce taux de croissance) officiels, les excédents budgétaires devaient suffire à rembourser la dette publique sur 20 ans et même dégager un excédent budgétaire in fine ! On sait ce qui advint par la suite …
      A supposer que vous ‘optimisiez’ au maximum les recettes fiscales et que vous produisiez des excédents budgétaires, cela ne sera guère suffisants pour réduire effectivement et DURABLEMENT le problème de la dette publique et des intérêts versés. Sans compter que vous devrez le faire non pas en période de forte croissance (comme sous Clinton aux US) mais bien … sous croissance inexistante !!
      La question de la dette, à mon sens, ne peut pas être résolue QUE par une ‘simple’ réflexion fiscale d’optimisation des recettes. Cela peut y contribuer mais cela n’est pas la solution. Seule la possibilité d’emprunter à 0% sur du long terme (20 ans) pourrait le permettre, en lien avec l’interdiction de produire des déficits budgétaires. Ce qui ne peut pas se faire avec la BCE, sauf à réviser les traités européens (quasiment impossible, étant la règle de l’unanimité).
      D’où la solution proposée d’un emprunt national, ce qui permettrait d’ailleurs à chaque pays membre de l’UE, dans le respect des traités signés, de décider ou non de s’engager sur cette voie ou pas.

    3. Le défaut de paiement coordonné, et sans doute partiel (cf. la « banqueroute du tiers » en 1797 évoquée ici il y a quelques jours), est LA solution souhaitable.

    4. Le problème, c’est que les Etats ne seront plus jamais en équilibre budgétaire, quoi qu’ils fassent.

      Par exemple, la facture énergétique des Etats va exploser dans les années qui viennent. L’époque de l’énergie abondante et pas chère, c’est une époque révolue.

      Autre exemple : les dépenses de santé vont exploser dans les années qui viennent.

      Autre exemple : les dépenses de retraite vont exploser dans les années qui viennent.

      Après le tsunami financier qui arrive, les Etats vont devoir ensuite gérer le tsunami de millions de personnes âgées à nourrir, à loger, à soigner, etc.

      Bref, les Etats seront toujours en déficit budgétaire, quoi qu’ils fassent (ou alors, les Etats vont tout privatiser !)

    5. Comme le dit lui-même Zébu son plan fonctionne sur le pari d’une « reprise » future dont il ne sait pas lui-même comment la susciter.
      Tout comme nos dirigeants actuels.
      Et pis dans ECCE on avait dit « pas de paris »…alors çà commence mal.

    6. @ Mortimer :
      Oui, j’ai lu cette ‘proposition’ aussi. Mais si elle permet la ‘disparition’ d’une partie de la dette (60%), elle ne ‘liquide’ pas le restant (40%) ni ne dit comment elle s’y prend pour la ‘liquider’ par la suite totalement (1/3 de 1350 milliards représente quand même 450 milliards, toujours avec des intérêts courants, à moins de les supprimer eux aussi).
      Par ailleurs, comment réemprunter par la suite après une telle banqueroute ? Concernant cet épisode, il fallut attendre la restauration en 1817 (20 ans plus tard) pour que la France puisse emprunter de nouveau.
      Enfin, le contexte n’est plus le même puisque l’instrument de la monnaie n’appartient plus à la Banque de France et/ou au Trésor mais à la BCE. La banqueroute des 2/3 supposerait de sortir de l’UE et de revenir au Franc. Sans pouvoir ensuite emprunter autrement qu’auprès de la Banque de France et créer ainsi de l’inflation. Difficile …

      @ BA :
      Les déficits ne sont pas obligatoires à mon sens. Ils existent parce que des niches fiscales existent, qui réduisent les recettes de l’Etat. Et parce que la fiscalité actuelle ‘permet’ de ne pas prendre en compte un certain nombres de ressources fiscales ou à des taux différents. C’est le cas pour les plus values, dont les cotisations sociales sont portées royalement à … 12,1%. Vous seriez véritablement surpris de plein de choses si vous regardiez dans les lois fiscales …
      La dernière en date ? C’est Didier Migaud qui la mise sur la place publique, sur les 20 milliards (!!) d’exonérations fiscales sur les plus values de titres en 3 ans, bénéficiant notamment à des … hedge funds !
      Savez-vous aussi, par exemple, que l’Etat, qui doit compenser à l’euro près la Sécu pour les exonérations de cotisations votées, a chaque année des ‘retards’ de paiement, qui maintenant se montent à plus de 20 milliards d’euros ?
      Il me semble que si les dépenses vont certes augmenter pour les retraites et la dépendance, on ne prend pas en compte trois aspects :
      – la répartition de ces ‘charges’ dans le PIB : si elles augmentent, il est ‘normal’ qu’une répartition accrue des richesses produites aillent compenser ces dépenses (notamment par l’impôt et les cotisations) ;
      – l’augmentation de ces ‘charges’ produit aussi une augmentation … des recettes car elles permettent de créer plus d’emplois pour faire face à ces ‘nouveaux’ besoins et donc plus de cotisations et d’impôts (recettes) ;
      – on a pu constater que si la France ‘résiste’ mieux que les autres pays européens, c’est clairement grâce grâce à son système sociale et à sa fonction publique, à sa part importante de revenus déconnectés des effets de la crise (fonds de pension/retraite par répartition, …). Ce qui permet de dire que cette augmentation des ‘charges’ est aussi une augmentation de l’investissement différé de la France, pour le futur.

    7. @ Tartar :
      Non, je n’ai pas dis que je réalisais ce pari sur la ‘reprise’ … ? Je disais qu’à l’inverse justement des politiques menées par Clinton dans les années 90 d’effacer la dette par l’affectation d’excédent basés sur une croissance économique, qui a failli, je préconisais une autre orientation, non basée justement sur l’existence ou pas de reprise économique, qui reste l’unique panacée de tous ou presque politiquement actuellement, comme le dénonçais très justement P. Jorion sur le plateau de France 3 récemment.
      Simplement sur les recettes futures de l’Etat, qui pourront être ‘optimisées’ fiscalement (suppression de la plupart des niches fiscales) et sur une baisse des charges (intérêts de la dette supprimés), ou sur l’investissement de cette même somme dans l’économie (véritable plan d’investissement pluriannuel sur 20 ans de 44 milliards = 880 milliards !).
      Et concernant le pari, il n’est pas sur les prix mais bien sur le fait qu’il n’y a que collectivement que l’on pourra s’en sortir, par le biais d’un ‘nouveau pacte social’ entre l’Etat et ses citoyens, au travers d’une fiscalité renouvelée, durable et plus juste.
      ‘tain, ça fait pompeux ça, déjà, c’est mal barré 🙂

  30. Je pense que nous vivons une contraction du temps qui fausse nombre d’anticipations des décideurs politiques… et des économistes! La question de l’euro est d’ors et déjà sur la table, et je pense que les peuples vont se saisir de celle-ci dès 2010! Il est clair que nous payons l’absence de campagne électorale sur le fond en 2007, et que les Français n’en peuvent plus des mensonges permanents…
    Jai proposé il y a plus d’un an un système de résorption de la dette publique par adossement à des partenaires africians francophones, grâce à des monnaies de substitution, sans paiement d’intérêts sur la dette. L’objectif était également de bâtir un monde multipolaire (cf blog).

    Ce projet est aujourd’hui intégré au combat politique mené par l’UPF, l’union du peuple français!
    http://www.union-du-peuple-francais.fr/

  31. Bonjour,
    Monsieur Leclerc, que pensez-vous de la rencontre entre M.Medvedev et M.Papandréou aujourd’hui?

  32. Il devrait être question de créer un véritable espace économique Européen découplé,comme est en train de se finaliser un espace économique Asiatique Découplé.

    PS : par ailleurs il est quasiment certain que l’UK va essayer de s’en sortir (de passer entre les hallebardes) en attaquant d’abord la zone Euro.

  33. Commentaire laconique de Christine Lagarde, ministre française de l’économie et des finances, à propos d’une aide financière européenne à la Grèce : « Plusieurs routes sont envisageable »…

    Cela ne traduit pas spécialement l’idée qu’un plan est prêt et gardé au chaud, au cas où, comme exposé par Jean-Claude Junker !

  34. @ François Leclerc

    A la lecture de votre admirable et exhaustif billet il me vient une réflexion.

    En qualité d’ancien navigant, il m’évoque quelquechose de précis. Quand une voie d’eau importante a noyé la machine, entraînant la perte de propulsion, quand les groupes électrogènes sont également noyés, coupant l’électricité et donc les commandes de barre, qu’il y a des creux de 15 mètre comme à Porcupine, tout l’équipage, du graisseur au Pacha commence à penser aux radeaux de sauvetage, mais sans se le dire les uns aux autres. Ca augmenterait la peur (parce que tout le monde pète déjà de trouille) et diminuerait les chances de survie.

    Mais c’est inéluctable, une vague encore plus grosse chavire le raffiot et précipite les marins à la baille. Et là, accrochés au radeau, ils se disent les uns aux autres « tiens bon, on va s’en sortir »! Mais tous, chacun dans leur for intérieur, savent pourtant qu’ils ne s’en sortiront pas.

    Mais quelquefois, un miracle. Ex: Un porte-container de la Delamas coule dans le Golfe de Gascogne l’hiver 72 ou 73. Un officier s’en sort: en percevant le bateau gîter anormalement, il avait mis sa combinaison de plongée, ce qui l’a sauvé. dans une eau à 7°, il a attendu les secours pendant près de 24 heures.

    Croyez-moi (ou ne me croyez pas si vous ne voulez pas penser à la souffrance) Il est largement temps d’enfiler les combinaisons de plongée.

    1. Mettre les survies trop tôt à la mer ne garantit rien à moins que le navire ne soit en train de sombrer.
      Il reste ensuite la phase recherche et hélitreuillage;il peut être plus sur de rester à bord d’une épave flottante.

  35. Face à l’insolvabilité croissante des débiteurs, les états eux-mêmes, et dans un contexte où l’on ne peut « inventer » une autre frange de population nouvelle susceptible de s’endetter davantage car trop pauvre, il n’y a aucune raison que les créances prises en pension via l’allongement des bilans des banques centrales, quelles que soient les variantes, américaines, japonaises, britanniques ou européennes, vaillent encore grand’chose.
    C’est bien pourquoi nous observons que les replis sur la thésaurisation prendra des formes de plus en plus extravagantes. Il s’agit de pouvoir d’achat gelé pour des montants atteignant des milliers de milliards en euros ou en dollars.
    La solution? Emettre dès maintenant un signe monétaire nouveau, un signe qui ne se thésaurise pas, seul moyen d’obtenir qu’il circule efficacement pour acheter les biens, services, biens d’équipement et actifs financiers disponibles abondamment sur le marché.
    Dès lors, l’économie se stabiliserait et repartirait tranquillement, sans même se soucier des grandes faillites qui doivent survenir. Dès que les créanciers seront indemnisés seulement avec des signes monéatires marqués par le temps, des SMT (un nouveau nom inventé par moi pour remplacer le terme désuet de « monnaie fondante »), la crise aura été. Certes, ils perdraient l’essentiel de leur intérêts (de leur rente capitaliste), mas le principal leur serait mieux garanti que jamais. ès lors, même les plus fortunés peuvent trouver un avantage dans cette nouveauté, car leurs débiteurs redevienraient rapidement solvables.
    J’appelle donc solennellement tous les économistes de se pencher sérieusement sur ces questions, car si on continue comme maintenant, les prévisions de François Leclerc me semblent évidentes, aucune reprise d’aucune sorte ne se dessinera jamais malgré tous les moulins à prière actionnés partout. Même la Chine orgueilleuse avec ses 10% de croissance de son PIB basculera, sans doute après l’exposition universelle de Shanghai dès octobre 2010, dans un trou financier violent, car, en Chine aussi, la crise bancaire se prépare du fait d’une consommation provisoirement dopée par le surendettement d’insolvables. Paul Jorion se réjouit à juste titre des augmentations de salaires décidées par-ci par-là en Chine, mais il est prévisible que ces mêmes augmentations trouveront leur limite rapidement, tant les inégalités dominent déjà le paysage chinois. Sauf si la Chine émettait des SMT, ce qu’elle ne fait pasdavantage que les autres pour le moment. La nature dictatoriale du régime pourrait cependant l’imposer peut-être…

  36. Bonjour à tous,

    Je persiste et signe, la première cause de la crise actuelle est la fin de la croissance dû au passage du plateau pétrolier (The Limits to Growth after Peak Oil). Certains font ce diagnostic, d’autres pas. Ne pas le voir ne va faire qu’aggraver les effets de la crise car tant qu’on ne vera pas qu’il faut de l’énergie pour donner corps au capital, on aggravera notre cas, surtout si on s’endette. Je crains qu’il soit trop tard pour prendre des mesures quand les choses seront évidentes pour tout le monde.

    Viral collapse by Guy McPherson
    http://guymcpherson.com/2010/02/viral-collapse/

    1. @ Peak.Oil.2008 16 février 2010 à 13:27
      Je partage totalement votre avis. La grande crise dans laquelle nous sommes entrés est une crise de l’épuisement des ressources non renouvelables (énergie fossile et métaux). Elle se poursuivra jusqu’à l’extinction si, avant l’épuisement des métaux, l’humanité n’a pas su développer une nouvelle grande énergie (type ITER ou autre).

      Toutes les autres crises dans la crise ne sont que des conséquences de cette cause racine. Bien évidemment, il faut gérer les conséquences aussi, notamment pour prévenir l’effondrement accéléré, lequel pourrait conduire à l’anarchie et au chaos généralisé : moyens les plus sûrs pour ne jamais atteindre l’objectif premier.
      La finance, la monnaie, sont importantes mais ne sont que des intermédiaires entre l’énergie et les besoins de l’humanité. Avec le progrès, ces besoins ont conduit à un niveau de vie moyen tellement élevé qu’il est difficile –impossible- à maintenir sans une nouvelle source ; les renouvelables n’y suffisant pas.

  37. Pour entrer dans la conversation de Zebu, en fait en quasi 30 années, le cumul des intérêts versés par la France correspond quasi au montant de la dette actuelle.

    Que dire de ce résultat, que nous sommes dans un processus de fuite en avant, de crédit revolving, de sur-endettement comme le gère la banque de France pour les particuliers, bref, sans croissance pour réduire cette dette, et semble-t-il nous sommes partis pour, nous entrons dans le traitement type du sur-endettement en France, à savoir ou annulation de tout ou partie de la dette ou arrêt du paiement des intérêts et remboursement de tout ou partie du capital selon un échéancier bien compliqué à trouver…

    Reste que nous sommes désormais enchaînés aux autres partenaires de l’Euro, faire cette démarche en solitaire serait une hérésie, on le voit avec le plan d’aide à l’automobile et dans le cas de Renault, les voitures vendues ne sont pas principalement produites en France, en d’autres termes l’argent mis par l’état à surtout servi à donner du travail à des salariés hors de France.

    En disant cela et pour la Grèce, comment peuvent-ils rembourser leur dette, bien évidemment ils ont un poste défense militaire bien important, mais allez licencier les généraux grecs … ils vont nous faire une révolution…

    Ce me semble et sans être pessimiste, je ne vois pas comment la Grèce peut faire en restant dans l’euro sans production à faire valoir pour dégager les excédents, si elle en sort cela pourrait s’envisager mais alors la dette atteindrait un tel niveau que le pays serait submergé…

    Allez demander à un chômeur de rembourser une dette revolving qu’il a accumulé pendant de nombreuses années sans lui trouver un bon travail ou sans le faire gagner au Loto…

    Bref au travers de la crise de la Grèce, c’est bien évidemment la question des dettes de tous les états endettés qui est bel et bien posé, ou monétiser la dette, et apparemment il y aura tjs un pays en Europe qui aura intérêt à refuser de signer ce changement de statut de la BCE, ou alors préparer le monde à une défaillance collective.

    A partir de cette réflexion, nous inversons le processus du TBTF des banques, les états sont eux aussi TBTF, la défaillance des états entraînant la disparition des banques, nous sommes donc ce me semble dans la même situation que la Chine face au Dollar, et ce faisant il apparaît cette fois-ci que la monnaie unique devient un sérieux atout, ce me semble les états européens ne sont pas si démunis que cela, qui va mener cette croisade d’un Euro TBTF, attendre et voir…peut-être un bon samaritain pourrait envoyer ce message à notre Bonaparte, il pourrait alors peut-être devenir Napoléon…

    Quant à la Chine, que fait-elle, elle brule ses dollars, pour se faire elle construit des usines en surplus sur son sol, elle importe des matières 1ères, elle stocke des produits fnis, bien évidemment certains diront que les chinois ne savent pas trop quoi faire…bref elle transforme ses billets dollars en du dur…

    Reste cependant une échéance, une inconnue, celle qui fait que la sortie de crise est et sera si hypothétique, sommes nous ou pas sur le pic de production du pétrole, semble-t-il aussi sur celui du Charbon, pas encore tout à fait sur celui du gaz…

    J’admets que je suis rengaine avec mon pétrole, je pense que en haut lieu, cette réponse est connue, la volonté de passer aux voitures électriques, le retour au nucléaire, l’économie verte, les transports en commun, voire même notre Airbus 380, je pense que nous sommes proche de ce pic car toutes ces décisions vont dans ce sens, comme le fait d’avoir laissé GM chuter, reste que la loi de Hubert est une courbe symétrique, 40 ans pour atteindre le pic et 40 ans ensuite pour voir la production s’arrêter et ma conviction pour le coup est que la courbe ne sera pas symétrique…

    Bref je me dis que toutes nos supputations sur cette crise sont bien intéressantes, nous reste cette inconnue du pétrole…car sans pétrole, nos dollars ne valent pas grand chose et notre société de consommation n’a alors plus de combustible pour continuer à avancer…

    En fait depuis le départ, je suis surpris des réactions de ces grands qui nous gouvernent, des ces soi-disant erreurs, j’ai du mal à accepter depuis le départ ces formes d’inintelligence.

    Mon idée est que nous sommes passés, à la fin du XXème siècle, d’une guerre des états, à une guerre sans état, je m’explique.

    L’homme est ainsi fait qu’il a besoin de dominer, de se montrer qu’il est plus fort que le voisin, toucher plus que l’autre, les bonus des traders font partis de ce process.

    Bref la mondialisation ne se limite pas à la libre circulation des marchandises et de la monnaie, nous sommes dans une guerre pour le contrôle des richesses de la planète, la guerre cette fois-ci est économique, les USA avait inventé la guerre par bombes interposés, sans face à face de guerriers, la finance invente la guerre économique et cette fois-ci, les financiers se sont libérés d’une certaine manière de leur appartenance à une nation…la nation des financiers est la planète, la guerre actuelle, le contrôle de la richesse de la terre.

    Pourquoi je pense à cela, lorsque je vois les fortunes des Russes se créer en quelques années, idem pour les Mital et sans doute d’autres, Arnault, Lagardère, Mulliez en France, les patrons de Google, Microsoft, nous sommes entrés dans un monopoly mondial, les sommes dépassent l’entendement, plus de limite à la mise et aux objectifs.

    En disant cela, je m’explique mieux les réactions et non réactions des hommes politiques, les amitiés surprenantes dans certains cas et ennemis dans d’autres, bref nous sommes dans une guerre mondiale sans nation pour le contrôle de la richesse…les armes sont les coups bas et les bulles, les vecteurs l’informatique, le net…

    Je vais vous paraitre un brin naïf, quoique, pensez y, si nous sommes réellement dans cette guerre d’un nouveau type, bien évidemment cela crédibilise et rend intelligent ce qui nous semble de la spéculation, enfin je me dis que je commence à comprendre un peu mieux ce que je prends pour des conneries…

    Ce faisant et en imaginant que nous soyons réellement dans une telle guerre, l’annulation des dettes devient une contre attaque et une tentative de détruire ceux qui sont désormais devenus les ennemis des nations…..ils ont pour nom Banquiers…

    1. « nous sommes dans une guerre mondiale sans nation pour le contrôle de la richesse »

      C’est une des caractéristiques du fonctionnement des maffias.

    2. @ Bourdon :
      « Allez demander à un chômeur de rembourser une dette revolving qu’il a accumulé pendant de nombreuses années sans lui trouver un bon travail ou sans le faire gagner au Loto… »

      Peut-être en ‘restructurant’ la dette, comme on le fait justement pour un cas de sur-endettement. Car la plupart du temps, ces dettes ont pour origine des taux léonins ou des sommes d’intérêts trop importante, qui obèrent quasiment le revenu du particulier pour pouvoir rembourser ne serait-ce que les intérêts.
      La seule solution, c’est le remboursement anticipé du capital, qui ‘éteint’ les intérêts à venir.
      Mais pour se faire, il faut que le particulier puisse avoir le droit d’emprunter la dite somme mais sans intérêts (sinon on repart pour un tour) ou à très faible taux, sur une nouvelle période.
      D’où la proposition d’emprunt national à taux 0% avec préemption par crédits d’impôts sur les recettes de l’Etat à venir, avec la garantie constitutionnelle d’une interdiction de déficit budgétaire …

    3. Ma conviction est également que la courbe ne sera pas symétrique et ce pour plusieurs raisons. – La courbe de Hubbert Nette. C’est la courbe nette qui compte, l’EROIE (Energy Return On Energy Invested) détermine le ratio entre l’énergie utilisable et l’énergie utilisée et il continue sa chute. – La technologie. Certains ont la fâcheuse tendance de croire que la technoligie nous permettrait de passer outre les lois arithmétiques les plus élémentaires. En fait, la technologie n’augmente pas significtivement la ressources à extraire, elle nous permet surtout d’accélérer la déplétion de la ressource. – La cannibalisation de la production. Toujours plus de captitaux sont redirigés vers les économies productrices et encore exportatrices, ce qui a pour effet de doper ces économies et de cannibaliser leurs exportations au détriment de l’offre mondiale. – Doom and Gloom, on peut aussi envisager un effondrement rapide de la société suite à notre incapacité à fonctionner différemment (Effondrement des sociétés complexes, Guerre ultime des ressources).

  38. Selon Olli Rehn, commissaire aux affaires économiques, la commission européenne serait prête à proposer un « cadre » pour une aide financière coordonnée à la Grèce, si le besoin s’en faisait sentir. Une manière de ne pas dire qu’il n’y a pas d’accord actuellement à ce propos.

  39. @ Bourdon,

    je vous reçois 5/5, je dirais même plus !!

    Je crois que c’est vous qui voyez clair.
    Vous me direz que je n’y connais rien (c’est vrai) … mais en observant les choses avec un peu d’altitude, de hauteur, je dirais que TOUT ce que vous dites apparait clairement. (je ne crains pas le ridicule).

    On s’attache beaucoup trop à des détails, il faut une VISION.

    Quand on a cette vision clairement à l’esprit : tout devient limpide.

    Merci beaucoup .

  40. @ Bourdon, re

    merci aussi d’insister sur ce fameux pic du pétrole.

    Cela amène à comprendre qu’il faut commencer à raisonner, fonctionner avec d’autres paradigmes.
    Les notres sont obsolètes.

  41. Notre systéme sociétal est basé exclusivement sur le pétrole.
    Rien n’y échappe.
    Démarrons à 200 voire à 1000 % demain matin pour
    -chercher d’autres solutions en travaillant 24h/24 et 7 jours sur 7
    -investir dans l’entretien ,dansle développement des raffineries,des champs pétroliféres
    etc…
    Dans tous les cas ,le compte à rebours,connu des « décideurs » depuis bien longtemps,nous prend de cours.
    Restera à vivre « sans » ,donc autrement et de façon trés sensiblement autre.
    Comme il est dit plus haut,ne serviront à rien : actions,lingots et autres kilos de trilliards
    Encore une fois : le « titanic » coule pour tout le monde.
    Et même si Paul Jorion souligne avec raison (?) notre incurable optimisme,je pense que cette fois et enfin : Il faudra Vivre La FRATERNITE ,bon gré mal gré.
    Et la boucle sera bouclée dans un Eden retrouvé ?

    1. On fonce, doucement car sans pétrole l’effort doit être mesuré. Un litre de pétrole représenterait en équivalent force, la capacité d’un travailleur vaillant pendant 10 jours. Alors, au diable les kilos de lingots ou de trilliards d’euro en petites coupures, nous n’aurons plus la force de les manipuler. Un bol de soupe est au lit, qui dort dine, moins de dépense, le cercle vertueux.
      Prenons exemple sur le règne animal, au hasard, le chat de la maison 18 heures de repos et de sommeil entre-coupé de brèves périodes d’activités nourricières ou de jeux lorsque les repas sont offerts par l’hôte de la maison. Mais, bonne bête reconnaissante, elle me rapporte le fruit de sa chasse (pas toujours occis), pour aller de suite manger à sa gamelle, l’effort étant moindre.

  42. Qui a entendu parler dans les médias francophones du Groupement des industries sur le pic pétrolier et la sécurité énergétique en Grand-Bretagne (UK Industry taskforce on peak oil & energy security – ITPOES)? Celui-ci a publié son rapport la semaine passée, j’en ai seulement trouvé la trace dans Lalibre.be. Richard Branson était de la partie, histoire d’attirer le regard des journalistes.

    Il semble que nous ayons beaucoup trop de soucis à présent que pour nous intéresser aux problèmes futurs. Ce que l’on ne veut pas voir, c’est que les soucis actuels sont ridicules par rapport à ceux qui sont en gestation. L’autocensure médiatique sur Les Limites à la Croissance et ses conséquences est des plus irresponsables ! Alors qu’il faudrait éduquer, expliquer aux citoyens qu’ils font partie du problème et de la solution, débattre à tous les niveaux de la société, on continue à s’intéresser à des choses qui sont déjà mortes. Si nous continuons à nous accrocher aussi fort à notre passé, notre futur n’aura vraiment pas sa place.

    1. Hier, j’ai essayé de mettre une amie (étudiante, comme moi) à lire ce blog. Au début très enthousiaste quand je lui ai annoncé l’objectif du blog, ça a vite changé :

      « Ca me soule de voir des gens pessimistes comme ça ! Toujours des problèmes, des catastrophes, on voit ca tous les jours dans les médias ! »

      Voilà, elle préfère que les médias parlent de la petite boulangerie au coin d’un hameaux perdu en France… (Et c’est vraiment ce qu’elle m’a dit…)

  43. En réponse à Zébu et pour mesurer l’impossibilité de remboursement des dettes, que ce soit celle de la France ou celle de la Grèce…

    On parle toujours de la dette par rapport au PIB, c’est vrai que 80% du PIB ou 3%, sont des chiffres durs ou difficile, seulement voilà cela ne représente pas la vraie capacité de remboursement d’un pays.

    A la serpe, le PIB de la France 1800 milliards, cela inclus toute la valeur de la production réalisée en France, cela inclus les revenus des auto entrepreneurs qui avant cette invention étaient in finé du travail au noir, je serai curieux d’ailleurs de voir combien ces mesurettes ont d’effets sur les chiffres de la croissance, mais c’est une autre réflexion dérangeante.

    Donc à la serpe le budget de la France c’est 370 milliards de recettes donc les dettes 1500 milliards représentent en fait 4 années complètes du budget de la France et là cela change tout car même en consacrant 10% du budget et juste en remboursant le capital sans intérêt, cela prendrait 40 ans pour rembourser…

    A titre plus parlant, le déficit 2009 de la France représente 39 % du budget 2009 et non 13% du PIB

    Ce faisant, je ne connais pas le budget de la Grèce, c’est un pays où l’activité souterraine semble importante, donc 13% de déficit du PIB doit représenter au bas mot 50% du Budget de la Grèce, dites moi comment on peut résoudre une telle équation, comme diviser par deux ses dépenses en 2 ou 3 années …

    Quant au pétrole, il est vrai que l’on extrait trop vite le pétrole, on multiplie les puits, on perce l’éponge dans tous les sens pour faire sortir le pétrole, on injecte de l’eau pour faire sortir l’huile, on assèche plus vite les puits et donc on mettra à mal la symétrie de la courbe de Hubert mais ce faisant on augmente la quantité de pétrole qu’il faut pour obtenir un litre, c’est cela que reflète la hausse du prix du pétrole…

    On ne mesure pas combien, le dollar c’est avant tout la monnaie du pétrole…qui est la vraie richesse du monde; que ce soit le photovolaïque ou l’énergie tirée du vent, il faut mettre beaucoup de pétrole pour obtenir un litre d’équivalent énergie…

    On sait fabriquer de l’électricité avec les énergies nouvelles, mais seul le pétrole est une vraie matière 1ère qui permet de s’auto entretenir si je peux parler ainsi, essayer de fabriquer une éolienne juste avec l’énergie qu’elle vous donne…..bonjour le mal de tête…

    1. Bien d’accord avec vous, le pétrole est quelque part la ressource ultime, celle qui permet toutes les autres, celles qui rend l’extraction de biens d’autres économiquement rentable (tel que l’uranium ou le charbon dans certains cas). Le lien entre pétrole et eau est très problématique car il faut de plus en plus d’eau pour produire du pétrole, et de plus en plus d’énergie pour extraire l’eau (déssalinisation de l’eau de mer dans les pays producteurs de pétrole), c’est le serpent qui se mord à nouveau la queue.

      On ne remplacera donc JAMAIS un milliard de véhicule à combustion par un milliard de véhicule électrique, il n’y plus assez de pétrole bon marché pour cela, outre le fait qu’il n’y a pas assez de lithium. Il faut le dire. La voiture fait déjà partie du passé et ne pas l’accepter se payera cher. On aurait peut-être pu sauver la voiture solo si on s’y était mis dans le années 70. Les jeux sont fait maintenant pour se mode de transport.

      Il faudrait impérativement utiliser le pétrole qui reste pour produire des panneaux solaires en masse et de l’éolien à marche forcée. Sans cela on continuera à gaspiller les restes pour s’auto-persuader que l’on pourrait continuer comme avant, sans cela c’est l’électricité qui sera menacée et cela se terminera en désolation totale.

  44. @ Peak.Oil,

    auriez-vous l’amabilité de répéter encore et encore, dans d’autres billets et articles ce que vous dites ici.

    « les problèmes actuels ne sont rien en comparaison de ceux qui nous attendent,
    il serait temps d’y réfléchir………… »

    Ce message a BEAUCOUP de mal à passer et la dissection du ‘cadavre’ n’en finit pas…

    Un grand merci à vous!
    J’espère que votre clairvoyance aura un impact ou une écoute au moins.

    1. Cela fait chaud au coeur de se sentir compris dans le contexte de brouhaha actuel. Merci à vous, merci à ceux qui alimentent ce site, et merci à Paul pour sa démarche citoyenne.

      Je suis vraiment triste d’assister au gâchis actuel alors que tant de jeunes sont prêts à se retrousser les manches pour sauver ce qui peut l’être. Au lieu de cela, ils sont mis sur la côté par des gens incapables d’accepter l’utopie de la croissance perpétuelle. Le déni portant sur les limites à la croissance est tel qu’il devrait nous inquiéter bien plus. Ce déni est révélateur.

      On ferait bien d’écouter, Dennis Meadows, un sage parmi ceux qui restent.
      Il est le père de rapport The Limits To Growth publié en 1972.
      http://www.youtube.com/watch?v=gSPHzkAHwqY

    2. Je voulais dire : « des gens incapables de reconnaître l’utopie de la croissance perpétuelle »

  45. à Peak.Oil,

    d’ailleurs pourquoi ne pas allez dès à présent sur les commentaires du dernier billet en ligne pour y répéter tout cela ??

    Je crois vraiment que beaucoup se trompent de combat….

    Merci infiniment .

    1. Même le combat autour du pic du pétrole est un faux combat, laurence. Le pétrole n’est que symptomatique en tant que accélérateur propice pour les véhicules qui participent à la course folle. Il n’est que problématique pour ceux qui estiment à tout prix qu’ils doivent rester dans la course et qu’il n’y à pas d’alternative moins onéreuse pour ce faire. Lorsque on est persuadé que la seule solution viable à long terme est d’arrêter cette course folle… alors le pic du pétrole qui n’est que un accident de parcours à partir duquel ce pétrole est chaque fois plus couteux à extraire n’à plus raison d’être.

      Le vrai problème est celui de rationaliser la situation actuelle et d’arriver à des conclusions logiques et éthiques qui permettent de faire arrêter cette course qui dure déjà depuis que l’humain est capable d’anticiper mais pas assez sage pour s’interdire les effets des dommages collatéraux à long terme.

      Tout le problème n’est que psychologique, un piège à cons de la raison (ce qui explique que l’humain soit la seule victime) même si les dommages collatéraux accumulés ont bien des implications matérielles.

      Tout est un énorme dilemme du prisonnier ou les solutions des uns dépendent de la volonté des autres, avec trop de variables jusqu’aujourd’hui et donc les solutions plus conservatrices comme seules propositions.

      La solution ne peut venir que de la collaboration de ceux qui ne sont pas dans la cage (soit qu’ils ont été assez bêtes pour ne pas se rendre compte des barreaux et n’ont pas développés la psychose, soit qu’ils ont été assez intelligents pour ne pas s’avoir laissé prendre dans le piège, soit assez intelligents pour opérer d’une façon lucide même en se trouvant dans le piège).

      Ceux qui se trouvent dans le piège et ne savent pas comment en sortir vivants… se comportent comme des psychopathes dans la défense de leurs intérêts parce-que leur survie (but ultime de tout individu) en dépends. Tous ces ignorants qui ne savent pas ce qu’ils font et cherchent des bouc-émissaires faciles dans les antipodes idéologiques, en tressant des cordes ou dépoussiérant des guillotines… ne se rendent pas compte du fait qu’ils ne font que jeter de l’essence sur les flammes de la désespérance. On ne trouvera pas de solution en offrant le choix entre une guillotine proche ou un mur incertain, parce-que la, on serait idiot de ne pas choisir le mur.

      Ces gens sont des malades, et ce qu’il faut c’est des remèdes à leur maladie qui garantissent la survie. Car c’est la seule alternative pour qu’ils ne nous emportent pas avec eux dans cette course pour laquelle notre terre n’a pas les moyens.

  46. @ Peak.Oil,

    votre présence me fait un bien fou!
    Il y a une personne Très lucide ici et qui ne se laisse pas aveugler par les soi-disant révélations DONT CERTAINS ONT TRES BIEN COMPRIS qu’elles sont le nouveau DIVERTISSEMENT pour nous empêcher de réfléchir aux VERITABLES
    ENJEUX.

  47. @ peak.Oil,

    votre présence ici est vraiment très importante, pour moi (déjà ;)) et pour tous.

    Il est important de voir, au-delà des gesticulations de l’actualité, quels sont les VEITABLES enjeux auxquels nous sommes confrontés.

    « Que la Force soit avec Vous » 😉

  48. @NingúnOtro. « Lorsque on est persuadé que la seule solution viable à long terme est d’arrêter cette course folle… alors le pic du pétrole qui n’est que un accident de parcours »

    Si la fin de la croissance mondiale est dûe au passage du pic pétrolier et que ce dernier s’avère correspondre au pic énergétique mondial, je crois qu’il y a lieu de s’intéresser de près à la décroissance de l’offre en énergie (et cela même si on peut se réjouir pour le climat).

    Un décroissance incontrôlée de l’offre en énergie pourrait plonger nos sociétés dans le chaos car elles deviendraient tout bonnement ingérables. Nos sociétés sont des sociétés de masse, très dépendantes, et très interdépendantes, en fait très vulnérables. Résilience Zéro !

    Imaginez une armée sans pétrole … et le régime qui va avec … et l’autorité qui va avec … et la sécurité qui va avec. Quelle serait l’autorité d’un régime qui ne peut plus fonctionner car il serait privé de ses ressources ? Et quelles en seraient les conséquences ?

    NB. Lien entre RCA et Pic pétrolier
    http://villesentransition.net/transition/pages/pic_petrolier/pic_petrolier_et_changement_climatique

    1. Peak.Oil.2008, vous n’avez pas compris ce que j’ai voulu dire.

      Le Peak Oil et le changement climatique restent bien sur des problèmes très sérieux, mais ces problèmes ont été exacerbés par la logique de compétitivité effrénée qui est le causant de la transformation accélérée de matières premières et de ressources énergétiques non pas pour satisfaire des besoins humains réels, mais pour extraire et accumuler au plus vite les plus-values (même décroissantes si compensées par la vitesse de rotation) dans les poches de ceux qui en ont besoin pour s’armer contre la possibilité (réelle ou imaginaire) qu’un adversaire soit en train de faire exactement la même chose. Même s’il est imaginaire, cet adversaire, la meilleure sécurité possible est faire le mieux qu’on peut (ou on nous laisse) faire.

      C’est comme si on chargeait la compagnie des eaux de vous faire parvenir une propagande vous poussant à réduire votre consommation… en savant qu’elle est commerciale et qu’elle fait des bénéfices sur ce que vous consommez, pas sur ce que vous épargnez comme consommation.

      On ne fait pas les épargnes nécessaires en confiant la gestion des ressources à ceux qui tirent des bénéfices de leur consommation. Tant que quelques-uns tireront des bénéfices de la consommation du pétrole, ils auront intérêt à accélérer sa vente (si cela peut se faire avec des excuses pour que ce soit à un plus haut prix, ils apprécieront. De même qu’ils maximiseront leur marge en laissant pour les autres la charge des dommages collatéraux pour l’environnement.

      La plupart de la consommation n’est plus rationnelle… elle n’est que transformation sans autre raison qu’alimenter les moteurs des participants à la course. C’est pour cela que je vois comme prioritaire d’arrêter ce que j’appelle la course folle.

      Tant qu’il y aura des participants à la course… la décroissance volontaire de quelques-uns ne sert qu’a accroitre la disponibilité des ressources dont ils se serviront pour accélérer encore plus vite. La décroissance utile est celle qui ne renonce pas aux ressources, mais s’en réserve l’application à des fins utiles.

      J’imagine… et cela ne me déplait pas. A moins que vous ne pensiez au combat inégal entre quelqu’un avec du pétrole et quelqu’un sans pétrole. Cela c’est déjà vu dans l’histoire, des batailles de chars perdues par manque de combustible plutôt que d’obus.

  49. @NingúnOtro. Je comprends mieux votre perspective et je suis d’accord avec vous. Je crois aussi qu’il faut arrêter cette course folle sans but dans laquelle nous sommes pris. Certains prétexteront le progrès, ce terme creux, d’ordre presque religieux et vide de sens.

    Il est vrai que la crise économique, la crise énergétique, la crise de la dette, la crise alimentaire, la crise de l’eau, le RCA, la 6ème extinction, la bombe population ne sont que des symptômes de quelque chose de plus profond, quelque chose que je m’essayerai à qualifier comme l’abandon de l’homme par l’homme. L’homme se glorifie et se libère de des toujours plus de contraintes (avec un sourire béat) sans voir qu’il est en train de se tirer une balle dans le pied.

    Quand comprendra-t-il que les contraintes sont aussi nécessaires à son épanouissement que n’est la liberté. Quand comprendra-t-il que transcender des limites devrait nous pousser à nous poser la question des implications. Être sage c’est aussi être capable d’accepter les contraintes que la vie impose. Dans la société moderne, l’homme ne sait plus rien accepter, il valorise le laisser-faire pour plus de puissance, pour plus de transformation, pour plus de pouvoir d’achat, un cocktail détonnant. L’homme n’a-t-il pas compris qu’il fallait fermement encadrer le pouvoir ? Je croyais que cela faisait partie des leçons de l’Histoire. J’ai parfois l’impression que nous avons intronisé le sale gosse.

    L’exploitation des ressources par ceux qui tirent les bénéfices de la consommation pose un gros problème, c’est ce qui nous a menés à la civilisation grotesque du tout jetable, ou comment balayer l’avenir le plus efficacement possible. En plus, quand la ressource se fait rare, sa valeur monte, l’économiste en arrive donc tout bêtement en envisager la rareté comme un bien. C’est l’illusion parfaite.

    Ce que vous dites concernant l’adversaire imaginaire me fait penser à l’argument classique de mauvaise foi qu’on nous rabâche dès que l’on veut changer les choses pour plus de respect, plus d’équilibre, plus de bon sens, plus de sens tout court : « Si je ne le prends pas quelqu’un d’autre le prendra et en tirera le bénéfice, il n’y a donc aucune raison que je m’en prive. ». La propagande moderne va tout à fait dans ce sens … si c’est pas moi ce sera lui … le sale gosse, c’est le meilleur.

  50. @ Peak.Oil et NingùnOtro,

    je pense que vous êtes, non pas en contradiction, mais à des ‘niveaux d’approche’ différents.

    L’un (P.O) ayant une approche universelle, détachée des considérations actuelles, l’autre (NO) toujours très ancré dans la réalité à court et moyen terme.

    🙂

    1. – En effet, je ne me sens pas en contradiction avec NingùnOtro. Pour ce qui est de l’approche, je pense que tu as raison, cela colle avec des remarques que l’on m’a déjà faites par le passé, à savoir d’être trop idéaliste ou trop universaliste. Bien vu et merci pour ton énergie positive.

      – Un petite vidéo que j’ai trouvé hier et qui me parle, histoire de faire dans le concret.
      Energy Outlooks 50 Years.wmv
      http://www.youtube.com/watch?v=bPX3uqcKAdc

  51. @ Peak.Oil,

    comment faire pour éveiller les gens dans ce sens?….

    Comment ???

    je me sens lasse aujourd’hui et dépourvue de moyens.

    1. Le comment,… je sais.

      La question à laquelle je ne trouve toujours pas de réponse est: Pour quoi faire?

      J’ai bon penser à des instruments pour contrecarrer les avantages des grands joueurs… à quoi cela sert de les utiliser si après les petits mignons et grassroots comme disent les anglophones vont continuer à les utiliser pour se déchirer avec autant de férocité entre eux? Sans trop de différence pour l’ultime résultat final.

      Il n’y à qu’à voir la constellation infinie de partis de gauche qui se mettent des bâtons dans les roues les unes aux autres… avec l’idée vaine de recevoir une médaille comme prix pour l’effondrement de l’ennemi juré « capitalisme » (le mur de Wall Street) qui essuie l’humiliation de l’effondrement du Mur de Berlin. Toute une prétendue victoire aussi pyrrhique que celle de l’effondrement du Mur de Berlin.

      Le capitalisme n’est pas un système qu’on puisse vaincre… c’est le chaos naturel du à l’absence de tout système, et on ne peut vaincre ce qui n’a point besoin de défense.

      C’est plutôt le blocage dogmatique de toute la gauche qui rend n’importe quelle possible solution ininvisageable. Tout comme c’est leur désir de dépoussiérer les guillotines de la révolution glorieuse ce qui force la perpétuelle fuite vers le mur de ceux qui n’ont pas d’autre perspective que se voir couper la tête. On n’arrêtera pas la course folle sans désamorcer la menace de la guillotine.

      Est-ce qu’il y à toujours des penseurs LUCIDES dans les gauches?

      De la part d’un anarchiste (vous seriez peut-être tentés de me classer à droite sinon, réflexe de défense dogma- et automatique assez repandu dans les soit-disantes classes populaires).

  52. Peak.Oil,

    NE CHANGEZ RIEN !!

    C’est justement cela, cette perspective ‘universelle’ qui est géniale et dont on a tant besoin!!!!

  53. @ NingùnOtro,

    ma conviction est que nous, les gens, monsieur et Mme tout le monde, devrions d’abord dépasser ces notions de gauche, droite, haut, bas etc… pour se rassembler autour du BON-SENS.

    Tenter de voir au-delà de ce qui nous sépare, CE QUI NOUS UNIS.

    Ne pensez-vous pas que ce serait une bonne idée ??

    1. Tout à fait d’accord.

      Le grand problème dont nous souffrons, c’est la diversité de chiffons rouges idéologiques qui sont à prendre ou à laisser en bloc. Or, dans aucun de ces blocs tout est à prendre… et sans se passer de ces blocs on ne sera jamais capables de se mettre d’accord sur ce qui est à laisser.

      Le plus petit dénominateur commun capable d’unir instinctivement un plus grand nombre de gens est effectivement du bon-sens. Une notion basique hors idéologies sur ce qui est une logique primaire valide et une éthique neutrale acceptable pour tous les gens de bonne volonté. Quelque chose qui puisse être accepté communément par simple décence. Ce que les anglophones appellent « Common decency ».

      A partir d’une telle base on pourrait faire confiance à chacun pour discriminer autonómement dans les agissements de chaque autre ce qui est un acte en faveur de la décence commune, et ce qui est un acte contraire au développement de plus de décence commune. On pourrait donc oublier d’utiliser les programmes idéologiques pour trier en base à tout ou rien, et trier au cas le cas.

      Cela permettrait aussi de se rassembler politiquement autour de quelque-chose d’autre que les idéologies abusés pour fonder un pouvoir citoyen capable de reprendre le pouvoir souverain aux politichiens de tous bords qui le monopolisent aujourd’hui au service de différentes castes financières dont ils dépendent pour financer leurs campagnes de réélection et qui s’assignent des salaires à la mesure de la soulerie qu’ils doivent se payer pour noyer le fait de savoir qu’ils nous trahissent.

      Mais comme j’ai dit … pour quoi faire, et surtout… pour faire en faveur de qui? Si on n’est pas une majorité assez grande à vouloir être décents, ET à faire l’effort nécessaire pour pouvoir l’être, je ne me sens pas dieu pour faire cadeaux de la liberté, une liberté qui serait vite perdue puisque on ne valorise guère ce qui ne coute rien à obtenir.

      Alors, est-ce que il y à bien assez de gens pour « financer » un effort libérateur?

  54. @ NingùnOtro,

    une transition n’est jamais facile.

    MAIS PAS IMPOSSIBLE

    Construire un monde aux valeurs et repères différents est une tâche qui m’inspire.

    Cette proposition viendra toucher ceux qui y sont prêts…

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