L'actualité de la crise: la crise en son état chronique, par François Leclerc

Billet invité.

LA CRISE EN SON ETAT CHRONIQUE

Mario Draghi, président du Financial Stability Board (FSB) était-il en confiance dans l’enceinte du Wall Street Journal Future of Finance Initiative, une conférence organisée le 8 décembre dernier par le journal et à laquelle il était invité  ? Toujours est-il qu’il a été d’une clarté que l’on aimerait rencontrer plus souvent dans les milieux financiers. « Le plus grand risque (devant lequel nous sommes) est que, pour différentes raisons, il soit nécessaire d’augmenter les taux d’intérêt (des banques centrales), alors que les bilans des banques n’ont pas été nettoyés ». Il a poursuivi : « Ils peuvent augmenter pour des raisons de politique monétaire, et si vous y réfléchissez, cela risque fort de se passer ainsi, car les banques vont mettre longtemps à redresser leurs comptes ». Apportant cette précision lucide qui donne la mesure de ce qui nous attend au mieux : « Cela va prendre quelques années ».

En d’autres termes, ces « quelques années » là sont le temps qui serait nécessaire pour que les banques, bénéficiant des liquidités à bas prix des banques centrales, reconstituent leurs bilans sur les marchés financiers. Mario Draghi ne précisant pas ce qui se passera si leurs louables efforts sont interrompus, les banques centrales ferment prématurément les robinets en raison du risque d’inflation, ou plus probablement de la formation de nouvelles bulles financières devenant trop imposantes. En combien d’années ces « quelques années » se transformeront-elles alors  ?

Ce changement de politique des banques centrales est considéré comme d’autant plus lointain par les financiers que leur horizon continue d’être très rapproché. Ce qui les incite, devenus de ce point de vue prévoyants, à profiter sans perdre de temps du maximum possible d’occasions de réaliser des plus-values sur les marchés, afin de reconstituer et d’accroître leurs fonds propres. Car ils n’ignorent pas le danger que représentera ce changement lorsqu’il interviendra, ainsi d’ailleurs que d’autres, plus proches de survenir.

Les établissements financiers doivent en effet faire face aux effets de la crise économique qui augmente les taux de défauts et laminent de plus en plus sévèrement leurs marges sur leurs activités plus traditionnelles de prêt, ou les conduisent même à enregistrer des pertes, alors que les marchés financiers ne se sont pas, et de loin, totalement rétablis et ne leur offrent pas toutes les occasions dont ils souhaiteraient disposer pour y faire face. Une partie importante de la panoplie des instruments financiers d’avant la crise n’est plus ou peu disponible. Le marché des commodities doit être exploité avec une certaine mesure, vu son impact économique et politique immédiat. Sur le tapis de jeu, au final, il reste surtout le carry trade, qui bénéficie de la faiblesse du dollar, ainsi que le marché des OTC, toujours pas régulé, qui continue de faire la fortune des mégabanques.

Une illustration de la situation est fournie par le marché de la titrisation, dont les établissements financiers américains ont été les champions toutes catégories, et qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il était. Celle-ci finançait avant la crise plus de la moitié de leurs prêts aux entreprises et aux particuliers. De 1999 à 2007, selon la Securities Industry and Financial Market Association, son volume avait presque doublé, passant de 1.312 milliards à 2.559 milliards de dollars. Le programme de la Fed intitulé Talf (Term asset-back securities loan facility) s’est depuis efforcé de contenir l’effondrement de ce marché, en prêtant à taux faible des fonds aux hedge funds qui acquièrent principalement des obligations ayant comme collatéraux les cartes de crédit et les prêts pour les achats de véhicules. Les résultats du programme sont peu convaincants, surtout dans les deux domaines clés du crédit hypothécaire résidentiel et commercial, car les investisseurs ont été très échaudés. Le marché de la titrisation est donc actuellement tenu à bout de bras et à bas régime par la Fed, sans aucune perspective de relance.

De nouvelles contraintes réglementaires issues du FSB, du Comité de Bâle ou bien encore du Comité des superviseurs européens (CEBS, lié à l’Union européenne), avec lesquelles ils essayent de biaiser (notamment en utilisant les CoCos, les obligations hybrides contingentes), pendent par ailleurs au bout du nez des établissements financiers. Le CESB a ainsi déjà décidé d’imposer aux banques européennes de constituer deux types de coussins financiers, afin de faire face à un éventuel nouveau choc de liquidité. L’un doit permettre de résister pendant une semaine à cette situation, l’autre un mois. Ils devront être constitués d’actifs des plus liquides (réalisables sur le marché), comme les obligations d’Etat, ce qui va être apprécié par ces derniers. S’appuyant sur de premières recommandations du CESB, la Financial Services Authority (FSA) a déjà introduit ses propres régles au Royaume-Uni.

Tout ces dispositifs préventifs, dont l’application va être exigée dans les deux ans à venir, impliquent pour les établissements financiers de lever d’importants capitaux, ou bien d’en constituer par eux-mêmes un matelas, alors que sont prévues dans le même calendrier d’énormes besoins de refinancements de leurs anciennes opérations, qui arrivent à échéance. Les chiffres donnent le tournis, d’autant que les marchés financiers sont et vont être très sollicités. En premier lieu par les Etats, qui cherchent à placer leur émissions de dette, que les banques centrales ne peuvent à elles seules absorber. En second, par toutes les grandes entreprises non financières, dont les financements proviennent plus du marché obligataire privé que des prêts bancaires. Il va donc y avoir foule et concurrence sur les marchés financiers, ce qui risque de créer ce que l’on appelle pudiquement de fortes tensions sur les taux, entendez par là leur irrésistible croissance.

Une telle forte hausse des taux, résultant de la conjonction de tous ces facteurs, est d’ailleurs la principale préoccupation qu’a exprimé Mario Draghi dans son intervention à la conférence du Wall Street Journal. C’est en effet l’un des grands facteurs d’incertitude qui planent sur l’évolution de la crise financière proprement dite, ainsi que sur la prolongation, sur une longue période, de la crise en général. L’installant dans un état chronique.

28 réponses sur “L'actualité de la crise: la crise en son état chronique, par François Leclerc”

  1. Oui, nous en sommes là!
    Le niveau des dettes cumulées, désormais basculées sur les états, grands et petits, et tel qu’un remboursement ou une réduction n’est tout simplement plus envisageable! Comme c’était le cas du tiers monde depuis toujours, maintenant, c’est général!
    Cela implique bien que les créances, les actifs, quelle que soit leur forme, ne peuvent que se déprécier aussi.
    Evidemment, les investisseurs chercheront, à travers des bulles successives, à se maintenir à flot, mais, à l’arrivée, et étant donné que les liquidités injectées ne peuvent décidément pas générer de nouveaux crédits investis dans l’économie réelle, car celle-ci ne peut servir davantage le service de la dette, le climat reste décroissant et, à terme, parfaitement déflationniste comme le Japon nous l’illustre depuis bientôt vingt ans!
    A mon sens, la « chronicité » que vous signalez est bien là!
    Et ce ne sont évidemment pas la reconstitution des fonds propres, toujours une goutte d’eau comparée à l’océan des avoirs financiers des milliardaires, qui chageront quoi que ce soit!
    Les banques doivent enregistrer des crédits comptables, sans quoi, ls déposant ne lui accodent plus leur confiance, et la banque peut fermer ses portes.
    Mais les banques ne prêtent évidemment pas leurs profits, mais les distribuent aux actionnaires et sous forme de bonus, obligatoirement.
    Les banques ne prêtent que ce que l’on leur prête sous forme de dépôts.
    Un redémarrage prendra du temps et passera, sans doute, par un apauvrissement marqué qui s’étalera sur facilement vingt ans, des destabilisations politiques et sociales se répétant un peu partout dans le monde!
    Je rappelle que la crise de 29 nécessitait la remise à zéro des compteurs via Bretton Woods et l fin de la deuxième guerre mondial pour débouche sur les trente glorieuses.
    Etant donné le niveau des richesses accumulées, nous aurons sans doute un climat décroissant pendant au moins vingt ans.
    D’ici là, et sans doute prochainement, nous assisterons à l’implosion de la Chine, victime de son succès!
    Dans le même ordre d’idées, et tant que nous avons la monnaie telle qu’elle est, on constate tout bonnement que les banques centrales n’ont tout simplement plus les moyens de restreindre les liquidités, car cela provoquerait une crise systémique telle que les banques centrales vont relâcher aussitôt!

    A moins que…on se saisisse – enfin! – de la sortie de crise via la monnaie fondante?
    Mais cela nécessite du courage intellectuel et politique!

    1. « Mais cela nécessite du courage intellectuel et politique! »
      Le problème essentiel se situe à ce niveau, il faut trouver ce courage. Mais hélas, nos entrepreneurs politiques sont dans l’impossibilité de faire preuve de cette ardeur.
      Alors, effectivement, une fois ce stade franchi, les problèmes seront en grande partie résolus.

  2. Le « monde » d’aujourd’hui rappelle à ses lecteurs que la sortie de crise s’éloigne devant la perspective financière de plusieurs pays européens et aussi à cause des bilans bancaires non « nettoyés ».
    Ce mot du « nettoyage » des bilans est encore un slogan, personne n’explique comment procéder, pas même DSK

  3. « En d’autres termes, ces « quelques années » là sont le temps qui serait nécessaire pour que les banques, bénéficiant des liquidités à bas prix des banques centrales, reconstituent leurs bilans sur les marchés financiers. »

    Comment reconstituer ces bilans?
    Est-ce, grâce aux liquidités obtenues aujourd’hui à bas prix, se rendre acquéreur d’actifs sérieusement sous-évalués permettant à moyen terme de réaliser de très substantielles plus-values.
    Est-ce développer de nouveaux outils financiers s’appuyant sur de nouveaux sous-jacents, mais lesquels?
    Ne s’agit-il pas d’une mission impossible dans un contexte où l’économie réelle est dévastée.
    Le HFT représente-t-il une pièce importante dans ce dispositif de reconstitution de ligue dissoute?

    Dans un contexte d’atonie généralisée, si les banques arrivaient à reconstituer leurs bilans, le feraient-elles forcément au détriment des peuples?

    La relance de l’économie chinoise pourrait peut-être, créer une situation qui soit favorable aux banques occidentales. Mais les processus permettant à la consommation chinoise d’augmenter de façon significative, seront, pour des raisons politiques et sociologiques, très longs à s’installer.
    Sans compter que la Chine est entrée résolument dans une ère de méfiance, doux euphémisme, à l’égard des États-Unis. Elle en a d’ailleurs les moyens.

    Une approche rationnelle devrait nous faire entrer dans un cycle marqué par la lenteur: l’utilisation efficiente du capital, du point de vue du bien public, nécessite temps et réflexion. D’autant plus que le libéralisme a dévasté nos sociétés.
    A l’inverse, tout investissement effectué dans la précipitation est mécaniquement accompagné de gâchis importants, qui, supportés dans des délais très brefs par la communauté, ne font alors qu’exacerber les tensions sociales.
    Tensions sociales qui doivent être obligatoirement contenues…
    On dispose d’un garrot qui trop serré provoque des nécroses, et qui pas assez, laisse filer l’hémorragie. Pas de point médian possible compte tenu de l’urgence.

    La seule discipline sérieuse à laquelle nous devrions aujourd’hui nous intéresser serait-elle le funambulisme ?

  4. On le voit clairement désormais, les banques ne sont plus un instrument fiable de développement de la société.

    Un instrument qui n’est pas fiable on le rend fiable ou on en change.

  5. Encore une fois merci pour ce texte.
    Pour que çà reparte si je comprends bien il vaut mieux se passer des agences de notation car si elles se mettent à donner des chiffres exacts quant à la solvabilité des états et des banques tout sera gelé.
    Cà s’appelle Casser le thermomètre pour retrouver la santé.

  6. Le problème, dans un contexte de décroissance, est que moins de richesses nouvelles sont créées que consommées!
    Alors, pour faire des profits, la seule solution est de prendre à d’autres.
    Qui sait, peut-être la croissance verte en utilisant mieux l’énergie gratuite du soleil?
    Mais, même en faisant cela, on n’interrompra pas la mécanique de la croissance exponentielle des fortunes et son corollaire, la multiplication des impayés du côté des plus endettés.
    Je ne vois pas comment éviter des crises sociales si on e s’attaque pas réellement à la redistribution des plus grosses fortunes!
    Et là, oui, il faut bien du courage politique.
    Et il faut bien s’intéresser à la mécanique diabolique qui organise en permanence la confiscation d’une part croissante des revenus du travail au seul profit du capital.
    Si on ne s’intéresse pas à l’accumulation via les intéeêts et les intérêts composés, je ne pense pas qu’il y ait une issue paisible de la situation actuelle.

    1. Un doute m’habite. Il est donc très gros.

      Pourquoi faudrait-il que l’issue soit paisible…??? L’histoire nous a toujours montré le contraire, non?
      Et lorsque nous pouvons constater que seule la Chine, comme pays de poids, est le seul état dont les dirigeants n’ont pas été achetés par les puissants financiers… (seule leur fortune personnelle les intéresse et ils n’ont aucun besoin des financiers pour la développer)
      Alors, donc.

      Dés que les 99% de la population, soit les pauvres se seront rendus compte qu’il n’existe que la révolte pour agir sur la tête, l’issue sera possible. Tout simplement.
      Et remarquez que le 1% craint ça fortement en ce moment.

  7. La redistribution des plus grosses fortunes suffirait elle ?
    Certaines auraient d’ailleurs fondues ? Est il vrai ?

    1. oui, cela suffirait sans aucun doute, car ce qui pose problème, c’est bien la répartition des revenus.
      Ceci dit, il faudra bien, au niveau mondial, que la production reste suffisante, au moins pour ceux qui manquent de tout.

  8. On a pas attendu les agences de notation pour ce faire du souci pour la Grèce.Fallait il enfoncer le clou? Il y a d’autres pays qui ne vont pas bien…

  9. le mur approche
    plus rien n’y fera
    il va bien falloir tout remettre à plat, absorber les pertes et rebatir autre chose
    quoi ?

  10. Cette UMP qui nous gouverne le fait avec assez peu de finesse (je ne parle pas de la prestation dansée de Lagarde) : suis-je le seul à noter un fait troublant ? On nous parle de 4 000 000 de cas de grippe A en France, or les tests ont été arrêtés car trop chers…On se moque ou bien ? On distingue la grippe A de la grippe saisonnière à l’oeil nu ?

    1. L’analyse pour déterminer la grippe A H1N1 coûterait environ 300 euros. Beaucoup trop cher pour la sécu. Donc les médecins s’en tiennent aux symptômes. La grippe saisonnière n’affecte pas les voies respiratoires ce qui est le cas pour la grippe A. Donc dès qu’un patient présente des symptômes grippaux (forte fièvre soudaine, courbatures, état de fatigue important, etc.) avec des troubles des voies respiratoires, on dit que c’est la grippe A H1N1.

  11. à Pineda
    Ce chiffre de 4 000 000 m’étonne, si nous sommes 60 000 000, je devrais au moins connaître une victime de cette fameuse grippe A, car 60/4 = 15 or je n’en connais encore aucune, ( mais ni aucune non plus de vaccinés ….)

    1. je me faisais la même remarque: habitant en région parisienne, je ne connais personne ayant attrapé la grippe, ni dans mon entourage familial, amical, professionnel, et dans l’entourage scolaire de mes enfants, une seule grippe, non testée d’ailleurs. Et si je pose la question « est-ce que tu connais quelqu’un qui a eu la grippe dans ton entourage » , pas plus de succès ! Statistiquement ça ne colle pas vraiment, ou alors ?

  12. il est impossible de distinguer les deux sortes de grippes dont les symptômes sont identiques;
    pour le savoir, il faut passer par un laboratoire d’analyse, qui doit effectuer deux contrôles; 85,00 E X 2 ; pas remboursés par la sécu, car ne rentrant pas dans le traitement de la maladie; le particulier, ni son médecin ne peuvent dont se prononcer;
    ce n’est que dans les cas de complications, et d’hospitalisation , ou décès, que ces analyses sont effectuées;
    comme dans les années précédentes le nombre de décès n’était pas un outil de propagande, on n’en faisait pas grand cas; il faudra donc attendre la fin de l’épidémie pour comparer les chiffres;
    personnellement, je connais une personne , faible des reins, qui est tombée gravement malade, et hospitalisée, à la suite de la vaccination contre la grippe saisonnière; je suis allé lui rendre visite hier après-midi;il se remet lentement, mais c’était limite;
    dans le cadre de la liberté de choix, où nous nous trouvons encore pour quelques temps, je préfère mourir de la grippe que du vaccin;
    quant à l’attitude du gouvernement à la fin de l’épidémie, elle est bien prévisible : grande conférence de presse; si peu de décès = c’est grâce à son action « préventive » ; si beaucoup de décès = sans son action, ça aurait été pire ;
    pauvre de nous !

    1. fin août, le CDC d’Atlanta et l’OPMS ont cessé le « comptage » de la progression de la pandémie car on leur avait fait remarquer que le test sérologique utilisé jusque-là n’était pas assez spécifique c’est-à-dire positivait pour un peu n’importe quoi.
      ainsi TOUT ce qui avait été raconté jusque-là sur le nombre de cas qui a justifié le démarrage en trombe de la préparation des vaccins n’était fondé que sur des données fausses.

      dans la foulée l’accord donné par la FDA de l’impossibilité d’une classe action par les victimes ou leur famille en cas d’effets secondaires graves du vaccin campe le paysage dans une situation où toutes les phases cliniques de validation d’une thérapeutique n’ont pas été menées ( je ne dis pas menées et triturées dans le bon sens comme c’est souvent le cas, même pas menées du tout)

      Par ailleurs la technique de la PCR utilisée pour le diagnostic je ne connais pas son niveau de validation.
      Pour avoir moi-même travaillé à rechercher des séquences virales à la fois spécifiques et sensibles et reproductibles, je peux affirmer que la manière de vouloir identifier par découpage de parties signifiantes de son génome un virus est idéologique, ie le virologue choisit ses séquences en fonction du discourscourant ambiant

      mais une fois le test validé, rien n’empêche de le massifier et de le rendre au contraire plus rentable car employé en routine.
      donc j’ai des doutes même pour le diagnostic coûteux.

  13. Info à vérifier sur le H1N1 : des scientifiques australiens mettent à jour l’origine humaine du virus H1N1

    A rapprocher du protocole d’accord trouvé 3 semaines avant le déclenchement de la pandémie entre Sarko et le président du Mexique concernant l’ouverture d’un centre de recherche Sanofi-Pasteur là-même où de supposés porcs auraient disséminé le virus pour la première fois. Il est d’ailleurs étonnant de voir que nous parlons en France de grippe porcine alors que dans le monde anglo-saxon on parle d’avian-flu. Tout ça reste bien flou.

  14. en mémoire de PA SAMUELSON

    Le Figaro d’aujourd’hui annonce le décès de PA Samuelson

    Et je recommande aux blogueurs de suivre ce qu’on en dira. Les morts sont tous des braves types disait Brassens, et loin de moi l’idée de dénigrer un universitaire sérieux, conseiller de JF Kennedy, et qui a vécu des choses très difficiles pendant la guerre. Seulement voilà, pour ceux de ma génération PAS est l’auteur de « l’économique » – ouvrage qui est un cours d’économie et qui, pendant les années 70 était présenté comme le « livre le plus vendu au monde avant les pensées de MAO » ( je vous parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître).

    C’est dans « l’économique » que les gens de ma génération – id est ceux qui sont aux commandes actuellement -ont été formés : et si un auteur porte la responsabilité de la crise, ce n’est pas Hayek, ce n’est pas Friedman, c’est Samuelson.

    Pincez-vous d’abord. Et ouvrez la première page du livre, qui s’ouvre sur cette citation « nous avons goûté à l’arbre de la science et jamais plus nous ne connaîtrons de crises analogues à celle de 29 ». Voilà ce que croit P Anthony, voilà ce qu’il enseigne, à comparer avec ce qui s’est récemment passé (l’arbre de la science en question, c’est à la fois Keynes et le modèle IS/LM cher à Hicks). On comprend beaucoup de choses en lisant ce passage et surtout l’attitude d’OBAMA ! Lequel ne fait qu’appliquer ce qu’il a appris !

    PA tu fais bien de mourir, car tu es peut-être trop honnête pour supporter un tel désaveu. Toi un prix Nobel. Mais honnête, l’étais-tu jusqu’au bout ? Très peu de gens se souviennent de la fameuse polémique qui t’a rendu célèbre : elle t’opposait aux vieux disciples de Keynes et portait le nom de la querelle de la mesure du capital – ou querelle des deux Cambridge. Tu soutenais toi, que l’on pouvait « scientifiquement » mesurer le capital, quand Robinson et Sraffa pointaient quand même quelques difficultés dans le modèle Keynésien. La querelle dura dix ans. Jusqu’au jour où, de Jérusalem, tu reconnus t’être trompé : non, si l’on en reste à la formalisation économique dominante, on ne peut pas mesurer le capital as-tu concédé à l’époque ?

    Le lendemain tu devenais premier prix Nobel d’économie.Tout un symbole.

    PA pourquoi donc n’es-tu pas allé au bout de ton autocritique ?
    Repose en paix quand même !

    Mais l’es-tu vraiment.

    1. Paul Samuelson, ou bien comment legitimer le positivisme en economie. Il a fait fort!

      A lire: Current Views on Economic Positivism
      http://www.sfu.ca/~boland/positivism.PDF

      Wiki:

      Professor Boland is critical of the neoclassical research program and has attempted in his many publications to draw out the unstated assumptions of neoclassical economics and submit them to methodological scrutiny. His key criticisms of traditional economics as it’s taught today at all major universities are with the Problem of Induction, Methodological individualism, and the acquisition of knowledge.

      Bizarre, en tant qu ingenieur, je devrais prendre mon pied avec Foundations of Economic Analysis. Ca rappelle la prepa! Attention, livre tres dangeureux a lire avant d’avoir lu un minimum de livres/articles serieux en socio/anthropologie…

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